Ecrits Courts 

Je sème à tous chemins

Il m'arrive souvent de radoter tout seul en marchant sur les sentiers, au point de jeter des bribes de mots

par-dessus mon épaule, sans me retourner, de peur sans doute de les voir pousser sous forme de chardons,

d'orties voire pire encore.

Mon collègue de marche est outré du gaspillage de tant de mots non inutilisés. Il n'arrête pas de me sermonner :

"Fais attention, voyons ! Je suis sûr que toutes ces bribes de phrases peuvent encore servir"

Devant mon attitude négative, il ne peut s'empêcher d'en ramasser des brassés derrière moi en pensant qu'il

pourra peut être les mélanger avec les siens, histoire d'en faire une plantation inédite. Enfin, il fait comme il veut

mais il n'est pas au bout de ces désillusions, le pôvre ! J'ai renoncé à lui répéter que les mots abandonnés passant

d'une bouche à l'autre ont du mal à se greffer. J'en parle par expérience. Moi, qui vous parle, j'ai essayé

d'apprivoiser bons nombres de mots oubliés ou usagés par des auteurs de renom, sans pouvoir leur donner leur

lustre d'avant. Je ne sais pas à quoi cela tient, mais ce qui est sûr c'est que l'on fait rarement du neuf avec du vieux.

C'est pour cela que je suis devenu exigeant avec ce que je considère être mes propres mots, dans leur

authenticité.

NOËL chez les MARTIN

L'appréhension allait en grandissant à l'approche inexorable de Noël pour Monsieur et Madame MARTIN.

Oh! Il n'était pas besoin d'en parler tellement la complicité était grande entre ce couple trentenaire. Ils leur

suffisaient de porter une attention discrète l'un sur l'autre pour se confirmer à quel point ce moment festif était

d'importance pour eux.Pourtant, un détail paradoxal soulignait un aspect curieux, voire mystérieux pour toute

personne qui aurait été invitée à entrer dans leur logis cossus : Il n'y avait pas de gui au-dessus de la porte

cochère, ni de houx à l'intérieur de la maison, ni aucune décoration dorée suspendue aux murs, fenêtres et

lustres. Encore plus surprenant, l'incontournable sapin de Noël et ses guirlandes scintillantes était totalement

absents devant la grande cheminée.

Pourtant, les quelques rares connaissances de Monsieur et Madame MARTIN les savaient traditionalistes dans le

sens provençal du terme et au fait de tous les rites et festivités du Noël chrétien. Or, la crèche était également

absente!

Alors pourquoi un tel comportement des Martin, tant d'imprévoyances de leur part, et pourquoi cette

année-là? Un autre mystère de Noël venait de s'ajouter au premier.

Ceci alimentait toutes les conversations ainsi que bien des rumeurs déplaisantes que je tairais ici pur ne

pas en être complice. Vous savez ce que c'est, un village de quelques centaines d'âmes, un peu isolé

dans la campagne enneigée, à  l'orée d'une magnifique forêt où tout le monde se connaît... Lorsque

quelque chose d'imprévue à lieu, chacun s'ingénie à deviner de quoi il retourne. Pourtant, concernant

les MARTIN, cela paraissait prendre la couleur la plus opaque qu'il soit, ce qui augmenta encore plus

l'avidité de savoir!

Après que les pipelettes du voisinage se virent refuser poliment mais fermement l'entrée chez les Martin,

un véritable siège s'organisa autour de la maison des Martin, afin d'observer tous leurs mouvements.

Mais de mouvements il y en a eu point, même pas chez les commerçants comme il aurait été d'usages

pour préparer le Souper. Cela fini par déconcerter tout à fait

les villageois lassés de faire les hypothèses les plus saugrenues, se disant que, visiblement, il manquait

du grain à moudre.

C'est à ce moment de flottement que démarra cette vague de froid qui fit rentrer tout le monde dans leur

foyer. Après tout, il était grand temps de s'occuper de leur Noël à eux. Le grand froid sévissant, cela

n'empêcha pas les villageois de faire bombance bien calfeutrés au chaud chez eux, renonçant à sortir

pour aller à la petite chapelle sur la colline assister à la messe de minuit. Le curé se désespérait de ne

point voir venir ses ouailles lorsque la grande porte de la chapelle s'ouvrit en grand et qu'apparut un

fabuleux cortège venant tout droit du plus profond de la forêt. Il y avait là tout ce qui comptait comme

personnages et animaux des contes fantastiques : lutins et gnomes, cerfs et biches dotés de la parole,

jolies fées et sorcières repenties... Et pour représenter les humains, le plus beau des couples : le Prince

et la Princesse, dans leurs beaux habits, se dirigeant solennellement devant l'hôtel et le curé médusé!

J'ai ouï dire que ce Prince et cette Princesse avaient les traits des Martin, que la messe eut bien lieu dans

une chaude ambiance de fraternité et que Mme Martin annonça qu'elle était enfin enceinte après maints

traitements, devant cette fantastique assemblée représentant le monde souterrain auquel plus personne

ne croit depuis longtemps.  

 

Les PERES NOËL à la RAMASSE...

 Vous avez probablement remarqué ces Pères Noël qui grimpent comme des fourmis aux façades des maisons et immeubles au bout d'une corde.

Ce phénomène récent demande m'interpelle et décide de me pencher de près quand au sens profond que nous pourrions lui donner.

D'abord quelques remarques :

- leur lenteur à grimper jusqu'à la cheminée est telle que je ne vois pas leur progression à l'œil nu

- Il y en a de partout et de plus en plus, preuve qu'un seul Père Noël ne suffit plus pour faire la tournée

- Ils s'y prennent de + en + tôt (jusqu'à un mois et demi avant Noël) pour commencer leur escalade.

Voulant en avoir le cœur net je suis allé voir l'un d'eux devant les grands magasins. Celui-ci m'a expliqué que le métier de Père Noël est de + en + difficile.

"D'abord c'est métier très précaire (une nuit par an). Les charges sont énormes - je n'ai pu garder qu'un seul renne sur 5 - Les marges de mes bénéfices ont disparus comme neige au soleil à cause du commence mondialisé mercantile mondial du commerce, la tournée est de plus en plus importante (les enfants de gens riches ont de + en + de cadeaux alors que les pauvres ont ceux dont les enfants riches ne veulent plus, bref c'est très déprimant d'être Père Noël à l'heure d'aujourd'hui...'"

"Oui, je comprends mais comment se fait-il que désormais vous fassiez votre tournée en grimpant à la corde?"

"Hein?... Ah, non, c'est pas nous ça ; c'est pas des vrais Pères Noël... Enfin, je veux vivant. Ce sont des sortes de manequins que les gens achètent et qu'ils pendent eux même à leur fenêtre"

"Ah, bon?! Je vois... Je vois... En quelque sorte cela marque la fin du ou des Pères Noël, n'est-ce pas?

"Leur suicide pour être plus précis... pendus aux fenêtres!

FIN

Le Marché de Noël

Je m'étais promis de ne pas y mettre les pieds. Eh bien c'est raté. C'est les deux pieds qui se sont tanqués et c'est de la collante, un brin résistante à la semelle comme genre de chewing-gum usagé jusqu'à la fibre et qui se révèle finalement être emmerdante. Non, c'est plutôt que Jean Jacques m'a donné rendez-vous sur la place de l'horloge, à sa baraque en planches de Noël.

« Tu verras, c'est pas difficile à trouver » qu'il m'a dit. Tu parles ! Lorsque j'arrive à « décoller », laissant surplace mes souliers, je me retrouve en haut de la rue de la Ré devant une multitude de cabanes toutes aussi identiques les unes que les autres ! Bien sûr que c'est pas difficile de trouver la place de l'horloge, mais la cabane à lapin du sieur Jean Louis, c'est une autre paire de manche !

Toujours est-il que je me délecte du spectacle. C'est beau, hein ? Toutes ces guirlandes électriques qui clignotent, tous ces décorations brillantes et dorées flottant au vent froid. Presque cela me ferait chaud au cœur. Il y a dans l'air comme des parfums vanillés des îles qui se mélangent avec la douceur du miel dégoulinant sur le nougat de Sault. Break ! Finalement c'est à vomir, oui ! Toute cette surabondance de biens, c'est sans doute pour narguer « les trois messes » du sieur Alphonse DAUDET, hein ? Elle est pas si bête la morale de cette l'histoire, finalement ...

Bon, faudrait que je me décide à partir à la recherche de Jean Louis l'aiguille dans cette botte de paille en baraques. Pas de panique, devant cette situation périlleuse il faut que je systématise : Un travelling avant, suivi d'un travelling après, heu ...arrière, dans chaque allée, jusqu'à une succession de plans américains et pour terminer en beauté, un méga plan sur le stand et la bouille de Jean Louis étonné mais souriant. Hum ! Finalement je le sens bien le sujet : Noël mercantile. Foi de Charles, je vais te mitonner un de ces docu à défriser les bouclettes de Madame le Maire et son CON-SEN-SUEL marché de Noël.

Le clou du spectacle, si j'ose m'exprimer ainsi, ce sont ces belles cabanes posées là fièrement dans leur rusticité de faux bois verni. Elles ont des airs de Cabanes au Canada de carte postale qui en font rêver plus d'un, à commencer par ce car d'Américains déposant à flot son contenu. A peine descendus, les ricains partent à la recherche de cette célèbre « French touch » que le Monde nous envie. Nul doute qu'ils trouveront tout à fait « typic » ces délicieuses maisons de pays, tout en ayant une sincère compassion pour nous pauvres français, qui sommes obligés de vivre dans de si petites demeures. Quant à Johnny, il a une tout autre idée sur comment avoir une « touche », ceci avec la première femme à sa portée, lui mettant la main au panier. La magistrale gifle qu'il reçoit lui fit ressentir qu' « Il vient d'être touché à son tour»

Dans un même temps, les Japonais, question réflex, ont déjà investi la place et mitraillent tout ce qui bougent et accessoirement tout ce qui ne bouge pas. Des Italiens joyeux parlent haut et fort, tandis que des hidalgos déjà passablement éméchés, zigzaguent dans les allées, histoire d'immortaliser leur présence sur le sol avignonnais. Un Père Noël unijambiste regarde la scène de loin , l'air ironique, tout en se laissant photographier avec des mouflets plein le genoux. Son complice « N'y a qu'un œil », frère à Mathieu, celui qui « N'a qu'un ch'veu », se sert largement dans les pochettes et sacs à dos qui se présentent à lui. Je capte la scène d'un air enjoué :

"Le côté crapuleux va mettre du piment dans mon futur docu sur le Marché de Noël !"

Celui-ci déborde de babioles et autres fanfreluches autant inutiles que chères. Et ce n'est pas les santons signés d'un maître de Saint Rémy qui vont faire baisser les prix.

J'en oublie de chercher Jean Louis. En fait, c'est lui qui me trouve en train de filmer à ras le nougat dégoulinant de miel mousseux.

« Et Alors ? Je t'attendais, moi !

- Oui, oui. Je fini le nougat et je te suis dis-je distraitement, polarisé maintenant par l'embonpoint conséquent d'un monsieur hilare.

« Pour qui me prenez-vous »

ROBERT - 21/01/08 - 3er jet

Lorsque ERNEST rencontra EMILIE pour la première fois, c'était au restaurant du personnel, pendant les horaires de pointe, si bien qu'il ne restait que quelques places ici et là, se libérant au fur et à mesure des repas consommés.

ERNEST se sent un brin idiot à arpenter le long des tables, à la recherche de la place libérable à sa convoitise. Ce n'est qu'à son troisième passage qu'il voit se lever le Direction Adjoint des Services Techniques, saluant sa secrétaire qui termine son repas en face de lui. ERNEST vécu cette libération comme un signe du destin : se retrouver assez proche d' EMILIE sans que cela pose un problème de proximité, partageant un seul et même espace relativement étroit, coincé entre les tables voisines. C'est un peu comme dans un bus aux heures d'affluence, à être serré comme de vulgaires sardines dans leur boîte, mais dans l'obligation de tolérer le contact corporel d'autres passagers.

Se retrouvant devant elle, pour qui il éprouve un émoi amoureux, a tendance à lui faire perdre tous ces moyens. C'est d'ailleurs pour cela que, malgré les nombreuses occasions qu'il s'ait créé pour la croiser dans l'établissement, il ne lui a encore jamais adressé la parole. Aussi cette situation particulière qui se présente à lui aujourd'hui, est comme une aubaine, une occasion en or. Cependant ses mains deviennent moites et son cœur joue des castagnettes, tandis que son front commence à se perler de gouttes de sueur, à la terrible idée qu'il faut :

1° - qu'il lève les yeux sur elle,

2° - qu'il lui demande l'autorisation de s'asseoir en face d'elle

Alors, la panique intérieure l'envahit à la simple pensée qu'elle pourrait très bien lui refuser de prendre place, poliment, mais fermement. La honte sur lui de se voir rebrousser chemin à reculons (l'espace entre deux rangées de tables étant très étroit), sous les regards préventivement narquois des employés attablés aux alentours. Cependant, ERNEST qui n'en était pas à son premier renoncement, se fit violence en se surprenant de faire un geste ostentatoire de la tête vers elle, puis l'inclinant vers la chaise laissée libre, pour indiquer sa demande permission muette de s'asseoir. Et c'est vaillament qu'il résiste à soutenir le regard aux beaux yeux pervenches d'EMILIE, lorsqu'il se porte sur lui, tels des lances flammes. Mieux, elle a compris la demande d'ERNEST et hoche la tête d'assentiment, pour reprendre aussitôt la consommation de son yaourt nature avec des gestes si fins et délicats.

Fou de joie, ERNEST va pour s'asseoir, lorsqu'il s'aperçoit que ce malappris de Directeur Adjoint, n'a pas daigné prendre son plateau et le déposer comme il est d'usage sur la desserte des couverts sales. Paniqué, ERNEST ne sait comment s'y prendre pour déposer à son tour son plateau. Faut-il qu'il parte à reculons et trouve un endroit pour poser son plateau ? Oui mais où le poser puisque tous les endroits sont occupés. Il faut pourtant qu'il aie les mains vides afin de retirer celui du Directeur Adjoint. Et même s'il arrive par un coup de chance à poser son propre plateau, puis venir chercher celui du Directeur pour le mettre au sale, c'est pratiquement sûr que, pendant ce temps, quelqu'un lui aura pris sa place ! En désespoir de cause, il s'entendit dire :

« Mademoiselle, pourriez-vous lever ce plateau pour que je puisse y mettre le mien » Et elle de répondre sèchement : « Pour qui me prenez-vous ? »

Alors, ERNEST se sent comme un jongleur que l'on vient d'amputer des deux bras. Son hésitation d'un coté, son peu d'assurance de l'autre et son plateau mal assuré c'est beaucoup trop pour lui. Il vacille et le contenu dégringole au beau milieu de la table. Les gestes tentés pour rattraper sa maladresse ne font qu'ajouter à la chute. Les convives sont copieusement aspergés, personne n'échappe à la distribution. Mademoiselle EMILIE sursaute et se recule pour tenter de se soustraire aux impacts, mais en vain. Son brusque recul la déséquilibre et elle bascule avec la chaise. ERNEST s'emploie à la relever et lui tend la main. Levant les yeux, elle l'aperçoit et refuse son aide. Son expression indique qu'elle ne veut plus se voir approcher par lui et elle s'écrie pour solde de tout compte :

«  S'il vous plaît, ne m'approchez pas, ni maintenant ni jamais ! »

Bataille pour rire

Dans le détroit d'Ormuz un sous marin nucléaire français en surface prend en chasse une vedette iranienne qui

vient le narguer. S'ensuit un jeu de chat et de la souris entre les deux bâtiments de guerre. Non loin de là, un

porte-avions américain observant la scène, envoie deux avions de chasse en reconnaissance. A leur vue la vedette

bat prudemment en retraite. Le sous marin, fort de l'appuie des avions, poursuit la vedette. Soudain, de la côte

Iranienne, un missile sol-air est envoyé comme coup de semonce. Cela a pour effet de faire paniquer le

commandant du porte-avions qui demande des instructions au Président de son pays.

Celui-ci y voit aussitôt une agression manifeste et ordonne au commandant de canonner la côte. Là-dessus, la

vedette rejoignant la berge, fait brusquement un demi tour, se retournant vers le sous marin ; celui-ci, surpris,

plonge sous l'eau en catastrophe. La vedette rapidement au-dessus de lui, lui envoie des mines sous-marines. Par

une manœuvre audacieuse autant qu'improvisée, le sous-marin, réussit à éviter les mines et se retrouve derrière

la vedette, refaisant surface et s'apprêtant à lui donner le coup de grâce avec ses

torpilles nucléaires. En même temps, les avions de chasse effectuent un vol en rase-mottes et envoient une

décharge de mitraille vers la vedette prise en sandwich. La vedette, bourrée d'explosif, touchée par les avions,

explose dans une superbe gerbe de feu, éclaboussant au passage le sous marin, qui dans un geste réflexe

maladroit, actionne les missiles nucléaires N°1 et 2 ! Ceux-ci passent juste au dessus de la vedette en train de

couler à pic, et continuent leur course vers ... le porte-avions américain.

BOUM ! BOUM ! Touché de plein fouet, il explose avec ces 48 avions de combats. Les pilotes des 2 avions en vol,

ayant assistés impuissants à la scène, viennent alors déverser leurs bombes sur le sous-marin français déjà en

flammes !

"A table !" dit une voix féminine venant de la cuisine. Le vieux général à la retraite, dans son costume d'apparat

avec ses dizaines de médailles se lève péniblement du sol de la salle à manger.

"Ranger tes jouets et n'oublie pas de te laver les mains, mon chéri"

 Poursuivre l'extrait suivant de « Passer l'hiver » de Olivier ADAM :

« J'avais trop bu et PIALAT était mort. J'avais appris ça dans la soirée. Les petites dormaient à l'étage. Après le

repas je les avais bordées. J'avais eu un mal de chien à les laisser seules, là-haut, dans le noir de leurs

chambres, à m'arracher de leurs visages paisibles, leurs fronts pâles, leurs mains fines posées sur la

couverture. Marie était sortie, une réunion, ou je ne sais plus quoi, elle passait pas mal de temps à l'extérieur

ces temps-ci »

 

En descendant les escaliers, je glisse sur la dernière marche, renversant au passage l'abat-jour prune posé sur le

joli cosy de l'entrée du salon et m'affale de tout mon long sur le dallage beige de la salle à manger, sur lequel

j'effectue la plus belle glissade digne de nos descentes vertigineuses à Saint Moritz, tous les quatre entassés dans

la luge, ivres d'air pur et de bonheur.

J'ai à peine le temps de me souvenir de ce temps béni que j'embrasse l'encoignure du bas de la porte menant à la

cuisine. Le choc de ma tête est brutal et sonore. Dans le mouvement le noir m'envahit comme un lourd rideau qui

tombe sur une pièce de théâtre finissant mal, très mal.

Lorsque j'entre ouvre un œil, encore assez mal en point, je vois un rond blanc qui luit à l'intérieur d'un rayon

printanier, avant de partir à nouveau dans mon coma douillet.

Je ne peux pas dire combien de brefs réveils j'ai effectué avant de pouvoir enfin m'appuyer plus fermement sur

mon lit pour éviter de plonger à nouveau dans les bras tentateurs de mon coma.

Cette fois-ci, c'est dans ceux de Marie qui me soutiennent affectueusement que je me retrouve. Pourtant, son joli

sourire en coin et sa lèvre inférieure pincée dans une grimace de moue enfantine sont les signes d'un troc de sa

peur que je ne me réveille pas par lacrainte d'affronter à nouveau nos silences, nos mensonges, et le reste du

temps meubler le quotidien de nos conversations de façade pour donner le change devant les filles.

Elles aussi, elles sont là, autour de moi, ne sachant pas quelle contenance adoptée vis-à-vis de leur papounet. Par

précaution, leur mère leur a apporté une palanquée de poupées et tous leurs accessoires, pour qu'elles ne

languissent pas trop.

Quant il est enfin temps de me laisser, juste avant qu'elles ne s'échappent, je les retiens dans mes bras, leur

démontrant tout l'amour dont je suis capable, d'autant que je reviens de loin, de très loin ...

D'où il est, Pialat me sourit et semble me dire : «Profite de la chance que tu as d'être encore en vie»

 

Thème Voyage en avion

Valises bourrées

A. - « Mes valises sont bourrées »

B. - « Bourrées ?Vous voulez dire saoules ? »

A. - « Non, bourrées jusqu’à la gueule »

B - « Oui, c’est bien ce que j'ai compris : vos valises se sont saoulées la gueule »

A- « Mais non. Pas du tout. Mes valises sont bourrées, c’est à dire prêtes pour mon départ »

B. - «Ah ? Vous partez en voyage ? …»

A. - « Ben oui, puisque mes valises sont prêtes »

B. - «Oh ! C’est pas évident. Moi les miennes sont toujours prêtes et pourtant je ne pars pas dans l'immédiat »

A. - « Je vois pas l’intérêt … »

B - « Si. On ne sait jamais. Des fois que je trouve une super promo de dernier moment à saisir sur Internet »  

A. - « Vous êtes un fana des voyages d’occasions, alors ?»

B. - « Oui. C’est beaucoup moins cher ! »

A. - « Mouais … Mais on est souvent mal assis »

B- « Assis ? » 

A - « Dans l’avion. Notez que, personnellement, cela me gêne pas d’être mal assis puisque je ne vais pas très loin …  »

B - «Ah bon. Où allez-vous ? »  

A. – « En Suisse … A causes des valises » 

B. – « Comprend pas »

A. – « Ben si, les valises, comme je viens de vous le dire, elles sont bourrées … Enfin ! Vous connaissez aussi bien que moi comment cela se passe la valse des valises vers la Suisse »

 B. – « …Ah ! Oui ! la valse et …la bourrée - on y revient! - .. c’est pas très loin l'une de l'autreJuste une question de mesure »

A. – « Vous alors, vous êtes bouché ! »

B. – « Non. Coiffeur, pourquoi ? »

A. – «GRRR ! »  

B. – « Ne vous énervez pas … C’est votre faute si je n’y comprends rien. Avec votre manie de parler par métaphores

A. – «Bon. Je vais être plus explicite, à défaut d’être discret : mes valises sont bourrées de billets de banque …"

B. – « Ah ! Et bien là, je comprend parfaitement : vous déplacez vos capitaux vers les banques les plus sûres du monde, en Suisse ! »

A. – « Dis comme ça, cela fait chic et diplomatique. Plus direct, je dirai que je fais dans la fuite de mes capitaux pour éviter les impôts

B. – « Ah, bon. C'est légal, ça?"

A. – « Vous dans le genre naïf, vous êtes imbattable"

B. – « Oh, je me défend bien, c'est vrai... Mais on cause, on cause et ça donne soif tout ça. Je vous invite!

A. –  « C'est gentil à vous. Un seul verre alors..."

B. – « Ah, oui. Je vois. Vous ne voulez pas être bourré comme vos valises, hein?

A. – Levant les yeux au ciel!

 

Ecrire un texte en visualisant l'une des 3 photos proposées

La BONNE IDEE

Depuis quelques temps déjà les esprits s'échauffent de part et d'autre de la table. Comme toujours il y a les POUR

et il y a les CONTRE. C'est sans compter les silencieux qui pèsent de tout leur silence.

Il faut reconnaître que la situation est particulièrement grave : la station balnéaire a perdu de sa superbe depuis

que le complexe pétrolier s'est installé à quelques encablures de la plage.

Une chute spectaculaire des touristes plombe le moral des habitants, en fait surtout des marchands de maillots, de

chapeaux de paille, de cartes postales, de locations de pédalos, de chaises-longues, etc. etc.

Le maire décide alors de prendre les choses en main en organisant une séance extraordinaire de son conseil

municipal afin de trouver des solutions qui attireront à nouveau les touristes en grand nombre.

Le conseil municipal étant à deux doigts d'en venir aux poings, le Maire calme son monde en trompétant de sa voix

tonitruante (il chante comme ténor dans l'ensemble lyrique). Cela a pour effet de réveiller en sursaut ce pauvre

Albert qui, passant brutalement du rêve à la réalité, lui vînt une idée folle, tellement folle qu'il l'a dit tout à trac :

«Et si on organisait une pêche à la sirène ?»

L'instant de stupeur passé, suivent de gros éclats de rire bien gras, jusqu'à ce qu'Edmond, pêcheur de son état,

dise :

«C'est pas bête, cette idée-là. Moi, si vous voulez, je vous l'organise cette pêche à la sirène»

L'idée fait son chemin dans toutes les têtes jusqu'à se matérialiser sous la forme d'une «Fête de la Sirène», avec

l'élection de la plus belle fille de Carrel-les-Pins. Son rôle est simple : parader dans son beau maillot scintillant de

sirène, prenant la pose sur les rochers.

"La fête de la Sirène" est un véritable succès !

Qu'elle est jolie, Adeline, la première de nos sirènes ; sur son rocher, elle ressemble à s'y méprendre à la petite

sirène de Copenhague, sauf qu'elle, elle est bien en chair !

    • J'ai l'habitude de quitter ma femme en pleine nuit

D'abord pendant longtemps, elle ne s'est aperçue de rien, vu qu'à l'aube, je regagnais la couche nuptiale comme si

de rien n'était.

Cependant, une nuit un besoin pressant la réveilla. Elle se leva alors à demi ensommeillée, marchant au radar et

se cognant au coin du lit (Aïe ! l'os du tibia. Ouille ! l'embrasure de la porte). Visiblement elle m'avait pas l'habitude

de se lever au milieu de la nuit. Quant elle retourna se coucher, qu'elle ne fut sa surprise de ne pas sentir ma

présence auprès elle. Etonnée, elle ralluma, puis pensa que j'étais allé, moi aussi , aux W.C. Cinq minutes elle se

réveilla à nouveau, réalisant que je ne pouvais pas aller aux W.C. en même temps qu'elle puisqu'il y en avait qu'un

pour toute la maison et que nous nous étions pas rencontrés dans le couloir qui y mène. Cependant, le sommeil la

rappela à l'ordre impérativement . A son réveil, la première chose qu'elle fit c'est de tendre son bras vers ma place

vide ! Ceci eut don de l'effrayer tout à fait : Où est-ce que je pouvais être en ce moment ?

Jetant à bas ses draps, elle enfila ses mules et sa robe de chambre dans la précipitation pour se retrouver nez à

nez avec moi, un plateau de café fumant à la main, avec mon plus beau sourire. Ma femme, appréciant le geste

(rare) du café au lit, se détendit quelque peu, mais ne put s'empêcher de me demander qu'est-ce que j'avais fait

durant cette nuit et, surtout, où j'étais ? Avec toute la douceur qui m'est coutumière, je lui sortit une histoire banale,

facile à croire : frappé d'insomnie depuis quelques temps à cause de soucis à mon travail, j'étais descendu dans le

salon pour lire jusqu'au petit matin, avant qu'elle ne se réveille. Cette explication a eu le don de la satisfaire pendant

une assez longue période et lorsqu'il lui arrivait de se réveiller pour un petit besoin, ne me voyant pas au lit, elle

était rassurée de me savoir en bas. Jusqu'au jour où, prise d'un soudain besoin d'attention à mes problèmes

d'insomnies, elle eut envie de venir me voir lire sur le canapé et qu'elle ne m'y trouva pas !

Souvent la Femme dit oui, pense non

La femme bien née n'attends pas nombre d'années à s'apercevoir la portée déterminante du «oui»et du «non».

Certaines comme Lola la féministe, reste sur un seul registre : dire «non» à tout, au point où son mec Michel s'est

lassé et lui a dit en partant: «Tchao, Poupée!»

D'autres, les plus nombreuses, comme Gabrielle, le jour de ses noces, au moment de dire «oui», lève son voile et

rencontre le regard de son futur mari. Allez savoir pourquoi, peut être l'intuition féminine, PAF! elle reçoit un flash du

futur : son cher et tendre, aujourd'hui mignon à croquer dans son costume 3 pièces, se métamorphose en

bonhomme habillé d'une horrible robe de chambre fripé, avec sa gueule des mauvais jours, les sourcils froncés,

mal rasé, affalé sur le canapé en train de regarder «sa» TV. Vous savez quoi? Elle a faillit dire «non» au moment

fatidique. Seulement voilà, les préjugés du «tu n'y penses pas! les invités, les frais engagés», les «ça ne se fait

pas», les «quand-dira-t-on», bref un tas de raisons raisonnables ont fait que Gabrielle à pu vivre sa destinée telle

qu'elle venait de l'imaginer... en pire!

Notez que, maintenant, pour Gabrielle, il y a prescription puisque la vieillesse est sujette au renoncement et à la

sérénité : «Cessons la lutte finale, rangeons la rage au placard» a-t-elle coutume de se dire à haute voix dans le

salon. En effet, assise sur son vieux fauteuil, son loisir préféré est de regarder la pendule qui égrène le temps

qui passe et curieusement cela l'enchante et la rassure : «Tic-Tac! Tic-Tac! Tic- Tac!», qui dit «oui»qui dit

«non» et qui l'attend. Soulagée elle est.

Quant à son mari, ne croyait pas qu'il est insensible à la portée du «oui»et du «non». Il a juste une façon bien à

lui de l'aborder. Pendant ces longues années, il est devenu un inconditionnel du ni «oui», ni «non», brevetant

sa lâcheté désormais légendaire, mais aujourd'hui devenue inutile !

Guerre sous marine

Le plus sûr moyen de me lancer dans l'écriture lorsque je n'ai pas d'idées en tête, c'est d'adopter la position du plongeur sur la planche : talons serrés, hanches cambrées vers l'avant, suivi du buste, ainsi que des bras pointant l'onde, entre lesquels je place ma tête résolument.

Gare ! Une bande de peignes-culs prenant leur élan du fond de la piscine, s'apprêtent à plonger dans le grand bassin dans un joyeux brouhaha. Les voilà qui s'éclatent dans l'eau, jouant à la guerre sous marine en faisant la «bombe», m'aspergeant copieusement au passage par les énormes gerbes mousseuses qu'ils provoquent. Me voilà trempé de la tête aux pieds avant même d'avoir touché quoi que soit de liquide par moi-même ! Et comme la santé n'a pas de prix, je peste au premier éternuement carabiné ne manquant pas aussitôt de me soulever de la planche. Ceci a pour effet de me faire perdre l'équilibre. Dans cette seconde de vacillement tragique, essayant de me cramponner à des perches invisibles, j'eus le temps de rencontrer une rangée de regards hilares. Ce sont ces « huma-bomba », déjà remontés sur le bord et prêt à ajouter une deuxième rafale de missiles lacustres, qui m'observent d'un sourire sardonique et vicieux.

La suite est franchement navrante. Suite à mon plongeon non maîtrisé, je termine sur un plat sonore faisant vaciller les vitres de la piscine municipale. Quand je repris peu à peu mes esprits en remontant péniblement à la surface, je m'aperçois que j'ai perdu mon maillot. Où est-il donc passé ce foutu textile ? Mes recherches restant infructueuses, je décidai que c'était pas mon jour pour écrire. Pourtant tout cela ne me dit toujours où est passé mon maillot.

Je donne ma langue au chat !

 

Je pratique la charité à outrance car je suis actrice

C'est avec, il faut le dire, sans modestie, et un talent certain de l'Art du superficiel et de l'éphémère, que je pratique, en même temps, la charité, surfant sur la vague hollywoodienne, sous les projecteurs et les caméras et toute la grâce époustouflante dont je suis capable.

Car être actrice, c'est un métier !

Cela demande une concentration de tous les instants, une patience à toutes épreuves comme être maquillée, habillée aux petits oignons (*) ou attendre pendant des heures que l'on vienne me chercher dans ma roulotte climatisée. Je n'ai pas une minute à moi lorsque je tourne, et je tourne sans arrêt vu l'excellente place que j'occupe dans le box-office des actrices. Cependant, les rares fois où il m'arrive de ne pas tourner, je suis solliciter en permanence par des producteurs, des metteurs en scènes. De plus, je me dois à mon public auquel j'accorde sans compter des séances d'autographes. Egalement, il n'ait pas un seul jour où je suis invité à des cocktails mondains dans lesquels je fais des apparitions attendues et remarquées devant tout le gratin du cinéma.

Parmi ces invitations, il y en a qui sont dits « de bienfaisance ». Nombreuses, très nombreuses soirées, au point où, malgré que je sache grande la misère du Monde, je soupçonne qu'il y a de l'exagération, peut être même de l'abus. Tenez le Darfour, cela fait deux fois cette année et le Tsounami, avec tout ce que j'ai donné, je n'ai pas de nouvelle depuis trois ans, même pas une petite carte de remerciements. Et je vous parle pas de la Tchétchénie qui s'est avérée une véritable arnaque d'après les russes qui sont sur place et qui nous ont mis en garde en rétablissant la vérité de ce qui s'y passe réellement.

A force de me faire ponctionner, j'ai fini par embaucher un conseilleur en charité. Celui-ci m'a tout de suite mis à l'aise par sa formule favorite :

 « Charité bien ordonnée comme par soi-même »

De plus, il me conseille de faire ma COM avec minutie en employant sans arrêt cette phrase aux médias :

 « Je pratique la charité à outrance car je suis actrice »

Et ça marche. Cela marche même très bien. Je suis contente car, depuis, je donne beaucoup moins que ce que dis donner.

aux petits oignons (*) en français dans le texte

 

 J'ai l'habitude de quitter ma femme en pleine nuit

D'abord pendant longtemps, elle ne s'est aperçue de rien, vu qu'à l'aube, je regagnais la couche nuptiale comme si

de rien n'était.

Cependant, une nuit un besoin pressant la réveilla. Elle se leva alors à demi ensommeillée, marchant au radar et

se cognant au coin du lit (Aïe ! l'os du tibia. Ouille ! l'embrasure de la porte). Visiblement elle m'avait pas l'habitude

de se lever au milieu de la nuit. Quant elle retourna se coucher, qu'elle ne fut sa surprise de ne pas sentir ma

présence auprès elle. Etonnée, elle ralluma, puis pensa que j'étais allé, moi aussi , aux W.C. Cinq minutes elle se

réveilla à nouveau, réalisant que je ne pouvais pas aller aux W.C. en même temps qu'elle puisqu'il y en avait qu'un

pour toute la maison et que nous nous étions pas rencontrés dans le couloir qui y mène. Cependant, le sommeil la

rappela à l'ordre impérativement . A son réveil, la première chose qu'elle fit c'est de tendre son bras vers ma place

- vide ! Ceci eut don de l'effrayer tout à fait : Où est-ce que je pouvais être en ce moment ?

Jetant à bas ses draps, elle enfile ses mules et sa robe de chambre dans la précipitation pour se retrouver nez à

nez avec moi, un plateau de café fumant à la main, avec mon plus beau sourire. Ma femme, appréciant le geste

(rare) du café au lit, se détendit quelque peu, mais ne put s'empêcher de me demander qu'est-ce que j'avais fait

durant cette nuit et, surtout, où j'étais ? Avec toute la douceur qui m'est coutumière, je lui sortit une histoire banale,

facile à croire : frappé d'insomnie depuis quelques temps à cause de soucis à mon travail, j'étais descendu dans le

salon pour lire jusqu'au petit matin, avant qu'elle ne se réveille. Cette explication a eu le don de la satisfaire pendant

une assez longue période et lorsqu'il lui arrivait de se réveiller pour un petit besoin, ne me voyant pas au lit, elle

était rassurée de me savoir en bas. Jusqu'au jour où, prise d'un soudain besoin d'attention à mes problèmes

d'insomnies, elle eut envie de venir me voir lire sur le canapé et qu'elle ne m'y trouva pas !

 

Une colo pas très catholique

J'ai le souvenir émue de la colonie à Biarritz où je suis allé soigner mes bronches et ceci pour plusieurs raisons.

D'abord la mer qui, pour le terrien que je suis resté, fut un choc émotionnel sans pareil. J'étais là à me demander

comment cela peut être possible une telle étendue d'eau à perte de vue jusqu'à l'horizon. J'ai longtemps cru que

c'était une ligne définitivement posée là. Quant à ce bleu d'outre mer, version écran large, il embrumait mes yeux

papillonnant.

La deuxième raison c'était mon arrivée au château, comme dans un conte de fée : J'ai bien cru voir sortir sur le

perron la fée Mélusine qui, aux suites de nos fréquentations, se révéla être la Sorcière au placard à balais, et dans

la réalité vrai, la directrice de cette royale colonie sanitaire.

Le Manoir se présentait comme un véritable labyrinthe de salles et de chambres, communiquant par deux

monumentaux escaliers de part et d'autre de l'édifice, un pour les garçons, un pour les filles. La séparation des

sexes était encore plus nette par l'octroi de la partie cour, côté fronton d'accueil pour les garçon et cour d'honneur,

côté façade intérieure pour les filles. Cet état de fait - ceci étant ma 3me raison - ajoutait à mes troubles

d'adolescent qui fut en situation de prendre à bras-le-corps quelque forteresse bien gardée!

En résumé, Je ne sais si ce sont les lieux qui l'induisaient mais mon séjour d'un mois me parut bien trop court à

mon triste regret. Et c'est à l'heure du dernier jour que le vicaire - la colo en plus d'être sanitaire, était aussi

catholique, très catholique - le vicaire, dis-je, grand amateur éclairé de photographie devant l'éternel, se mit en tête

d'immortaliser ce dernier jour en nous prenant tous en photo. Et comme il se prenait pour un artiste, il recherchait

pour chaque cliché l'angle de vue le plus original possible. C'est ainsi que nous le vîmes arriver avec une échelle

sous le bras, demandant aux plus grands d'entre nous de la tenir debout, puis il grimpa au sommet dans un

équilibre précaire, avec la ferme intention d'effectuer une vue plongeante du groupe que nous formions. C'est en

réalité l'herbe en gros plan qu'il prit car, trop penché en avant, le poids l'entraîna et il se retrouva cul par dessus tête

à faire un magnifique « saut de l'ange ». Nous eûmes juste le temps de nous écarter comme une volée de

moineaux en constatant au passage que les curés avaient bel et bien des caleçons sous leur soutane.

Oui, il m'arrive encore de repenser à cette colo de Biarritz, comme d'un souvenir heureux, gommant tous les

inconvénients d'un confort frustre, la lourdeur d'une promiscuité pas toujours rigolote, les tracas d'un règlement

sévère et la lourdeur de rites religieux obligatoires autant qu'ennuyeux. Tout ces inconvénients ont été balayés par

la grâce et le souffle de Dieu !

Atchoum! J'ai l'impression que ma bronchite n'est pas tout à fait guérie. Je me mets à espérer que mes parents

vont m'envoyer à nouveau à la colo de Biarritz, l'été prochain.

 

 Le pessimisme ambiant

« Etat général d'une personne ayant un sentiment négatif de son environnement immédiat et/ou plus lointain,

pouvant aller jusqu'à la dimension de la planète »

Cette impression peut s'appuyer sur des faits concrets, vérifiables ou, au contraire, elle peut être irrationnelle, sans

consistance. Dans les deux cas, elle se traduit par de la peur, de l'angoisse, voire une panique de la personne

pouvant l'entraîner dans la maladie et, au pire, vers la mort.

Le pessimisme ambiant repose sur une impression plus ou moins exagérée d'événements dont la personne ne

peut avoir un regard neutre, véritable, car il ne s'étaye pas sur l'étendue complète de ces événements, que ce soit

au niveau de la micro autant que macro-réalité.

Cependant, le pessimisme ambiant possède une base bien réelle, visible par tous, tels que les catastrophes

climatiques ou les guerres de part le monde.

Il est a noté que plus les catastrophes sont loin du sujet, moins elles ont d'impact émotionnel sur lui. Exemple : la

famine en Afrique à moins de portée sur la personne que la montée des prix sur les fruits et légumes en France.

Cependant, il y a des exceptions tel le tsunami en Asie, pouvant s'expliquer par le fait que c'est un haut lieu du

tourisme occidental.

Nous rencontrons les plus fortes angoisses dans le périmètre des viols, des actes de pédophilie où d'entrepôt de

nourrissons dans des congélateurs, sachant qu'il touche à la nature profonde de l'humaine dans ce qu'elle a de plus

barbare, et par relation de cause à effet, elle provoque la peur de devenir comme ces «monstres»

En résumé, le pessimisme ambiant est une valeur sûre de notre époque, la mieux partagée par tous!

Un début de phrase : «Je ne dis rien, je t'écoute parler» avec la consigne «handicapé dans un fauteuil»

«Je ne dis rien, je t'écoute parler», lui dit Solange d'un air renfrogné.

«Qu'est-ce que cela veux dire? Que je parle trop? Que je parle à ta place?» renchérit Marc, visiblement vexé.

Solange se pince alors les lèvres en signe de non réponse.

«Je n'aime pas lorsque tu es comme ça, à te réfugier dans ta bulle. C'est trop facile!» - Un temps - Solange

s'obstine dans son silence qui promet d'être long. Son record est de 6 jours 8 heures et une poignée de minutes,

sans prononcer un seul mot, se faisant comprendre que par gestes et signes plus ou moins approximatif.

Ah, non! Cela ne va pas recommencer! Mais qu'est-ce que je t'ai fait?" Le regard de Solange rencontre celui de

Marc, puis elle pouffe de rire.

«Quoi? Qu'est-ce que j'ai pour que tu ris comme cela?" Marc s'examine sous toutes les coutures et ne voyant pas

sa chemise déborder du pantalon, ni sa braguette ouverte, commence à s'énerver : «Je comprends pas ... Je te

comprends pas! ... C'est vrai que je parle trop, à tord et à travers. Je le reconnais bien volontiers. Mais, pour ma

défense, je te trouve encore moins causante ces temps-ci» Pour toute réponse, Solange se penche en arrière

sur sa chaise.

«Arrêtes de faire ça. Tu vas tomber!» dit Marc inquiet, tout en se précipitant vers sa sœur.

Solange bascule en avant, riant franchement et retrouvant subitement sa voix, dit :

«C'est un comble qu'un handicapé comme toi est peur que je me rompe l'échine»

Marc, un instant interdit, se met à rire de bon cœur à son tour .

 

Un repas de famille -

C'est une tradition chez les BONNARD-MORISOTS, les grands parents paternels invitent pour Noël et les grands

parents maternels pour le Jour de l'An.

L'accueil se fait sur le perron lors d'embrassades, souvent fuyantes et embarrassées, mais s'éternisant pourtant.

La cause principale en revient à G.M. (Grand Mère) BONNARD qui en rajoute des tonnes dans son rôle de

maîtresse de maison. Elle n'a pas son pareil pour poutonnez (*) de baisers sonores autant que baveux - vous diront

les mauvaises langues - Et, bien entendu, c'est elle qui, au bout de cet interminable accueil, claironne à la

cantonade :

«Mais ne restez donc pas dehors, surtout qu'il fait un froid de canard ces temps-ci. Allez, allez, ne soyez pas

timides, entrez franchement dans «La Maison du Bonheur» - C'est ainsi que les BONNARD ont baptisé leur

maison, ouvrant toute grande «la boîte à malices» aux invités goguenards - "Mais n'oubliez pas de vous essayez

les pieds sur le paillasson «Welcome» - Elle ajoute aussitôt, et ceci depuis 5 années révolues : «N'est-ce pas

CHARLES» - Lui, c'est le beau fils MORISOT, le cadet, souffre douleur de G.M. depuis sa faute

impardonnable d'avoir taché de boue le magnifique tapis de la salle à manger acheté au mètre chez l'ami Casto.

Les invités sont maintenant en train de tourner en rond dans le hall, encombrés par leurs cadeaux maintenus à bout

des bras. Cependant, personne osera déposer ses paquets au pied de l'immense Sapin de Noël, ni même de le

demander à G.M. qui verrait là une incongruité dans sa manière d'assumer la bienséance de cette soirée. Des

précédents cinglants ont eu lieu. En définitive il y a que G.P BONNARD, n'y tenant plus, qui peut se permettre de

lâcher cette timide suggestion :

«Nous pourrions peut être déposer nos cadeaux au pied du sapin?» en se tournant vers sa femme dont le bref

raidissement trahit des lendemains de scènes de ménages féroces - G.P. a appris à s'en défendre avec son

sonotone subitement en panne.

«Oh! Suis-je bête! Je manque à tous mes devoirs d'hôtesse. Bien sûr que vous pouvez vous débarrassez de

vos colis encombrants, même, je vous l'ordonne!» dit-elle avec un petit ricanement qui n'amuse qu'elle , sachant

que c'est le signal pour les invités d'être soulagés d'un poids avant de passer aux «choses sérieuses». Cela se

manifeste comme une sorte de mêlée que le fils aîné MORISOT, JOËL , imprime à tous en poussant comme un b

œuf avec ces quatre vingt dix kilos de viande brute. Ce à quoi son père réagit en protestant :

«Poussez pas derrière! Je vais me retrouvez le nez dans le sapin, moi!»

CHARLES, grand plaisantin devant l'éternel, ne loupe l'occasion:

«Ce n'est pas bon signe de sentir le sapin!»

PAF! La gifle est partie nette et sans bavure.

«CHARLES, voyons! Ce ne sont pas des façons de parler à ton père»

Le père MORISOT, par souci que les chose ne s'envenime pas déjà, avant que commence le repas - C'est un fort

coup de fourchette, son embonpoint conséquent en témoigne - temporise en disant:

«C'est pas si grave. Il faut bien que jeunesse se passe, hein?»

Rencontrant le visage vexé de sa femme GABRIELLE d'être désavouée devant toute l'assemblée, ALPHONSE

réalise combien va être difficile leur prochain tête-à-tête, sans l'aide d'un sonotone providentiel à portée d'oreille.

Heureusement, G.M. BONNARD vient à la rescousse de G.M. MORISOT :

«vous avez bien fait, Mme MORISOT de le réprimander, si vous ne voulez pas que plus tard il devienne un

mauvais genre, voire pire : un voyou, une racaille!»

Le dernier mot fait frémir d'aise l'assistance. On n'est loin d'être d'accord sur tout entre les deux familles

recomposées, mais il arrive que l'on se comprenne sur un mot lâché au détour d'une phrase, faisant consensus.

L'incident est donc clos car personne ne songe à renchérir sur la conversation huileuse de la manière d'élever les

enfants. De plus, l'odeur de la dinde arrive par nappe sous les narines, déclenchant aussitôt des réflexes Pavlovien

sur tous les convives. Pour autant, il n'est pas question de se précipiter pour s'asseoir à la grande table décorée

avec soins pour la circonstance. C'est à G.M. BONNARD de prendre en main ses invités, les accompagnants un

par un à la chaise désignée par elle. Son plan de table, elle le prépare minutieusement, en le gardant en mémoire

des semaines avant! Et si, lorsqu'elle place son monde, elle paraît hésiter, changeant la personne de place en

évaluant à côté de qui elle la met, me vous y fiez pas : ce n'est que du cinéma pour épater la galerie, personne

n'est dupe!

Enfin, tout le monde est installé. Les hostilités peuvent commencer

 

Renversement

La rue, à ces heures-ci, est très animée. Les ouvriers sortent de la scierie par petits groupes, qui à pied, qui à vélo

et descendent joyeusement vers la ville où les commerçants se démènent comme de beaux diables pour que leurs

produits soient bien en vue et alléchants.

C'est à ce moment précis qu'un grand fracas fit tourner toutes les têtes dans cette direction.

Un attroupement se forme immédiatement autour des auteurs du trouble. Là, au milieu de la foule, une femme

couchée sur le sol, entourée de débris de verres invective un jeune ouvrier qui vient de la renverser avec son vélo.

Ce dernier, tout penaud, regarde la scène sans chercher à se défendre car il sait bien qu'il est responsable à

vouloir faire le "beau" en tournant autour de la demoiselle, faisant des acrobaties sur son vélo. Bientôt

commerçants et badauds commencent à discuter entre eux tandis que la femme sanglote devant son beau service

de verre en miette qu'elle vient d'acheter. Elle se sent dans la peau de Perrette, sans pourtant avoir échafaudé une

quelconque fructification imaginaire de ses achats.

Quelqu'un se penche sur elle et semble se préoccuper de son état : «ça va?» s'entend-elle dire. Les images se

précisent et les traits du visage d'un jeune homme, que sa mère aurait qualifié de charmant, lui apparaissent.

«Oh excusez-moi pour les dégâts. Je m'empresse de vous dire : je vais vous rembourser tout ça»

La jeune fille se relève lentement - fait tomber les bris de verre qui recouvrent sa robe. Elle a immédiatement un

geste de coquetterie en essayant de rectifier sa tenue. Son souci est maintenant d'être présentable - et puis les

choses semblent s'arranger.

Elle regarde le responsable de sa chute en lui répondant :

«Vous êtes pardonné - à condition de me remettre immédiatement la somme correspondante - car je devais

livrer cette commande aujourd'hui - et je ne peux remettre cette livraison»

Le jeune homme tire immédiatement de sa poche une bourse et en sort les quelques billets un peu froissés,

représentant sa paye de la semaine.

Il les lui tend en souriant.

«De bon cœur, je paie en espérant que nous nous retrouverons dans une situation plus... plaisante»

De là est née une charmante idylle, dans le plus pur style de "tomber amoureux "!

 

Personne et son fils

On frappe : «Qui est là?» «Personne»

Il n'y a que:

Le désert sibérien, le vide sidéral, le trois fois rien, les étoiles qui s'éteignent comme des bougies, la lumière qui

rétrécit, l'ombre qui s'avance à pas compté : 1, 2, 3, 4 ...4 coups à la porte qui sursaute

On frappe: «Qui est là?» «Personne»

Il n'y a que:

La rue qui s'époumone, des bruits de foule qui rient, qui pleurent et puis s'en vont par dessus les toits, l'anonymat

des passants qui se croisent sans se voir, la petite pluie grise qui glace mes 103 os : 102, 101, 100, 99 coups de

poing sur cette porte complètement frappée

On frappe : «Qui est là?» «Personne»

Il n'y a que :

le flot du fleuve alangui, de joyeux fêtards aux bedons rebondis, une enfilade de mots qui s'envolent dans la nuit, le

vol rasant d'une chauve-souris, une brusque de tombée de grêle en pluie qui crépite sur ma porte transie

J'ouvre :

Il n'y a décidément personne. Personne et son fils. C'est à dire nous!

 

Valétudinaire

         Mon oncle de Mérignargues qui a réussi dans le vin de table, a un superbe mas avec vue sur les Alpilles.

Certes, il n'y avait rien d'extraordinaire qu'un entrepreneur caviste de cette envergure puisse se payer un

valétudinaire. Pourtant, chaque fois que je suis invité chez lui, dans sa grande maison et piscine, je suis tout excité

de le voir en service et, généralement pas déçu.          D'emblée il met en route son petit bijou avec la précision

d'une horloge Suisse. Et avec cela, une rapidité dans les différentes manœuvresi me laissant pantois d'admiration.

Chaque mouvement est pourvu de noblesse qui, s'il rappelle les temps anciens, n'en a que plus de cachet

moderne. Tout cela engendre un enchaînement des gestes d'une dextérité, d'un doigté que je n'ai jamais vu

ailleurs. Et pour cause : rare sont les maîtres qui possèdent un valetudinaire.

         Je ne perds pas une miette du travail abattu par celui-ci et mon oncle se fâche gentiment que je sois pas

assez causant avec lui. Cependant, je sais qu'au fond de lui, mon oncle est fier de l'effet produit sur moi par son

acquisition qui, soi dit en passant, a dû lui coûter une fortune. Mais bon, quand on a de l'argent comme il en a, il

peut s'offrir cette folie, malgré les cris d'effroi qu'a poussé sa femme à son achat. Depuis, elle a su vite s'habituer à

pareil phénomène et apprécier ces services incommensurables (y compris à titre strictement privé)

         Avec son époux ils sont tombés d'accord : ils n'en changeront pas, même pour un robot ménager japonais

poly-fonctions.

 

La famille superstition

Mon oncle, ce boute-en-train de première, me dit volontiers cette phrase usée jusqu'à la trame : « Je ne suis pas

superstitieux, ça porte malheur »

Il le dit pour rire et je dis qu'il ne croit pas si bien dire. Car, en effet, il y a dans cette phrase banale et sans grande

prétention littérale, une pensée profonde : une chose et son contraire.

Je prends l'exemple de ma copine Gislaine qui claironne haut et fort à qui veut l'entendre qu'elle n'est pas

superstitieuse. Cela ne l'empêche pas d'être la seule à remarquer que nous sommes treize à table à la cafétéria,

lors de son anniversaire (le gâteau est offert). Son petit copain (il fait un mètre quatre vingt dix), lui, au contraire, est

du style à jeter du sel par dessus son épaule gauche lorsque Marie renverse accidentellement la salière sur la

table. Il faut avouer qu'elle ne sait pas s'exprimer autrement que par de grands gestes qui manquent de modestie.

Or, d'habitude, nous prévenons tous ces mouvements intempestifs en enlevant tous les objets devant elle. Quant à

Robert, il ne manque pas une occasion de nous faire son quart d'heure savant, décrivant par moultes détails, la

signification de la malédiction du sel, ainsi que celle de se retrouver treize à table. Il nous commente avec délice

que cela vient de la célèbre Cène, non pas celle du IIIème acte, mais celle de Jésus avec ses 12 apôtres, qui font

treize en tout, dont le maléfique Judas par qui le malheur arrive.

 

En résumé, dire que nous ne sommes pas superstitieux revient à l'être ! Il n'y a qu'à voir la trop grande bravade que

nous déployons pour prouver qu'on ne l'est pas.

Suffit-il de ne pas se sentir concerné, me direz-vous ? Alors pourquoi vous avez retiré votre main pour dire bonjour

à un ami, afin d'éviter de faire la croix avec les deux autres mains tendus, ou encore, pourquoi vous avez remis le

pain à "l'endroit" sur la table?. Ce n'est que des exemples parmi tant d'autres.

Quant à moi, voulant prouver que tout ce que l'on raconte au sujet de « passer sous une échelle, ça porte

malheur » n'était que baliverne, je me retrouve à l'hôpital avec un traumatisme crânien. Comment je m'y suis pris ?

En passant sous une échelle le peintre qui donne un coup de jeune à mes volets, laisse échapper un pot de vernis,

attérissant directement sur le sommet de mon crâne.

Ne me dites pas que je suis "vernis" où je vous étrangle !

 

"Qu'est-ce qui pour chacun de nous est inévitable ?  Le bonheur".

 " Quel est la grande merveille ? Chaque jour la mort frappe autour de nous et nous vivons comme des

immortels »

Il s'appelle GOURNAY. C'est un bon vivant, aimant et croquant la vie à belles dents, les femmes aussi, mais du

bout des lèvres qu'il a de poétiques telles des abeilles qui butinent le cérumen des filles sous  le charme.. Amateur

de bonne chère, il n'a pas son pareil pour émerveiller l'assistance de ces contes et blagues électrisant d'ondes

conviviales, faisant éclater ici des «Oh !» d'admiration, là des «Ah !» de satisfaction et des «Ah !Ah ! Ah !» qui

sont autant de cascades de rires à n'en plus finir.

Ce besoin de communiquer de la bonne humeur aux autres, lui vient de très loin. Déjà tout petit il avait le chic

d'attirer toute l'attention de ses parents. A l'école, il était ce qu'on appelle un meneur, plus  exactement un

animateur-distributeur de jeux. Son avis faisait tout naturellement autorité, au point que lorsque le moindre différent,

la moindre dispute éclataient, les belligérants tombaient rapidement d'accord pour aller consulter le garçon à la

grande sagesse qu'ils retrouvaient sous les frondaisons du grand platane, trônant au milieu de la cour de

récréation. Ainsi, GOURNAY, assis en tailleur, les écoutait attentivement, sans dire mot, puis après un long silence

que chacun s'accordait à penser «de réflexion», il exprimait avec aplomb, une décision sans appel possible,

aussitôt saluer par des applaudissements nourris par tous.

Ainsi va la vie de GOURNAY, pleines de certitudes et d'allant.Depuis l'école, puis le lycée, le service militaire, son

emploi à l'usine, si le grand platane ne fait plus partie de son paysage, GOURNAY continue régulièrement de

recevoir toutes sortes de gens qui font cercle autour de lui, de plus en plus élargi, au point qu'il a l'idée géniale de

s'installer comme «Conseiller en tous genres». Ainsi, vient lui demander conseil le  paysan sur l'opportunité

d'acheter une vache, l'employé de vendre sa voiture, l'amoureux (euse) pour choisir sa future ou son futur

époux.GOURNAY donne son avis qui apparait, à coup sûr comme judicieux pour les solliciteurs

Cette prise de pouvoir qu'il a sur les gens finit par le griser un peu, au point qu'il se fixe alors un challenge de plus

en plus hardi, se déplaçant insensiblement vers sa propre existence : «Si je suis aussi doué pour donner du

bonheur aux autres, je doit l'être également pour moi-ême !» Car, curieusement, GOURNAY, pour sa part, ne se

sent pas «assez» heureux. Alors, pensant que le bonheur s'exprime par les sens, il se met à explorer toutes sortes

de sensations fortes :parapante, saut à l'élastique, conduire à pleine vitesse avec sa nouvelle voiture de sport (ses

consultations lui rapportent trois fois plus que son salaire d'ouvrier). En définitive, à part quelques litres d'adrénaline

consommés, rien de folichon question bonheur. Alors, il en vient à se dire qu'il faut mettre la mort en défaut et la

congédier ! Ce qu'il fait, sans succès, n'arrivant pas à mettre le grappin dessus la faucheuse.

Jusqu'où jour où, conduisant comme son habitude à tombeau ouvert sur une petite route, il lui semble se

reconnaître au détour d'un virage, assis en tailleur sous un magnifique platane. Il trouve alors intéressant de se

rencontrer afin de se quémander son avis et se renseigner par la même occasion où pouvait bien se cacher la

mort. L'accident de sa voiture contre le platane répondit instantanément à son attente.

 

Sonnez la retraite !

JEANNOT vient de prendre sa retraite. Enfin, disons que c'est la retraite qui l'a pris, le saisissant en plein vol. Il

fallait bien cela sinon mon JEANNOT n'aurait jamais pensé à la prendre, tellement il l'avait occulté.

Pourquoi ?

Parce qu'au fond de lui, il sait qu'il en a une peur bleue. Déjà, rien que de prononcer ce mot : « retraite » ça lui fout

les j'tons, rongeant ses ongles, glaçant son sang, provoquant des tremblements qui n'ont rien de Parkinsonien et

de grosses gouttes dégoulinant dans le col de sa chemise. Et je ne vous raconte pas ce que cela déclenche sur

son transit intestinal !

Aussi il a tout fait pour s'accrocher à son emploi, le prolonger au maximum pour, disait-il : « engranger les points

qui lui manque pour une retraite à  temps plein ».

CINQ ans de plus qu'il a eu comme répit. Néanmoins, le délais ultime arriva comme un couperet, lui empêchant de

se prolonger. De plus, ses collègues de travail commençaient à en avoir mare de voir sa bobine, surtout ceux qui

espéraient briguer son poste de chef de rayon. Quant au patron, il était de plus en plus derrière son dos, le

sermonnant de ses maladresses et de sa soudaine baisse de productivité. Alors, JEANNOT se résigna à céder sa

place et tourna les talons, sans se retourner pour ne pas voir ses anciens copains se moquer de son dos voûté, et

de ses bras qui touchent terre tellement il porte tout le poids de la tristesse du monde sur ses épaules. Il n'y eu ni

discours, ni pot de départ, encore moins de cadeau.

Le voilà de retour dans sa maison où personne ne l'attend depuis longtemps. Il enjambe les mauvaises  herbes de

son jardin qui lui font des signaux de détresse en vain, s'enferme à double tour, tout en se désolant du grand

désordre qui règne chez lui : Le tas de linge sale faisant face aux piles d'assiettes graisseuses, comme s'ils

étaient en compétition dans le pire. Assurément, le grand perdant c'est lui, pense-t-il en s'écroulant sur son vieux

canapé-lit. S'il ne réagit pas, il est foutu.

Du fond de ses idées les plus noires qui l'assaillent, il entre-aperçoit pourtant une petite lueur, sous forme d'une

idée qui germe en lui et se met à grandir, grandir. Il est malade ... C'est cela, il est malade !

Voilà de quoi l'occuper, concentrer toute son attention, activer toute son énergie. Il en sourit de soulagement.

 

Toucher le gros lot

Ils ont pris l'habitude de passer leurs vacances d'hiver ensemble, Les TAULEIGNE et les ROUGERIE à qui appartient ce jolie appartement avec balcon qui donne sur la rue principale d'Avoriaz. De retour des pistes, encore tout excités de leurs exploits et après avoir pris une copieuse collation de plats cuisinées chauffés au micro-ondes, les voilà qui s'affalent sur leur couchette respective, se lançant dans des conversations qui n'en plus finissent pas sinon très tard dans la nuit. Alors, ils s'écroulent enfin dans un sommeil profond et réparateur,agrémenté de sonores ronflements.

JOSE, le plus réservé des quatre est toujours étonné d'entendre des sujets de conversation toujours les mêmes et jamais épuisés. Il y constate cette même frénésie à convaincre, cette ardeur dans les convictions, cette fraîcheur jamais démentie sur des thèmes les plus banals du quotidien. Pourtant, cela fait maintenant quatorze ans, non quinze qu'ils prennent leurs vacances ensemble à Avoriaz. Ils ont eu le temps de se connaître sur le bout des doigts, de fond en comble, dans les moindres détails, tous les quatre, ou par deux, ou par sexe ...

Sexe, hum ... JOSE ne mettrait pas sa main au panier, pardon... au feu, qu'il y ait eu la moindre coucherie entre eux. Pas de son fait en tout cas, non pas que faire des galipettes avec la grande FRANCOISE ne le tenterait pas, mais fréiné par la peur de prendre un râteau sansdoute et plus grande encore, la peur qu'IRENE découvre le pot-aux-roses!

Cependant, il se trouve bien embêté avec cette idée-frustration en tête. Parlant peu, il adore s'exprimer par charade, maxime, citations, etc.) : « Heureux au jeu, malheureux en amour »...De fait, on dit que lorsqu'on a de la chance au jeu, on a une veine de cocu. Aussi, Il aimerait bien avoir des éclaircissements à ce sujet, tout en froissant nerveusement le billet du gros lot du loto qu'il a dans sa poche. Il aimerait bien savoir si IRENE l'a trompé avec CHARLES, même une toute petite fois, dans un moment d'égarement.

Cela lui faciliterait la tâche dans sa décision de prendre le premier vol pour RIO de Janeiro, rejoindre sa belle danseuse qu'il a connu au Craisy Horse et avec qui il a eu une relation aussi courte qu'éblouissante !

 

La moche amoureuse

AMELIE, à part être une adolescente guillerette du haut de ses quinze printemps, se voit tous les défauts de la Terre.

Fluette, elle se trouve trop maigre et de guingois telle une plante échalas qui aurait perdu de vue son tuteur ; la peau fraîche de sa jeunesse, elle lui paraît trop luisante, surtout son nez qu'elle compare à un ver luisant ; au sujet des mignons petits seins en poire, elle dit à la cantonade qu'ils partent en compote et même pas bon à ramasser à la petite cuillère. Seules ses jambes élancées pourraient lui faire rendre grâce si elle ne les voyait pas s'arrêter brutalement au milieu de son tronc, marquant l'absence de hanches finement arrondies et de fesses rebondies. Quant à sa taille de "guêpe", elle est si étroite qu'elle ne retient aucun des vêtements qui lui plaisent, obligée en cela d'aller se fournir en cachette au rayon « enfant ». Pour couronner le tout, son visage, pourtant joliment ovalisé, est criblé de trous, de points noirs, de pustules dont elle n'arrive pas à se débarrasser malgré sa gigantesque batterie pharmaceutique qui reste sans effet notoire.

DING! DONG! Ah! L'horreur! C'est AHMED qui vient la chercher pour aller au cinéma! AMELIE voudrait se cacher dans un trou de souris mais, comme un fait exprès, il n'y en a pas à sa taille ... Tant pis pour AHMED, c'est pas la faute d'AMELIE s'il est aveugle au point de ne pas rendre compte qu'elle est affreuse à voir. Si au moins c'était Halloween, elle pourrait passer pour une méchante sorcière ...

Faut-il que l'amour soit aveugle... D'ailleurs, Amélie réalise tout à coup qu'AHMED porte des lunettes à double foyers!

 

Ecrire une variante à l'histoire : «AVATAR» de Théophile GAUTIER

Le jeune homme Octave de Saville, se meurt de langueur à cause d'un amour-passion pour la Comtesse Prascovie Labrinska qui, étant très amoureuse de son mari, le Conte Olaf Labrinska, ne lui laisse aucun espoir.

Devant l'état d'Octave qui s'empire, sa mère le pousse à consulter un singulier personnage, le Dr Charbonneau. Celui-ci, attirant le Comte dans son cabinet par des passes magnétiques, fait passer son l'âme dans le corps d'Octave et celle d'Octave dans le corps du Comte. Ainsi Octave se voit face à l'objet de son désir, la Comtesse qui est troublée par son regard et comportement (ne sait plus le polonais), tandis que le Comte est jeté en dehors de sa propre maison par ses valets qui ne le reconnaissent pas. Dans la maison d'Octave le Comte découvre qu'il est fou amoureux de sa femme et, inquiet et jaloux, il vient le provoquer en duel. Mais Octave, profitant de l'expérience militaire du corps du Comte, le désarme et se trouve devant le dilemme de tuer son propre corps. Désespéré, Octave dit son échec auprès de sa femme et demande au Docteur de refaire l'échange des corps et des âmes. Voyant que l'âme d'Octave a du mal à réintégré son corps, le Docteur écrit son propre testament au bénéfice d'Octave auquel il prend possession de son jeune corps, abandonnant le sien qui est usé et vieux. Tandis que le Comte retrouve son épouse avec bonheur, le journal fait l'éloge funèbre du Docteur.

 Départager ou partager ?

La pire chose qui puisse arriver à un homme c'est qu'il ait un jour à se tuer. Et là, je ne vous parle pas de suicide, bien que la personne dont je parle : Octave de SAVILLE, possède tous les symptômes dépressifs pour se supprimer.

En fait, la raison est vieille comme le monde : il est fou amoureux d'une dame, une très grande et belle dame de la haute bourgeoisie Parisienne, Madame Prascovie LABRINSKA. Or celle-ci n'aime qu'un seul et unique homme : Olaf LABRINSKI, son mari, au grand désespoir du jeune l'amoureux transi, ce qui explique son état delangueur avancé. Aussi, lorsqu'il se trouve face au Comte, provoqué par lui en duel, le dilemme est à son comble : tuer et se tuer en même temps. Ou plutôt avoir l'impression de se tuer soi-même !

En effet, c'est ce qui risque de lui arriver puisque son âme a prit possession du corps du Comte, en même temps que de sa science militaire du maniement des armes à pointes. Tandis que le Comte se trouve locataire, bien malgré lui, du corps de ce pédant et mange-bourses d'Octave, se demandant bien par quelle supercherie ! Quant la raison, le Comte la découverte rapidement dans les affaires d'Octave qui se trouve être un de ses minables pousseurs de rimes auprès de ces dames dont, cependant, certaines prêtent volontiers une oreille complaisante à se laisser compter fleurette.

De ce côté là, il est bien tranquille car il sait sa femme fidèle à leur amour. Où il est le plus inquiet c'est de la situation nouvelle et avantageuse qu'a Octave de pouvoir se faire passer pour lui auprès de sa femme, dans sa propre maison ! D'où sa résolution d'en finir le plus vite possible avec cet usurpateur.

Seulement voilà, le problème d'être dans ce corps certes jeune, mais visiblement peu habile dans la pratique de l'épée comme il l'était avant. Et puis, en regardant son corps face à lui, il a lui aussi la même hésitation de se trouer la panse. C'est qu'il y tient à son corps, malgré un léger embonpoint que son épouse adorée chahute tendrement.

Les protagonistes s'observent longuement, très longuement, au point que les témoins du duel montrent des signes d'impatiences. Alors les duettistes résolurent d'en finir. Juste au moment où le bruit de galop, la poussière sur le chemin, puis l'apparition presque irréelle d'une calèche qui s'arrête brusquement au milieu du champ de combat, interrompit les échanges encore timides des deux hommes. Qui peut venir perturber de la sorte ce funeste duel ? C'est la Comtesse ! Plus belle que jamais, dans sa toilette du dernier cri Parisien. Tous les acteurs : valets, cochers, témoins et duettistes sont interdits devant une telle apparition aussi inattendue que merveilleuse, ne perdant aucune miette de ses gestes gracieux, descendant la calèche qui s'écarte lentement pour se mettre à l'ombre des frondaisons toutes proches.

L'heure est solennelle et grave, le silence pesant. Même la volée d'oiseaux surpris de ce silence soudain, se taisent.

" Messieurs ! Messieurs ! Allons ! Allons ! Ce que vous êtes en train de faire n'est pas raisonnable. Certes, je ne

peux être que flatté de voir deux hommes se battrent pour moi, cependant je ne sais pas à qui m'adresser : à

l'âme de mon époux que j'aime par dessus tout comme la prunelle de mes yeux. Mon cher et tendre, qui n'a

pas son pareil à me susurre des mots d'amours dans sa langue polonaise ? Ou bien à ce corps jeune et

vigoureux qui me fait si bien la chose ? »

« Il faut revenir comme avant, chacun chez soi dans son enveloppe corporelle, en intimant l'ordre à ce charlatan

de Docteur CHARBONNEAU de réparer ce qu'il a provoqué, dit le Comte, en se retournant vers Octave, de plus

en plus abattu, ne pouvant répondre que par un pauvre hochement de tête.

« Hélas ! Trois fois hélas ! Ayant appris ce qui venait de se passer, je me suis précipitée chez le Docteur

CHARBONNEAU, résolue de vous l'amener ici par la peau du dos afin de vous convaincre combien est inutile

ce combat. Malheureusement, je ne découvris qu'un figure hideuse pendue à une poutre et une lettre exprimant

les remords de cet infâme Docteur pour tout ce qu'il a fait de mal »

 

Un froid glacial saisit les deux hommes qui se regardent, puis regardent la Comtesse, avec tout le désespoir du

monde porté sur leurs épaules. Un temps, puis la Comtesse les observant attentivement tous deux, esquisse un

sourire et dit : « Puisque je ne peux vous départager corps et âme, il ne reste qu'à vous partager » Et, joignant

l'acte à la parole, la Comtesse vient vers eux, prend le bras du Comte/Octave et le bras d'Octave/Le Comte de

l'autre, les fait monter dans la calèche et fouette cocher, sous les yeux médusés du reste de l'assistance.

Quant à moi, je me garderai d'ajouter quelque morale à cette  histoire, cependant je ne peux m'empêcher de vous

informer d'une certaine rumeur court chez des médisants : la Comtesse aurait payé fort cher un valet pour aider ce

pauvre Docteur CHARBONNEAU à se pendouiller...

 

cinq mots pour une histoire : « bourlinguer » « lunettes » « sarabande » « bottes » « destin »

La nuit s'affaisse sur les frêles épaules de l'homme qui chemine

Les oiseau de nuit se taisent respectueusement

Le regardant passer soufflant comme un dément

Le voilà qui s'arrête au milieu d'une clairière éclaboussée

Parmi une sarabande en perles de rosée

Alors Il lève la tête,

Chausse ses lunettes,

Et s'asseoit lourdement sur un rocher

Quittant ses bottes pour laisser tomber

Des graviers qui lui font mal aux pieds

Il sent monter en lui tout le poids de son destin

Pesant des tonnes dans sa hotte de crin.

Dans un soupir de fatigue et les gestes las,

Il se dit que bourlinguer,

Par mont et par val

comme un pauvre échala

ce n'est plus à sa portée.

Et si l'on n'embauche pas un jeune à sa place

D'ici l'année prochaine dernier carat

Qu'on ne compte plus sur lui pour assurer la tournée

Sa retraite tant espérée, assurément il l'a prendra

Le reste ne le concernant plus.

Fi de ces fêtes de Noël devenues commerciales.

Ceux de la direction qui se croient bien malins,

Qu'ils en profitent de privatiser sa tournée

Lui, c'est décidé, il s'en lave les mains.

 

Commençant par : « Le rendez-vous devait avoir lieu dans un endroit que je connaissais bien pour y avoir quelque fois mis les pieds en solitaire»  - mode fantastique - texte à suivre

Le rendez-vous devait avoir lieu dans un endroit que je connaissais pour y avoir mis les pieds quelque fois en solitaire.

ll fallait donc que je m'équipe de pied en cape, tel un marcheur émérite. Ô! Rien à voir avec ces promeneurs du

dimanche dans leurs survêtements flamboyants, ni même avec les randonneurs chevronnés et chevrotant des

histoires mille fois racontées dans leur dentier de platines. Cela s'adressait plutôt à de rares initiés dont je

faisais parti, par le plus grand des hasards, habillé en "passe-muraille"pour une escapade secrète..

C'était un de ces jours d'automne où le moindre paysage avait des accents dorés. A mesure que je cheminais la

foule des promeneurs se clairsemait peu à peu. Je n'avais ni parcours, ni tracé précis dans ma tête. J'allais tout

simplement, respirant à plein poumons l'air frais s'exhalant des arbres qui me saluaient au passage. Jusqu'à ce

que je m'aperçoive que j'étais seul sur la piste. Je réalisais alors ne pas reconnaître où j'étais, tout absorbé que

j'étais dans mes pensées fantaisistes, dessinant et redessinant les méandres de ma pauvre destinée.

Et c'est au détour d'un virage que je me retrouvais dans une sorte de clairière entourée de falaises crayeuses sur

lesquelles s'égouttaient de fines lianes couvertes de mousse. Eblouit par tant de beautés réunies, je pris tout mon

temps pour m'en imprégner...

On aurait dit que Dame Nature, aguichante à souhait, déroulait devant moi comme un tapis de verdure de

bienvenue!

Je fis quelques pas dans des hautes herbes, la tête levée vers cet écrin ocre d'où pendouillaient des lianes jusqu'à

terre. Je m'arrêtais de nouveau, le souffle coupé de l'émerveillement de pareil paysage que de mémoire de

marcheur je n'ai jamais eu la chance de voir.

Peu à peu, des détails remontèrent à la surface. Ainsi, les lianes avaient de splendides filaments dorés en guise

de feuillages et chacun de ses trajets vers le sol reposait sur un manteau de mousse.

Alors, je vis que de cette mousse s'égrenaient lentement des gouttes d'eau, en même temps que me parvenait le

son du clapotis. Mon attention se dirigea alors vers mes pieds qui trempaient dans une eau boueuse. L'humidité

remonta instantanément le long de mes jambes, juste au moment de ma découverte, comme si elle attendait

un signal...

Car voilà que je perçois un serrement au niveau de mes chevilles et, sans avoir eu le temps de regarder de quoi il

en retourne, c'est moi qui suis retourné de la tête vers les pieds. "Cochon pendu!" est la situation que je vis, balloté

au bout d'une liane, le long de la falaise orange.

"AH ! AH ! AH !" Un rire tonitruant résonne dans toute la clairière.

"Hé, Cargouille ! Viens-voir quelle sorte de gibier nous avons piégé aujourd'hui!"

"Et ben, regardez-moi comme elle gigote cette bestiole. D'après toi, c'est quoi comme espèce? Tu penses que

ça se mange?"

"Oh, il n'y a pas raison! Regarde-moi ces beaux jambonneaux, Hum! Sens-moi ça!"

"T'as raison, quel fumet!"

"Hé! Vous ne parlez pas sérieusement - dit le gibier capturé - Vous ne comptez pas me manger!!!"

"Tiens! Voilà que notre bestiole se met à jacter... C'est normal ça?"

"Oui je parle puisque je suis un humain comme vous! Et c'est pourquoi vous ne pouvez pas me bouffer"

"Oh, vous croyez? La Fouine préparons un bon feu juste au-dessous de la bestiole, histoire de..."

"... l'enfumer. Hum! j'adore l'odeur et le goût du jambon fumée!"

Et sans plus attendre les deux ogres se mettent en quête de bois mort qu'ils entassèrent sous mon corps suspendu

; puis,fouillant leurs poches, ils s'aperçoivent qu'ils n'ont ni allumettes, ni briquet, alors le plus affreux des deux,

sus-nommé Gargouille se retourne vers moi et de sa voix la plus flûtée, me dit :

"Auriez-vous la bonté de nous donner du feu?"

 

Départager ou partager ?

La pire chose qui puisse arriver à un homme c'est qu'il ait un jour à se tuer. Et là, je ne vous parle pas de suicide,

bien que la personne dont je parle : Octave de SAVILLE, possède tous les symptômes dépressifs pour se

supprimer.

En fait, la raison est vieille comme le monde : il est fou amoureux d'une dame, une très grande et belle dame de la

haute bourgeoisie Parisienne, Madame Prascovie LABRINSKA. Or celle-ci n'aime qu'un seul et unique homme :

Olaf LABRINSKI, son mari, au grand désespoir du jeune l'amoureux transi, ce qui explique son état delangueur

avancé. Aussi, lorsqu'il se trouve face au Comte, provoqué par lui en duel, le dilemme est à son comble : tuer et se

tuer en même temps. Ou plutôt avoir l'impression de se tuer soi-même !

En effet, c'est ce qui risque de lui arriver puisque son âme a prit possession du corps du Comte, en même temps

que de sa science militaire du maniement des armes à pointes. Tandis que le Comte se trouve locataire, bien

malgré lui, du corps de ce pédant et mange-bourses d'Octave, se demandant bien par quelle supercherie ! Quant

la raison, le Comte la découverte rapidement dans les affaires d'Octave qui se trouve être un de ses minables

pousseurs de rimes auprès de ces dames dont, cependant, certaines prêtent volontiers une oreille complaisante

à se laisser compter fleurette. De ce côté là, il est bien tranquille car il sait sa femme fidèle à leur amour. Où il est

le plus inquiet c'est de la situation nouvelle et avantageuse qu'a Octave de pouvoir se faire passer pour lui auprès

de sa femme, dans sa propre maison ! D'où sa résolution d'en finir le plus vite possible avec cet usurpateur.

Seulement voilà, le problème d'être dans ce corps certes jeune, mais visiblement peu habile dans la pratique de

l'épée comme il l'était avant. Et puis, en regardant son corps face à lui, il a lui aussi la même hésitation de se

trouer la panse. C'est qu'il y tient à son corps, malgré un léger embonpoint que son épouse adorée chahute

tendrement.

 

Les protagonistes s'observent longuement, très longuement, au point que les témoins du duel montrent

des signes d'impatiences. Alors les duettistes résolurent d'en finir. Juste au moment où le bruit de galop, la

poussière sur le chemin, puis l'apparition presque irréelle d'une calèche qui s'arrête brusquement au milieu du

champ de combat, interrompit les échanges encore timides des deux hommes. Qui peut venir perturber de la sorte

ce funeste duel ? C'est la Comtesse ! Plus belle que jamais, dans sa toilette du dernier cri Parisien. Tous les

acteurs : valets, cochers, témoins et duettistes sont interdits devant une telle apparition aussi inattendue que

merveilleuse, ne perdant aucune miette de ses gestes gracieux, descendant la calèche qui s'écarte lentement pour

se mettre à l'ombre des frondaisons toutes proches.

L'heure est solennelle et grave, le silence pesant. Même la volée d'oiseaux surpris de ce silence soudain, se

taisent.

 

« Messieurs ! Messieurs ! Allons ! Allons ! Ce que vous êtes en train de faire n'est pas raisonnable. Certes, je ne

peux être que flatté de voir deux hommes se battrent pour moi, cependant je ne sais pas à qui m'adresser : à

l'âme de mon époux que j'aime par dessus tout comme la prunelle de mes yeux. Mon cher et tendre, qui n'a

pas son pareil à me susurre des mots d'amours dans sa langue polonaise ? Ou bien à ce corps jeune et

vigoureux qui me fait si bien la chose ? »

 

« Il faut revenir comme avant, chacun chez soi dans son enveloppe corporelle, en intimant l'ordre à ce charlatan

de Docteur CHARBONNEAU de réparer ce qu'il a provoqué, dit le Comte, en se retournant vers Octave, de plus

en plus abattu, ne pouvant répondre que par un pauvre hochement de tête.

 

« Hélas ! Trois fois hélas ! Ayant appris ce qui venait de se passer, je me suis précipitée chez le Docteur

CHARBONNEAU, résolue de vous l'amener ici par la peau du dos afin de vous convaincre combien est inutile

ce combat. Malheureusement, je ne découvris qu'un figure hideuse pendue à une poutre et une lettre exprimant

les remords de cet infâme Docteur pour tout ce qu'il a fait de mal »

 

Un froid glacial saisit les deux hommes qui se regardent, puis regardent la Comtesse, avec tout le désespoir du

monde porté sur leurs épaules. Un temps, puis la Comtesse les observant attentivement tous deux, esquisse un

sourire et dit : « Puisque je ne peux vous départager corps et âme, il ne reste qu'à vous partager » Et, joignant

l'acte à la parole, la Comtesse vient vers eux, prend le bras du Comte/Octave et le bras d'Octave/Le Comte de

l'autre, les fait monter dans la calèche et fouette cocher, sous les yeux médusés du reste de l'assistance.

 

Quant à moi, je me garderai d'ajouter quelque morale à cette  histoire, cependant je ne peux m'empêcher

de vous informer d'une certaine rumeur court chez des médisants : la Comtesse aurait payé fort cher

un valet pour aider ce pauvre Docteur CHARBONNEAU à se pendouiller...

 

Toucher le gros lot

Ils ont pris l'habitude de passer leurs vacances d'hiver ensemble, Les TAULEIGNE et les ROUGERIE à qui

appartient ce jolie appartement avec balcon qui donne sur la rue principale d'Avoriaz. De retour des pistes, encore

tout excités de leurs exploits et après avoir pris une copieuse collation de plats cuisinées chauffés au

micro-ondes, les voilà qui s'affalent sur leur couchette respective, se lançant dans des conversations qui n'en plus

finissent pas sinon très tard dans la nuit. Alors, ils s'écroulent enfin dans un sommeil profond et réparateur,

agrémenté de sonores ronflements.

 

JOSE, le plus réservé des quatre est toujours étonné d'entendre des sujets de conversation toujours les mêmes et

jamais épuisés. Il y constate cette même frénésie à convaincre, cette ardeur dans les convictions, cette fraîcheur

jamais démentie sur des thèmes les plus banals du quotidien. Pourtant, cela fait maintenant quatorze ans, non

quinze qu'ils prennent leurs vacances ensemble à Avoriaz. Ils ont eu le temps de se connaître sur le bout des

doigts, de fond en comble, dans les moindres détails, tous les quatre, ou par deux, ou par sexe ...

 

Sexe, hum ... JOSE ne mettrait pas sa main au panier, pardon... au feu, qu'il y ait eu la moindre coucherie entre

eux. Pas de son fait en tout cas, non pas que faire des galippettes avec la grande FRANCOISE ne le

tenterait pas, mais fréiné par la peur de prendre un rateau sans doute et plus grande encore, la peur

qu'IRENE découvre le pot-aux-roses! Cependant, il se trouve bien embêté avec cette idée-frustration en tête.

Parlant peu, il adore s'exprimer par charade, maxime, citations, etc.) : « Heureux au jeu, malheureux en

amour »...

 

De fait, on dit que lorsqu'on a de la chance au jeu, on a une veine de cocu. Aussi, Il aimerait bien avoir des

éclaircissements à ce sujet, tout en froissant nerveusement le billet du gros lot du loto qu'il a dans sa poche.

Il aimerait bien savoir si IRENE l'a trompé avec CHARLES, même une toute petite fois, dans un moment

d'égarement. Cela lui faciliterait la tâche dans sa décision de prendre le premier vol pour RIO de Janeiro, rejoindre

sa belle danseuse qu'il a connu au Craisy Horse et avec qui il a eu une relation aussi courte qu'éblouissante !

 

La Famille Superstition

Mon oncle, ce boute-en-train de première, me dit volontiers cette phrase usée jusqu’à la trame : « Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur »

Il le dit pour rire et je dis qu’il ne croit pas si bien dire. Car, en effet, il y a dans cette phrase banale et sans grande prétention littérale, une pensée profonde : une chose et son contraire.

Je prends l’exemple de ma copine Gislaine qui claironne haut et fort à qui veut l’entendre qu’elle n’est pas superstitieuse. Cela ne l’empêche pas d’être la seule à remarquer que nous sommes treize à table à la cafétéria, lors de son anniversaire (le gâteau est offert). Son petit copain (il fait un mètre quatre vingt dix), lui, au contraire, est du style à jeter du sel par dessus son épaule gauche lorsque Marie renverse accidentellement la salière sur la table. Il faut avouer qu’elle ne sait pas s’exprimer autrement que par de grands gestes qui manquent de modestie. Or, d’habitude, nous prévenons tous ces mouvements intempestifs en enlevant tous les objets devant elle. Quant à Robert, il ne manque pas une occasion de nous faire son quart d’heure savant, décrivant par moultes détails, la signification de la malédiction du sel, ainsi que celle de se retrouver treize à table. Il nous commente avec délice que cela vient de la célèbre Cène, non pas celle du IIIème acte, mais celle de Jésus avec ses 12 apôtres, qui font treize en tout, dont le maléfique Judas par qui le malheur arrive.

En résumé, dire que nous ne sommes pas superstitieux revient à l’être ! Il n’y a qu’à voir la trop grande bravade que nous déployons pour prouver qu’on ne l’est pas.

Suffit-il de ne pas se sentir concerné, me direz-vous ? Alors pourquoi vous avez retiré votre main pour dire bonjour à un ami, afin d’éviter de faire la croix avec les deux autres mains tendus, ou encore, pourquoi vous avez remis le pain à "l'endroit" sur la table?. Ce n’est que des exemples parmi tant d’autres.

Quant à moi, voulant prouver que tout ce que l’on raconte au sujet de « passer sous une échelle, ça porte malheur » n'était que baliverne, je me retrouve à l’hôpital avec un traumatisme crânien. Comment je m’y suis pris ? En passant sous une échelle le peintre qui donne un coup de jeune à mes volets, laisse échapper un pot de vernis, attérissant directement sur le sommet de mon crâne.

Ne me dites pas que je suis "vernis" où je vous étrangle !

 

Valétudinaire

         Mon oncle de Mérignargues qui a réussi dans le vin de table, a un superbe mas avec vue sur les Alpilles. Certes, il n’y avait rien d’extraordinaire qu’un entrepreneur caviste de cette envergure puisse se payer un valétudinaire. Pourtant, chaque fois que je suis invité chez lui, dans sa grande maison et piscine, je suis tout excité de le voir en service et, généralement pas déçu. D’emblée il met en route son petit bijou avec la précision d’une horloge Suisse. Et avec cela, une rapidité dans les différentes manœuvresi me laissant pantois d’admiration. Chaque mouvement est pourvu de noblesse qui, s’il rappelle les temps anciens, n’en a que plus de cachet moderne. Tout cela engendre un enchaînement des gestes d’une dextérité, d’un doigté que je n’ai jamais vu ailleurs. Et pour cause : rare sont les maîtres qui possèdent un valetudinaire.

         Je ne perds pas une miette du travail abattu par celui-ci et mon oncle se fâche gentiment que je sois pas assez causant avec lui. Cependant, je sais qu’au fond de lui, mon oncle est fier de l'effet produit sur moi par son acquisition qui, soi dit en passant, a dû lui coûter une fortune. Mais bon, quand on a de l’argent comme il en a, il peut s’offrir cette folie, malgré les cris d’effroi qu’a poussé sa femme à son achat. Depuis, elle a su vite s'habituer à pareil phénomène et apprécier ces services incommensurables (y compris à titre strictement privé)

         Avec son époux ils sont tombés d’accord : ils n’en changeront pas, même pour un robot ménager japonais poly-fonctions.

 

Un bruit venu de je ne sais-où

C’est de là que tout a commencé.

Assis sur l’herbe, un brin de trèfle dans la bouche, je souriais à la campagne riante, aux oiseaux charmeurs et aux vaches curieuses, m'accordant une petite visite de courtoisie.

L’air était délicieusement frais pour une fin d’après midi d’été et je m’étirais des bras et des jambes comme «Pinocchio» lui même ne savait le faire !

De sa position dominante au sommet d’un saule, ma posture fit rire un merle. C’est à ce moment que j’entendis ce bruit bizarre.  J'observais attentivement autour de moi :

r i e n à l ‘ h o r i z o n

Ce bruit se répéta à nouveau, puis s’arrêta, puis de nouveau, puis arrêt, d’une manière mécanique régulière.

Je m’attendais à voir à tout moment, droit devant moi, surgir de ce champ de blé, une moissonneuse-batteuse  :

r i e n à l ‘ h o r i z o n

J’essayais alors de situer d’où pouvait provenir un tel bruit : loin, proche, à droite, à gauche, en bas, en haut :

r i e n à l ‘ h o r i z o n

Je scrutais en détail tout ce qu’il y avait de vivant : oiseaux, vaches, merles et autres. Tout me semblait naturel.

Ce bruit qui continuait à intervalles réguliers, commençait sérieusement à me courir sur le système !

C’est alors que, afin de mieux me concentrer, je mis ma main sous mon menton. Alors ma tête imprima à ma main le même rythme que le bruit. Indéniablement c’était donc ma bouche qui en était l’origine : je claquais littéralement des dents !

Je cherchais la ou les raisons de cette bizarre manifestation physique, procédant par élimination : si ce n’est pas les oiseaux ni les vaches, ni les merles qui me font claquer des dents, ne restait plus que la campagne riante … la campagne riante ?       Voilà, j’y suis !

J'étais en train d'adopter le rythme saccadé du rire de la campagne.

Donc, si je me résume …

La brusque prise de conscience de l’absurdité de ma situation m’amèna à penser : «saurais-je me souvenir de tout ? »

 Plaisirs balnéaires

Ainsi pour moi, la joie de vivre se ramassait dans le seau rempli de sable que je tapais du plat de ma pelle. Puis, dans un geste que je voulais professionnel, je tournais d’un bloc le seau sur le sol, à côté des autres tas qui étaient autant de tours de mon château en Espagne.

A chaque renversement de seau je jubilais de voir le résultat parfait de mon acte de petit soldat immitant son père. Au bout de la septième tour et autant de rires joyeux à me faire frissonner l’échine de haut en bas, je plongeais soudain à plat ventre. De là, je choisissais plusieurs angles de vue, clignant des yeux pour ressentir profondément en moi cette beauté des lignes qui se croisent à l’infini au-delà de l’horizon de la mer turquoise.

Un moment j’ai dans mon viseur un énorme tanker qui va vider ses soutes au complexe de Fos, tout proche. Quelle vision et quelle joie ! Que de beautés ainsi réunies par ces fils invisibles, tissés à partir de mon château en construction !

Soudain une vague, plus téméraire que les autres, vint en éclaireuse me lécher les pieds en signe de soumission afin de m’avertir d’un danger imminent et sournois. Pas de panique ! Ma pelle se mit à souquer ferme le sable qui voltigea à tout allure ! Il me fallaitt endiguer ce danger qui arrivait à pas lent en élevant un immense rempart afin de protéger mes tours. Cinq minutes plus tard, un cavalier passa près de moi sur la plage, sans pourtant toucher à mon édifice. Toujours est-il que mes tours ne purent échapper aux coups de lames répétés. Déçu, je me relevais, frottant mes genoux endoloris. 

La joie de vivre se ramassait à la pelle, dites-vous ? Finalement, non.

Je vais essayer avec les feuilles.

 

TOREADOR de CUISINE

Il y eu d'abord ce long temps d'observation, fébrile, hésitant, mais ô combien salivaire. Pour Elle, avec ce subtil désir-répulsion qui correspondait bien à son prénom : Dolorès, et pour Lui quelque chose qui vous envoute la tête à vous faire perdre pied.

Ils étaient entrés ensemble mais de chaque côté de l'arène-cuisine comme pour mieux se donner du courage avant de s'affronter. En effet, le combat était maintenant inévitable avec juste ce qui faut d'appréhension qui leur chatouille l'épiderme et titille la glande adrénaline, leur chauffant les sens en leur donnant ce goût âcre du sang dans la bouche. Cependant, ils étaient bien conscients que dans cet affrontement des corps, chacun avait un rôle bien spécifique et, curieusement inversé :

Lui, l'hidalgo, fier, montant sur ses ergots, le menton qui se soulève lentement, lui donnant ce regard hautain et dominateur, avait cependant des gestes féminins raffinées. Tout dans son corps cambré n'était que mise en valeur de l'arrondie de ses fesses, finesse de sa taille, souplesse des mouvements au ralenti d'une épaule l'autre, lui conférant cette pose aguicheuse qu'ont souvent les femmes lorsqu'elle appâte le mâle. Il ne manque que les battements de cils qui caricaturent plus qu'il ne séduit.

Elle, la belle Andalouse, immobile, bandant chacun de ses muscles, sa respiration bloquée, prête à bondir sur sa proie, telle une tigresse toutes griffes dehors. Alors, les deux se mirent en mouvement en même temps, faisant passes et repasses l'un devant l'autre, l'un derrière l'autre, face à face, dos à dos, entrant dans un ballet de belle facture. Très concentrés, les deux protagonistes effectuaient des pas d'une précision extrême, tout en ne se lachant pas des yeux. La danse se fit de plus en plus emnivrante, jusqu'à se frôler, exhalant à chaque passage des senteurs poivrés d'herbes sauvages.

Puis, comme par enchantement, Elle se transforme en un être gracile, tournant le dos et l'attention de Lui, quelque peu décontenancé. Là-voilà qui butte de son ventre contre le plan de travail, parfaitement indifférente à ce que sa nouvelle posture risque de provoquer chez un mâle en rut. Elle est, tout au conraire, absorbée par la pâte qu'elle malaxe vigoureusement de ses mains enfarinées, comme si elle voulait y extraire le plus succulent des jus. Lui, s'enhardissant à s'approcher d'Elle, lui posa délicatement les mains sur les hanches et y imprima lentement un mouvement pendulaire jusqu'à ce qu'ils furent en accord parfait sur le rythme pour travailler la pâte à deux.

Et cela se mit étaler, frotter, laver, rincer, épluchez, peler finement, hacher menu, raper, battre, découper, désosser, beurrer, garnir, former, napper, fondre, soupoudrer, remuer, mélanger, émincer, presser, aplatir, ciseler, piler, écraser, émietter, plonger, égoutter, verser, essuyer, incorporer, farcir, mariner, superposer, empiler, décorer, durcir, bouillir, couvrir et recouvrir, réduire, faire revenir, tourner et retourner, entrer, sortir, enfourner dans un four chaud avec un thermostat à 9, dorer, cuire, mijoter doucement pendant une demie heure. Puis laisser reposer.

A table ! Elle posa le plat d'endives braisées devant Lui. Le doux fumet ouvrit en grand toutes ses papilles. Tout en mettant sa serviette autour de son cou, il souriait en pensant à Suzette qui l'avait invité pour le dessert. 

 

 Texte de PROUST : Alors ce salon qui avait réuni Shouan et Odette, devînt un obstacle à leur rendez-vous. Elle ne lui disait plus comme au premier temps de leur amour :  Nous nous verrons, en tout cas, demain soir, il vient souper chez les VERDURAIN», mais : «Nous ne pourrons pas nous voir demain soir, il vient souper chez les VERDURAIN»  

Le Mode Journalistique :

BAIN DE SANG à MAUBEUGE

Dans la région, il est à signaler une recrudescence de meurtres dûe à des drames de jalousies. Avec l’assassinat de Mme HAUTEQUEUE et de M. SAMPIERO, découverts dans une chambre d’hôtel de la rue des Lilas, c’est le quatrième drame conjugal depuis le début de la semaine. La police se perd en conjonctures et les rumeurs comme les hypothèses les plus diverses circulent parmi  la population. La plus plausible d’entre elles paraît être l’influence néfaste du clair de lune. Cependant, après une première enquête, M. HAUTEQUEUE mènerait une vie bourgeoise irréprochable. Un examen médical a d’ailleurs prouvé l’absence de canines plus proéminentes que les autres dents.

 

Le Mode argotique :

Dans le salon où l’on cause, la mère Odette zieute vers son zouave Shouan qui en pince pour elle. Seulement, les gonzesses, vous les connaissez :   ce qu’elles ont dans la tête, elles ne l’ont pas autre part ! Voilà-t-y pas qu’elle lui pose un de ses lapins, bicauze les chocottes qu’elle se paye de se faire alpaguer par son Jules, des fois qu’il ferait semblant d’aller aux puces avec les Verdurain, et qu’il reviendrait les surprendre au pieu, tous les deux. Le foin que ça ferait dans les chaumières !  

J'eus un rêve : le mur des siècles m'apparut au moment où je m'apprêtais à remonter le temps. Cependant, malgré les nombreuses tentatives laborieuses à bord de mon engin, je ne parvins pas à passer au travers le mur de mon salon, une bosse sur le front comme décoration.

Le traumatisme crânien qui s'ensuivit embrouilla singulièrement mon esprit, au point de relire mes plans à l'envers. Ceci eut pour effet néfaste de me projeter dans le futur avec toute les difficultés du monde pour m'en extraire et revenir au temps présent.

Le seul point positif de cette expédition c'est d'avoir pu ramener une pancarte sur lequel était écrit "NO FUTURE" avec une tomate dessinée à l'aide de trois lettres entrelacées : O G N

RETROVISEUR FLOU

Le brouillard a jeté son  dévolu sur la ville, rue par rue, envahissant sournoisement les boulevards et les places, jusqu’à ce que tout soit recouvert. La ville rend ses armes, un peu trop vite à mon goût, pensant qu’il est inutile de résister à pareil ennemi dont on a aucune prise sur lui. A quoi bon s’obstiner à garder le regard clair quand tout paraît plus facile dans cette étrange torpeur qui masque les imperfections : Façades tristes à pleurer, balcons suicidaires, porches au dos voûtés prêts à s’écrouler, rues aux multiples cicatrices béantes, exhalant des odeurs nauséabondes d’égouts bouchés. Un peu de pudeur ne ferait pas de mal à cette ville vénale, qui se laisse honteusement embobiner par des attachements louches de nappes qui l’enlacent de sa froidure.

Viviane en était là de ses pensées vagues, lorsqu’un choc vient soudain secouer la voiture par l’arrière. Son regard surpris et inquiet croisa un autre regard dans son rétroviseur, Indéfinissable, difficile à évaluer dans cette purée de poix. Un regard en tout cas, ça elle en était certaine ! Quelque chose de perçant, de menaçant, elle en avait l’intuition. L’instinct de survie lui fît vérifier que toutes les portes étaient bien fermées de l’intérieur. La voiture, dans la surprise du choc, avait calé. Relevant à nouveau son regard aperé dans le rétroviseur, elle fût à moitié étonnée de ne plus rien distinguer à l’arrière. Le brouillard avait tout enveloppé de son manteau de brume fumante. Pourtant, Viviane devinait qu’il existait bien une présence, une ombre, peut être un fantôme, qui rodait autour de sa voiture. Alors, pris d’une soudaine panique, Viviane actionna le démarreur en enfonçant rageusement son pied sur l’accélérateur. Rien ne se produisit, sinon que le démarreur se vida très vite avant de se taire comme l'étouffement d'un sanglot.  

Aussitôt, deux autres chocs se produisirent dans le silence glacial, tout près d’elle, contre la vitre. N’osant tourner la tête, figée par la peur, elle entendit une voix qui lui bourdonnait dans les oreilles : «S.V.P., Madame, ouvrez-moi. Vous avez un problème ? Je suis le brigadier LARQUANT …»

Alors Viviane comprit que cette fois-ci elle ne pourrait plus éviter la confrontation avec son passé, le rétroviseur en était l’instrument et le brigadier LARQUANT surgissant de son enfance, devenait l’acteur agissant. 

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

 

 CONVERSATION AU FEMININ

La discussion va bon train entre ces quatres randonneuses, sur l'un de leurs sujets de prédilection : les hommes et, en particulier, leur mari

Et faut croire que c'est rarement à leurs avantages. Ici, les plaintes sont unanimes et tournent autour de leur incapacité à partager les tâches ménagères.

"C'est bien simple, pour préparer une lessive, plutôt que de repasser sans arrêt derrière lui pour vérifier qu'il fait correctement les choses, j'ai intérêt à le faire moi même !

- Tout comme moi, pour qu'il range ses affaires

- Moi de même, pour ranger la vaiselle dans la machine

- Et encore ça c'est rien à côté de son incapacité à savoir s'habiller correctement, comme assortir les couleurs de sa chemise avec son pantalon !

Assentiment général de l'assemblée des dames qui s'en désolent : "ça, c'est le pire !!!" 

Non loin de là, les hommes discutent foot et racontent des blagues paillardes,

Et pendant ce temps-là le Monde est traversé par la plus grande crise financière depuis 1929...

Le pessimisme ambiant

« Etat généralement d’une personne ayant un sentiment négatif de son environnement immédiat et/ou plus lointain, pouvant aller jusqu’à la dimension de la planète »

Cette impression peut s’appuyer sur des faits concrets, vérifiables ou, au contraire, peut être irrationnelle, sans consistance. Dans les deux cas, elle se traduit par de la peur, de l’angoisse, voire une panique de la personne pouvant l’entraîner dans la maladie et la mort.

Le pessimisme ambiant repose sur une impression plus ou moins exagérée de faits, événements dont la personne ne peut avoir un regard neutre, véritable, car il ne s’étaye pas sur l’étendue complète de ces faits et événements, tant au niveau micro autant que macro.

Cependant, le pessimisme ambiant possède une base réelle qui est visible par tous tels que, par exemples :

Les catastrophes climatiques, le prix élevé des poireaux, les guerres de part le monde et aujourd'hui, une crise financière majeure.

Il est a noté que plus les catastrophes sont loin du sujet, moins elles ont de l’impact émotionnel sur lui. Exemple : la famine en Afrique à moins de portée sur la personne que la montée des prix sur les fruits et légumes en France. Cependant, il y a des exceptions tel le tsunami en Asie, pouvant s’expliquer par le fait que c’est un haut lieu du tourisme occidental.

Enfin, au sujet de la crise actuelle, nous pouvons parler d'un fatalisme dominant: "Qu'est qu'on y peut nous ?" sur un fond pessimiste : "De toute façon, c'est nous qui allons trinquer une fois de plus". Et pas moyen d'espérer qu'une leçon de morale soit tirée de cette banqueroute, puisqu'il est avéré que ceux qui ont largement profité du système financier véreux, non seulement ils ne sont pas les plus touchés, mais ils vont maintenant s'abriter sous l'aile protectrice des états. Et comme l'Etat c'est nous...

Pour achever cette vague de pessimisme ambiant en beauté, nous pouvons tous remarquer notre absence de réaction à protester, critiquer, exiger un autre système qui placerait l'humain au centre. Les politiques, y compris ceux de l'opposition, font dans le service minimum de la protestation, laissant les "experts de l'économie" qui n'ont rien vu venir, se déjuger à longueur d'antenne. Quant à nous, la masse populaire, il n'y a guère que la position de l'autruche qui nous convienne. Du coup les quelques dirigeants européens, agités du bocal, donnent l'impression de se décarcasser pour nous. Dormons braves gens, les grands de ce monde vont bien réussir à pondre quelque chose qui va rendre la confiance à ceux qui se sont bien servis jusqu'à présent.

A moins que...Juste pour rire deux secondes... Imaginons qu'ils ne trouvent pas de solution pour faire redémarrer la machine capitalo-libérale... En panne... Rideau... Ce modèle on en refait plus... Trop onéreux... Quoi mettre à la place? Rien n'a été prévu. Trop occupé à engranger des bénéfices exorbitants sur le dos des gens. Cependant... Il a bien un modèle que l'on a pas encore essayer... Lequel? Ben, celui de laisser les gens entre eux, sans intermédiaires... Oui, les laisser se débrouiller seul... Et nous, qu'est-ce que nous devenons? Rien... On attend... Quoi? Que leur système ce casse la gueule tout seul et alors là, ils vont nous supplier de les sortir de la merde... Ainsi tout redémarrera comme avant : ils vont nous confier leurs économies que nous serons censés faire fructifier... Le paquet de fric que l'on va se faire!!!

 Retour Index Général

Une IDEE qui ne MANQUE pas de PIQUANT

J'ai eu une idée infaillible pour tuer les moustiques dans mon appartement. Je les laisse me piquer,re-piquer et re-re-piquer jusqu'à ce qu'ils soient gavés de mon sang, puis je prends ma tapette et SPLACH !!! je les écrase sur ma tapisserie, sans qu'ils me voient arriver, trop chargés qu'ils sont de mon nectar sanguin.

C'est en voyant les différentes empreintes sanglantes qu'ils laissent sur mon papier peint que m'est venue l'idée ! Aussitôt pensée, aussitôt faite. J'achète des rouleaux de papier d'un blanc immaculé et j'en recouvre toutes mes murs. Ensuite, je me laisse piquer par les moustiques et je les étalent sur la tapisserie avec ma tapette, en laissant sécher les magnifiques arabesques de ma création. Le résultat esthétique est au-delà de mes espérances. C'est pour cette raison que je vous envoie cette lettre afin que brevetiez mon idée que je n'hésiterais pas à qualifier de GE-NIA-LE !

Guerre sous marine

  Le plus sûr moyen de me lancer dans l’écriture lorsque je n’ai pas d’idées en tête, c’est   d’adopter la position du plongeur sur la   planche : talons et fesses serrés, hanches   cambrées, suivi du buste penché vers l’avant, ainsi que les bras pointant l’onde, entre   lesquels je place ma tête résolument .

  Gare ! Une bande de peignes-culs prenant leur élan du fond de la piscine, s’apprêtent à  plonger dans le grand bassin en un  joyeux   brouhaha. Les voilà qui s’éclatent dans l’eau,  jouant à la guerre sous-marine, faisant la «bombe» et m’aspergeant copieusement au  passage par d'énormes gerbes mousseuses qu’ils sont fiers de provoquer. Me voilà trempé  de la tête aux pieds avant même d’avoir  touché volontairement à quoi que soit de liquide  !  Et comme la santé n’a pas de prix, je peste au premier éternuement qui me fait me   fait  décoller de la planche. Bien entendue, j'en perds l’équilibre et, après cette seconde comme  une éternité de vacillement tragique,   en essayant de me cramponner à des perches  invisibles, j’ai le temps de rencontrer une bordée de regards hilares. Ce sont ces  « human-bomba », déjà remontés sur le bord et prêts à ajouter une deuxième rafale de  missiles lacustres tout en m’observant d’un   sourire  sardonique et vicieux.

  La suite est franchement navrante. Après mon plongeon non maîtrisé, je termine par un  plat sonore faisant vaciller les vitres de la   piscine municipale. Quand je repris peu à peu  mes esprits, remontant péniblement à la surface, je m’aperçois que j’ai perdu mon   maillot.  Où est-il donc passé ce foutu textile ? Mes recherches restant infructueuses, je décidai que  c’était pas mon jour pour écrire.   Pourtant, tout en passant entre deux rangées des  « human-bomba », à les voir écroulés de rire, je les soupconne de c'est eux qui   m'ont caché  mon maillot rien que pour me couper l'inspiration.

La FUITE de l'AUTRE

  Je tiens ma tête à deux mains comme d’autres la cassent. C’est un véritable tord   méninges que cette histoire-là. Notre histoire !

  A sa manière de passer son œil écarquillé de l’autre côté du miroir, elle donne l’impression   de ne pas être en alerte. Pourtant, elle aurait tout loisir de m’observer à la dérobée comme   j’ai l’habitude de le faire depuis quelques temps. Au lieu de cela, je la sens si loin de moi,   de nous, de notre histoire à tous les deux.Notre histoire d’amour-toujours, banale,   sommes toutes et entre toutes, mais tellement la notre.

  Mes pensées s’entrechoquent, tournent en rond, et rond, et rond, petit patapon. Mes   pensées font du bruit, au point ou elle semble les entendre et me sourit. Néanmoins, son   attention reste fugace et son sourire se fige prestement en une moue amère. L’espoir du   moment choisi vient de s’échapper aussi vite qu’il est apparu : je m'attendais qu’elle   entrouvre seulement ses lèvres pour avoir le courage de lui parler enfin !

  La lassitude engourdit mon corps. Ce n’est pas faute d’avoir préparer la scène des aveux   mille fois plus qu’une ! Encore une occasion de gâcher, un sursis dérisoire. Je suis refroidi   par sa réserve. J’aurai tant voulu qu’elle fasse la moitié du chemin vers moi. Hélas, non.   Elle baisse les yeux, se tourne vers ses outils de séduction qu'elle range un à un,   s'absorbant méthodiquement dans ce qu'elle fait. Puis glisse silencieusement vers la   sortie tout en s'excusant d'un geste furtif de la main.

   Et moi je reste là, avec tout le poids de mon secret :  un crabe ronge mes os jusqu’à la    moelle.

   Je me dis que c’est peut être mieux comme cela, je dépose alors un doux baiser sur son    image restée prisonnière dans le miroir tout en pleurant silencieusement.

 

    Le Trou noir

  Une ravissante hôtesse du Parc du Cosmos répond aux mille questions d’un groupe d’enfants avides de   connaître les secrets des planètes, des étoiles et autres comètes, jusqu’à la question surprenante pour son   âge de ce charmant chérubin :

  « Qu’est-ce que c’est un trou noir ? »

 Aussitôt le brouhaha se tu. Un suspens torride se propage dans l’assemblée des enfants : cette jeune femme  va-t-elle enfin oser répondre franchement, honnêtement à ce qui se cache derrière cette grande énigme du  trou  noir ?

 Après une intense réflexion, la jeune femme se jette à l’eau et dit :

 «C’est une étoile qui, au lieu de diffuser chaleur et lumière, tout au contraire les absorbe, ce qui donne  cette  impression d’un grand trou noir dans l’espace …»  

 Ma déception est à l’image de ces enfants, frustrés que ce grand mystère universel, une fois encore, ne soit  pas  dévoilé ...

 Nous en sommes toujours à nous demander, pour ce qui est des trous noirs, s'ils sont bouchés ou ouverts,  y  compris à d'autres univers parallèles, par une bizarre distortion (de boyaux) appelée "vers".

 Quant à ce qui ait de la femme, inutile de tourner autour du pot, Serge GAINSBOURG a cette formule  coquine : «Géographiquement l’amour physique avec une femme est bouchée, sans issue. C’est pour cela  que  l’on va et que l'on vient» 

 

  L’arche de la défense

  La discussion prend une dimension homérique lorsque Monsieur PAINSEC se met à parler de   perspective :  de la montée des Champs jusqu’à l’Arc de Triomphe, exactement dans l’ouverture du   cadre de l’Arche. Un assentiment général parcours l’assistance qui opine du chef comiquement, non   sans rappeler ces films muets de Charlie Chaplin. Monsieur OBEURRE en profite pour se lever et se   lancer dans toutes sortes de perspectives, sans omettre celles d’avenir. S’ensuit de longues tirades   symboliques de l’ ouverture du cadre de l’arche vers des lendemains chantant. Quant à Monsieur OLIVE,   chargé de conclure, Il s’enflamme sur la beauté des lignes modernes, bien lisses, élancées, racées.

  Applaudissements, congratulations et auto satisfactions.

       Robert FAUQUE

 Retour Index Général

TEXTES sur le VOYAGE

       Femme de PAILLE

 Sur le chemin des vacances, nous n’arrêtons pas de nous extasier sur les immense  étendues  de champs de blé déjà coupés.  Sur ce paysage légèrement vallonné, de grandes  bottes de  pailles rondes, sont posées ça et là comme en troupeau d’animaux dorés,  attendant que des  tracteurs à remorques viennent les chercher.Leurs formes arrondies me  font penser au corps  de la femme et j’en arrive à penser que les photographes d’art qui font  des nus, seraient bien  inspirés de venir ici saisir ces sensuelles bottes de pailles !

img1.gif

     J'ai possédé une maison en Thaïlande au pied d'un klong.

   C'est dire si nous étions heureux, ma femme et moi.

 Nous apprécions tout particulièrement les mardis matin, jour du marché flottant. Les  senteurs d'épices et de fruits mûrs se baladaient dans les allées, à notre rencontre. Les  marchands, je devrais dire les marchandes, achalandaient le client avec force gestes de  mains  parlantes et effets de voix nous rappelant le cri si particulier de l'aigrette en rut.  Lorsqu'elles  vous alpaguaient vite fait, bien fait, elles vous faisaient miroitaient mille  merveilles. Tout n'était que couleurs vives. Les habits des femmes étaient chatoyants, avec  des franges dorées ou argentés. Les épices, du jaune clair au rouge-brun, en passant par  l'ocre, trônaient en bonne place sur les étalages, telles de mystérieuses montagnes en  miniature.Le plus festif était à venir lorsque, du fond de la ngog, nous apercevions de loin  les longues embarcations peintes des pêcheurs. Alors, tout le monde se mettaient à taper  dans les mains et à danser. Des instruments de musique les plus insolites sortaient de  toute part et un rythme endiablé le rythme des rames.

 img2.gif

 CHASSEURS de Mirages

  Nous roulons depuis des heures dans le lit caillouteux d’un ancien oued asséché lorsque notre guide  pointe   son doigt vers l’horizon.

  Interrogations muettes : nous ne voyons rien de spécial dans la direction indiquée, si ce n’est ce cortège de   dunes entrelacées magnifiques formant un ensemble de signes semblable à un langage ancien depuis   longtemps disparu.

  Mon équipier, soudain surexcité, m’envoie un magistral coup de coude dans l'estomac à me couper le   souffle. Devant mon air peu amène, il consent à m’expliquer ce qui le rend agité comme une puce.

  «Regarde bien plein sud , au pied de la plus haute dune … Qu’est-ce que tu vois ?

  - heu …la plus haute dune… Oui, je la vois … A son pied…heu… je vois ….rien

 - Quoi ? Regardes mieux. Fixe un point attentivement dans cette direction et ne le lâche plus.

img1.gif

  Le 4X4 s’immobilise entre temps et nous descendons précipitamment dans l’espoir de ne rien perdre du   spectacle. Soudain, je vois à mon tour, apparaître de nulle part, un des plus jolis mirages que j’ai eu à   observer durant toute ma carrière de chercheur. Le guide à déjà sorti tout le matériel et nous met les filets   dans les mains. Le plus dur reste à faire : capturer ce magnifique mirage et, surtout, le ramener intact à la   réalité.

   L'hirondelle

  Le seul inconvénient des longues promenades le long de la mer est qu’il arrive toujours un moment ou   elle se met à éternuer. Elle s’excuse alors de sa santé fragile dont le moindre embrun chatouille ses narines.   Délicatement, j’enveloppe ses frêles épaules de ma veste et lui propose de retourner au bungalow. Elle   proteste aussitôt en disant que ce n’est rien qu’un peu d’irritation à l’odeur âcre des chapelets d’algues qui   viennent s’échouer sur la grève. S’ensuit nos éternelles conversations sur les bienfaits de l’air  marin et l’   idée géniale que j’ai eu à l’emmener ici dans de si sympathique petit port désert d'arrière saison.

  Là où elle s’enthousiasme sur la beauté laiteuse de la mer en perpétuelle mouvement, je ne vois qu’une eau   grise et triste agitant des filaments verts nauséabonds. 

  Au plus elle décrit la douceur des collines   environnantes enserrant le bourg comme dans un écrin, au   plus je ressent cette image comme un malaise qui me taraude la poitrine comme dans un étau.

  Les barques traditionnelles des pêcheurs, coque contre coque, peuvent avoir fière allure mais ne masquent   plus depuis longtemps l’envahissement hideux des bateaux de plaisance servant que quelques jours et   stagnant à quai le reste du temps.

  Les chatoyants coloris des façades de maisons ceinturant le port n’inspirent plus que quelques touristes   égarés et quelques peintres du dimanche.

  Pourtant la vérité est là, palpable, à portée de regard et de paroles trop longtemps retenues. Il n’y a que le   courage qui manque à me l’avouer :

  Aussi longues sont les promenades au bord de la mer, elles ne feront que retarder le temps de son envol   vers le large, au dessus des vagues soudain enjouées et clapotant des deux mains. Et moi, je resterai   infiniment sur le quai, bien après qu’elle est disparue à l’horizon. Il ne restera plus alors que le cruel   et doux espoir du retour et de ses premiers et tendres gazouillis annonciateurs du printemps.

  Le Chevalier Pétaradant

 Même dans ce quartier perdu où personne viendrait la chercher, à part peut être si j’arrive à soudoyer un  pousse-pousse, les occasions ne sont pas rares pour y rencontrer des touristes européens en quête de  mineures.

 Finalement, je décide d’y aller seul et à pied, en espérant que cette souris, qui a le chic de me mettre sans  arrêt dans le pétrin, ne me créé encore plus d’ennuis.

 A l’entrée de ce quartier cosmopolite, le jour comme la nuit, une foule nombreuse, bruissante, joyeuse s’  adonne à tous les plaisirs : manger, boire, jouir, jouer, dans un train d’enfer.

 La chance semble être de mon côté, puisque j’entre aperçois la brunette, avec ses socquettes blanches, sa  petite jupette et son air de première communiante. Elle fait sa mijaurée comme à son habitude,  inconsciente du danger, devant une palanquée de pélandrons salivant à qui mieux-mieux.

 Il était temps que j’arrive. Cependant, d’un rapide coup d’œil, je jauge la situation qui ne paraît pas facile  à négocier. C’est l’instant de survis, à moins que ne soit l’agir sans réfléchir qui me pousse vers cette vieille  moto, posée là comme abandonnée, devant ce tripot enfumé. J’enjambe l’engin, je démarre en pétaradant  (c’est bon pour l’effet de surprise) et je fonce dans le tas de détraqués sexuels, semant la panique dans leurs  rangs. Ma mijaurée a vite compris le film : elle saute à califourchon derrière moi et «en voiture Simone !»

 Entre temps, les gars du tripot qui ont entendu le bruit de la moto, sortent en gesticulant et c’est l’émeute.  Une véritable révolution.   

 ISTANBUL rêvée

 Voilà, j’y suis : ISTANBUL, je préfère dire BYZANCE.

 Terminus, tout le monde descend du bateau, et moi avec, en rangs serrés, entre deux barrières métalliques,  droit devant, à l'allure soutenue. trois heures, nous avons trois heures d’escale pour visiter ce joyau.

 Le rêve qui me trottait dans la tête depuis des lustres, est en train de devenir réalité !

 Le nom, rien que le nom de BYZANCE, a des accents parfumés d’Orient. Les sons zébrés de la langue  frappent mes dents et sifflent tel le serpent à sonnette, sortant de son panier d’osier, subjugué par cette  flûte  lancinante et hypnotique.

 Un nom chargé de souvenirs d’enfance, avec un cartable rempli d’images, de cartes et cet atlas usé par la  trace de mes doigts suivant le meilleure trajet :

 Fallait-il que je pousse jusqu’au bas de la botte italienne, m’embarquer sur le ferry pour rejoindre les routes  sinueuses du Péloponnèse ? Où bien, faisant une courte halte dans l’Arlequine VENISE, je me lancerais à  la  difficile recherche de la route qui mène à LUBLJANA, reprendrait mon souffle sur le pont qui sépare  BUDA  de PEST, puis traverserais les sombres Carpates où chaque ombre projetée m’évoquerai le glacial  Comte  Dracul, avant de descendre en barque le phénoménal Delta du Danube (10 fois plus grand que  celui du  Rhône), à la rencontre des pêcheurs qui me feront goûter leur délicieux bortsch de poissons.  Rassasié, je  suivrais les côtes rocheuses de la Bulgarie jusqu’à mon but ?

 La réalité me joue des tours comme souvent. Me voilà embarqué (et ruiné) sur un magnifique bateau de  luxe  pour une croisière sur les flots bleus de la Méditerranée qui fait escale à NAPLES, la pointe de la  SICILE,  frôlent les îles grecques, et arrive à point nommé vers mon rêve devenant réalité, au milieu de  cette foule de  touristes pressés. Trois heures, seulement trois heures pour aller faire la cour à la Belle, parée  de tous ses  atours et qui m’attends de pieds fermes.

 Je ne mets pas longtemps à sortir de cette marée humaine qui vous entraîne comme fétu de paille. Par  contre,  il me faut du temps pour retrouver mon propre rythme de pas et quitter ce mal de mer qui tangue  encore  dans mes jambes.

 Il me faut bien cela si je veux entrer dans une autre agitation, celle des habitants de cette ville, celle-ci  beaucoup plus attirante. Faire corps avec tous ces gens occupés, préoccupés, qui en vélos, qui en motos  pétaradantes slaloment entre des passants débordants de partout, dans cette rue sans voiture. Je progresse  difficilement, mais avec tant de bonheur de me trouver plongé enfin dans cette vie trépidante de gens  bigarrés  qui s’interpellent dans des rues qui rétrécissent à vue d’œil. Voilà le souk, le plus grand des  marchés du  monde, qui regorge à foison de marchandises les plus diverses : tapis, bibelots, colifichets,  bijoux, toutes  sortes de thé, d’épices aux senteurs poivrés.

 Fatigué, fourbu, je m’écroule sur une vieille chaise en bois, à la terrasse d’un débit de boissons. Je regarde  autour de moi attentivement et je perçois pour la première fois ma solitude d’européenne au milieu du  quartier le plus turc de cette métropole. Je viens de recevoir le choc des regards et des cultures en plein  figure.

img2.gif

 

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

Les FENÊTRES SE SONT ECHAPPEES !

 Dans toute la ville, c’est l’affolement général : « les fenêtres se sont échappées ! »

 On s’interpelle d’un balcon à l’autre, puis on descend rejoindre une foule déjà nombreuse, inquiète et  ahurie de tant d’ouvertures d’esprit pour les fenêtres, de penser à s’en aller ! Bien sûr, il y en a toujours  qui vous diront qu’ils l’avaient senti auparavant, à des petits détails insignifiants de craquements des  jointures et de grincements de chambrales. Bref, ils avaient remarqués que les fenêtres n’étaient plus  tout à fait à l’aise dans leurs gongs. D’autres font référence à une fin du monde que NOSTRADAMUS  avait prédis dans son sonnet N° 6248 : « Et la peur dominera le monde qui courra à sa perte le jour où  les ventanass seront lassent de leur position et prendront la poudre d’espagnolette, vers des cieux  meilleurs »

 Quelques uns, des hommes d’influences, qui ont pignon sur rue, tentèrent, mais en vain, de constituer une  association de salut public. Mais la population refusa tout de go, prétextant que cela manquait  singulièrement d’ouvertures et d’angles de vue différents. Quand à la majorité silencieuse, elle reste de  glace, voir même transparente, dans une attitude autruchienne (Ref. à l’autruche), dont elle a le secret.  Ceci clôt, et pour longtemps, toute espèce de réaction à la situation pourtant alarmante.

 Ce n’est que plusieurs jours plus tard que des explorateurs rencontrèrent les premières fenêtres dans la  forêt amazonienne. Puis, ce fut dans le désert de Gobi, ensuite dans le Mato Grosso, et même en plein  milieu de l’Océan Indien !

 Oui, les fenêtres s’étaient bel et bien évadées vers d’autres contrées, libres, heureuses de ne servir à  rien, sinon au superflu, comme cette fenêtre debout et ouverte en plein Sahara.

 Alors on fit le recensement précis de toutes les fenêtres de part le monde. Puis, les dirigeants de tous les  pays se mirent d’accord pour ordonner des battues afin de les capturer, vivantes si possible et sans trop de bris de verres.

 Cela paraissait difficilement réalisable, mais les vitriers se frottaient déjà les mains.  

Au recommencement : le Monde

 D'abord, ce fut l'embrasement progressif annonciateur du levant, de nuages chargés de pluie. Puis, sur la  pointe de l'horizon, la lumière jaune étincelante semblait peiner à se frayer un chemin, écartant un à un les  importuns, jusqu'à laisser entre apercevoir son intimité et ses secrets les mieux gardés : un fleuve de lave  incandescent épousant le contour des collines. C'était sans doute à l'identique du premier matin du monde,  celui où le Maître des Forges s'apprêtait à le façonner, le retirant de son bain bouillant,  puis le posant sur son  enclume afin de le marteler à son image!

 Déjà pareil spectacle me transportait de joie et j'étais bien heureux d'être le seul témoin dans mon  fourgon à  écraser une larme malgré moi. Mais, la nature semblait ne pas vouloir me lâcher, puisque dans le rétroviseur  j'aperçus un bout d'arc-en-ciel s'élevant vers le ciel et que, quelques instants après, j'en vis un deuxième devant  moi au-delà des bords du Rhône. Je compris alors que c'était les deux bras du  même gigantesque pont qui  me faisait une voûte de bienvenue en son royaume !

 Las, le ciel s'assombrit de nuages de plus en plus menaçant, couvrants tout à fait la lumière du levant. Les  premières gouttes de pluie sur mon pare-brise étaient comme une bénédiction, apaisant peu à peu  le trop  plein d'émotion pour le frêle humain que j’étais. Devant moi, le Ventoux prenait un malin plaisir à s'écarter  vers ma gauche comme s'il voulait retarder le plaisir des retrouvailles. Le ciel avait des airs de tempête,  s'annonçant par un léger vent de travers. Je  compris que Dame Nature n'avait pas dit son dernier mot quant  au cadeau qu'elle me faisait. Cela j'en étais persuadé et c'est pourquoi, malgré le paysage noirci de fin du  monde, je n'étais pas inquiet. Au contraire, j'en étais ravi !

 Et là, à cet instant, je m'attendais à tout sauf à cela !

 Un vol d'étourneaux apparut soudain dans le ciel, sortant des nuages comme par magie du chapeau d'un  illusionniste. De quelques centaines estimées j'en voyaient maintenant des milliers, obscurcissant l'horizon  sous un ciel de tempête. Et je n'aurais pas été étonné outre mesure d'entendre de violents accents Wagnérien  ponctuant cet instant grandiose ! A défaut, ce sont les battements de mon cœur qui marquaient la mesure,  s'emballant d'angoisse au brusque mouvement de la volée, plongeant vers mon fourgon ! Saisi par le spectacle  dans lequel je passais de spectateur à acteur, je ralentis progressivement mon véhicule jusqu'à l'immobiliser au  milieu de la route déserte. Je pouvais maintenant observer en détail l'origine du départ de ce vol : le sommet  du Ventoux ! Le contact avec les  premiers rangs des étourneaux étaient proches : en plein dans l'axe de mon  fourgon : pas de doute  j'étais leur cible ! A l'arrivée  des premiers oiseaux, je baissais la tête d'instinct comme  quand je passe sous une hauteur limitée . Le bruit ne fut pas celui que je m'attendais à entendre ! Pas d'impact  sur la carrosserie, pas d'éclat de pare-brise, pas d'oiseaux affolés s'agitant en tous sens dans l'habitacle du  véhicule, me griffant au passage le visage et les mains. Rien de Hichcockien dans tout cela !

 A la place,  tout son contraire : le silence feutré du battement de milliers d'ailes frôlant le toit et  s'éloignant  vers le  sud, sous mon regard rasséréné.

 Le reste du trajet jusqu'au lieu de rendez-vous fut sans histoire. Mon hôte ravi de me voir arrivé me dit que j  j'étais le premier arrivé et m'annonça dans la foulée qu'il était en train de neiger au sommet du Ventoux et que  nous risquions d'avoir quelques difficultés à y aller.

 Bah ! Je ne suis pas à une aventure près, surtout après avoir si bien commencé cette journée

 

 Nous avions pris un bateau à Lido di Gigello …

 Nous avons pris un bateau à Lido di Gigello à 6 heures du matin.

 Une légère brume flotter par nappes sur la lagune. Sur le pont, pour mieux apprécier le paysage, nous nous  serrons tous les cinq pour se donner chaud et nous nous demandons si nous n’aurions pas mieux  fait,  finalement, de rester à l’intérieur comme les autres passagers. Nous nous tenons au bastingage, non loin de la  proue et nous regardons la coque coupait l’eau mousseuse en deux comme le ferait le socle de la charrue dans  la  terre meuble.

 Mon aîné, le plus téméraire de tous, nous lache bien vite pour aller devant, en plein centre du pont, juste  au-dessus de la proue, prenant le vent dans ses cheveux hirsutes et humant les embruns salés.

 Mon autre fils, le plus curieux, scrute avec nous les vaguelettes léchant l’entrave, avec une attention comme  lui seul possède. Je le soupçonne même d’être capable de compter les bulles de mousse qui se forment et se  déforment sans cesse.

 Ma fille, elle, ne supportant pas longtemps d’être collée à ses parents, cours se réfugier à l’intérieur du bateau,  au contact de la jeunesse qui chante des airs napolitains à tue-tête et horriblement faux .

 Nous restons finalement seuls tous les deux, mon adorée et moi, prenant la mesure et le rythme du roulis  comme celui d’une danse ondulante qui nous rappelle bien de souvenirs tendres, autant que tumultueux.

 C’est le moment que choisit le soleil pour sortir de sa cachette, en incendiant sans vergogne la lagune  conquise.

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

La Recette de Martine

Martine sait faire la bonne cuisine. C’est comme un slogan de publicité alimentaire, sauf que là, cela repose sur une réputation véritable qui commence à se savoir dans son entourage. Curieusement cette popularité a débuté avec sa fameuse recette du magret de canard aux pruneaux. Une préparation toute simple avec un résultat à l’arrivée succulent. Enfin selon ses dires, car personne jusqu’à présent n’a goûté à son met. Aussi, peu à peu et en maintes occasions, bien des personnes en profitent pour lui demander la recette. Martine, fière d’être sollicitée, se fait alors un plaisir de raconter par le détail la recette à qui lui demande. Ici pas de secret de tour de main, ni d’inspiration particulière : la préparation est enfantine, sans aucune cachotterie.  Pourtant, Martine assure que c’est un véritable régal pour les palais, des plus gourmands au plus gourmets. Michèle est la première à disparaître sans que l’on sache pourquoi. C’est une passionnée de la marche, en pleine santé, un vrais boute-en-train du groupe, curieuse de tout. Ainsi, parlant cuisine avec Martine et alléchée par le magret de canard aux pruneaux, elle lui demande tout naturellement la recette. Depuis, plus aucune nouvelle d’elle. Avait-elle enfin trouver l’Homme de ses rêves qui l’aurait enlevé sur son beau destrier blanc ? Mystère. Personne n’est au courant. Quant à Martine elle continue à donner sa recette à qui lui demande. C’est le cas de Nadia, sa complice de salle de musculation. La semaine d’après, Nadine ne revient pas à la salle, ni les autres semaines : Disparue corps et bien ! Et cela va ainsi en s’empirant, si bien que le vide commence à se faire sentir autour de la pauvre Martine qui n’a pas fait le rapprochement des disparitions avec sa malheureuse recette. Lorsque le cercle de sa famille est touché, Martine commence à se poser de sérieuses questions qui restent pourtant sans réponse, tellement la cause peut nous paraître absurde ; alors la raison, vous pensez …

Et c’est dimanche dernier, alors que son mari se lève de table pour aller aux commodités, et après l’avoir entendu tirer la chasse, que Martine due se rendre à l’évidence : son mari s’est bel et bien volatilisé, malgré des recherches approfondies  dans le fin fond de la cuvette des W.C. Soudain une lumière s’allume en elle en voyant les restes de magret de canard aux pruneaux sur la table. Mais son constat ne s’arrête pas là puisque elle regarde un de ses bras s’effacer, puis l’autre, puis son tronc, ses jambes … Quant elle eût disparu tout à fait, le décor avec, seul reste présent un vieil homme avec une longue barbe blanche, lui souriant, tout en lui disant :

« Bravo, chère Martine, pour votre recette de magret de canard aux pruneaux : J'aurai voulu me débarrasser de ce monde raté, que je ne m'y serai pas mieux pris »

Moi qui vous raconte cette histoire, vous me feriez peine de m’en demander la morale ! Que cela ne vous empêche pas de faire honneur à la bonne chère

L'ARDOISE MAGIQUE

Son principe est d'y écrire et d'effacer au fur et à mesure mes écrits au gré de l'inspiration, du désir, de l'air du temps et que sais-je, encore

Je sème à tous chemins

 Il m'arrive souvent de radoter tout seul en marchant sur les sentiers, au point que je jette des bribes de mots  par-dessus mon épaule, sans me retourner, de peur sans doute qu'il en pousse des chardons, des orties voire  pire encore. Mon collègue de marche est outré de tant de gaspillage des mots inutilisés. Il n'arrête pas de me  sermonner : "Fais attention, voyons ! Je suis sûr que tous ces bribes de phrases peuvent encore servir"

 Devant mon attitude négative, il ne peut s'empêcher d'en ramasser des brassés derrière mon dos, en pensant  qu'il pourra peut être les mélanger avec les siens, histoire d'en faire une plantation inédite. Enfin, il fait  comme il veut mais il n'est pas au bout de ces désillusions, le pôvre ! J'ai renoncé à lui expliquer que les mots  abandonnés passant d'une bouche à l'autre ont du mal à se greffer. J'en parle par expérience. Moi, qui vous  cause, j'ai essayé d'apprivoiser bons nombre de mots oubliés par des auteurs de renom, sans pouvoir leur  donner leur lustre d'avant. Je ne sais pas à quoi cela tient, mais ce qui est sûr c'est que l'on fait rarement du  neuf avec du vieux. C'est pour cela que je suis devenu exigeant avec les mots m'arrivant en bouche et lorsque  je les trie, j'ai beaucoup de déchets.

                                                                                             (texte inédit de Robert FAUQUE)

 

img3.gif

  Nous étions des poussières

 Le ciel bas couvre nos misères d’un voile pudique.  Le Rhône  charrie une eau boueuse témoin des dernières pluies.

  Nous sommes tous là, nous les hommes rassemblés, par ce  triste dimanche, dont une bonne moitié tentent le diable, avec  nos gaules, dans l’espoir d’une carpe, d’une tanche, voire même  d’une vulgaire épinoche.

  L’autre moitié des hommes, les mains serrées sur les genoux de  pantalons rapiécés, attendent patiemment la première  touche,  afin de s’esbaudir, de railler ou d’applaudir à l’exploit.  

  A force de rester plié en deux, les yeux obnubilés sur le bouchon capricieux tressautant à la moindre  vaguelette, je sens une barre douloureuse au niveau de mon ventre. Je me redresse alors et du fond de  mes entrailles se libére un cri longuement contenu, celui de la faim.

  Ma nouvelle position me donne le vertige. Des papillons couleurs ar-en-ciel s’agitent devant mes  pupilles. J’attends que le malaise se calme quelque peu, tout en regardant longuement autour de moi :  le ciel bas, le Rhône boueux, mes compagnons de trime, soit pêcheurs, soit spectateurs et je ne peus  retenir une larme qui tombe entre mes souliers cloutés. Une évidence se fait jour : nous sommes des  moins que rien, des vas nu-pieds, des poussières.

  C’est à ce moment que des cris d’excitation me sortent de ma torpeur et mon attention se porte sur le  bout de ma ligne : le bouchon vient de dispaître entre deux eaux. J’ai une touche !

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

Belles lettres

La bonne humeur des fêtes de fin d'année valait son pesant de lettres.

Il s’agissait de ce cérémonial d’écriture des cartes de vœux. Tout d’abord, c’étaient le choix des cartes enluminées de ce brillant d’argent ou doré, soulignant qui, la courbe d’un sapin, d’un traîneau ou de la cheminée et le toit d’une chaumière. Puis, ma mère commençait à écrire les adresses sur les enveloppes fantaisies. Et c’était notre moment de magie : Voir les lettres apparaître sous formes de pleins et de déliés finement affûtées. C’était notre façon pour mes frères, ma sœur et moi d’entrer dans l’histoire magique de Noël :

«Il était une fois des lettres, beaucoup de lettres qui, du ciel, passaient par la cheminée, atterrissaient dans le réservoir du porte plume, se laissaient glisser dans la plume sergent major, afin de lâcher sur le grain doux de la carte, les plus vertigineuses pirouettes artistiques à faire pâlir d’envie la meilleure championne de nos patineuses ! »

Ma maison natale

Je m’éveillais à ma maison natale   sortant des limbes de ma mémoire   embrumée. Je pris une longue inspiration en m’arc-boutant en arrière   de la chaise longue comme pour mieux   faire entrer tous les ingrédients   nécessaires puis, j’expirais lentement,   très lentement, jusqu’à atteindre un état   de relaxation maximum : j’étais fin prêt   pour franchir une nouvelle fois l’écran   du passé.

 L’environnement du jardin fleurissant  et le pépiement des d’oiseaux dans les  futaies, prolongeaient à merveille le  cadre rupestre de la ferme au souvenir.

 Juché sur une colline boisée de longs  pins sylvestres, la maison était de pierres  sèches apparentes, avec ses lézardes et  ses cicatrices mises à vif, comme pour  démontrer qu’elle était de celles qui ont  vécu, bien vécu …

 Le tas de fumier trônait en haut de la  côte dite «montée des mulets», servant  de poste d’accueil, histoire de faire  sentir les odeurs de la vrai campagne.

 Eclats40a.gif

 Dessin dans "Je me SOUVIENS" - Image Eclats 40- "les parents"

La cour, où plutôt la basse-cour s’animait  soudain à la vue de chaque visiteur : les pintades  étaient les plus bruyantes et s’ingéniaient à poser la  même question : «pour quoi ? pour quoi ? … » à  je  ne sais quelle situation.

 Les poules tournaient sur elles mêmes en  pomponnant ;  quand aux canards, ils battaient des  ailes et plongeaient dans la mare, à la verticale, la  moitié de leur corps dans un équilibre précaire.  L'eau de source sortait d’un long tuyau cimenté à  même le flan du rocher et s’écoulait en même temps   que les souvenirs.

Une autoroute sombre et déserte

 Sur une autoroute sombre et déserte un  vent frais passe dans mes cheveux.

 "Remonte la vitre, s’il te plait, je me gèle ! "

 Patricia obtempère en maugréant des  syllabes inintelligibles que je me garde  bien de lui demander de  me traduire. Il  n ’y a pas que le vent qui est frais, l’atmosphère dans le fourgon, entre nous  deux, l’est aussi. Et il y a de quoi !

 Nous nous sommes trompés lorsque  nous sommes entrés sur l’autoroute,  enfin l’un de nous s’est  trompé, sans  que  nous soyons d’accord sur lequel s’est trompé … Le temps que nous  réalisions notre  bévue, il était trop tard  pour faire marche arrière. Il nous fallait  donc continuer jusqu’à la prochaine  sortie afin de reprendre la bonne  direction.

 Seulement, voilà ! Cela fait,maintenant,  bientôt100 kilomètres que nous roulons et toujours pas de sortie à l’horizon  !

 Ce n’est pas rigolo de tourner le dos à  nos vacances qui ne font que  commencer – mal ! -  De plus, si cela  continue sans trouver de station service,  je vais bientôt me trouver en panne  sèche … Patricia me l’avait bien dit qu’il n’y  aurait plus de station avant   l’autoroute. J’ai horreur de l’admettre, lorsqu’elle a raison !

  img1.gif

 "Bagdad-Café" de Percy ADLON (1987)

Pour ne rien arranger, avec le jour qui tombe, c’estla pluie qui fait de même … La tension entre nous  est à son point extrême et la colère comme l’orage éclatent ! ! !

 Les éclairs illuminent la route tels des coups de  projecteurs, et c’est l’un d’eux qui nous dévoile une vieille maison avec un aire d’autoroute minuscule rempli de voitures garées devant.

 «BAGDAD-CAFE», nous renseigne la misérable  enseigne lumineuse. En entrant dans l’ambiance  surchauffée du café faite de rires, de musique et de chants, Patricia me dit :

  «Quel endroit délicieux !»     

 

"TOUS POURRIS !"

Au plus nous approchons des élections

Au plus nous entendons cette expression

"Tous pour un, tous pour hi !"

Cela serait ça : "le hic"

Ceux qui pourraient s'exprimer ainsi (avec beaucoup moins d'humour, hélas !) il faut les chercher dans la catégorie des "Bôf" que CABU a su nous débusquer avec truculence.

Personnellement j'en fréquente quelques uns qui n'arrêtent pas de s'époumoner sur ce même registre :

"Les politiques, de droite comme de gauche, c'est tous des pourris. Il s'en mettent plein les poches sur le dos du contribuable. C'est copain comme cochon. Ce sont les rois de la combine : ils se font sauter les contreventions, ils ne payent pas le restaurant ni les spectacles. Ils font des passe-droits à qui ils veulent en abusant de leur notoriété, de leurs titres  et cela leur rapportent beaucoup de dividendes. etc."

Ce a quoi je leur réponds :

"Cela peut arriver, en effet, mais pas plus que la moyenne de tous ceux qui possèdent un brin de pouvoir et d'influence. Cela ne les excuse pas, mais les politiques sont particulièrement bien placés pour être "tentés" à mettre "la main dans la caisse". C'est d'autant plus méritoire pour la grande majorité des autres qui restent "bêtement" intègres, honnête et au service des autres ..."

"Ouais. me disent-ils, pas convaincus, n'empêche qu'ils nous embobinent avec leurs belles paroles : ils nous mentent ! Ils nous font croire que l'on va désormais "raser gratis" !"

"En l'occurrence, c'est vous qui me raser avec vos propos rétrogrades !",  je leur réplique, un brin excédé par tant de mauvaise fois !

Il y a des fois que je me vois dans la bizarre position de défendre l'indéfendable. C'est juste une question d'angle de vue :

lorsqu'on dit "tous pourris"

méfions-nous de ne pas en faire partie !

Ma Soif du Monde

 Je me souviens que j’adorais apprendre les capitales du monde entier,  ainsi que les chefs-lieux, sous  préfectures et villes principales de tous les départements  français, y compris l’Outre-Mer et réussir  haut la main le concours de facteur que je ne suis  jamais devenu. Il faut dire que la moindre carte  géographique me faisait rêver et les noms d'Ouagadougou ou d'  Oulan-Bator évoquaient des terres  lointaines chargées d'histoires et de légendes qui abreuvaient ma  soif d'explorer le monde sans en avoir  les moyens. Ce désir de découverte ne m'a jamais vraiment  quitté puisque j'espérais que le service  militaire allait ouvrir pour moi les portes de l'Outre-Mer. J'ai  bien attérri à l'un des lieux  "d'embarquement" : Perpignan, mais je suis resté à quai, peut être parce  qu'il n'avait pas besoin de  personnes à ce moment-là ; plus certainement parce que je n'avais pas de  bagages utiles (maître  d'école, infirmier, mécanicien ou autres)

 Cependant, je ne me décourageais pas et poursuivis l'idée de voir du pays. C'est l'occasion d'un voyage  en Roumanie qui m'a décidé d'acheter mon premier (vieux) camping-car. Depuis j'ai sillonné les routes  en éprouvant avec délice ce désir de liberté et d'attirance vers des lieux à découvrir, à commencer par la  France dont je peux dire maintenant que j'ai arpenté toutes les régions, vu la plupart des villes, les  curiosités et coins naturels (Ô que la campagne est belle !) Il est arrivé aussi que je fasse de belles  rencontres, certes rares mais dont je garde encore présentes aujourd'hui les traces d'amitiés et d'amour  sur ma peau et dans ma mémoire de façon indélébile.

 

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

Cadeau naturel  

 Je pestais contre la malchance qui s'acharnait sur moi : j'étais en retard à la réunion des vieux sages,  créateurs d'une revue confidentielle mais O combien passionnante.

 Je me suis trompé de route et je savais vaguement où se trouvait le point de ralliement. Heureusement,  la cible qui me guidait, elle, était très rassurante puisqu'elle se voit de loin tel un phare. On la nomme  "Géant  de  Provence :  c'est le Ventoux"

 Alors la nature, sans doute pour me distraire, se vêtit de ses plus beaux atours, comme jamais je ne  l'avais vu si belle.  Et pourtant, je peux dire que je suis un de ses plus fidèles admirateurs,  souvent le  nez au vent, à guetter la moindre ondulation de sa chevelure, ou les effets de sa jupe produits par une  agitation soudaine de clarté.

 Mais là, c'était encore plus beau, encore plus grandiose, encore plus féerique !!!

 D'abord, ce fut l'embrasement progressif annonciateur du levant, de nuages chargés de pluie. Puis, sur  la pointe de l'horizon, la lumière jaune étincelante semblait peiner à se frayer un chemin, écartant un à  un les importuns, jusqu'à laisser entre apercevoir son intimité et ses secrets les mieux gardés : un fleuve  de lave incandescent épousant le contour des collines. C'était sans doute à l'identique du premier matin  du monde, celui où le Maître des Forges s'apprêtait à le façonner, le retirant de son bain bouillant,  puis le posant sur son enclume afin de le marteler !

 Déjà pareil spectacle me transportait de joie et j'étais bien heureux d'être le seul témoin dans mon  fourgon à  écraser une larme malgré moi. Mais, la nature semblait ne pas vouloir me lacher, puisque  dans le rétroviseur j'aperçus un bout d'arc en ciel s'élevant vers le ciel et que, quelques instants après, j'en  vis un deuxième devant moi au-delà des bords du Rhône. Je compris alors que c'était les deux bras du  même gigantesque arc en ciel qui me faisait une voûte de bienvenue en son royaume !

 Las, le ciel s'assombrit de nuages de plus en plus menaçants, couvrants tout à fait la lumière du levant.

 Les premières gouttes de pluie sur mon  pare-brise étaient comme une bénédiction, apaisant peu à peu  le trop plein d'émotion pour le frêle humain que je suis.

 Devant moi, le Ventoux prenait un malin plaisir à s'écarter vers ma gauche comme s'il voulait retarder  le plaisir des retrouvailles. Le ciel avait des airs de tempête, s'annonçant par un léger vent de travers. Je  compris que dame nature n'avait pas dit son dernier mot quant au cadeau qu'elle me faisait.  Cela j'en  étais persuadé et c'est pourquoi, malgré le paysage noirci de fin du monde, je n'étais pas inquiet. Au  contraire, j'en étais ravi !

  Et là, à cet instant, je m'attendais à tout sauf à cela ! Un vol d'étourneaux apparut soudain dans le ciel  semblant sortir des nuages. De quelques centaines estimées j'en voyaient  maintenant des milliers  obscurcissant l'horizon sous un ciel de tempête. Et je n'aurais pas été étonné outre mesure d'entendre  de violents accents Wagnérien ponctuant cet instant grandiose ! A défaut, ce sont les battements de  mon cœur qui marquaient la mesure, s'emballant d'angoisse au brusque mouvement de la volée,  plongeant vers mon fourgon ! Saisi par le spectacle dans lequel je passais de spectateur à acteur, je  ralenti progressivement mon véhicule jusqu'à l'immobiliser au milieu de la route déserte. Je pouvais  maintenant observer en détail l'origine du départ de ce vol : le sommet du Ventoux ! Le contact avec les  premiers rangs des étourneaux étaient proches : en plein dans l'axe de mon fourgon : pas de doute  j'étais leur cible ! A l'arrivée  des premiers oiseaux, je baissais la tête d'instinct comme quand je passe  sous une hauteur limite . Le bruit ne fut pas celui que je m'attendais à entendre ! Pas d'impact sur la  carroserie, pas d'éclat de pare-brise, pas d'oiseaux affolés s'agitant en tous sens dans l'habitacle du  véhicule, me griffant au passage le visage et les mains. Rien de Hichcockien dans tout cela !

 A la place,  tout son contraire : le silence feutré du battements de milliers d'ailes frolant le toit et  s'éloignant vers le  sud, sous mon regard rassénéré.

 Le reste du trajet jusqu'au lieu de rendez-vous fut sans histoire. Mon hôte ravi de me voir arrivé me dit  que j'étais le premier arrivé et m'annonça dans la foulée qu'il était en train de neiger au sommet du  Ventoux et que nous risquions d'avoir quelques difficultés à y aller.

 Bah ! Je ne suis pas à une aventure près, surtout après avoir commencé si bien commencé cette journée

 

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

Sur les remparts  

 Le vent d’ouest se lève avec le jour, annonçant une probable journée de canicule. Aristide fait les cent pas  d’une tour à l’autre sans prêter attention outre mesure à la couleur du levant rouge sang. Il a une seule  idée en tête,  le moment où l’un de ses compagnons viendra le relever enfin. Ceci d’autant plus qu’il se  sent envahi par une insidieuse torpeur qui le fait avancer comme un somnambule, fléchissant les genoux  à chacun de ces pas. De loin et de dos, avec son MAS36 en bandoulière, il ressemble à un gros hanneton  malhabile. Le premier rayon du soleil vient en oblique fouetter son visage. Il s’arrête tout net et s’  accoude entre  deux mâchicoulis, remerciant la lumière jaune de lui faire cligner ses yeux qui s’  ensommeillaient. L’espace d’un battement de cil, il aperçoit une frêle silhouette qui avance d’une foulée  leste, frayant le sable allègrement. Le voilà réveillé tout à fait, sur le qui-vive, ajustant de son arme cette  forme qui reste dans l’ombre, lui empêchant de distinguer  à qui il a à faire : amie ou ennemie ? Il fait  alors jouer la culasse d’un  bruit sec, métallique en visant cet être surgit de nulle part dans ce désert sans  fin.

 « Qui va là ? Nommez-vous ! Mot de passe ! »

 - Madame promène son cul sur les remparts de Varsovie !

 - Ah ! C’est toi Jacques. Tu m’as foutu une de ces pétoches !

 - Allons Jeff, t’es pas tout seul ! Arrête de te répandre !

 - Ouais, je vois.T’as fait le mur et t’es allé chez la Madame Andrée, paraît qu’il y en a de nouvelles,    hein  ?

 - Hoc !  Pour toute réponse, Jacques se met à rôter

Bascule dans l'imaginaire

Je me souviens  avoir eu la  frousse à chaque  fois que je  passais de nuit,  par temps de  vent, devant un  cyprès qui  gémissait comme  un  humain   

 C'est le genre de souvenirs qui m'attire comme si j'étais au bord d'un puits dont je ne vois pas le fond,  tenaillé entre la peur (du vide, de l'inconnu, ...) et l'envie d'y aller voir de plus prêt ...  Ainsi, les portes  qui conduisent au pays de l'imaginaire sont multiples pour chacun de nous. "Il suffit pour ça d'un peu  d'imagination" chantait Charles TRENET. Certains éprouvent peu ce besoin, d'autres ont tendance à  s'y réfugier, la plupart éprouvent une sorte de délectation à laisser aller leur pensée, souvent à  partir des  propres événements de sa vie au quotidien. Faire vagabonder son imagination est souvent  synonyme  d'évasion, une manière comme une autre de sortir de ses soucis du moment.

 Je fais partie de ceux qui aime bien échafauder différentes hypothèses à partir d'un thème donné,  comme par exemple : la planète en danger à cause de nous, les humains. Je cherche l'inspiration en  cherchant des idées les plus farfelues, tout en restant dans le cadre strict du scénario que je m'impose.  D'ailleurs, ce thème fera l'objet du prolongement de l'histoire centrale de ce site : "Je me souviens", ce qui  devrait singulièrement éclairé les tenants et aboutissants (si, si,) du sens et la direction donnée à celle-ci.

 Quant à se demander d'où me vient ce besoin d'imaginer des histoires ...

Je me souviens du fin fond de mon enfance que je "m'ennuyais" souvent, avec cette difficulté à occuper le temps, seul, dans un coin de campagne paumé.

  Mes parents, eux, très occupés à travailler pour gagner difficilement leur croûte, étaient assez exaspérés de m'entendre dire à longueur de journées : "Je ne sais pas quoi faire" et me répondaient invariablement   "Tu n'as qu'à t'amuser, toi. Tu sais pas la chance que tu as !"  Certainement qu'à force de m'entendre dire cela, je me suis fait une raison et pris sur moi d'entrer de plus en plus dans des jeux solitaires où je   m'inventais une ville, un stade et des joueurs de foot, Tarzan qui se suspend à un arbre, Zorro qui met la pâtée à tout un tas de soldats mexicanos, etc.

  Il est dit couramment qu'entrer dans l'imaginaire c'est rêvé sa vie, s'évader  de son quotidien. Chez les enfants c'est source d'apprentissage, de construction de sa personnalité. En grandissant, c'est faire acte  de création, certes dans le domaine artistique, mais pas seulement. Chacun de nous à en lui cette faculté  d'abstraction en imaginant en son absence non seulement  une personne, une chose, un objet, mais aussi  d'imaginer cette personne, cette chose, cet objet différemment de sa forme, sa fonction ...

 De même, l'environnement dans lequel nous vivons peut nous influencer au point de provoquer en nous  des sensations, des émotions, tel ce fameux cyprès qui coïnait par temps de mistral. J'avais 11-12 ans, et  il m'arrivait d'aller voir la TV au café du village --> encore peu de familles avait un poste chez eux et les  soirées mémorables de "la Piste aux Etoiles de Gilles MARGARETIS et "36 Chandelles" avec Jean  NOHAIN attiraient la grande foule au café du commerce.

 C'est au retour de ces émissions, non accompagné par mes parents, que je me trouvais confronté à cette  ombre gigantesque qui semblait grogner en me voyant arrivé. Pas très rassuré, je m'arrêtais un instant  afin d'essayer de résonner ma peur. Mais j'avais beau me persuader que ce n'était qu'un cyprès et rien de  plus et que ses gémissements étaient provoqués par son frottement avec le mur de clôture et les branches  de l'arbre voisin sous l'influence du vent, pourtant je perdais pied devant l'atmosphère inquiétante de la  nuit, du froid qui me faisait frissonner et semblait me pousser vers ce danger omniprésent.

Parfum d'enfance vaseux

Je me souviens que mon père attrapait des  anguilles à la main dans les siphons de canaux d'arrosages. C'était, en effet,  un des rares  privilèges (sinon le seul) que mon père  avait, dans son dur  métier de cureur des  fossés. Quant nous avions à présenter le métier de nos  parents, je disais "cantonnier à son compte", ce qui étonnait le maître  d'école ou le professeur et  faisait  rire de bon cœur toute la classe.  N'empêche ! Je pensais qu'en disant  cela, cela faisait moins miséreux

 Ce qui m'impressionnait le plus, c'est l'extrême résistance de ces animaux  qui, écorchés-vifs, coupés  en  morceaux, enfarinés et jetés dans l'huile  bouillante,  arrivaient encore à faire des bonds dans la  poêle ! Quand au  goût, je me  souviens surtout que c'est l'odeur de vase qui dominait, mais  nous  n'avions gare de nous en plaindre, surtout que cela ajoutait un plus non  négligeable aux menus de gens modestes comme nous : On disait  "pauvres" dans les années de sortie de guerre ...

 Retour sommaire de mon site

Retour Index Général

Poitrine platonique

Je me souviens d’une correspondance platonique avec une sympathique ardéchoise. Quand je dis "platonique",  je ne parle pas de sa poitrine qu'elle avait, ma foi, de fort jolie taille. J'évoque ici le côté recherche "d'amitié" entre une fille et un garçon. D'ailleurs, pour me faciliter la tâche,  mon ardéchoise était un véritable "garçon manqué". Toujours en pantalon et en pull trop grand pour elle, jamais maquillée, des cheveux coupés très courts et des sujets de conversations qui n'avaient rien de romantique, elle avait toute la panoplie du "bon copain" a qui ont peu se confier sans crainte !

 Pourtant quand j'y repense (à sa poitrine), paradoxalement, c'est elle qui m'aidait  à ne pas sombrer dans des idées libidineuses, portées par un haut taux de testostérone juvénile ... En effet, j'ai toujours  vécu les seins comme un havre de paix sur lesquels je pouvais poser ma tête, sans penser "à mal".

Mes débuts sur les planches

Je me souviens de mes tous premiers débuts sur une scène, lors des fêtes de fin d’année des écoles, le jour  du 14 juillet, en plein air, sur une estrade dressée devant la quasi totalité des habitants de mon village.

 Oh, je n'étais pas très doué et souvent mis de côté pour y participer, car l'objectif principal était de  savoir  "marcher au pas", pardon, "en musique !" C'est ainsi, qu'un mois à l'avance, dans la cour de  l'école, nos instituteurs s'ingéniaient à  nous faire  répéter les mêmes pas d'une chorégraphie qui n'en  avait que le nom, sur des airs de musiques, ma foi, forts beaux, classiques pour la plupart et même  d'Opéra (notre directeur était un amateur d'airs lyriques qu'il écoutait sans arrêt chez lui, sur son vieux  poste de radio)  De ces "expériences" je n'ai retenu que ma peur de ne pas suivre correctement le rythme  et j'étais bien trop préoccupé à regarder mes pieds  que de faire un petit signe de fierté à mes parents  d'être sur l'estrade. Celle-ci était tout en bois et avait un large escalier sur le devant qui signifié la marche  triomphale vers son sommet afin d’aller y recueillir son  prix qu'il soit d'excellence où autres.

 Pour ma part, il m’a fallu patienter l'année de ma « brillante » réussite au certificat d'études. Là, enfin,  mon nom fut cité et applaudi, pendant que je montais les marches branlantes, à moins que ce ne soit mes  jambes qui tremblaient de trac. Au sommet,  je reçus les traditionnelles félicitations de Monsieur le  Maire et du Directeur de l'école et Maître de ma classe.  

 Quant à ces petites scènes qui clôturaient la fête, il a fallu la même patience avant que j'éprouve une  sorte de pincement au cœur qui vous réchauffe tout entier. Jusqu'à mes joues qui s'enflammèrent du  plaisir de  me sentir bien dans le tout petit rôle d'une scène sur le thème de "la partie de boules" Je me  rappelle très  bien que j'étais "déguisé" en vieux et que ma mission était de perturber la partie en poussant  du pied une  boule. Un des joueurs s'en apercevait et me tirait sur la cravate pour m'intimer l'ordre de ne  plus recommencer. J'aurai, d'ailleurs, bien été en peine de le faire car le joueur me serra si bien la cravate  que je fus au bord de l'évanouissement ! J'avais eu à faire à un acteur qui prenait beaucoup trop son  rôle  au sérieux . Cependant, malgré cet incident fâcheux, je garde un trop bon souvenir de ce sketch  que je  qualifierais volontiers de première vraie expérience, déclenchant en moi toutes sortes de sensations que   j’avais de cesse, après cela, de ressentir à nouveau, encore et encore ...

 Désordre  

 Ce 14 juillet, toute la troupe était  alignée, attendant l’heure du  défilé. Sur les trottoirs se  pressaient comme des sardines,  une foule compacte et joyeuse  agitant au vent les trois couleurs  nationales.

 Notre compagnie était baptisait «des  bleus» parce que nous n’avions pas  encore fini nos classes. Nous avions  l’insigne honneur d’effectuer le  parcours dans de pétaradants et  brinquebalants G.M.C., vu que  nous ne savions pas encore marcher  correctement au pas.

 Lorsque que le signal du départ  du défilé fut donné, les gradés se  sont aperçus que certains d'entre  nous avaient oubliés leur  béret :  pour un défilé ça faisait désordre !

Retour sommaire de mon site

 Retour Index Général

Il était une fois l'histoire d'un champ de betteraves qui fit le tour du monde ...

img1.gif

 C'était dans une lointaine contrée par delà les mers où vivaient  des êtres mystérieux, tout auréolés de lumière électronique. On disait d'eux qu'ils avaient des doigts mécaniques, les agitant inlassablement sur leur clavier. Malheureusement, ces êtres magnifiques étaient sous la coupe du Grand Méchant  "GOUGUEUL" qui les brimait dans leur élan créatif, leur imposant un système de classification de toutes les images qu'ils capturaient sur sa toile magique. Une classification complètement aberrante !

 Ce "GRANDattrapeTOUT", comme il aimait lui-même se nommer modestement, sous couvert de faire visionner son énorme collection à tous, "vampirisait" le Monde de toute sa Substance Moelle à son  profit. Il faut préciser que c'était un être frustre, et qu'à force d'amasser des richesses, il prit peur que l'on vînt les lui voler. Aussi, il avait pour habitude de vivre dans sa coquille, tenaillé par des peurs virtuelles.  Quant a son système de classification, il employa le plus primaire parce que le plus sûr (d'après lui). C'est ainsi que, de par le monde, les chercheurs de mots qui  inscrivaient sur leur instrument les lettres : "champ" "bet"  et "champ de bet"   finissaient par atterrir sur l'image "champ de betteraves".  Ils furent certainement bien étonnés d'entrer, non pas sur des produits agricoles, mais dans un monde parallèle, autant fantasque que curieux, intitulé "Je me souviens".  Beaucoup n'y sont  jamais revenus, de peur, sans doute, que la Mémoire, confisquée par le "GrandattrapeTout", leur revienne et qu'ils ne puissent pas le supporter, tellement le Monde s'était transformé sans eux depuis. D'autres, les plus braves, se sont attardés sur mon site, découvrant avec délice qu'il existe d'autres systèmes de pensées, leur permettant d'élargir leur "champ de ... VUE !"  Depuis, ces êtres se mirent à penser et créer par eux-mêmes. Seulement, la plupart ne se sont pas méfiés et le "STARsystèmeHOLLYWOODIEN" qui leur avait acheté leurs aventures avec force dollars, leur demanda des comptes exorbitants. Les quelques autres irréductibles qui ont su résister à plein d'écueils, du genre éviter l'accoutumance à "la Colabibine" ou refuser de se faire broyer par les puissantes machoires de la "MACmal-bouffe ", se sont réfugiés à la campagne. Ils cultivent principalement de la betterave qui est devenu leur signe de ralliement et leur emblème. Hélas, il semble qu'ils ne soient pas sortis indemnes de tant d'épreuves et qu'ils souffrent curieusement de la même maladie que leurs persécuteurs : la paranoïa. Il en ait même qui ont des hallucinations : certaines nuits, au milieu de leur champ de betteraves, ils disent voir une lumière verte venu du ciel. A leur avis, c'est la guerre des étoiles qui vient de commencer et cela indique leur éradication totale prochaine ... Tout cela n'est pas très NET, vous en conviendrez.

Vibration

 Devant moi, entre les dossiers des sièges en quinconce, je vois apparaître une fine main qui semble tirer un long fil invisible. Aux bouts de ses doigts agiles, sous mes yeux attentifs, une longue mèche de cheveux auburn s'enroule et se déroule à l’infini tel un ruban pour emballage cadeau.

 Ces doigts de fée, arrivant au bout de la mèche soyeuse, entreprennent un retour en arrière qui me font penser à ces tricoteuses passant la laine au-dessus de l’aiguille dans un mouvement ample et gracieux.

 Et l’ensemble de la gestuelle recommence en boucle de cheveux.

 Ce spectacle inattendu m’émeut et je ressens une jubilation proche de celle lorsque je suis transporté par un  morceau de musique particulièrement envoûtant. Oui, j’entends parfaitement la musique muette de cette artiste faisant vibrer la corde sensible de sa mèche qui enflamme mon âme. Il y a dans ce mystérieux langage les signes d'une promesse de sensualité.

 Soudain l'obscurité ce fait nuit dans mes pensées, jusqu'à y éprouver un étrange vertige. Aurais-je fermé les paupières pour mieux me concentrer sur la musique ? Non, puisque c'est avec les yeux grands ouverts, inquiet, que je cherche à reprendre contact avec cette chevelure enivrante. La pénombre n'est cependant pas totale, grâce à une lumière blafarde et tremblotante.

Dans chaque fauteuil habité, aligné devant moi, je cherche désespérément à reprendre contact visuel avec la silhouette aux cheveux bouclés. Entre et au-dessus des ombres découpées je distingue maintenant la lueur d'un écran de cinéma

Le film commence à regret.  

 Un fidèle internaute a écrit : je me suis rendu au cinéma il y a une semaine environ et je me suis assis sur un des  fauteuils alignés en quinconce j'ai regardé devant moi j'ai bien vu un écran aux normes réglementaires j'ai regardé à  nouveau avec plus d'attention mais je n'ai pu observer le phénoméme dont vous parlez dans votre article dois je me  plaindre au directeur de la salle utopia ou bien est ce un phénomème qui ne se produit que lorsque vous êts présent dans  la salle et dites moi si vous aviez absorbé une substance ilicite merci de me répondre - signé un lecteur attentif -

 Désolé que vous n'ayez pas vu la même chose que moi. En un sens ça parait normal. Essayez quand même en  fermant les yeux. Des fois ça aide à mieux voir ... Robert

« On croît que c’est fini ... »

 On croît que c’est fini. Mais non. Ce n’est pas commencé. C’est comme une ellipse, je dirais.

 Je vois le film. Au début on me montre la fin, mais seulement le début de la fin.

 Et, à la fin, on me dit c’est ce qui fallait comprendre tout au long du film.

 Reste que, c’est selon ce que je me suis imaginé tout au long de ton propre film :

 Comment je me suis délicieusement glissé dans la peau du personnage,

 Comment je me suis laissé porter par les péripéties, tout en disant : « bon là , … je vais dire ça ou … je  vais  prendre telle décision »

 Et puis non, finalement ça se passe pas exactement comme je l’avais prévu. Alors, je sors du ciné

 prendre un autre ticket et il y a plus qu’à recommencer !

 

 (*) allusion au "Voyage de M.  PERRICHON"  de LABICHELe Voyage de Monsieur CORNICHON (*)

Retour sommaire de mon site

Retour Index Général

Le Haut de l'Iceberg

 J'aime à m'asseoir au bord de l'onde et à imaginer ce qui se devine en son intérieur

 Remous, courants, écumes ne sont que la surface des choses que nous brassons à longueur de journées

 Je préfère, et de loin, me laisser gagner par le vertige des grands fonds, le mystère des abysses, la couleur trouble de la vase en suspension fouettée par de longues chevelures en serpentins

 Et rêver que je sombre en apesanteur au cœur du royaume des poissons.

  Arrivée là, je sais qu'il me reste encore plusieurs paliers pour atteindre le grand délire des profondeurs, touchant la démesure au pied de l'iceberg

 Alors, dépollué de toute pensée concrète, je déciderai si oui ou non je me sens le courage de remonter vers le monde superficiel humain

Un bruit de je ne sais-où

 Un bruit venu de je ne sais-où. C’est de là que tout à commencer.

 Assis sur l’herbe, avec un brin de trèfle dans la bouche, je souriais à la campagne riante, aux oiseaux charmeurs et aux vaches qui viennent me faire une petite visite de courtoisie.

 L’air était délicieusement frais en cette fin d’après midi d’été et je m’étirais des bras et des jambes comme «Pinocchio» lui-même n’oserait le faire !

 De sa position dominante sur un saule, ma posture fit rire un merle. C’est alors que j’entendis ce bruit  bizarre. J’observai attentivement autour de moi :

 r i e n   à  l ‘ h o r i z o n  

  Ce bruit se répéta à nouveau, puis s’arrêta, puis de nouveau, puis arrêt, d’une manière mécanique.

 Je m’attendais à voir surgir une moissonneuse-batteuse, à tout moment, de ce champ de blé droit devant  moi :

 r i e n   à  l ‘ h o r i z o n

 J’essayais alors de situer d’où pouvait provenir un tel bruit : loin, proche, à droite, à gauche, en bas, en  haut :

 r i e n   à  l ‘ h o r i z o n

 Je scrutais en détails tout ce qu’il y avait de vivant : oiseaux et vaches. Tout me semblait naturel.

 Ce bruit qui continuait à intervalles réguliers, commençaient sérieusement à me courir sur le système !

 C’est alors que, machinalement, je mis ma main sous mon menton et que ma tête imprima à ma main  le même rythme que le bruit. Indéniablement c’est ma bouche qui en est l’origine : je claquais  littéralement des dents !

  Je cherchais la ou les raisons de cette bizarre manifestation physique en procédant par élimination : si  ce n’est pas les oiseaux, ni les vaches qui me font claquer des dents, reste la campagne riante … la  campagne  riante ? Voilà, j’y suis !

 Je suis en train de reprendre le rythme saccadé du rire de la campagne!

  Donc, si je résume …   La brusque prise de conscience de l’absurdité de ma situation m’amène à penser  : «saurais-je me   souvenir de tout ?»

Retour sommaire de mon site

Retour Index Général

P O R T   d e   l a   J U P E

 A : Commission des Lois

 Objet : Proposition additive à la Loi dite des «signes religieux ostentatoires»

 Monsieur le Président,

 J’attire respectueusement votre attention sur ma proposition additive suivante :

 Chapitre V – 1 – 1 : Invitation à des tenues vestimentaires féminines dans les écoles, collèges  et lycées :

 ART. I : «Les responsables des établissements publics ont pour mission de favoriser le port  de la robe, de la jupe, voire de la minijupe si dimensions autorisées (voir annexe Chapitre V)  auprès des écolières, collégiennes et lycéennes.

 ART II : «Les responsables des établissements publics sont tenus de veiller à ce que les jeunes  filles ne soient pas importunées par les margoulins, mirliflores et autres machistes de tous  poils. Il est appert aux contrevenants des sanctions qui vont du simple avertissement à la  mise-à-pied, voire des sanctions plus grave tel que l’obligation de ceux-ci  au port du short  durant  les cours, pendant une semaine.

 

 ARGUMENTATION : A la terrasse de café d’où j’écris cette lettre, je viens de faire un  sondage grandeur nature où il apparaît que sur les 100 jeunes filles et femmes qui sont  passées devant ma table, seulement 24 portaient un vêtement laissant voir leurs jambes.  Cependant, pour ce qui est des personnes âgées, j’ai dû les compter à part pour ne pas fausser  mon argumentation, tellement elles sont en situation de donner le bon exemple (88 sur 100  portent robes ou jupes)  

 Je ne doute pas un seul instant que vous serez discerner ma légitime proposition de toutes les  pataraffes dont vous devez être submergé. Je vous en remercie par avance.

 Veuillez agréer, Monsieur le Président, ma très respectueuse considération

 Passim  des documents détaillés concernant l’évolution de l’habit féminin du temps des  cavernes à nos jours auxquels sont aboutées les références socioculturelles précises pour  chaque époque

Caché derrière mes carreaux

 Le petit bruit métallique de garde-boue que fait son vélo, je le reconnais  entre tous. C'est lui qui sonne à  mon cœur le timbre délicat de sa voix.  Toute affaire cessante, je me précipite pour ne rien manquer du  délicieux spectacle de son éphémère passage à ma fenêtre. C'est mon cadeau du dimanche matin, la  voir aller chercher son pain.

 Du carreau gauche à celui de droite, angles de vue à son maximum, je ne perds aucune miette de son  buste altier et son dos cambré de danseuse, ses cheveux soyeux retenus par un foulard argenté, son visage  épanouie offert à la caresse du vent, le sourire aux lèvres, le nez mutin et ces délicieux yeux plissés.

 Le rideau,  je le tiens à bout de bras, encadrant ce tableau vivant qui bouleverse mes sens. Il représente  tout ce que j'aime et redoute à la fois : le pas de la gazelle qui déroule sa foulée de Reine et la  brièveté de  son élan. Et j'ai beau clicker sur le ralenti de ma télécommande imaginaire : rien ne se  produit, sinon  l'irréparable de sa disparition derrière le cerisier du jardin. Seule me reste un instant  sa voix  de bengali,  fredonnant un air d'Opéra, ainsi que sa belle silhouette, encore en moi, imprégnée  en négatif.

 Le front bas, je bas en retraite, mais l'espoir n'est jamais loin, jusqu'à son retour d'aller chercher son  pain. J'entends alors, à nouveau, son chant mélodieux, le grincement de son coursier qui me ramène  précipitamment derrière la vitre. Jusqu'à la voir, elle, telle une apparition sacrilège, à faire bannir un  saint, mais certainement pas le sien, dont j'entre aperçoit  les tressaillements d'oisillon prêt à s'envoler de  son corsage de nid. A chacun de ces passages j'imprime des bouts d'elle : sa robe printanière légère, en  organdi fleuri, l'arrondi de ses genoux bougeant en alternance, la fluidité de ses bras, la dextérité de ses  doigts posés hauts sur le guidon, lui donnant cette prestance qui me laisse pantois d'émotion.

 Mon manège devant la fenêtre n'a pas échappé à ma mère (Ah ! les mères !) me prodiguant des  encouragements à sortir dans le jardin lors de son prochain passage. Et pourquoi pas lui faire un signe de la  main pendant qu'elle y est ! Cependant, le conseil maternel fait son chemin dans les méandres de ma  cervelle, tel un poison à effet lent, très lent. Jusqu'à me faire à l'idée que ma mère a raison : il me faut  quitter la protection de la fenêtre et m'annoncer à elle à découvert ! C'est décidé, se sera pour Dimanche  prochain. Mon Dieu que c'est long, l'attente !

 

Rencontre Mystère

Une Clio arrive au ralenti, du fond de la rue des myosotis, phares éteins. Elle s'immobilise au parking  du Champs du Coq, face aux barres d'immeubles qui s'entrecroisent en quinconces,  en position de défense. Chacune des constructions de béton est zébrée de dizaines de cadres lumineux,  alors que  les autres restent muettes dans l'obscurité. Soudain, la Clio fait plusieurs appels de phares, code-phare, code-phare, avant de  s'éteindre à nouveau. Peu de temps après, une des nombreuses fenêtres se met à  clignoter à son tour, clic-clic, clic-clic

 Alors commence une longue attente avant laquelle la conductrice entende les bruits de pas espérés, suivis par une ombre démesurée se déplaçant avec précaution sur la façade de l'immeuble le plus  proche. La conductrice sort de son véhicule et se hâte vers l'ombre qui en fait de même, se mettant à courir dans sa direction. La rencontre se matérialise par le choc de deux corps éperdument amoureux l'un de l'autre. Chacun lève la tête vers les immeubles, avec la sensation désagréable que les fenêtres les guettent et la piquante excitation de braver l'interdit.

L'histoire toujours recomencée d'une rencontre clandestine entre une Capulet et un Montaigu m'ont toujours ému aux larmes.

 

Que la paix soit sur le Monde pour les  100 000 ans qui viennent …   

 Du haut de la montage, au loin dans la plaine, je  voyais des gazelles trisser entre des touffes d’herbes rabougries. Le couchant embrasant le ciel et les nuages, elles s’enfuyaient de peur d’être enflammées à leur tour.  Dans le ciel d'incendie une escadrille de cormorans luttaient contre un fort vent d’altitude et, visiblement, avaient des problèmes pour se maintenir en formation. A l’ouest, apparaissaient un puis deux, puis une dizaine d’hommes voûtés, enchaînés l’un à l’autre, encadrés par des cavaliers armés jusqu’aux dents. Du sommet de la dune j’entendais maintenant un murmure sourd qui se  transformait bientôt en un chant triste, lugubre, provenant de ces pauvres hères :

 «100 000 ans n’ont pas suffit à apporter la paix sur Terre. Faut-il plutôt 500 000 ans ? 1 000 000 ? 2 000  000 ? Qui dit   mieux ? Personne ? 2 000 000, une  fois ! 2 000 000, deux fois ! 2 000 000, trois fois !  ADJUGE ! ! ! La paix dans le monde   d’ici 2 000  000 d’années !

Le Marteau du Président des Droits de l'Homme claqua d'un coup sec.

 - Et l’amour qui va avec ?  dit une voix anonyme venant du public.

 - Hé là ! Faudrait pas trop en demander, tout de  même … répondit le Président visiblement agassé.

la petite voisine

img1.gif    Je l’appelais «la petite voisine». Pas seulement par la taille et son jeune âge, mais plutôt dans un élan de trop plein d’affection pour elle que j’avais du mal à maîtriser, derrière ma jeune cuirasse de garçon, très peu à l’aise dans ses sentiments amoureux.

 Nos parents s’estimaient, nous n’osions nous le dire, nos maisons se touchaient, nous n’osions le faire.  Un mur nous séparait ! Nous passions une bonne partie de nos journées à nous épier l’un l’autre par-dessus ce mur, pas si haut que cela, tout compte fait.

Sachant que l’autre nous observait aussi, nous entrions dans de faux jeux solitaires :

Moi, dans d’interminables parties de football, commentées à haute voix sur les exploits de Kopa, Piantoni, Just Fontaine, …

Elle, osant parler à sa poupée comme sa maman devait parler avec elle : «Epète apé moi : ca-pa-pé … fa-fa-ké … NON ! pas ka ! ilène ! ilène !»

S’ensuivait à chaque fois une correction en règle de la poupée qui pleurait à chaudes larmes.

Jusqu’au jour où  m’arriva cette évidence : une poupée qui pleure ça n'existe pas ! Mon cœur se met à tambouriner, mes joues prennent feu et mes jambes qui flageolent me portent néanmoins au pied du mur et l’escaladent sans difficulté. Là, de l’autre côté, ma petite voisine, gémissait tristement, le visage enfouit dans sa poupée de chiffon : «pa pe-é … pa pe-é …»

Ce que j’ai éprouvé alors valait bien tous les trop-pleins d’émotions ressentis jusqu’à aujourd’hui, tout en me demandant plus tard si c’était ça, l’amour.

Visiblement, ma petite voisine avait besoin d’un répétiteur dévoué.

«La petite voisine» a grandi, moi aussi et nous nous sommes perdus de vue. Jusqu’à ce jour où de retour dans mon village natal, une dame souriante, s’approche de moi et me dit :

- Tu te souviens de moi ? Ta petite voisine. Je suis heureuse de te rencontrer. Je voulais te remercier pour l’attention et surtout la grande patience que tu as eu pour moi, en m’apprenant à parler correctement »  

Après s’être échangé chacun, deux retentissants bisous sur les joues, elle disparut dans la foule de la fête votive, en laissant derrière elle comme un reflux de vague à l’âme. Nous venions d’échanger notre premier baiser, elle à 53 ans, moi à 56 !  

La Genèse des comportements

     La douce quiétude villageoise est soudain perturbée par une envolée de drôles d'oiseaux qui s'échappent de leur cage en piaillant. Les moineaux, les vrais, s'envolent de leur perchoir vers l'azur crémeux. Ils savent qu'à heures fixes ces prédateurs d'un autre genre viennent occuper la cour un quart d'heure le matin et un quart d'heure l'après-midi pour y pratiquer un culte autant bruyant que mystérieux.

Il faut les voir sortir ventre-à-terre, libérés par leur maître, se déployant comme des guerriers en pleine attaque, occupant en un rien de temps tout le terrain. Mais c'est surtout leurs cris stridents qui sont impressionnants. De même que les moineaux, le voisinage de ce paisible village ne s'y habitue pas et sursaute à chaque sortie.

Comme une mécanique bien huilée, chaque acteur se place dans son rôle en arpentant les lieux, afin de s'échauffer et se mettre en condition de jeu. Cependant, rien n'est acquis d'avance et les quilleurs seront ceux qui se seront emparés les premiers des places. Dans la bousculade, bien des protagonistes tomberont et n'auront comme récompense qu'un genoux couronné. Les heureux élus, construisent en une vitesse éclair leur petit tas de billes et haranguent déjà les tireurs :

" le 20 !!!  le 8 !!! le 14 !!!

La concurrence est rude entre quilleurs et dans ce tohu-bohu général il faut savoir, non seulement donner de la voix, mais surtout vanter sa marchandise. Les tireurs, eux, sont attirés en majorité vers les enjeux d'importances, hypnotisés qu'ils sont par l'appât du gain. Mais ils savent que s'il y a beaucoup de candidats, il n'y aura qu'un seul vainqueur et que même ce gagnant n'est pas sûr de l'être, la fois suivante ! Les quelques autres se sont répartis les rôles dans une ambiance tristounette. Il savent qu'ils sont les "gagne-petit", les "traînes-misère" du théâtre des opérations. Un coin isolé de la cour leur a été cédé. Ici, pas d'effets d'annonces, de coups d'éclats, des "Ah!" d'admiration lorsque l'un des tireurs fait un carreau. En effet, pas de quoi s'esbaudir sur un "4" Tandis que pour un "14", un "20", où un exceptionnel "30", bâtis comme une pyramide, ça a de la gueule, autrement qu'un plus classique convois avec 5 biles pour la locomotive et y ajouter autant de wagons (3billes par wagon).

Il en n'est pas autant du nombre d'audacieux que d'habiles tireurs. Nous ne voyons qu'eux dans leur façon de passer avant tous les autres, usant et abusant de ruses les autres tireurs qui râlent pour la forme, sachant que toute protestation sera vaine et pliant déjà l'échine en signes de soumission. Leurs esbroufes sont autant dirigés vers leurs concurrents que vers le quilleur et, ils n'hésitent pas d'aller au fond de la cour à des distances invraisemblables afin être désigné le premier. Mais tirer à pareille distance, cela tient du miracle pour atteindre sa cible et le tour passe au suivant de toute une grande rangée de tireurs impatients de tenter leur chance. Et il n'est pas sûr du tout que le tour revienne à l'audacieux qui n'aura eu que pour seul privilège de tirer le premier. Plus malin est celui qui se cale à un de ces audacieux qui, se contentant de rester dans la rangée, en position très favorable. Mais si le tour revient à l'audacieux, ce n'est plus du fond de la cour qu'il tire, mais au même niveau que les autres et, même, il sera le premier à avancer d'un grand pas supplémentaire si le nombre de billes déjà tirées dépassent l'enjeu du quillot ("14", "20", "30" ... ) Reste qu'il faut être habile de précision pour viser et atteindre ce minuscule tas de billes multicolores. Il y en a peu qui empochent le respect des autres, mais pas toujours un gain conséquent, en définitive. En effet, généralement ce sont des "flambeurs" et il n'y a rien tant qu'ils les fassent vibrer que la passion du jeu en revivant ce moment magique ou la bille traverse l'air courbé, suivi par des dizaines de paires d'yeux captivés afin d'atterrir en beauté au beau milieu d'une magnifique pyramide. Or, si habile qu'ils soient, ils ne raflent pas la mise à chaque fois. Cela les met en rage, d'autant que dans cette cour, aussi vite on peut être adulés, aussi vite on peut retomber dans l'oubli des "sans-grade". Et pour les habiles tireurs, c'est tout simplement intolérable ! Les voilà qui s'entêtent, deviennent nerveux, agressifs mêmes, perdant leur concentration et leur savoir inné du tir. C'est la mort assurée de leur étoile qui de brillante, deviendra naine et n'intéressera plus grand monde. Plus de passe-droit, de privilèges comme d'être assuré à chaque fois d'avoir du rab à la cantine, bref plus obligation de respect de la meute.

Alors, c'est bien souvent vers encore plus faibles que le "flambeur" se retourne pour se venger de sa déchéance. Sans vergogne, il vient se mêler aux "gagnes-misère" pour les plumer. Le clan des petits comprend très vite que cette visite impromptue n'a rien d'amicale et, déjà, les quilleurs resserrent leurs jambes pour montrer leur désapprobation. Mais rien ne peut empêcher un "flambeur" aux abois, y compris de prendre les billes d'autorité comme un dû, pour pouvoir se refaire en retrouvant sa place parmi l'élite des tireurs.

Le véritable vainqueur, nous l'appellerons "Camembert" par peur des représailles car il a des oreilles partout qui le renseignent sur notre petit monde. Lui, à la sortie des récréations, il ne court pas, il ne cri pas. D'un pas tranquille, il est accompagné par sa cour de miséreux : l'un lui porte son énorme sac de billes, l'autre lui souffle quelques méchantes révélations sur l'un d'entre nous, quelques uns suivent derrière depuis toujours, attendant les rares moments ou "Camembert" jettera à la volée quelques billes à "tire-poil" C'est un jeu cruel qui consiste au généreux lanceur de billes de tirer les cheveux sur les faces de ceux qui ont réussi à attraper une bille, histoire de les mettre à genoux en leur faisant voir qui est le dominant, tout en prouvant son côté magnanime de leurs accorder quelques miettes.

La tactique de "Camembert" est de se rendre indispensable à tout ce petit monde de la bille. Son rôle consiste à se promener parmi les joueurs, accompagné par son gros sac qu'il fait bruisser à l'oreille des joueurs. Très vite c'est la bousculade autour de lui pour venir lui acheter les billes qui viennent à manquer pour continuer à jouer. Peut importe si le prix de la bille est le double que celui du marchand de bonbons, puisqu'il y a urgence à se refaire et qu'on ne peut pas sortir de l'école pour s'en procurer. De plus, "Camembert" en habile marchand qu'il est, sait être accommodant et accepte d'être payé plus tard, avec intérêts bien sûr. Même, il peut vous faire une fleur en prenant votre collection de porte-clés ou autre  images de footballeur.

"Camembert" serait-il collectionneur ? Pas du tout, il est sans vice et pour lui tout s'achète et se revend 2 à 3 fois plus cher. Et, lorsque la saison des billes sera terminée, il aura emmagasiné tant de butin qu'il pourra continuer à faire son négoce le restant de l'année.

 

Dans cette cour de récréation, les comportements enfantins sont la genèse qui préfigure de ce qu'ils deviendront à avenir. Pour preuve, voici les 3 catégories principales à l'âge adulte :

 

"Le Flambeur"   galère dans différents métiers à risques : représentant d'encyclopédie de porte en porte, vendeurs de voitures d'occasions, etc. Il est actuellement démonstrateur de produits ménagers sur les foires et marchés, criblé de dettes contracté lors d'affaires plus que douteuses, abandonné par ce qui aurait dû être la femme de sa vie et en passe de toucher le fond : l'alcool où tenter le tout pour le tout pour se remettre en selle

 

"Le gagne-petit" mène une vie simple de fonctionnaire, mais sans relief, triste comme la pluie en hiver. Il connaît trop la valeur de l'argent pour se lancer dans des achats hasardeux : il n'a jamais contracté aucun crédit.

Il a renoncé à s'acheter une maison, sa voiture d'occasion il l'a payé comptant avec ses maigres économies mis sous après sous sur son livret de caisse d'épargne. Il a divorcé, son ex-femme avait des envies de "luxe" et il paye régulièrement la pension alimentaire de ses 2 enfants qu'il reçoit chez lui pour les vacances.

 

"Camembert" se lance dans des affaires juteuses de prêts d'argent à des personnes modestes, endettées jusqu'au cou, récupérant au passage montres, TV plasma, habits de marque. Quelques temps plus tard,  il a le chic de détecter la frange nombreuses de ces "arrivistes" qui voient plus grand que ce que leur budget leur permet. Par exemple, se construire leur maison et se retrouver à sec avant de l'avoir entièrement payé. "Camembert" arrive alors en sauveur, reprenant la maison et les crédits impayés et octroyant à ses "hasardeux", une petite compensation financière inespérée car sinon, c'était l'huissier et la saisie assurés.

 Actuellement, "Camembert" purge sa peine en prison pour escroqueries. Toujours plus avide du gain, il avait monté tout un réseau d'oreilles sales pour l'avertir avant le marché officiel des bonnes affaires à faire. Le marché c'est vengé en faisant tomber "Camembert"

 « Camembert », bien que très malin, n’a pas maîtrisé parfaitement une ascension sociale qui lui était toute tracée. Pouvait-il venir se joindre aux oligarchies de la finance, aux princes qui détiennent tous les leviers de commande de notre monde ?  Non. C’était perdu d’avance pour lui car ces dirigeants jouent dans une autre catégorie : « les intouchables »  Je rajouterai « les invisibles » puisque j’en ai jamais vu dans la cour de récréation de mon paisible village.

VOCABULAIRE :

Quillot, quilleur, s’esbaudir ne sont pas dans le dictionnaire.

             Les 2 premiers mots font appel à ma mémoire affective, le 3ème est argotique est signifie, d’après moi, « s’émerveiller, être admiratif »

            Me trompais-je ?

Retour sommaire de mon site

Retour Index Général

 Les Apparences sont trompeuses

Mon poisonnier m'appelle "jeune homme", j'ai bientôt soixante balais,

Ma femme dit de moi que je suis "son beau et ténébreux mari", je suis laid comme un pou et si je parais "ténébreux" c'est parce que je fais les courses avec elle alors que j'ai horreur de cela.

Mes collègues de randonnée me donnent de "l'écrivain" par ci, "l'écrivain par là" alors que je ne sais pas aligner une phrase qui aurait du sens, avec deux photes par maux.

Mon copain de galère s'adresse souvent à moi par me demandant : "Toi qui sait tout ..." alors que je m'interresse à rien, les gens me font peur ou pitié.

Mon percepteur m'évalue au-dessus de mes revenus et m'impose beaucoup trop

Ma concierge dit à la cantonnade que je cache bien mon jeux. Elle a raison en partie, lorsque je joue au poker avec quelques mauvaises fréquentations

Etre celui qu'on est pas et ne pas paraître ce qu'on promet d'être

Etre ou l'avoir dans le baba ?

Devenir ce que les autres pensent de vous ou remonter le courant, déjouer les ragots, casser les certitudes, affirmer haut et fort votre véritable nature

Non, décidément, non. Les apparences sont trompeuses ? Quelles le restent !

 

le Juge aux Affaires Familiales

A : M. CORNUT

                                                                         Monsieur,

                                                                         Suite à votre demande de divorce par faute pour cause facultative, dans votre cas l’infidélité, concernant les ART. 242 à 245 du Code civil, en ces termes, je vous cite :

« … cette espèce de traînée (votre femme, je suppose) hypnotisée par les effets de robe de ce lugubre ratepennade, digne héritier du Comte Dracula …» Vous poursuivez plus loin par : « …les peignures infâmes de ce cureton paillard  que je vous transmets pour analyses et preuve de mon infortune .. » Ensuite vous citez les faits :

«… Lors de la frairie patronale, en nocturne et pleine lune, j’ai surpris l’ignoble mirliflore embrasser (mordre) mon épouse d’un fougueux baiser dans le cou …»

                                                                       Je ne peux recevoir votre demande puisque, entre temps votre femme vous accusait d’avoir fait «disparaître» le fauteur de trouble, comme l’atteste le rapport de police qui indique :

«… le curé s’est «volatilisé» devant M. CORNUT alors que celui-ci lui proférait des menaces de mort aciculaires …»

D’autant que 48 heures plus tard je recevais le rapport du médecin légiste concernant votre défunte femme, découverte nue dans un cercueil,  établissant : « … les 2 trous à la base du cou de Mme CORNUT ont été fait avec un objet pointu de type fourchette…»  et plus loin «…la peinture blanche recouvrant tout le corps pour donner l’aspect cadavre vidé de son sang …» pour conclure par  «… le cercueil volé à l’établissement des pompes funèbres parachevant une mise en scène digne des films d’épouvante de série B »

                                                                      Avec le décès de votre épouse, votre demande en divorce est donc caduque.  

                                                                      En conclusion, je ne serai que trop vous conseiller de prendre un excellent avocat et plaider l’irresponsabilité au moments des faits (ART. 112-1 du CodePénal)

                                                                      Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations attristés  

L’immeuble où j’habite

Chez moi, ça commence par un vieux paillasson, mais comme il est vieux on y lit difficilement : « …lasson »

La porte blindée

(«C’est tranquille comme quartier,

C’est pour cela que c’est souvent visité »)

… s’ouvre sur une entrée aérée de plans de bois, taillés à claire voie, sur laquelle «Mistinguette», notre plante verte fait sa culture physique tout en écoutant les conversations des visiteurs, mais rassurez-vous, elle est un peu dure de la feuille.

Le hall débouche sur un long couloir au bout duquel se dresse un superbe escalier à l’ancienne avec son globe blanc lustré posé sur une rambarde de fer forgé.

La porte de gauche donne sur la cuisine où trône l’ensemble «Norvégia» avec placards du haut, placards du bas, four à convection naturelle comprenant :

minuteur indépendant, bandeau verre (nettoyage aisé), éclairage, tournebroche, grill rabattable

réfrigérateur encastré, 2 portes avec :

clayettes réglables, dégivrage automatique, pouvoir de congélation et distributeur de glaçons

hotte à moteur double turbine, 4 vitesses, commande électronique.

Son prix exorbitant à jeté un froid dans nos relations de couple que les flatteries de nos invités arrivent à peine à compenser.

La porte de droite s’ouvre sur :

une salle à manger, avec le salon qui suit sans séparation, en panneaux de particules revêtus en papier décor imitation loupe d’érable verni mélaminé brillant. Ambiance chaude et froide mélangée par du jaune et du bleu partout : les rideaux fantaisies, la tapisserie aux dessins à géométrie variable, la toile cirée de la table ronde en épicéa et les chaises cloutés en faux cuir bleu électrique.

Le canapé 3 sièges transformable en lit, mécanique clic clac, lui, s’oriente résolument vers le meuble étagère du fond où …la télé plasma, tube extra plat plat, pal/secam avec écran reflet, taux de contraste 500, luminosité 450 cd/m2  … prend toute sa place dans le salon coquet, douillet qui invite à la méditation, au repos.

Les deux portes du fond, ce sont les chambres.

Celle de gauche, la notre, avec son lit orienté Nord/Sud, c’est à dire en travers de la pièce, ce qui nous fait perdre une place folle. Sur le mur face à la fenêtre, des étagères qui croulent  sous le poids des livres, revues et  bibelots de tous genres, avec en son milieu, ma chaîne Hi-Fi, dernier cri.

Chacun à sa table de chevet et sa lampe bariolée qui diffuse une lumière arc en ciel, pas commode pour lire mais qui fait son petit effet.

La chambre de droite, c’est celle de notre gamin. 

BANG ! La porte de la chambre claque !

L’appartement est situé de telle manière que le moindre courant d’air provoque des claquements de portes, des grincements de fenêtres ou des tintements du lustre de la salle à manger.

Pourtant, par cette chaleur, nous ne pouvons pas tout fermer : on étouffe ici !

J’ai bien essayer des stratégies du style mettre des cales sous les portes ou entre les battants des fenêtres, mais cela ne marche jamais bien longtemps. Et puis, je suis toujours à la recherche de quelque chose de rigide qui se plie en plusieurs épaisseurs, du genre carton,

(« mais j’arrive rarement à trouver ça en magasin

alors je prends ce qui me tombe sous la main »)

C.D. ou disquettes, cendrier, gomme, embout de parapluie, cartes de visites, sacs en  plastique, capsule de bouteille de bière, …

Cette fois-ci, en fouillant dans la corbeille à papier, j’en retire un papier cartonné sur lequel est écrit une liste de commissions qui fera bien mon affaire. Je commence à le plier consciencieusement lorsque soudain, tel un chien d’arrêt, je m’immobilise ! Il n’y a que les yeux qui bougent pour lire :

«R.V. avec J.P. MOQUIN – 3, rue de l’Entourloupette», suivi d’un plan indiquant la situation exacte de la maison concernée.

BANG ! La porte claque violemment une seconde fois sans que j’intervienne, les bras ballants, planté comme un piquet au milieu du couloir.      

« On croît que c’est fini. Mais non. Ce n’est pas commencé »

On croît que c’est fini. Mais non. Ce n’est pas commencé. C’est comme une ellipse, je dirais.

Tu vois le film. Au début on te montre la fin, mais seulement le début de la fin.

Et, à la fin, on te dit c’est ce qui fallait comprendre tout au long du film.

Reste que, c’est selon ce que tu as imaginé tout au long de ton propre film :

Comment tu t’ais délicieusement glissé dans la peau du personnage,

Comment tu t'ais laissé porter par les péripéties, tout en disant : « bon là , … je vais dire ça ou … je vais prendre telle décision »

Et puis non, finalement ça se passe pas exactement comme je l’avais prévu. Alors, je sors du ciné prendre un autre ticket et il y a plus qu’à recommencer !

Retour sommaire de mon site

Retour Index Général

Libérez la Poésie !

 Assistez à un concours de poésie, je vous le conseille, ne serait-ce que pour constater comment cela peut être affligeant !

 La  présidente du cercle (on n'en sort pas) se démène avec ses  papiers, sa diction et son allocution faite d'interminables auto-congratulations de cette assemblée de vieux habitués :

    "... Et le prix de la poésie néoclassique est attribué, à nouveau  cette année, à cette chère Mme de la Tronche qui va avoir le  grand plaisir de vous lire quelques extrait de son œuvre..."

 Non, par pitié ! Laissez donc M. Mirliton, le poète du  dimanche, s'exprimer. Avec lui, au moins, pas de belles lettres, d'orthographe parfaite, de phrasés académiques, de  hauteur de vue, de pieds comptés au millimètre.

Libérez la Poésie ! Libérez la Poésie ! Libérez la Poésie !

Moralité : La montée du chômage, dans certains quartiers, est inversement proportionnelle à la consommation de la drogue

OBJECTIF MARS

 La colère de MARS

Message confidentiel exclusivement adressé aux auteurs de l’atelier d’écriture «Objectif MARS»

Dimanche 22 février 2004 – 14 H 12 Heure d’Hiver :

«La pluie continue de tombée drue, régulière, de biais, poussée par un vent bizarre venant d’EST-Sud Est. Elle a débuté ce matin. Peu de temps avant, le ciel avait une étrange coloration jaune claire»

 Lundi 23 février 2004 – 10 H 07 HH :

«En sortant dans mon jardin, le sol, les plantes, les arbres et la treille sont teintés en jaune orangé. Je recueille un peu de poudre fine sur le montant de mon portail dans un sachet de plastique pour plus ample observation »

 Même jour – 11H 38  HH :

«Ma femme ramène le journal qui titre : «Un coup du Sirocco». En première observation, la poudre recueillie est beaucoup plus rouge que lors des pluies précédentes qui véhiculaient du sable importé du Sahara (couleur ocre). Je décide alors d’emprunter le «Parfait Chimiste»  à mon neveu pour des analyses plus approfondies»

 Mardi 24 février 2004 – 18 H 22  HH :

«Les résultats des analyses de la poudre s’avèrent conforter mon intuition première : cette poudre ne vient pas du Sahara mais de … MARS ! Je décide néanmoins de recommencer les analyses pour éviter toute erreur»

 Mercredi 25 février 2004 -  19 H 01 HH :

«Les analyses confirment les précédentes : le sable d’une texture très fine vient bien de la planète MARS ! Je décide alors de récupérer à la balayette un maximum de poussière rouge sur les véhicules du quartier, les bords de fenêtres et de clôture. En fin de journée j’ai ramassé un sac de 821 grammes de sable martien »

Jeudi 26 février 2004 – 16H 03  HH :

«Je viens d’envoyer un FAX à la NASA et à l’ESA, leurs indiquant mes découvertes»

 Dimanche 29 février – 16H47 HH :

«Le silence de la NASA et de l’ESA est éloquent et indique qu’ils doivent se perdent en conjonctures devant une telle information : Mars se vengerait-il de trop d’intrusions d’engins spatiaux sur son sol en nous envoyant ce nuage de poussière, en guise d’avertissement ?»

  P.S. : Il me reste 714 g que j’ai réparti en sachet de 10 g. Je suis prêt à m’en séparer à un prix dérisoire. Si vous êtes intéressés par cette offre, utilisez le canal des messages de l’atelier d’écriture «Objectif MARS» sur mes messages  précédents, signé : Tangha

 Lundi 1er mars – 11H27 HH :

«Je viens de recevoir un rendez-vous dans un Centre Médico Psychiatrique. Question couverture, ils sont forts à la NASA et à l’ESA. Je vais enfin pouvoir leurs démontrer, preuves à l’appui, le danger qu’ils font courir à la planète en envoyant des engins sur MARS»  

Dans la boîte de jazz,

telle une apparition féérique au seuil de la porte,

elle s’appuya contre le chambranle

dans un léger déhanché suave 

 

Les têtes se tournèrent et les yeux attirés tels des aimants, se mirent à contempler cette beauté.

Au début, ce n’était qu’une silhouette dessinée par quelques artistes amoureux de lignes et de formes érotiques.

Elle fît un pas, un seul, et la voilà dans la lumière des projecteurs où, chacun de nous, admirions sa grande crinière aussi brune que celle des Merins.

Les cheveux descendaient en cascades sur ses épaules qu’elle maintenait levées de ¾ face à hauteur de son visage mutin.

L’arrondi de ses lèvres charnues de rouge peint captèrent mon regard, dans le secret espoir que je serai le premier à recevoir son baiser-harpon qu’elle lançait en soufflant dans sa main.

Ses yeux coquins d’un noir espagnol allaient à merveille avec sa tenue de soirée : une longue robe près du corps, sombre et brillante à la fois, à cause des paillettes.

L’assemblée des hommes subjugués était tenu en haleine par la sensualité qui se dégage d’elle, à faire damné un saint, alors moi qui suis un mécréant, vous pensez …Femme fatale

 

Le jongleur avec point d’interrogation

le jongleur était-il vraiment un escorc ? Mystère et point d'interrogation

Le jongleur avec point d’interrogation

Longtemps, je me suis demandé comment sortir de ce « cirque » sans jamais trouvé de solution qui me conviennent tout à fait.

De guerre lasse, « je faisais mon trou » en pédalant inlassablement sur la piste jusqu’à y tomber dedans !

Cette expression « faire son trou » me désespèrait au plus haut point. C’est tout le contraire que je souhaitais ! Le comble c’est lorsque Monsieur Loyal me « remontait les bretelles »  à cause de mon immobilisme. Heureusement qu’en contre-partie «je remontais dans l’estime » de  mes collègues de la Troupe du cirque.

Cependant, un doute subsiste : je restais à leurs yeux une énigme, d’où l’énorme point d’interrogation avec des lettres collées dessus qu’ils m'ont gentiment confectionné et installé derrière moi, comme fond de décor.

   

Moi même, je ne comprenais pas le sens de cette installation. A moins qu’ils souhaitaient que je me lance dans un nouveau numéro ? L’impatience de Monsieur Loyal qui ne manquait pas une occasion pour me traiter de « fainéant », de « parasite » et « d’incapable à produire quelque chose de sensé », paraissait le confirmer.

C’est lorsque la lettre « X » (une inconnue) glissa de son support et rebondit sur mon nez comme une balle, que m’arriva cette pensée géniale : « jongler avec les lettres, en faire des mots »

C’est ainsi que je suis rapidement devenu le plus célèbre artiste du cirque, avec mon fameux numéro d’Auguste qui jonglait avec les mots. Et c’est Monsieur Loyal qui jouait les faire-valoir. Quelle revanche pour  moi !

Au sommet de ma gloire, on a dit de moi que j’avais trouvé la plus belle définition de l’humour :

« jonglait avec les mots avec juste un brin de maladresse »

 

                       img2.gif

OBJECTIF MARS

 MISSION CONQUÊTE DE LA PLANETE MARS (Extraits du journal du Capitaine HARRIS)

 1ères approches

« … A la fois si proche de la planète orangée

        que je pourrais la toucher,

        si familière et accueillante

        que je pourrais la prendre dans mes bras,

        si intime par sa façon de me montrer ses blessures, sa boursouflure et son énorme cicatrice

        que je pourrais la consoler d’un tendre mouvement de balancier …»

 méfiance

« …Le ballet que se livrent à notre approche les sentinelles Deimos et Phobos est des plus étrange : entre folle excitation et sarabande inquiète. Ami ou ennemi ? L’envie de nous connaître, êtres à 2 pattes dans notre boîte de conserve, est inversement proportionnel avec la crainte que nous apportions avec nous peste et choléra. Mais rien ne pourra plus, désormais, arrêter notre plongeon vers la planète, dans une course échevelée à 20 000 kilomètres/h … »

 phase de séduction

« … La belle est là, à porté de regard par le hublot, comme pour mieux se faire désirer, avec son désert orange clair et ses innombrables petits cailloux brun-roux posés par je ne sais quel Petit Poucet.

A peine entrevu ses massifs volcaniques irradiés de mille feux par le soleil,

A peine effleuré les voiles brumeux d’un nuage arpentant le ciel rose sucré,

A peine admiré avec respect les pentes vertigineuses conduisant au plus profond des mystères,

Que la nuit jette son tapis obscur sur des formes devenues par trop intimes … »

 Jalousie

 « … La première sortie fût empreint de solennité, mais aussi de fou rire lorsque MIKE eut toutes les peines du monde à planter la Bannière Etoilée dans le sol caillouteux. Je compris que la belle avait ses têtes et que je conservais toutes mes chances … »

Trouble et abandon

« … La tempête s’abattit sur nous, obscurcissant notre environnement à se perdre de vue dans un tourbillon jaunâtre, dont les grains microscopiques s’infiltrèrent dans nos combinaisons et mirent en rideau tout le système électronique du ROVER … Je suis à sa merci »  

 Orgasme

« … Le sol, soudain se déroba sous mes pieds et l’instant d‘après je glissais au ralenti, sur un coussin de laves cordées. Au fond du trou, légèrement commotionné, s’offre à mes yeux ébahis le spectacle prodigieux d’une grotte tapissée de glace mouchetée de points noirs. Je comprends seulement maintenant que la glace était du gaz carbonique gelé qui, au brusque contact des rayons du soleil, s’est réchauffé, ce qui provoqua un incroyable geyser et m’a envoyé valdinguer comme fétu de paille en dehors du trou : sauf ! … »

 Mission réussie : planète conquise et … fécondée !

  Retour sommaire de mon site

 OBJECTIF MARS

 img1.gif                                                                                                                        Photo site de la NASA

MISSION INTEGRATION

21 FEVRIER 2021 – Extrait journal de bord de la co-pilote MARTHA

« Le plus extraordinaire ce fut lorsque la foreuse ramena à la surface orangée de Mars des cocons d’insectes intacts.  

Le plus incroyable ce fut lorque les insectes sortirent de leur cocon et se précipitèrent sur nous »

3 MAI 2025 - Extrait journal de bord  du colonel RAMBERT, commandant de bord de la 2ème mission sur MARS

« Je reste perplexe à la lecture du carnet de bord du Capitaine MARTHA, la co-pilote disparue, ainsi que ces 4 compagnons et … leur vaisseau !

Aucune trace : les vents martiens ont balayés bien proprement le sol. Ce carnet de bord à été trouvé par hasard par un des spationautes qui envoyait un coup de pied de rage dans un de ces cailloux ocres avec des reflets bleus de toutes beauté …

Le retour vers la Terre qui devait s’annoncer morose et interminable, prit la tournure la plus inattendue qu’il soit : nous avons embarqué à notre insu des cocons d’insectes d’une espèce autrement différente que les précédentes : le résultat de la « copulation » d’ êtres humains avec des insectes !

 7 NOVEMBRE 2028 - Extrait journal de bord  du Pizzzouillleur CRIIIICRIIII

« L’invasion, d’abord invisible, puis rampante et enfin foudroyante des êtres hybrides venus de Mars, mit à peine 2 ans pour conquérir l’intégralité de la planète bleue, devenue « la planète Rouge » à cause du dépôt de terre martienne emmenée par fusées-cargos. De cette terre surgit des milliard de cocons qui s’accouplèrent avec autant d’êtres humains et le fruit de leur union donna naissance à d’autres espèces hybrides de plus en plus résistantes et performantes.

Depuis ce temps béni, la planète connaît des temps heureux, de paix, de bonheur : plus de guerre et de meurtres, plus de famine, de pollution.

FRIISS  5 123 611 - Extrait journal de bord  d’ALVEOL BZZZZZ

« Depuis que les ressources de la planète sont complètement épuisées, les habitants, avant de disparaître, mettent tous les cocons en hibernation et les enfouissent dans la terre rouge orangée, dans l’attente de l’arrivée d’une autre espèce en visite sur la planète.

ZXAHYLQ hominien du système LKSPA, 3° planète sur la gauche, prenant connaissance de ces écrits sur un énorme caillou rouge et regardant grimper sur une de mes tentacule, une sorte d’escargot à la coquille lumineuse, rougatre avec des reflet bleus magnifiques …

« Ma mission d’intégration des espèces vivantes entre elles dans la galaxie se poursuit avec succès. Seulement, il y a des fois où il faut donner un coup de pouce à la rencontre des êtres, en s’impliquant personnellement »

Rue des petits riens qu’espères-tu trouver ?

Un rien de nostalgie, à la boutique Rétro, comme au temps béni de mon enfance, à courir après des papillons, sans jamais les attraper – Il paraît que cela leur fait mal aux ailes.

Un rien de gourmandise, chez Samia où ça sent bon le couscous et dont le fumet m’attrape les narines et m’entraîne, comme dans les dessins animés, à l’horizontale jusqu’à cette chaise qui fait la révérence pour mieux m’accueillir.

Un rien d’évasion, au cinéma Tapioca, là où ils passent des films tellement beaux qu’ils vous mettent, en prime, un sous texte de peur que je ne comprenne pas tout.

Un rien de fraîcheur : « Tâtez-moi ça ! Il n’est frais mon poisson, avec son œil tout rond (et moi donc) qui pétille la santé et que si vous n’y prenez pas garde, il s’échappera de votre filet (à provision)

Un rien … m’habille, avec des chemises fleuries à faire pâlir la fleuriste d’à côté. Même qu’elle dit que si ça continue, elle va être obligé de fermer, mais qu’avant elle va porter plainte pour concurrence déloyale.

Tous ces petits riens qui font un grand tout dans mon cœur, dans mon âme, dans ma vie.

Retour sommaire de mon site

Retour Index Général