Ecrits Courts
Plaisirs balnéaires Ainsi pour moi, la joie de vivre se ramassait dans le seau rempli de sable que je tapais du plat de ma pelle. Puis, dans un geste que je voulais professionnel, je tournais d’un bloc le seau sur le sol, à côté des autres tas qui étaient autant de tours de mon château en Espagne. A chaque renversement de seau je jubilais de voir le résultat parfait de mon acte de petit soldat immitant son père. Au bout de la septième tour et autant de rires joyeux à me faire frissonner l’échine de haut en bas, je plongeais soudain à plat ventre. De là, je choisissais plusieurs angles de vue, clignant des yeux pour ressentir profondément en moi cette beauté des lignes qui se croisent à l’infini au-delà de l’horizon de la mer turquoise. Un moment j’ai dans mon viseur un énorme tanker qui va vider ses soutes au complexe de Fos, tout proche. Quelle vision et quelle joie ! Que de beautés ainsi réunies par ces fils invisibles, tissés à partir de mon château en construction ! Soudain une vague, plus téméraire que les autres, vint en éclaireuse me lécher les pieds en signe de soumission afin de m’avertir d’un danger imminent et sournois. Pas de panique ! Ma pelle se mit à souquer ferme le sable qui voltigea à tout allure ! Il me fallaitt endiguer ce danger qui arrivait à pas lent en élevant un immense rempart afin de protéger mes tours. Cinq minutes plus tard, un cavalier passa près de moi sur la plage, sans pourtant toucher à mon édifice. Toujours est-il que mes tours ne purent échapper aux coups de lames répétés. Déçu, je me relevais, frottant mes genoux endoloris. La joie de vivre se ramassait à la pelle, dites-vous ? Finalement, non. Je vais essayer avec les feuilles.
Texte de PROUST : Alors ce salon qui avait réuni Shouan et Odette, devînt un obstacle à leur rendez-vous. Elle ne lui disait plus comme au premier temps de leur amour : Nous nous verrons, en tout cas, demain soir, il vient souper chez les VERDURAIN», mais : «Nous ne pourrons pas nous voir demain soir, il vient souper chez les VERDURAIN»
J'eus un rêve : le mur des siècles m'apparut au moment où je m'apprêtais à remonter le temps. Cependant, malgré les nombreuses tentatives laborieuses à bord de mon engin, je ne parvins pas à passer au travers le mur de mon salon, une bosse sur le front comme décoration. Le traumatisme crânien qui s'ensuivit embrouilla singulièrement mon esprit, au point de relire mes plans à l'envers. Ceci eut pour effet néfaste de me projeter dans le futur avec toute les difficultés du monde pour m'en extraire et revenir au temps présent. Le seul point positif de cette expédition c'est d'avoir pu ramener une pancarte sur lequel était écrit "NO FUTURE" avec une tomate dessinée à l'aide de trois lettres entrelacées : O G N RETROVISEUR FLOU Le brouillard a jeté son dévolu sur la ville, rue par rue, envahissant sournoisement les boulevards et les places, jusqu’à ce que tout soit recouvert. La ville rend ses armes, un peu trop vite à mon goût, pensant qu’il est inutile de résister à pareil ennemi dont on a aucune prise sur lui. A quoi bon s’obstiner à garder le regard clair quand tout paraît plus facile dans cette étrange torpeur qui masque les imperfections : Façades tristes à pleurer, balcons suicidaires, porches au dos voûtés prêts à s’écrouler, rues aux multiples cicatrices béantes, exhalant des odeurs nauséabondes d’égouts bouchés. Un peu de pudeur ne ferait pas de mal à cette ville vénale, qui se laisse honteusement embobiner par des attachements louches de nappes qui l’enlacent de sa froidure. Viviane en était là de ses pensées vagues, lorsqu’un choc vient soudain secouer la voiture par l’arrière. Son regard surpris et inquiet croisa un autre regard dans son rétroviseur, Indéfinissable, difficile à évaluer dans cette purée de poix. Un regard en tout cas, ça elle en était certaine ! Quelque chose de perçant, de menaçant, elle en avait l’intuition. L’instinct de survie lui fît vérifier que toutes les portes étaient bien fermées de l’intérieur. La voiture, dans la surprise du choc, avait calé. Relevant à nouveau son regard aperé dans le rétroviseur, elle fût à moitié étonnée de ne plus rien distinguer à l’arrière. Le brouillard avait tout enveloppé de son manteau de brume fumante. Pourtant, Viviane devinait qu’il existait bien une présence, une ombre, peut être un fantôme, qui rodait autour de sa voiture. Alors, pris d’une soudaine panique, Viviane actionna le démarreur en enfonçant rageusement son pied sur l’accélérateur. Rien ne se produisit, sinon que le démarreur se vida très vite avant de se taire comme l'étouffement d'un sanglot. Aussitôt, deux autres chocs se produisirent dans le silence glacial, tout près d’elle, contre la vitre. N’osant tourner la tête, figée par la peur, elle entendit une voix qui lui bourdonnait dans les oreilles : «S.V.P., Madame, ouvrez-moi. Vous avez un problème ? Je suis le brigadier LARQUANT …» Alors Viviane comprit que cette fois-ci elle ne pourrait plus éviter la confrontation avec son passé, le rétroviseur en était l’instrument et le brigadier LARQUANT surgissant de son enfance, devenait l’acteur agissant.
La Recette de Martine Martine sait faire la bonne cuisine. C’est comme un slogan de publicité alimentaire, sauf que là, cela repose sur une réputation véritable qui commence à se savoir dans son entourage. Curieusement cette popularité a débuté avec sa fameuse recette du magret de canard aux pruneaux. Une préparation toute simple avec un résultat à l’arrivée succulent. Enfin selon ses dires, car personne jusqu’à présent n’a goûté à son met. Aussi, peu à peu et en maintes occasions, bien des personnes en profitent pour lui demander la recette. Martine, fière d’être sollicitée, se fait alors un plaisir de raconter par le détail la recette à qui lui demande. Ici pas de secret de tour de main, ni d’inspiration particulière : la préparation est enfantine, sans aucune cachotterie. Pourtant, Martine assure que c’est un véritable régal pour les palais, des plus gourmands au plus gourmets. Michèle est la première à disparaître sans que l’on sache pourquoi. C’est une passionnée de la marche, en pleine santé, un vrais boute-en-train du groupe, curieuse de tout. Ainsi, parlant cuisine avec Martine et alléchée par le magret de canard aux pruneaux, elle lui demande tout naturellement la recette. Depuis, plus aucune nouvelle d’elle. Avait-elle enfin trouver l’Homme de ses rêves qui l’aurait enlevé sur son beau destrier blanc ? Mystère. Personne n’est au courant. Quant à Martine elle continue à donner sa recette à qui lui demande. C’est le cas de Nadia, sa complice de salle de musculation. La semaine d’après, Nadine ne revient pas à la salle, ni les autres semaines : Disparue corps et bien ! Et cela va ainsi en s’empirant, si bien que le vide commence à se faire sentir autour de la pauvre Martine qui n’a pas fait le rapprochement des disparitions avec sa malheureuse recette. Lorsque le cercle de sa famille est touché, Martine commence à se poser de sérieuses questions qui restent pourtant sans réponse, tellement la cause peut nous paraître absurde ; alors la raison, vous pensez … Et c’est dimanche dernier, alors que son mari se lève de table pour aller aux commodités, et après l’avoir entendu tirer la chasse, que Martine due se rendre à l’évidence : son mari s’est bel et bien volatilisé, malgré des recherches approfondies dans le fin fond de la cuvette des W.C. Soudain une lumière s’allume en elle en voyant les restes de magret de canard aux pruneaux sur la table. Mais son constat ne s’arrête pas là puisque elle regarde un de ses bras s’effacer, puis l’autre, puis son tronc, ses jambes … Quant elle eût disparu tout à fait, le décor avec, seul reste présent un vieil homme avec une longue barbe blanche, lui souriant, tout en lui disant : « Bravo, chère Martine, pour votre recette de magret de canard aux pruneaux : J'aurai voulu me débarrasser de ce monde raté, que je ne m'y serai pas mieux pris » Moi qui vous raconte cette histoire, vous me feriez peine de m’en demander la morale ! Que cela ne vous empêche pas de faire honneur à la bonne chère Son principe est d'y écrire et d'effacer au fur et à mesure mes écrits au gré de l'inspiration, du désir, de l'air du temps et que sais-je, encore Je sème à tous chemins
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Nous étions des poussières Le ciel bas couvre nos misères d’un voile pudique. Le Rhône charrie une eau boueuse témoin des dernières pluies. Nous sommes tous là, nous les hommes rassemblés, par ce triste dimanche, dont une bonne moitié tentent le diable, avec nos gaules, dans l’espoir d’une carpe, d’une tanche, voire même d’une vulgaire épinoche. L’autre moitié des hommes, les mains serrées sur les genoux de pantalons rapiécés, attendent patiemment la première touche, afin de s’esbaudir, de railler ou d’applaudir à l’exploit. |
A force de rester plié en deux, les yeux obnubilés sur le bouchon capricieux tressautant à la moindre vaguelette, je sens une barre douloureuse au niveau de mon ventre. Je me redresse alors et du fond de mes entrailles se libére un cri longuement contenu, celui de la faim. Ma nouvelle position me donne le vertige. Des papillons couleurs ar-en-ciel s’agitent devant mes pupilles. J’attends que le malaise se calme quelque peu, tout en regardant longuement autour de moi : le ciel bas, le Rhône boueux, mes compagnons de trime, soit pêcheurs, soit spectateurs et je ne peus retenir une larme qui tombe entre mes souliers cloutés. Une évidence se fait jour : nous sommes des moins que rien, des vas nu-pieds, des poussières. C’est à ce moment que des cris d’excitation me sortent de ma torpeur et mon attention se porte sur le bout de ma ligne : le bouchon vient de dispaître entre deux eaux. J’ai une touche ! |
Belles lettres
La bonne humeur des fêtes de fin d'année valait son pesant de lettres.
Il s’agissait de ce cérémonial d’écriture des cartes de vœux. Tout d’abord, c’étaient le choix des cartes enluminées de ce brillant d’argent ou doré, soulignant qui, la courbe d’un sapin, d’un traîneau ou de la cheminée et le toit d’une chaumière. Puis, ma mère commençait à écrire les adresses sur les enveloppes fantaisies. Et c’était notre moment de magie : Voir les lettres apparaître sous formes de pleins et de déliés finement affûtées. C’était notre façon pour mes frères, ma sœur et moi d’entrer dans l’histoire magique de Noël :
«Il était une fois des lettres, beaucoup de lettres qui, du ciel, passaient par la cheminée, atterrissaient dans le réservoir du porte plume, se laissaient glisser dans la plume sergent major, afin de lâcher sur le grain doux de la carte, les plus vertigineuses pirouettes artistiques à faire pâlir d’envie la meilleure championne de nos patineuses ! »
Ma maison natale
Je m’éveillais à ma maison natale sortant des limbes de ma mémoire embrumée. Je pris une longue inspiration en m’arc-boutant en arrière de la chaise longue comme pour mieux faire entrer tous les ingrédients nécessaires puis, j’expirais lentement, très lentement, jusqu’à atteindre un état de relaxation maximum : j’étais fin prêt pour franchir une nouvelle fois l’écran du passé.
L’environnement du jardin fleurissant et le pépiement des d’oiseaux dans les futaies, prolongeaient à merveille le cadre rupestre de la ferme au souvenir.
Juché sur une colline boisée de longs pins sylvestres, la maison était de pierres sèches apparentes, avec ses lézardes et ses cicatrices mises à vif, comme pour démontrer qu’elle était de celles qui ont vécu, bien vécu …
Le tas de fumier trônait en haut de la côte dite «montée des mulets», servant de poste d’accueil, histoire de faire sentir les odeurs de la vrai campagne.
Dessin dans "Je me SOUVIENS" - Image Eclats 40- "les parents"
La cour, où plutôt la basse-cour s’animait soudain à la vue de chaque visiteur : les pintades étaient les plus bruyantes et s’ingéniaient à poser la même question : «pour quoi ? pour quoi ? … » à je ne sais quelle situation.
Les poules tournaient sur elles mêmes en pomponnant ; quand aux canards, ils battaient des ailes et plongeaient dans la mare, à la verticale, la moitié de leur corps dans un équilibre précaire. L'eau de source sortait d’un long tuyau cimenté à même le flan du rocher et s’écoulait en même temps que les souvenirs.
Une autoroute sombre et déserte
Sur une autoroute sombre et déserte un vent frais passe dans mes cheveux.
"Remonte la vitre, s’il te plait, je me gèle ! "
Patricia obtempère en maugréant des syllabes inintelligibles que je me garde bien de lui demander de me traduire. Il n ’y a pas que le vent qui est frais, l’atmosphère dans le fourgon, entre nous deux, l’est aussi. Et il y a de quoi !
Nous nous sommes trompés lorsque nous sommes entrés sur l’autoroute, enfin l’un de nous s’est trompé, sans que nous soyons d’accord sur lequel s’est trompé … Le temps que nous réalisions notre bévue, il était trop tard pour faire marche arrière. Il nous fallait donc continuer jusqu’à la prochaine sortie afin de reprendre la bonne direction.
Seulement, voilà ! Cela fait,maintenant, bientôt100 kilomètres que nous roulons et toujours pas de sortie à l’horizon !
Ce n’est pas rigolo de tourner le dos à nos vacances qui ne font que commencer – mal ! - De plus, si cela continue sans trouver de station service, je vais bientôt me trouver en panne sèche … Patricia me l’avait bien dit qu’il n’y aurait plus de station avant l’autoroute. J’ai horreur de l’admettre, lorsqu’elle a raison !
"Bagdad-Café" de Percy ADLON (1987)
Pour ne rien arranger, avec le jour qui tombe, c’estla pluie qui fait de même … La tension entre nous est à son point extrême et la colère comme l’orage éclatent ! ! !
Les éclairs illuminent la route tels des coups de projecteurs, et c’est l’un d’eux qui nous dévoile une vieille maison avec un aire d’autoroute minuscule rempli de voitures garées devant.
«BAGDAD-CAFE», nous renseigne la misérable enseigne lumineuse. En entrant dans l’ambiance surchauffée du café faite de rires, de musique et de chants, Patricia me dit :
«Quel endroit délicieux !»
"TOUS POURRIS !"
Au plus nous approchons des élections
Au plus nous entendons cette expression
"Tous pour un, tous pour hi !"
Cela serait ça : "le hic"
Ceux qui pourraient s'exprimer ainsi (avec beaucoup moins d'humour, hélas !) il faut les chercher dans la catégorie des "Bôf" que CABU a su nous débusquer avec truculence.
Personnellement j'en fréquente quelques uns qui n'arrêtent pas de s'époumoner sur ce même registre :
"Les politiques, de droite comme de gauche, c'est tous des pourris. Il s'en mettent plein les poches sur le dos du contribuable. C'est copain comme cochon. Ce sont les rois de la combine : ils se font sauter les contreventions, ils ne payent pas le restaurant ni les spectacles. Ils font des passe-droits à qui ils veulent en abusant de leur notoriété, de leurs titres et cela leur rapportent beaucoup de dividendes. etc."
Ce a quoi je leur réponds :
"Cela peut arriver, en effet, mais pas plus que la moyenne de tous ceux qui possèdent un brin de pouvoir et d'influence. Cela ne les excuse pas, mais les politiques sont particulièrement bien placés pour être "tentés" à mettre "la main dans la caisse". C'est d'autant plus méritoire pour la grande majorité des autres qui restent "bêtement" intègres, honnête et au service des autres ..."
"Ouais. me disent-ils, pas convaincus, n'empêche qu'ils nous embobinent avec leurs belles paroles : ils nous mentent ! Ils nous font croire que l'on va désormais "raser gratis" !"
"En l'occurrence, c'est vous qui me raser avec vos propos rétrogrades !", je leur réplique, un brin excédé par tant de mauvaise fois !
Il y a des fois que je me vois dans la bizarre position de défendre l'indéfendable. C'est juste une question d'angle de vue :
lorsqu'on dit "tous pourris"
méfions-nous de ne pas en faire partie !
Ma Soif du Monde
Je me souviens que j’adorais apprendre les capitales du monde entier, ainsi que les chefs-lieux, sous préfectures et villes principales de tous les départements français, y compris l’Outre-Mer et réussir haut la main le concours de facteur que je ne suis jamais devenu. Il faut dire que la moindre carte géographique me faisait rêver et les noms d'Ouagadougou ou d' Oulan-Bator évoquaient des terres lointaines chargées d'histoires et de légendes qui abreuvaient ma soif d'explorer le monde sans en avoir les moyens. Ce désir de découverte ne m'a jamais vraiment quitté puisque j'espérais que le service militaire allait ouvrir pour moi les portes de l'Outre-Mer. J'ai bien attérri à l'un des lieux "d'embarquement" : Perpignan, mais je suis resté à quai, peut être parce qu'il n'avait pas besoin de personnes à ce moment-là ; plus certainement parce que je n'avais pas de bagages utiles (maître d'école, infirmier, mécanicien ou autres) Cependant, je ne me décourageais pas et poursuivis l'idée de voir du pays. C'est l'occasion d'un voyage en Roumanie qui m'a décidé d'acheter mon premier (vieux) camping-car. Depuis j'ai sillonné les routes en éprouvant avec délice ce désir de liberté et d'attirance vers des lieux à découvrir, à commencer par la France dont je peux dire maintenant que j'ai arpenté toutes les régions, vu la plupart des villes, les curiosités et coins naturels (Ô que la campagne est belle !) Il est arrivé aussi que je fasse de belles rencontres, certes rares mais dont je garde encore présentes aujourd'hui les traces d'amitiés et d'amour sur ma peau et dans ma mémoire de façon indélébile.
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Cadeau naturel
Je pestais contre la malchance qui s'acharnait sur moi : j'étais en retard à la réunion des vieux sages, créateurs d'une revue confidentielle mais O combien passionnante.
Je me suis trompé de route et je savais vaguement où se trouvait le point de ralliement. Heureusement, la cible qui me guidait, elle, était très rassurante puisqu'elle se voit de loin tel un phare. On la nomme "Géant de Provence : c'est le Ventoux"
Alors la nature, sans doute pour me distraire, se vêtit de ses plus beaux atours, comme jamais je ne l'avais vu si belle. Et pourtant, je peux dire que je suis un de ses plus fidèles admirateurs, souvent le nez au vent, à guetter la moindre ondulation de sa chevelure, ou les effets de sa jupe produits par une agitation soudaine de clarté.
Mais là, c'était encore plus beau, encore plus grandiose, encore plus féerique !!!
D'abord, ce fut l'embrasement progressif annonciateur du levant, de nuages chargés de pluie. Puis, sur la pointe de l'horizon, la lumière jaune étincelante semblait peiner à se frayer un chemin, écartant un à un les importuns, jusqu'à laisser entre apercevoir son intimité et ses secrets les mieux gardés : un fleuve de lave incandescent épousant le contour des collines. C'était sans doute à l'identique du premier matin du monde, celui où le Maître des Forges s'apprêtait à le façonner, le retirant de son bain bouillant, puis le posant sur son enclume afin de le marteler !
Déjà pareil spectacle me transportait de joie et j'étais bien heureux d'être le seul témoin dans mon fourgon à écraser une larme malgré moi. Mais, la nature semblait ne pas vouloir me lacher, puisque dans le rétroviseur j'aperçus un bout d'arc en ciel s'élevant vers le ciel et que, quelques instants après, j'en vis un deuxième devant moi au-delà des bords du Rhône. Je compris alors que c'était les deux bras du même gigantesque arc en ciel qui me faisait une voûte de bienvenue en son royaume !
Las, le ciel s'assombrit de nuages de plus en plus menaçants, couvrants tout à fait la lumière du levant.
Les premières gouttes de pluie sur mon pare-brise étaient comme une bénédiction, apaisant peu à peu le trop plein d'émotion pour le frêle humain que je suis.
Devant moi, le Ventoux prenait un malin plaisir à s'écarter vers ma gauche comme s'il voulait retarder le plaisir des retrouvailles. Le ciel avait des airs de tempête, s'annonçant par un léger vent de travers. Je compris que dame nature n'avait pas dit son dernier mot quant au cadeau qu'elle me faisait. Cela j'en étais persuadé et c'est pourquoi, malgré le paysage noirci de fin du monde, je n'étais pas inquiet. Au contraire, j'en étais ravi !
Et là, à cet instant, je m'attendais à tout sauf à cela ! Un vol d'étourneaux apparut soudain dans le ciel semblant sortir des nuages. De quelques centaines estimées j'en voyaient maintenant des milliers obscurcissant l'horizon sous un ciel de tempête. Et je n'aurais pas été étonné outre mesure d'entendre de violents accents Wagnérien ponctuant cet instant grandiose ! A défaut, ce sont les battements de mon cœur qui marquaient la mesure, s'emballant d'angoisse au brusque mouvement de la volée, plongeant vers mon fourgon ! Saisi par le spectacle dans lequel je passais de spectateur à acteur, je ralenti progressivement mon véhicule jusqu'à l'immobiliser au milieu de la route déserte. Je pouvais maintenant observer en détail l'origine du départ de ce vol : le sommet du Ventoux ! Le contact avec les premiers rangs des étourneaux étaient proches : en plein dans l'axe de mon fourgon : pas de doute j'étais leur cible ! A l'arrivée des premiers oiseaux, je baissais la tête d'instinct comme quand je passe sous une hauteur limite . Le bruit ne fut pas celui que je m'attendais à entendre ! Pas d'impact sur la carroserie, pas d'éclat de pare-brise, pas d'oiseaux affolés s'agitant en tous sens dans l'habitacle du véhicule, me griffant au passage le visage et les mains. Rien de Hichcockien dans tout cela !
A la place, tout son contraire : le silence feutré du battements de milliers d'ailes frolant le toit et s'éloignant vers le sud, sous mon regard rassénéré.
Le reste du trajet jusqu'au lieu de rendez-vous fut sans histoire. Mon hôte ravi de me voir arrivé me dit que j'étais le premier arrivé et m'annonça dans la foulée qu'il était en train de neiger au sommet du Ventoux et que nous risquions d'avoir quelques difficultés à y aller.
Bah ! Je ne suis pas à une aventure près, surtout après avoir commencé si bien commencé cette journée
Sur les remparts
Le vent d’ouest se lève avec le jour, annonçant une probable journée de canicule. Aristide fait les cent pas d’une tour à l’autre sans prêter attention outre mesure à la couleur du levant rouge sang. Il a une seule idée en tête, le moment où l’un de ses compagnons viendra le relever enfin. Ceci d’autant plus qu’il se sent envahi par une insidieuse torpeur qui le fait avancer comme un somnambule, fléchissant les genoux à chacun de ces pas. De loin et de dos, avec son MAS36 en bandoulière, il ressemble à un gros hanneton malhabile. Le premier rayon du soleil vient en oblique fouetter son visage. Il s’arrête tout net et s’ accoude entre deux mâchicoulis, remerciant la lumière jaune de lui faire cligner ses yeux qui s’ ensommeillaient. L’espace d’un battement de cil, il aperçoit une frêle silhouette qui avance d’une foulée leste, frayant le sable allègrement. Le voilà réveillé tout à fait, sur le qui-vive, ajustant de son arme cette forme qui reste dans l’ombre, lui empêchant de distinguer à qui il a à faire : amie ou ennemie ? Il fait alors jouer la culasse d’un bruit sec, métallique en visant cet être surgit de nulle part dans ce désert sans fin.
« Qui va là ? Nommez-vous ! Mot de passe ! »
- Madame promène son cul sur les remparts de Varsovie !
- Ah ! C’est toi Jacques. Tu m’as foutu une de ces pétoches !
- Allons Jeff, t’es pas tout seul ! Arrête de te répandre !
- Ouais, je vois.T’as fait le mur et t’es allé chez la Madame Andrée, paraît qu’il y en a de nouvelles, hein ?
- Hoc ! Pour toute réponse, Jacques se met à rôter
Bascule dans l'imaginaire
Je me souviens avoir eu la frousse à chaque fois que je passais de nuit, par temps de vent, devant un cyprès qui gémissait comme un humain
C'est le genre de souvenirs qui m'attire comme si j'étais au bord d'un puits dont je ne vois pas le fond, tenaillé entre la peur (du vide, de l'inconnu, ...) et l'envie d'y aller voir de plus prêt ... Ainsi, les portes qui conduisent au pays de l'imaginaire sont multiples pour chacun de nous. "Il suffit pour ça d'un peu d'imagination" chantait Charles TRENET. Certains éprouvent peu ce besoin, d'autres ont tendance à s'y réfugier, la plupart éprouvent une sorte de délectation à laisser aller leur pensée, souvent à partir des propres événements de sa vie au quotidien. Faire vagabonder son imagination est souvent synonyme d'évasion, une manière comme une autre de sortir de ses soucis du moment.
Je fais partie de ceux qui aime bien échafauder différentes hypothèses à partir d'un thème donné, comme par exemple : la planète en danger à cause de nous, les humains. Je cherche l'inspiration en cherchant des idées les plus farfelues, tout en restant dans le cadre strict du scénario que je m'impose. D'ailleurs, ce thème fera l'objet du prolongement de l'histoire centrale de ce site : "Je me souviens", ce qui devrait singulièrement éclairé les tenants et aboutissants (si, si,) du sens et la direction donnée à celle-ci.
Quant à se demander d'où me vient ce besoin d'imaginer des histoires ...
Je me souviens du fin fond de mon enfance que je "m'ennuyais" souvent, avec cette difficulté à occuper le temps, seul, dans un coin de campagne paumé.
Mes parents, eux, très occupés à travailler pour gagner difficilement leur croûte, étaient assez exaspérés de m'entendre dire à longueur de journées : "Je ne sais pas quoi faire" et me répondaient invariablement "Tu n'as qu'à t'amuser, toi. Tu sais pas la chance que tu as !" Certainement qu'à force de m'entendre dire cela, je me suis fait une raison et pris sur moi d'entrer de plus en plus dans des jeux solitaires où je m'inventais une ville, un stade et des joueurs de foot, Tarzan qui se suspend à un arbre, Zorro qui met la pâtée à tout un tas de soldats mexicanos, etc.
Il est dit couramment qu'entrer dans l'imaginaire c'est rêvé sa vie, s'évader de son quotidien. Chez les enfants c'est source d'apprentissage, de construction de sa personnalité. En grandissant, c'est faire acte de création, certes dans le domaine artistique, mais pas seulement. Chacun de nous à en lui cette faculté d'abstraction en imaginant en son absence non seulement une personne, une chose, un objet, mais aussi d'imaginer cette personne, cette chose, cet objet différemment de sa forme, sa fonction ...
De même, l'environnement dans lequel nous vivons peut nous influencer au point de provoquer en nous des sensations, des émotions, tel ce fameux cyprès qui coïnait par temps de mistral. J'avais 11-12 ans, et il m'arrivait d'aller voir la TV au café du village --> encore peu de familles avait un poste chez eux et les soirées mémorables de "la Piste aux Etoiles de Gilles MARGARETIS et "36 Chandelles" avec Jean NOHAIN attiraient la grande foule au café du commerce.
C'est au retour de ces émissions, non accompagné par mes parents, que je me trouvais confronté à cette ombre gigantesque qui semblait grogner en me voyant arrivé. Pas très rassuré, je m'arrêtais un instant afin d'essayer de résonner ma peur. Mais j'avais beau me persuader que ce n'était qu'un cyprès et rien de plus et que ses gémissements étaient provoqués par son frottement avec le mur de clôture et les branches de l'arbre voisin sous l'influence du vent, pourtant je perdais pied devant l'atmosphère inquiétante de la nuit, du froid qui me faisait frissonner et semblait me pousser vers ce danger omniprésent.
Parfum d'enfance vaseux
Je me souviens que mon père attrapait des anguilles à la main dans les siphons de canaux d'arrosages. C'était, en effet, un des rares privilèges (sinon le seul) que mon père avait, dans son dur métier de cureur des fossés. Quant nous avions à présenter le métier de nos parents, je disais "cantonnier à son compte", ce qui étonnait le maître d'école ou le professeur et faisait rire de bon cœur toute la classe. N'empêche ! Je pensais qu'en disant cela, cela faisait moins miséreux
Ce qui m'impressionnait le plus, c'est l'extrême résistance de ces animaux qui, écorchés-vifs, coupés en morceaux, enfarinés et jetés dans l'huile bouillante, arrivaient encore à faire des bonds dans la poêle ! Quand au goût, je me souviens surtout que c'est l'odeur de vase qui dominait, mais nous n'avions gare de nous en plaindre, surtout que cela ajoutait un plus non négligeable aux menus de gens modestes comme nous : On disait "pauvres" dans les années de sortie de guerre ...
Poitrine platonique
Je me souviens d’une correspondance platonique avec une sympathique ardéchoise. Quand je dis "platonique", je ne parle pas de sa poitrine qu'elle avait, ma foi, de fort jolie taille. J'évoque ici le côté recherche "d'amitié" entre une fille et un garçon. D'ailleurs, pour me faciliter la tâche, mon ardéchoise était un véritable "garçon manqué". Toujours en pantalon et en pull trop grand pour elle, jamais maquillée, des cheveux coupés très courts et des sujets de conversations qui n'avaient rien de romantique, elle avait toute la panoplie du "bon copain" a qui ont peu se confier sans crainte !
Pourtant quand j'y repense (à sa poitrine), paradoxalement, c'est elle qui m'aidait à ne pas sombrer dans des idées libidineuses, portées par un haut taux de testostérone juvénile ... En effet, j'ai toujours vécu les seins comme un havre de paix sur lesquels je pouvais poser ma tête, sans penser "à mal".
Mes débuts sur les planches
Je me souviens de mes tous premiers débuts sur une scène, lors des fêtes de fin d’année des écoles, le jour du 14 juillet, en plein air, sur une estrade dressée devant la quasi totalité des habitants de mon village.
Oh, je n'étais pas très doué et souvent mis de côté pour y participer, car l'objectif principal était de savoir "marcher au pas", pardon, "en musique !" C'est ainsi, qu'un mois à l'avance, dans la cour de l'école, nos instituteurs s'ingéniaient à nous faire répéter les mêmes pas d'une chorégraphie qui n'en avait que le nom, sur des airs de musiques, ma foi, forts beaux, classiques pour la plupart et même d'Opéra (notre directeur était un amateur d'airs lyriques qu'il écoutait sans arrêt chez lui, sur son vieux poste de radio) De ces "expériences" je n'ai retenu que ma peur de ne pas suivre correctement le rythme et j'étais bien trop préoccupé à regarder mes pieds que de faire un petit signe de fierté à mes parents d'être sur l'estrade. Celle-ci était tout en bois et avait un large escalier sur le devant qui signifié la marche triomphale vers son sommet afin d’aller y recueillir son prix qu'il soit d'excellence où autres.
Pour ma part, il m’a fallu patienter l'année de ma « brillante » réussite au certificat d'études. Là, enfin, mon nom fut cité et applaudi, pendant que je montais les marches branlantes, à moins que ce ne soit mes jambes qui tremblaient de trac. Au sommet, je reçus les traditionnelles félicitations de Monsieur le Maire et du Directeur de l'école et Maître de ma classe.
Quant à ces petites scènes qui clôturaient la fête, il a fallu la même patience avant que j'éprouve une sorte de pincement au cœur qui vous réchauffe tout entier. Jusqu'à mes joues qui s'enflammèrent du plaisir de me sentir bien dans le tout petit rôle d'une scène sur le thème de "la partie de boules" Je me rappelle très bien que j'étais "déguisé" en vieux et que ma mission était de perturber la partie en poussant du pied une boule. Un des joueurs s'en apercevait et me tirait sur la cravate pour m'intimer l'ordre de ne plus recommencer. J'aurai, d'ailleurs, bien été en peine de le faire car le joueur me serra si bien la cravate que je fus au bord de l'évanouissement ! J'avais eu à faire à un acteur qui prenait beaucoup trop son rôle au sérieux . Cependant, malgré cet incident fâcheux, je garde un trop bon souvenir de ce sketch que je qualifierais volontiers de première vraie expérience, déclenchant en moi toutes sortes de sensations que j’avais de cesse, après cela, de ressentir à nouveau, encore et encore ...
Désordre
Ce 14 juillet, toute la troupe était alignée, attendant l’heure du défilé. Sur les trottoirs se pressaient comme des sardines, une foule compacte et joyeuse agitant au vent les trois couleurs nationales.
Notre compagnie était baptisait «des bleus» parce que nous n’avions pas encore fini nos classes. Nous avions l’insigne honneur d’effectuer le parcours dans de pétaradants et brinquebalants G.M.C., vu que nous ne savions pas encore marcher correctement au pas.
Lorsque que le signal du départ du défilé fut donné, les gradés se sont aperçus que certains d'entre nous avaient oubliés leur béret : pour un défilé ça faisait désordre !
Il était une fois l'histoire d'un champ de betteraves qui fit le tour du monde ...
C'était dans une lointaine contrée par delà les mers où vivaient des êtres mystérieux, tout auréolés de lumière électronique. On disait d'eux qu'ils avaient des doigts mécaniques, les agitant inlassablement sur leur clavier. Malheureusement, ces êtres magnifiques étaient sous la coupe du Grand Méchant "GOUGUEUL" qui les brimait dans leur élan créatif, leur imposant un système de classification de toutes les images qu'ils capturaient sur sa toile magique. Une classification complètement aberrante !
Ce "GRANDattrapeTOUT", comme il aimait lui-même se nommer modestement, sous couvert de faire visionner son énorme collection à tous, "vampirisait" le Monde de toute sa Substance Moelle à son profit. Il faut préciser que c'était un être frustre, et qu'à force d'amasser des richesses, il prit peur que l'on vînt les lui voler. Aussi, il avait pour habitude de vivre dans sa coquille, tenaillé par des peurs virtuelles. Quant a son système de classification, il employa le plus primaire parce que le plus sûr (d'après lui). C'est ainsi que, de par le monde, les chercheurs de mots qui inscrivaient sur leur instrument les lettres : "champ" "bet" et "champ de bet" finissaient par atterrir sur l'image "champ de betteraves". Ils furent certainement bien étonnés d'entrer, non pas sur des produits agricoles, mais dans un monde parallèle, autant fantasque que curieux, intitulé "Je me souviens". Beaucoup n'y sont jamais revenus, de peur, sans doute, que la Mémoire, confisquée par le "GrandattrapeTout", leur revienne et qu'ils ne puissent pas le supporter, tellement le Monde s'était transformé sans eux depuis. D'autres, les plus braves, se sont attardés sur mon site, découvrant avec délice qu'il existe d'autres systèmes de pensées, leur permettant d'élargir leur "champ de ... VUE !" Depuis, ces êtres se mirent à penser et créer par eux-mêmes. Seulement, la plupart ne se sont pas méfiés et le "STARsystèmeHOLLYWOODIEN" qui leur avait acheté leurs aventures avec force dollars, leur demanda des comptes exorbitants. Les quelques autres irréductibles qui ont su résister à plein d'écueils, du genre éviter l'accoutumance à "la Colabibine" ou refuser de se faire broyer par les puissantes machoires de la "MACmal-bouffe ", se sont réfugiés à la campagne. Ils cultivent principalement de la betterave qui est devenu leur signe de ralliement et leur emblème. Hélas, il semble qu'ils ne soient pas sortis indemnes de tant d'épreuves et qu'ils souffrent curieusement de la même maladie que leurs persécuteurs : la paranoïa. Il en ait même qui ont des hallucinations : certaines nuits, au milieu de leur champ de betteraves, ils disent voir une lumière verte venu du ciel. A leur avis, c'est la guerre des étoiles qui vient de commencer et cela indique leur éradication totale prochaine ... Tout cela n'est pas très NET, vous en conviendrez.
Vibration
Devant moi, entre les dossiers des sièges en quinconce, je vois apparaître une fine main qui semble tirer un long fil invisible. Aux bouts de ses doigts agiles, sous mes yeux attentifs, une longue mèche de cheveux auburn s'enroule et se déroule à l’infini tel un ruban pour emballage cadeau.
Ces doigts de fée, arrivant au bout de la mèche soyeuse, entreprennent un retour en arrière qui me font penser à ces tricoteuses passant la laine au-dessus de l’aiguille dans un mouvement ample et gracieux.
Et l’ensemble de la gestuelle recommence en boucle de cheveux.
Ce spectacle inattendu m’émeut et je ressens une jubilation proche de celle lorsque je suis transporté par un morceau de musique particulièrement envoûtant. Oui, j’entends parfaitement la musique muette de cette artiste faisant vibrer la corde sensible de sa mèche qui enflamme mon âme. Il y a dans ce mystérieux langage les signes d'une promesse de sensualité.
Soudain l'obscurité ce fait nuit dans mes pensées, jusqu'à y éprouver un étrange vertige. Aurais-je fermé les paupières pour mieux me concentrer sur la musique ? Non, puisque c'est avec les yeux grands ouverts, inquiet, que je cherche à reprendre contact avec cette chevelure enivrante. La pénombre n'est cependant pas totale, grâce à une lumière blafarde et tremblotante.
Dans chaque fauteuil habité, aligné devant moi, je cherche désespérément à reprendre contact visuel avec la silhouette aux cheveux bouclés. Entre et au-dessus des ombres découpées je distingue maintenant la lueur d'un écran de cinéma
Le film commence à regret.
Un fidèle internaute a écrit : je me suis rendu au cinéma il y a une semaine environ et je me suis assis sur un des fauteuils alignés en quinconce j'ai regardé devant moi j'ai bien vu un écran aux normes réglementaires j'ai regardé à nouveau avec plus d'attention mais je n'ai pu observer le phénoméme dont vous parlez dans votre article dois je me plaindre au directeur de la salle utopia ou bien est ce un phénomème qui ne se produit que lorsque vous êts présent dans la salle et dites moi si vous aviez absorbé une substance ilicite merci de me répondre - signé un lecteur attentif - Désolé que vous n'ayez pas vu la même chose que moi. En un sens ça parait normal. Essayez quand même en fermant les yeux. Des fois ça aide à mieux voir ... Robert |
« On croît que c’est fini ... »
On croît que c’est fini. Mais non. Ce n’est pas commencé. C’est comme une ellipse, je dirais.
Je vois le film. Au début on me montre la fin, mais seulement le début de la fin.
Et, à la fin, on me dit c’est ce qui fallait comprendre tout au long du film.
Reste que, c’est selon ce que je me suis imaginé tout au long de ton propre film :
Comment je me suis délicieusement glissé dans la peau du personnage,
Comment je me suis laissé porter par les péripéties, tout en disant : « bon là , … je vais dire ça ou … je vais prendre telle décision »
Et puis non, finalement ça se passe pas exactement comme je l’avais prévu. Alors, je sors du ciné
prendre un autre ticket et il y a plus qu’à recommencer !
(*) allusion au "Voyage de M. PERRICHON" de LABICHELe Voyage de Monsieur CORNICHON (*)
Le Haut de l'Iceberg
J'aime à m'asseoir au bord de l'onde et à imaginer ce qui se devine en son intérieur
Remous, courants, écumes ne sont que la surface des choses que nous brassons à longueur de journées
Je préfère, et de loin, me laisser gagner par le vertige des grands fonds, le mystère des abysses, la couleur trouble de la vase en suspension fouettée par de longues chevelures en serpentins
Et rêver que je sombre en apesanteur au cœur du royaume des poissons.
Arrivée là, je sais qu'il me reste encore plusieurs paliers pour atteindre le grand délire des profondeurs, touchant la démesure au pied de l'iceberg
Alors, dépollué de toute pensée concrète, je déciderai si oui ou non je me sens le courage de remonter vers le monde superficiel humain
Un bruit de je ne sais-où
Un bruit venu de je ne sais-où. C’est de là que tout à commencer.
Assis sur l’herbe, avec un brin de trèfle dans la bouche, je souriais à la campagne riante, aux oiseaux charmeurs et aux vaches qui viennent me faire une petite visite de courtoisie.
L’air était délicieusement frais en cette fin d’après midi d’été et je m’étirais des bras et des jambes comme «Pinocchio» lui-même n’oserait le faire !
De sa position dominante sur un saule, ma posture fit rire un merle. C’est alors que j’entendis ce bruit bizarre. J’observai attentivement autour de moi :
r i e n à l ‘ h o r i z o n
Ce bruit se répéta à nouveau, puis s’arrêta, puis de nouveau, puis arrêt, d’une manière mécanique.
Je m’attendais à voir surgir une moissonneuse-batteuse, à tout moment, de ce champ de blé droit devant moi :
r i e n à l ‘ h o r i z o n
J’essayais alors de situer d’où pouvait provenir un tel bruit : loin, proche, à droite, à gauche, en bas, en haut :
r i e n à l ‘ h o r i z o n
Je scrutais en détails tout ce qu’il y avait de vivant : oiseaux et vaches. Tout me semblait naturel.
Ce bruit qui continuait à intervalles réguliers, commençaient sérieusement à me courir sur le système !
C’est alors que, machinalement, je mis ma main sous mon menton et que ma tête imprima à ma main le même rythme que le bruit. Indéniablement c’est ma bouche qui en est l’origine : je claquais littéralement des dents !
Je cherchais la ou les raisons de cette bizarre manifestation physique en procédant par élimination : si ce n’est pas les oiseaux, ni les vaches qui me font claquer des dents, reste la campagne riante … la campagne riante ? Voilà, j’y suis !
Je suis en train de reprendre le rythme saccadé du rire de la campagne!
Donc, si je résume … La brusque prise de conscience de l’absurdité de ma situation m’amène à penser : «saurais-je me souvenir de tout ?»
P O R T d e l a J U P E
A : Commission des Lois
Objet : Proposition additive à la Loi dite des «signes religieux ostentatoires»
Monsieur le Président,
J’attire respectueusement votre attention sur ma proposition additive suivante :
Chapitre V – 1 – 1 : Invitation à des tenues vestimentaires féminines dans les écoles, collèges et lycées :
ART. I : «Les responsables des établissements publics ont pour mission de favoriser le port de la robe, de la jupe, voire de la minijupe si dimensions autorisées (voir annexe Chapitre V) auprès des écolières, collégiennes et lycéennes.
ART II : «Les responsables des établissements publics sont tenus de veiller à ce que les jeunes filles ne soient pas importunées par les margoulins, mirliflores et autres machistes de tous poils. Il est appert aux contrevenants des sanctions qui vont du simple avertissement à la mise-à-pied, voire des sanctions plus grave tel que l’obligation de ceux-ci au port du short durant les cours, pendant une semaine.
ARGUMENTATION : A la terrasse de café d’où j’écris cette lettre, je viens de faire un sondage grandeur nature où il apparaît que sur les 100 jeunes filles et femmes qui sont passées devant ma table, seulement 24 portaient un vêtement laissant voir leurs jambes. Cependant, pour ce qui est des personnes âgées, j’ai dû les compter à part pour ne pas fausser mon argumentation, tellement elles sont en situation de donner le bon exemple (88 sur 100 portent robes ou jupes)
Je ne doute pas un seul instant que vous serez discerner ma légitime proposition de toutes les pataraffes dont vous devez être submergé. Je vous en remercie par avance.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, ma très respectueuse considération
Passim des documents détaillés concernant l’évolution de l’habit féminin du temps des cavernes à nos jours auxquels sont aboutées les références socioculturelles précises pour chaque époque
Caché derrière mes carreaux
Le petit bruit métallique de garde-boue que fait son vélo, je le reconnais entre tous. C'est lui qui sonne à mon cœur le timbre délicat de sa voix. Toute affaire cessante, je me précipite pour ne rien manquer du délicieux spectacle de son éphémère passage à ma fenêtre. C'est mon cadeau du dimanche matin, la voir aller chercher son pain.
Du carreau gauche à celui de droite, angles de vue à son maximum, je ne perds aucune miette de son buste altier et son dos cambré de danseuse, ses cheveux soyeux retenus par un foulard argenté, son visage épanouie offert à la caresse du vent, le sourire aux lèvres, le nez mutin et ces délicieux yeux plissés.
Le rideau, je le tiens à bout de bras, encadrant ce tableau vivant qui bouleverse mes sens. Il représente tout ce que j'aime et redoute à la fois : le pas de la gazelle qui déroule sa foulée de Reine et la brièveté de son élan. Et j'ai beau clicker sur le ralenti de ma télécommande imaginaire : rien ne se produit, sinon l'irréparable de sa disparition derrière le cerisier du jardin. Seule me reste un instant sa voix de bengali, fredonnant un air d'Opéra, ainsi que sa belle silhouette, encore en moi, imprégnée en négatif.
Le front bas, je bas en retraite, mais l'espoir n'est jamais loin, jusqu'à son retour d'aller chercher son pain. J'entends alors, à nouveau, son chant mélodieux, le grincement de son coursier qui me ramène précipitamment derrière la vitre. Jusqu'à la voir, elle, telle une apparition sacrilège, à faire bannir un saint, mais certainement pas le sien, dont j'entre aperçoit les tressaillements d'oisillon prêt à s'envoler de son corsage de nid. A chacun de ces passages j'imprime des bouts d'elle : sa robe printanière légère, en organdi fleuri, l'arrondi de ses genoux bougeant en alternance, la fluidité de ses bras, la dextérité de ses doigts posés hauts sur le guidon, lui donnant cette prestance qui me laisse pantois d'émotion.
Mon manège devant la fenêtre n'a pas échappé à ma mère (Ah ! les mères !) me prodiguant des encouragements à sortir dans le jardin lors de son prochain passage. Et pourquoi pas lui faire un signe de la main pendant qu'elle y est ! Cependant, le conseil maternel fait son chemin dans les méandres de ma cervelle, tel un poison à effet lent, très lent. Jusqu'à me faire à l'idée que ma mère a raison : il me faut quitter la protection de la fenêtre et m'annoncer à elle à découvert ! C'est décidé, se sera pour Dimanche prochain. Mon Dieu que c'est long, l'attente !
Rencontre Mystère
Une Clio arrive au ralenti, du fond de la rue des myosotis, phares éteins. Elle s'immobilise au parking du Champs du Coq, face aux barres d'immeubles qui s'entrecroisent en quinconces, en position de défense. Chacune des constructions de béton est zébrée de dizaines de cadres lumineux, alors que les autres restent muettes dans l'obscurité. Soudain, la Clio fait plusieurs appels de phares, code-phare, code-phare, avant de s'éteindre à nouveau. Peu de temps après, une des nombreuses fenêtres se met à clignoter à son tour, clic-clic, clic-clic
Alors commence une longue attente avant laquelle la conductrice entende les bruits de pas espérés, suivis par une ombre démesurée se déplaçant avec précaution sur la façade de l'immeuble le plus proche. La conductrice sort de son véhicule et se hâte vers l'ombre qui en fait de même, se mettant à courir dans sa direction. La rencontre se matérialise par le choc de deux corps éperdument amoureux l'un de l'autre. Chacun lève la tête vers les immeubles, avec la sensation désagréable que les fenêtres les guettent et la piquante excitation de braver l'interdit.
L'histoire toujours recomencée d'une rencontre clandestine entre une Capulet et un Montaigu m'ont toujours ému aux larmes.
Que la paix soit sur le Monde pour les 100 000 ans qui viennent …
Du haut de la montage, au loin dans la plaine, je voyais des gazelles trisser entre des touffes d’herbes rabougries. Le couchant embrasant le ciel et les nuages, elles s’enfuyaient de peur d’être enflammées à leur tour. Dans le ciel d'incendie une escadrille de cormorans luttaient contre un fort vent d’altitude et, visiblement, avaient des problèmes pour se maintenir en formation. A l’ouest, apparaissaient un puis deux, puis une dizaine d’hommes voûtés, enchaînés l’un à l’autre, encadrés par des cavaliers armés jusqu’aux dents. Du sommet de la dune j’entendais maintenant un murmure sourd qui se transformait bientôt en un chant triste, lugubre, provenant de ces pauvres hères :
«100 000 ans n’ont pas suffit à apporter la paix sur Terre. Faut-il plutôt 500 000 ans ? 1 000 000 ? 2 000 000 ? Qui dit mieux ? Personne ? 2 000 000, une fois ! 2 000 000, deux fois ! 2 000 000, trois fois ! ADJUGE ! ! ! La paix dans le monde d’ici 2 000 000 d’années !
Le Marteau du Président des Droits de l'Homme claqua d'un coup sec.
- Et l’amour qui va avec ? dit une voix anonyme venant du public.
- Hé là ! Faudrait pas trop en demander, tout de même … répondit le Président visiblement agassé.
la petite voisine
Je l’appelais «la petite voisine». Pas seulement par la taille
et son jeune âge, mais plutôt dans un élan de trop plein
d’affection pour elle que j’avais du mal à maîtriser, derrière
ma jeune cuirasse de garçon, très peu à l’aise dans ses
sentiments amoureux.
Nos parents s’estimaient, nous n’osions nous le dire, nos maisons se touchaient, nous n’osions le faire. Un mur nous séparait ! Nous passions une bonne partie de nos journées à nous épier l’un l’autre par-dessus ce mur, pas si haut que cela, tout compte fait.
Sachant que l’autre nous observait aussi, nous entrions dans de faux jeux solitaires :
Moi, dans d’interminables parties de football, commentées à haute voix sur les exploits de Kopa, Piantoni, Just Fontaine, …
Elle, osant parler à sa poupée comme sa maman devait parler avec elle : «Epète apé moi : ca-pa-pé … fa-fa-ké … NON ! pas ka ! ilène ! ilène !»
S’ensuivait à chaque fois une correction en règle de la poupée qui pleurait à chaudes larmes.
Jusqu’au jour où m’arriva cette évidence : une poupée qui pleure ça n'existe pas ! Mon cœur se met à tambouriner, mes joues prennent feu et mes jambes qui flageolent me portent néanmoins au pied du mur et l’escaladent sans difficulté. Là, de l’autre côté, ma petite voisine, gémissait tristement, le visage enfouit dans sa poupée de chiffon : «pa pe-é … pa pe-é …»
Ce que j’ai éprouvé alors valait bien tous les trop-pleins d’émotions ressentis jusqu’à aujourd’hui, tout en me demandant plus tard si c’était ça, l’amour.
Visiblement, ma petite voisine avait besoin d’un répétiteur dévoué.
«La petite voisine» a grandi, moi aussi et nous nous sommes perdus de vue. Jusqu’à ce jour où de retour dans mon village natal, une dame souriante, s’approche de moi et me dit :
- Tu te souviens de moi ? Ta petite voisine. Je suis heureuse de te rencontrer. Je voulais te remercier pour l’attention et surtout la grande patience que tu as eu pour moi, en m’apprenant à parler correctement »
Après s’être échangé chacun, deux retentissants bisous sur les joues, elle disparut dans la foule de la fête votive, en laissant derrière elle comme un reflux de vague à l’âme. Nous venions d’échanger notre premier baiser, elle à 53 ans, moi à 56 !
La Genèse des comportements
La douce quiétude villageoise est soudain perturbée par une envolée de drôles d'oiseaux qui s'échappent de leur cage en piaillant. Les moineaux, les vrais, s'envolent de leur perchoir vers l'azur crémeux. Ils savent qu'à heures fixes ces prédateurs d'un autre genre viennent occuper la cour un quart d'heure le matin et un quart d'heure l'après-midi pour y pratiquer un culte autant bruyant que mystérieux.
Il faut les voir sortir ventre-à-terre, libérés par leur maître, se déployant comme des guerriers en pleine attaque, occupant en un rien de temps tout le terrain. Mais c'est surtout leurs cris stridents qui sont impressionnants. De même que les moineaux, le voisinage de ce paisible village ne s'y habitue pas et sursaute à chaque sortie.
Comme une mécanique bien huilée, chaque acteur se place dans son rôle en arpentant les lieux, afin de s'échauffer et se mettre en condition de jeu. Cependant, rien n'est acquis d'avance et les quilleurs seront ceux qui se seront emparés les premiers des places. Dans la bousculade, bien des protagonistes tomberont et n'auront comme récompense qu'un genoux couronné. Les heureux élus, construisent en une vitesse éclair leur petit tas de billes et haranguent déjà les tireurs :
" le 20 !!! le 8 !!! le 14 !!!
La concurrence est rude entre quilleurs et dans ce tohu-bohu général il faut savoir, non seulement donner de la voix, mais surtout vanter sa marchandise. Les tireurs, eux, sont attirés en majorité vers les enjeux d'importances, hypnotisés qu'ils sont par l'appât du gain. Mais ils savent que s'il y a beaucoup de candidats, il n'y aura qu'un seul vainqueur et que même ce gagnant n'est pas sûr de l'être, la fois suivante ! Les quelques autres se sont répartis les rôles dans une ambiance tristounette. Il savent qu'ils sont les "gagne-petit", les "traînes-misère" du théâtre des opérations. Un coin isolé de la cour leur a été cédé. Ici, pas d'effets d'annonces, de coups d'éclats, des "Ah!" d'admiration lorsque l'un des tireurs fait un carreau. En effet, pas de quoi s'esbaudir sur un "4" Tandis que pour un "14", un "20", où un exceptionnel "30", bâtis comme une pyramide, ça a de la gueule, autrement qu'un plus classique convois avec 5 biles pour la locomotive et y ajouter autant de wagons (3billes par wagon).
Il en n'est pas autant du nombre d'audacieux que d'habiles tireurs. Nous ne voyons qu'eux dans leur façon de passer avant tous les autres, usant et abusant de ruses les autres tireurs qui râlent pour la forme, sachant que toute protestation sera vaine et pliant déjà l'échine en signes de soumission. Leurs esbroufes sont autant dirigés vers leurs concurrents que vers le quilleur et, ils n'hésitent pas d'aller au fond de la cour à des distances invraisemblables afin être désigné le premier. Mais tirer à pareille distance, cela tient du miracle pour atteindre sa cible et le tour passe au suivant de toute une grande rangée de tireurs impatients de tenter leur chance. Et il n'est pas sûr du tout que le tour revienne à l'audacieux qui n'aura eu que pour seul privilège de tirer le premier. Plus malin est celui qui se cale à un de ces audacieux qui, se contentant de rester dans la rangée, en position très favorable. Mais si le tour revient à l'audacieux, ce n'est plus du fond de la cour qu'il tire, mais au même niveau que les autres et, même, il sera le premier à avancer d'un grand pas supplémentaire si le nombre de billes déjà tirées dépassent l'enjeu du quillot ("14", "20", "30" ... ) Reste qu'il faut être habile de précision pour viser et atteindre ce minuscule tas de billes multicolores. Il y en a peu qui empochent le respect des autres, mais pas toujours un gain conséquent, en définitive. En effet, généralement ce sont des "flambeurs" et il n'y a rien tant qu'ils les fassent vibrer que la passion du jeu en revivant ce moment magique ou la bille traverse l'air courbé, suivi par des dizaines de paires d'yeux captivés afin d'atterrir en beauté au beau milieu d'une magnifique pyramide. Or, si habile qu'ils soient, ils ne raflent pas la mise à chaque fois. Cela les met en rage, d'autant que dans cette cour, aussi vite on peut être adulés, aussi vite on peut retomber dans l'oubli des "sans-grade". Et pour les habiles tireurs, c'est tout simplement intolérable ! Les voilà qui s'entêtent, deviennent nerveux, agressifs mêmes, perdant leur concentration et leur savoir inné du tir. C'est la mort assurée de leur étoile qui de brillante, deviendra naine et n'intéressera plus grand monde. Plus de passe-droit, de privilèges comme d'être assuré à chaque fois d'avoir du rab à la cantine, bref plus obligation de respect de la meute.
Alors, c'est bien souvent vers encore plus faibles que le "flambeur" se retourne pour se venger de sa déchéance. Sans vergogne, il vient se mêler aux "gagnes-misère" pour les plumer. Le clan des petits comprend très vite que cette visite impromptue n'a rien d'amicale et, déjà, les quilleurs resserrent leurs jambes pour montrer leur désapprobation. Mais rien ne peut empêcher un "flambeur" aux abois, y compris de prendre les billes d'autorité comme un dû, pour pouvoir se refaire en retrouvant sa place parmi l'élite des tireurs.
Le véritable vainqueur, nous l'appellerons "Camembert" par peur des représailles car il a des oreilles partout qui le renseignent sur notre petit monde. Lui, à la sortie des récréations, il ne court pas, il ne cri pas. D'un pas tranquille, il est accompagné par sa cour de miséreux : l'un lui porte son énorme sac de billes, l'autre lui souffle quelques méchantes révélations sur l'un d'entre nous, quelques uns suivent derrière depuis toujours, attendant les rares moments ou "Camembert" jettera à la volée quelques billes à "tire-poil" C'est un jeu cruel qui consiste au généreux lanceur de billes de tirer les cheveux sur les faces de ceux qui ont réussi à attraper une bille, histoire de les mettre à genoux en leur faisant voir qui est le dominant, tout en prouvant son côté magnanime de leurs accorder quelques miettes.
La tactique de "Camembert" est de se rendre indispensable à tout ce petit monde de la bille. Son rôle consiste à se promener parmi les joueurs, accompagné par son gros sac qu'il fait bruisser à l'oreille des joueurs. Très vite c'est la bousculade autour de lui pour venir lui acheter les billes qui viennent à manquer pour continuer à jouer. Peut importe si le prix de la bille est le double que celui du marchand de bonbons, puisqu'il y a urgence à se refaire et qu'on ne peut pas sortir de l'école pour s'en procurer. De plus, "Camembert" en habile marchand qu'il est, sait être accommodant et accepte d'être payé plus tard, avec intérêts bien sûr. Même, il peut vous faire une fleur en prenant votre collection de porte-clés ou autre images de footballeur.
"Camembert" serait-il collectionneur ? Pas du tout, il est sans vice et pour lui tout s'achète et se revend 2 à 3 fois plus cher. Et, lorsque la saison des billes sera terminée, il aura emmagasiné tant de butin qu'il pourra continuer à faire son négoce le restant de l'année.
Dans cette cour de récréation, les comportements enfantins sont la genèse qui préfigure de ce qu'ils deviendront à avenir. Pour preuve, voici les 3 catégories principales à l'âge adulte :
"Le Flambeur" galère dans différents métiers à risques : représentant d'encyclopédie de porte en porte, vendeurs de voitures d'occasions, etc. Il est actuellement démonstrateur de produits ménagers sur les foires et marchés, criblé de dettes contracté lors d'affaires plus que douteuses, abandonné par ce qui aurait dû être la femme de sa vie et en passe de toucher le fond : l'alcool où tenter le tout pour le tout pour se remettre en selle
"Le gagne-petit" mène une vie simple de fonctionnaire, mais sans relief, triste comme la pluie en hiver. Il connaît trop la valeur de l'argent pour se lancer dans des achats hasardeux : il n'a jamais contracté aucun crédit.
Il a renoncé à s'acheter une maison, sa voiture d'occasion il l'a payé comptant avec ses maigres économies mis sous après sous sur son livret de caisse d'épargne. Il a divorcé, son ex-femme avait des envies de "luxe" et il paye régulièrement la pension alimentaire de ses 2 enfants qu'il reçoit chez lui pour les vacances.
"Camembert" se lance dans des affaires juteuses de prêts d'argent à des personnes modestes, endettées jusqu'au cou, récupérant au passage montres, TV plasma, habits de marque. Quelques temps plus tard, il a le chic de détecter la frange nombreuses de ces "arrivistes" qui voient plus grand que ce que leur budget leur permet. Par exemple, se construire leur maison et se retrouver à sec avant de l'avoir entièrement payé. "Camembert" arrive alors en sauveur, reprenant la maison et les crédits impayés et octroyant à ses "hasardeux", une petite compensation financière inespérée car sinon, c'était l'huissier et la saisie assurés.
Actuellement, "Camembert" purge sa peine en prison pour escroqueries. Toujours plus avide du gain, il avait monté tout un réseau d'oreilles sales pour l'avertir avant le marché officiel des bonnes affaires à faire. Le marché c'est vengé en faisant tomber "Camembert"
« Camembert », bien que très malin, n’a pas maîtrisé parfaitement une ascension sociale qui lui était toute tracée. Pouvait-il venir se joindre aux oligarchies de la finance, aux princes qui détiennent tous les leviers de commande de notre monde ? Non. C’était perdu d’avance pour lui car ces dirigeants jouent dans une autre catégorie : « les intouchables » Je rajouterai « les invisibles » puisque j’en ai jamais vu dans la cour de récréation de mon paisible village.
VOCABULAIRE :
Quillot, quilleur, s’esbaudir ne sont pas dans le dictionnaire.
Les 2 premiers mots font appel à ma mémoire affective, le 3ème est argotique est signifie, d’après moi, « s’émerveiller, être admiratif »
Me trompais-je ?
Les Apparences sont trompeuses
Mon poisonnier m'appelle "jeune homme", j'ai bientôt soixante balais,
Ma femme dit de moi que je suis "son beau et ténébreux mari", je suis laid comme un pou et si je parais "ténébreux" c'est parce que je fais les courses avec elle alors que j'ai horreur de cela.
Mes collègues de randonnée me donnent de "l'écrivain" par ci, "l'écrivain par là" alors que je ne sais pas aligner une phrase qui aurait du sens, avec deux photes par maux.
Mon copain de galère s'adresse souvent à moi par me demandant : "Toi qui sait tout ..." alors que je m'interresse à rien, les gens me font peur ou pitié.
Mon percepteur m'évalue au-dessus de mes revenus et m'impose beaucoup trop
Ma concierge dit à la cantonnade que je cache bien mon jeux. Elle a raison en partie, lorsque je joue au poker avec quelques mauvaises fréquentations
Etre celui qu'on est pas et ne pas paraître ce qu'on promet d'être
Etre ou l'avoir dans le baba ?
Devenir ce que les autres pensent de vous ou remonter le courant, déjouer les ragots, casser les certitudes, affirmer haut et fort votre véritable nature
Non, décidément, non. Les apparences sont trompeuses ? Quelles le restent !
le Juge aux Affaires Familiales
A : M. CORNUT
Monsieur,
Suite à votre demande de divorce par faute pour cause facultative, dans votre cas l’infidélité, concernant les ART. 242 à 245 du Code civil, en ces termes, je vous cite :
« … cette espèce de traînée (votre femme, je suppose) hypnotisée par les effets de robe de ce lugubre ratepennade, digne héritier du Comte Dracula …» Vous poursuivez plus loin par : « …les peignures infâmes de ce cureton paillard que je vous transmets pour analyses et preuve de mon infortune .. » Ensuite vous citez les faits :
«… Lors de la frairie patronale, en nocturne et pleine lune, j’ai surpris l’ignoble mirliflore embrasser (mordre) mon épouse d’un fougueux baiser dans le cou …»
Je ne peux recevoir votre demande puisque, entre temps votre femme vous accusait d’avoir fait «disparaître» le fauteur de trouble, comme l’atteste le rapport de police qui indique :
«… le curé s’est «volatilisé» devant M. CORNUT alors que celui-ci lui proférait des menaces de mort aciculaires …»
D’autant que 48 heures plus tard je recevais le rapport du médecin légiste concernant votre défunte femme, découverte nue dans un cercueil, établissant : « … les 2 trous à la base du cou de Mme CORNUT ont été fait avec un objet pointu de type fourchette…» et plus loin «…la peinture blanche recouvrant tout le corps pour donner l’aspect cadavre vidé de son sang …» pour conclure par «… le cercueil volé à l’établissement des pompes funèbres parachevant une mise en scène digne des films d’épouvante de série B »
Avec le décès de votre épouse, votre demande en divorce est donc caduque.
En conclusion, je ne serai que trop vous conseiller de prendre un excellent avocat et plaider l’irresponsabilité au moments des faits (ART. 112-1 du CodePénal)
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations attristés
L’immeuble où j’habite
Chez moi, ça commence par un vieux paillasson, mais comme il est vieux on y lit difficilement : « …lasson »
La porte blindée …
(«C’est tranquille comme quartier,
C’est pour cela que c’est souvent visité »)
… s’ouvre sur une entrée aérée de plans de bois, taillés à claire voie, sur laquelle «Mistinguette», notre plante verte fait sa culture physique tout en écoutant les conversations des visiteurs, mais rassurez-vous, elle est un peu dure de la feuille.
Le hall débouche sur un long couloir au bout duquel se dresse un superbe escalier à l’ancienne avec son globe blanc lustré posé sur une rambarde de fer forgé.
La porte de gauche donne sur la cuisine où trône l’ensemble «Norvégia» avec placards du haut, placards du bas, four à convection naturelle comprenant :
minuteur indépendant, bandeau verre (nettoyage aisé), éclairage, tournebroche, grill rabattable
réfrigérateur encastré, 2 portes avec :
clayettes réglables, dégivrage automatique, pouvoir de congélation et distributeur de glaçons
hotte à moteur double turbine, 4 vitesses, commande électronique.
Son prix exorbitant à jeté un froid dans nos relations de couple que les flatteries de nos invités arrivent à peine à compenser.
La porte de droite s’ouvre sur :
une salle à manger, avec le salon qui suit sans séparation, en panneaux de particules revêtus en papier décor imitation loupe d’érable verni mélaminé brillant. Ambiance chaude et froide mélangée par du jaune et du bleu partout : les rideaux fantaisies, la tapisserie aux dessins à géométrie variable, la toile cirée de la table ronde en épicéa et les chaises cloutés en faux cuir bleu électrique.
Le canapé 3 sièges transformable en lit, mécanique clic clac, lui, s’oriente résolument vers le meuble étagère du fond où …la télé plasma, tube extra plat plat, pal/secam avec écran reflet, taux de contraste 500, luminosité 450 cd/m2 … prend toute sa place dans le salon coquet, douillet qui invite à la méditation, au repos.
Les deux portes du fond, ce sont les chambres.
Celle de gauche, la notre, avec son lit orienté Nord/Sud, c’est à dire en travers de la pièce, ce qui nous fait perdre une place folle. Sur le mur face à la fenêtre, des étagères qui croulent sous le poids des livres, revues et bibelots de tous genres, avec en son milieu, ma chaîne Hi-Fi, dernier cri.
Chacun à sa table de chevet et sa lampe bariolée qui diffuse une lumière arc en ciel, pas commode pour lire mais qui fait son petit effet.
La chambre de droite, c’est celle de notre gamin.
BANG ! La porte de la chambre claque !
L’appartement est situé de telle manière que le moindre courant d’air provoque des claquements de portes, des grincements de fenêtres ou des tintements du lustre de la salle à manger.
Pourtant, par cette chaleur, nous ne pouvons pas tout fermer : on étouffe ici !
J’ai bien essayer des stratégies du style mettre des cales sous les portes ou entre les battants des fenêtres, mais cela ne marche jamais bien longtemps. Et puis, je suis toujours à la recherche de quelque chose de rigide qui se plie en plusieurs épaisseurs, du genre carton,
(« mais j’arrive rarement à trouver ça en magasin
alors je prends ce qui me tombe sous la main »)
C.D. ou disquettes, cendrier, gomme, embout de parapluie, cartes de visites, sacs en plastique, capsule de bouteille de bière, …
Cette fois-ci, en fouillant dans la corbeille à papier, j’en retire un papier cartonné sur lequel est écrit une liste de commissions qui fera bien mon affaire. Je commence à le plier consciencieusement lorsque soudain, tel un chien d’arrêt, je m’immobilise ! Il n’y a que les yeux qui bougent pour lire :
«R.V. avec J.P. MOQUIN – 3, rue de l’Entourloupette», suivi d’un plan indiquant la situation exacte de la maison concernée.
BANG ! La porte claque violemment une seconde fois sans que j’intervienne, les bras ballants, planté comme un piquet au milieu du couloir.
« On croît que c’est fini. Mais non. Ce n’est pas commencé »
On croît que c’est fini. Mais non. Ce n’est pas commencé. C’est comme une ellipse, je dirais.
Tu vois le film. Au début on te montre la fin, mais seulement le début de la fin.
Et, à la fin, on te dit c’est ce qui fallait comprendre tout au long du film.
Reste que, c’est selon ce que tu as imaginé tout au long de ton propre film :
Comment tu t’ais délicieusement glissé dans la peau du personnage,
Comment tu t'ais laissé porter par les péripéties, tout en disant : « bon là , … je vais dire ça ou … je vais prendre telle décision »
Et puis non, finalement ça se passe pas exactement comme je l’avais prévu. Alors, je sors du ciné prendre un autre ticket et il y a plus qu’à recommencer !
Libérez la Poésie !
Assistez à un concours de poésie, je vous le conseille, ne serait-ce que pour constater comment cela peut être affligeant !
La présidente du cercle (on n'en sort pas) se démène avec ses papiers, sa diction et son allocution faite d'interminables auto-congratulations de cette assemblée de vieux habitués :
"... Et le prix de la poésie néoclassique est attribué, à nouveau cette année, à cette chère Mme de la Tronche qui va avoir le grand plaisir de vous lire quelques extrait de son œuvre..."
Non, par pitié ! Laissez donc M. Mirliton, le poète du dimanche, s'exprimer. Avec lui, au moins, pas de belles lettres, d'orthographe parfaite, de phrasés académiques, de hauteur de vue, de pieds comptés au millimètre.
Libérez la Poésie ! Libérez la Poésie ! Libérez la Poésie !
Moralité : La montée du chômage, dans certains quartiers, est inversement proportionnelle à la consommation de la drogue
OBJECTIF MARS
La colère de MARS
Message confidentiel exclusivement adressé aux auteurs de l’atelier d’écriture «Objectif MARS»
Dimanche 22 février 2004 – 14 H 12 Heure d’Hiver :
«La pluie continue de tombée drue, régulière, de biais, poussée par un vent bizarre venant d’EST-Sud Est. Elle a débuté ce matin. Peu de temps avant, le ciel avait une étrange coloration jaune claire»
Lundi 23 février 2004 – 10 H 07 HH :
«En sortant dans mon jardin, le sol, les plantes, les arbres et la treille sont teintés en jaune orangé. Je recueille un peu de poudre fine sur le montant de mon portail dans un sachet de plastique pour plus ample observation »
Même jour – 11H 38 HH :
«Ma femme ramène le journal qui titre : «Un coup du Sirocco». En première observation, la poudre recueillie est beaucoup plus rouge que lors des pluies précédentes qui véhiculaient du sable importé du Sahara (couleur ocre). Je décide alors d’emprunter le «Parfait Chimiste» à mon neveu pour des analyses plus approfondies»
Mardi 24 février 2004 – 18 H 22 HH :
«Les résultats des analyses de la poudre s’avèrent conforter mon intuition première : cette poudre ne vient pas du Sahara mais de … MARS ! Je décide néanmoins de recommencer les analyses pour éviter toute erreur»
Mercredi 25 février 2004 - 19 H 01 HH :
«Les analyses confirment les précédentes : le sable d’une texture très fine vient bien de la planète MARS ! Je décide alors de récupérer à la balayette un maximum de poussière rouge sur les véhicules du quartier, les bords de fenêtres et de clôture. En fin de journée j’ai ramassé un sac de 821 grammes de sable martien »
Jeudi 26 février 2004 – 16H 03 HH :
«Je viens d’envoyer un FAX à la NASA et à l’ESA, leurs indiquant mes découvertes»
Dimanche 29 février – 16H47 HH :
«Le silence de la NASA et de l’ESA est éloquent et indique qu’ils doivent se perdent en conjonctures devant une telle information : Mars se vengerait-il de trop d’intrusions d’engins spatiaux sur son sol en nous envoyant ce nuage de poussière, en guise d’avertissement ?»
P.S. : Il me reste 714 g que j’ai réparti en sachet de 10 g. Je suis prêt à m’en séparer à un prix dérisoire. Si vous êtes intéressés par cette offre, utilisez le canal des messages de l’atelier d’écriture «Objectif MARS» sur mes messages précédents, signé : Tangha
Lundi 1er mars – 11H27 HH :
«Je viens de recevoir un rendez-vous dans un Centre Médico Psychiatrique. Question couverture, ils sont forts à la NASA et à l’ESA. Je vais enfin pouvoir leurs démontrer, preuves à l’appui, le danger qu’ils font courir à la planète en envoyant des engins sur MARS»
Dans la boîte de jazz,
telle une apparition féérique au seuil de la porte,
elle s’appuya contre le chambranle
dans un léger déhanché suave
Les têtes se tournèrent et les yeux attirés tels des aimants, se mirent à contempler cette beauté.
Au début, ce n’était qu’une silhouette dessinée par quelques artistes amoureux de lignes et de formes érotiques.
Elle fît un pas, un seul, et la voilà dans la lumière des projecteurs où, chacun de nous, admirions sa grande crinière aussi brune que celle des Merins.
Les cheveux descendaient en cascades sur ses épaules qu’elle maintenait levées de ¾ face à hauteur de son visage mutin.
L’arrondi de ses lèvres charnues de rouge peint captèrent mon regard, dans le secret espoir que je serai le premier à recevoir son baiser-harpon qu’elle lançait en soufflant dans sa main.
Ses yeux coquins d’un noir espagnol allaient à merveille avec sa tenue de soirée : une longue robe près du corps, sombre et brillante à la fois, à cause des paillettes.
L’assemblée des hommes subjugués était tenu en haleine par la sensualité qui se dégage d’elle, à faire damné un saint, alors moi qui suis un mécréant, vous pensez …Femme fatale
Le jongleur avec point d’interrogation le jongleur était-il vraiment un escorc ? Mystère et point d'interrogation Le jongleur avec point d’interrogation Longtemps, je me suis demandé comment sortir de ce « cirque » sans jamais trouvé de solution qui me conviennent tout à fait. De guerre lasse, « je faisais mon trou » en pédalant inlassablement sur la piste jusqu’à y tomber dedans ! Cette expression « faire son trou » me désespèrait au plus haut point. C’est tout le contraire que je souhaitais ! Le comble c’est lorsque Monsieur Loyal me « remontait les bretelles » à cause de mon immobilisme. Heureusement qu’en contre-partie «je remontais dans l’estime » de mes collègues de la Troupe du cirque. Cependant, un doute subsiste : je restais à leurs yeux une énigme, d’où l’énorme point d’interrogation avec des lettres collées dessus qu’ils m'ont gentiment confectionné et installé derrière moi, comme fond de décor. |
Moi même, je ne comprenais pas le sens de cette installation. A moins qu’ils souhaitaient que je me lance dans un nouveau numéro ? L’impatience de Monsieur Loyal qui ne manquait pas une occasion pour me traiter de « fainéant », de « parasite » et « d’incapable à produire quelque chose de sensé », paraissait le confirmer. C’est lorsque la lettre « X » (une inconnue) glissa de son support et rebondit sur mon nez comme une balle, que m’arriva cette pensée géniale : « jongler avec les lettres, en faire des mots » C’est ainsi que je suis rapidement devenu le plus célèbre artiste du cirque, avec mon fameux numéro d’Auguste qui jonglait avec les mots. Et c’est Monsieur Loyal qui jouait les faire-valoir. Quelle revanche pour moi ! Au sommet de ma gloire, on a dit de moi que j’avais trouvé la plus belle définition de l’humour : « jonglait avec les mots avec juste un brin de maladresse »
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OBJECTIF MARS
MISSION CONQUÊTE DE LA PLANETE MARS (Extraits du journal du Capitaine HARRIS)
1ères approches
« … A la fois si proche de la planète orangée
que je pourrais la toucher,
si familière et accueillante
que je pourrais la prendre dans mes bras,
si intime par sa façon de me montrer ses blessures, sa boursouflure et son énorme cicatrice
que je pourrais la consoler d’un tendre mouvement de balancier …»
méfiance
« …Le ballet que se livrent à notre approche les sentinelles Deimos et Phobos est des plus étrange : entre folle excitation et sarabande inquiète. Ami ou ennemi ? L’envie de nous connaître, êtres à 2 pattes dans notre boîte de conserve, est inversement proportionnel avec la crainte que nous apportions avec nous peste et choléra. Mais rien ne pourra plus, désormais, arrêter notre plongeon vers la planète, dans une course échevelée à 20 000 kilomètres/h … »
phase de séduction
« … La belle est là, à porté de regard par le hublot, comme pour mieux se faire désirer, avec son désert orange clair et ses innombrables petits cailloux brun-roux posés par je ne sais quel Petit Poucet.
A peine entrevu ses massifs volcaniques irradiés de mille feux par le soleil,
A peine effleuré les voiles brumeux d’un nuage arpentant le ciel rose sucré,
A peine admiré avec respect les pentes vertigineuses conduisant au plus profond des mystères,
Que la nuit jette son tapis obscur sur des formes devenues par trop intimes … »
Jalousie
« … La première sortie fût empreint de solennité, mais aussi de fou rire lorsque MIKE eut toutes les peines du monde à planter la Bannière Etoilée dans le sol caillouteux. Je compris que la belle avait ses têtes et que je conservais toutes mes chances … »
Trouble et abandon
« … La tempête s’abattit sur nous, obscurcissant notre environnement à se perdre de vue dans un tourbillon jaunâtre, dont les grains microscopiques s’infiltrèrent dans nos combinaisons et mirent en rideau tout le système électronique du ROVER … Je suis à sa merci »
Orgasme
« … Le sol, soudain se déroba sous mes pieds et l’instant d‘après je glissais au ralenti, sur un coussin de laves cordées. Au fond du trou, légèrement commotionné, s’offre à mes yeux ébahis le spectacle prodigieux d’une grotte tapissée de glace mouchetée de points noirs. Je comprends seulement maintenant que la glace était du gaz carbonique gelé qui, au brusque contact des rayons du soleil, s’est réchauffé, ce qui provoqua un incroyable geyser et m’a envoyé valdinguer comme fétu de paille en dehors du trou : sauf ! … »
Mission réussie : planète conquise et … fécondée !
OBJECTIF MARS
Photo
site de la NASA
MISSION INTEGRATION
21 FEVRIER 2021 – Extrait journal de bord de la co-pilote MARTHA
« Le plus extraordinaire ce fut lorsque la foreuse ramena à la surface orangée de Mars des cocons d’insectes intacts.
Le plus incroyable ce fut lorque les insectes sortirent de leur cocon et se précipitèrent sur nous »
3 MAI 2025 - Extrait journal de bord du colonel RAMBERT, commandant de bord de la 2ème mission sur MARS
« Je reste perplexe à la lecture du carnet de bord du Capitaine MARTHA, la co-pilote disparue, ainsi que ces 4 compagnons et … leur vaisseau !
Aucune trace : les vents martiens ont balayés bien proprement le sol. Ce carnet de bord à été trouvé par hasard par un des spationautes qui envoyait un coup de pied de rage dans un de ces cailloux ocres avec des reflets bleus de toutes beauté …
Le retour vers la Terre qui devait s’annoncer morose et interminable, prit la tournure la plus inattendue qu’il soit : nous avons embarqué à notre insu des cocons d’insectes d’une espèce autrement différente que les précédentes : le résultat de la « copulation » d’ êtres humains avec des insectes !
7 NOVEMBRE 2028 - Extrait journal de bord du Pizzzouillleur CRIIIICRIIII
« L’invasion, d’abord invisible, puis rampante et enfin foudroyante des êtres hybrides venus de Mars, mit à peine 2 ans pour conquérir l’intégralité de la planète bleue, devenue « la planète Rouge » à cause du dépôt de terre martienne emmenée par fusées-cargos. De cette terre surgit des milliard de cocons qui s’accouplèrent avec autant d’êtres humains et le fruit de leur union donna naissance à d’autres espèces hybrides de plus en plus résistantes et performantes.
Depuis ce temps béni, la planète connaît des temps heureux, de paix, de bonheur : plus de guerre et de meurtres, plus de famine, de pollution.
FRIISS 5 123 611 - Extrait journal de bord d’ALVEOL BZZZZZ
« Depuis que les ressources de la planète sont complètement épuisées, les habitants, avant de disparaître, mettent tous les cocons en hibernation et les enfouissent dans la terre rouge orangée, dans l’attente de l’arrivée d’une autre espèce en visite sur la planète.
ZXAHYLQ hominien du système LKSPA, 3° planète sur la gauche, prenant connaissance de ces écrits sur un énorme caillou rouge et regardant grimper sur une de mes tentacule, une sorte d’escargot à la coquille lumineuse, rougatre avec des reflet bleus magnifiques …
« Ma mission d’intégration des espèces vivantes entre elles dans la galaxie se poursuit avec succès. Seulement, il y a des fois où il faut donner un coup de pouce à la rencontre des êtres, en s’impliquant personnellement »
Rue des petits riens qu’espères-tu trouver ?
Un rien de nostalgie, à la boutique Rétro, comme au temps béni de mon enfance, à courir après des papillons, sans jamais les attraper – Il paraît que cela leur fait mal aux ailes.
Un rien de gourmandise, chez Samia où ça sent bon le couscous et dont le fumet m’attrape les narines et m’entraîne, comme dans les dessins animés, à l’horizontale jusqu’à cette chaise qui fait la révérence pour mieux m’accueillir.
Un rien d’évasion, au cinéma Tapioca, là où ils passent des films tellement beaux qu’ils vous mettent, en prime, un sous texte de peur que je ne comprenne pas tout.
Un rien de fraîcheur : « Tâtez-moi ça ! Il n’est frais mon poisson, avec son œil tout rond (et moi donc) qui pétille la santé et que si vous n’y prenez pas garde, il s’échappera de votre filet (à provision)
Un rien … m’habille, avec des chemises fleuries à faire pâlir la fleuriste d’à côté. Même qu’elle dit que si ça continue, elle va être obligé de fermer, mais qu’avant elle va porter plainte pour concurrence déloyale.
Tous ces petits riens qui font un grand tout dans mon cœur, dans mon âme, dans ma vie.