AU PETIT BONHEUR DE MES SOUVENIRS

 

SPECIAL CAGADOU

 Je me souviens N° 234 :

 Je me souviens du WC campagnard derrière la maison,  avec une  planche sur deux briques et de vieux papiers journaux pour s’essuyer

 Appelé encore le "cagadou"  venant de "caguer" en occitan qui veut  dire "chier", chez nous, il n'avait même pas la délimitation en planches  qui en fait une cabane protègeant pudeurs et intempéries. Par contre, il  m'ait resté le plaisir de "se soulager" en plein nature, généralement dès  le premier jour des vacances, libérant miracileusement tensions et  stress. Quel plaisir de faire ses besoins qui sont d'ailleurs dits  "naturels" tout en savourant le paysage environnant ainsi que  le chants  des oiseaux et la course des nuage dans le ciel.

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SPECIAL VILLE NOUVELLE 

     Je me souviens revisité du N°91:

 Je me souviens avoir fait partie des premiers  habitants de cette Ville Nouvelle qui poussait  aussi  vite qu'un champignon, mais de façon  inégale ...

 En effet, la ville s'est dotée en premier lieu d’un  magnifique hippodrome et d'une pompeuse  préfecture, alors que dans les quartiers nous vivions  les pieds dans la boue à cause  d’interminables  chantiers. Nous étions une poignet à revendiquer  les mètres carrés sociaux pour s’entraider entre  locataires et tenter d’y apporter un début d’ animation dans cette gigantesque "cité-dortoir",  sous l'adage bien connu de : métro - boulot - dodo !

 Si nos différentes démarches n'ont pas eu beaucoup  d'impact et de résultats concrets (*), y compris de  mobiliser les énergies des autres habitants du  quartier, cela à pourtant permis d'être solidaires  entre nous par l'entre aide que l'on s'apportait les  uns aux autres. Très vite, au-delà de l'association  des habitants du quartier que nous avions créé, une  amitié sincère et durable a cimenter nos relations.  C'est à ce point que je garde toujours des contacts  avec certains d'entre eux, depuis 35 ans, à l'heure  d'aujourd'hui !

(*) J'ai le souvenir d'une entrevue dans le bureau du maire de  l'époque, jouant au vieux monarque débonnaire qui ne  paraissait pas connaître et/ou avoir le temps de s'occuper  des difficultés au quotidien de ses administrés. Sa  préoccupation était ailleurs, centrée sur l'élaboration de "sa"  loi sur les villes nouvelles et à organiser la prochaine  inauguration de l'hippodrome en tutoyant le premier ministre  au téléphone devant nous qui attendions patiemment qu'il en  termine.

 EVRY Ville Nouvelle, aujourd'hui

 

Nombre de communes : 4 (Bondoufle,Courcouronnes, Evry, Lisses)   Departement : Essonne (91)    Superficie totale : 3 045 ha (longueur et largeur moyennes 8 et 4 km)                                         Superficie d'espaces verts : 604 ha

Distance de Paris : 28 km au sud

Distance de l'aéroport le plus proche : 12 km d'Orly

 Liaisons ferroviaires : SNCF, Paris-Gare de Lyon :  RER D et C

 Liaisons routières : 5 autoroutes : A5, A6, A10, A80 et A87, Francilienne  

 Jean Pierre le paysagiste écolo, Louis le prêtre gauchiste, Bernadette la prof aux œillets rouges, Lionel  l'employé de banque pince sans rire et quelques autres, dont ma jeune épouse et moi, pour un cocktail  détonnant, riche en idées et passages à l'acte afin de lutter contre l'envahissement de la poussière et/ou  la boue des chantiers et la morosité du quartier au doux nom de "Champtier du Coq". L'origine de cette  appellation champêtre provient juste avant que ces immeubles soient sortis de terre, de la présence des  champs où le  rouge du coquelicot dominait. Dans le même ordre idée, un  ruisseau porte le poétique  nom de "L'écoute s'il pleut". Or, déjà à l'époque, c'est surtout le bruit assourdissant des avions de ligne de  l'aéroport d'Orly que nous entendions !

 Face à cette situation insolite où les nouveaux habitants s'installaient tous en même temps, nous avons    créé une association de locataires afin de faire connaissance et de s'entre aider, par exemple  en créant  une bourse d'échanges d'outils (outillages de base, perceuses, ponceuses, etc.) En même temps, nous  favorisions toutes initiatives qui généraient des contacts entre différentes cultures des régions de  France,  comme des ethnies des migrants des pays du sud de l'Europe, du Maghreb comme de l'Afrique  Noire :  repas, fêtes du quartier, loisirs, ... C'était sans doute une des rares fois que nous nous sentions sur le  même pied d'égalité car nous étions tous des "déracinés" qui partagions les même difficultés  d'installation dans une ville en train de naître.

 Il nous a fallu bien des énergies et une foi chevillée au corps pour ne pas sombrer dans le découragement  face à une municipalité qui semblait plus préoccupée par son "image" que par ses habitants ! Egalement,  tel des Don Quichotte modernes nous avions peu de prise avec les habitants, tellement ils étaient déjà  dans la spirale du "métro-boulot-dodo" (au début il n'y avait que très peu de création  d'emploi  sur  Evry). Malgré tout, en récupérant des locaux sur les mètres carrés sociaux nous avons su faire naître  notre "agora de quartier" où les gens pouvaient se rencontrer. Quant à nous, cette action a forgé une  solidarité indéfectible et une franche amitié qui dure encore de nos jours !

 Je me souviens 210 :

  Je me souviens que nous  apprenions à dessiner à l'école en imitant ce que nous  trouvions dans la    nature : une  branche d'amandier en fleur, par  exemple

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 La nature à profusion, à porter de main, déroulait ses charmes tout  autour de moi, qui me déplaçait à la vitesse d'un vélocipède. Certaines  branches se ployaient en ma direction pour encourager les exploits de ce  champion d'un Tour de France imaginaire.  

 Il  y avait jusqu'aux exhalaisons d'un printemps naissant qui se  disputaient l'honneur de chatouiller mes narines, sous la forme d'un  bouquet offert au vainqueur de l'étape : l'arrivée à l'école, brandissant  ma branche d'amandiers à un public conquis d'avance.

  SPECIAL ANIMAUX

Je me souviens 50 :

 Je me souviens d’avoir pleuré  en apprenant la mort de la  chienne "Laïka" envoyée dans l’espace  par les russes. 

HUMEUR

  Hier j'étais d'une humeur de chien,  Aujourd'hui il fait un  temps de chien,  et demain ?

 Quelle réputation faisons-nous à  cette pauvre bête ! En effet, il ne viendrait pas à l'idée de dire , hier j'étais d'une humeur de chat et aujourd'hui il fait un temps de chat !

 De même que dans le langage  nous trouvons la langue de  vipère, les hommes sont des  cochons, une face de rat, etc.

  De tout temps l'homme c'est comparé à son environnement et particulièrement aux animaux.  Un peu facile, à mon avis, il n'a qu'à se comparer avec lui-même, en disant, par ex : je suis bête  comme mes pieds ! Au moins là il est sûr de ne pas se tromper sur la  personne  !!!

Je me souviens 260 :

 Je me souviens que «Mira», notre chienne, était ma principale compagne de jeu ainsi que mon cheval ; fatigués de jouer nous nous endormions à l’ombre du platane dans les bras l’un de l’autre

  MIMI la Chatte

  Me regarde de son air inquiet "ami ou  ennemi ?"

 C'est MIMI qui doute

 Sursaute au moindre bruit : une voiture  qui passe dans la rue, ou pire, les  éboueurs avec leur grosse benne qui  clignote comme un sapin de Noël en toute saison

  C'est MIMI la froussarde

 M'accompagne dans le jardin et va à sa  place favorite les 4 pattes en l'air en  minaudant

C'est MIMI la caresse

 passe dans mes jambes dans une course d'enfer et se retrouve en une seconde au  sommet de l'abricotier

C'est MIMI la sportive

 attend patiemment que je m'installe sur le canapé pour s'installer sur mes genoux

         C'est MIMI la sieste, pour elle et pour  moi !

QU'EST-QUE C'EST QUE CELA ?

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  Un caméléon de la Réunion,

  Nous l'avons baptisez Léon

  Juste pour faire la rime

  Tu parles d'une frime ...

 

Je me souviens N° 223 : Je me souviens avoir  été photographié au milieu d'un champ d'épinards. C'était l'hiver et je portais un manteau qui m'arrivait jusqu'à mi-cuisses que  j'avais nues et violettes, vu que j'étais en  short  toute l'année ! En outre, je portais un  béret  comme l'a porté mon père jusqu'à sa mort.

 Je devais avoir  5/6 ans

 

Je me souviens 264 : Je me souviens avoir touché de près l’idée que je me faisais de l’infini par mon             Enfance              image projeté dans les grands miroirs qui se faisant face, dans le salon du coiffeur

 

Je me souviens N° 220 : Je me souviens d’avoir jouer «à cachette» et de m’être retrouvé dans la       même planque, avec une copine qui me plaisait bien, entre deux rangées de tournesol, en priant que       l’on nous retrouve le plus tard possible !

 

 Je me souviens N°300 : Je me souviens avoir été déçu de ne pas obtenir la moindre image pieuse au           croyance                   catéchisme par la vieille dame qui nous l'enseignait. Il faut dire qu'à l'époque je                                               devais déjà paraître mécréant et "irrécupérable" à la cause religieuse que je                                               vivais comme de belles histoires à dormir debout 

  Avec le recul du temps, je mesure la contradiction qu'il y avait chez mes parents à vouloir   que je fasse la communion, eux qui étaient athées, laïques et sympathisants communiste, "  "le parti de la classe ouvrière". Je la comprends (la contradiction), sans la comprendre. Je la   comprends par la pression du regard des habitants d'un village où chacun se connaissait et   "se marquait à la culotte", jusqu'à pousser mes parents à m'envoyer au catéchisme pour faire   "comme  tout le monde". En quelque sorte c'était le prix à payer pour acquérir le statut de   membre de "la bonne moralité et de la neutralité bienveillante". Autant dire que la   communauté villageoise jouait à "comme si" en grands enfants attardés qu'ils étaient : "Tu   fais ta communion comme tous les enfants de ton âge - ainsi tu ne te fais pas remarquer outre   mesure - et en contre partie, j'oublie que tu as des idées "rouge" à condition de ne pas les   claironner"

  Cependant, cette histoire a accouchée d'une morale plaisante. Le curé alerté par la bigote   de mes railleries intempestives qui gênaient l'apprentissage religieux des autres enfants,   convoqua mes parents pour leur annoncer qu'en l'état de choses il refusait de faire faire la   communion à un enfant si peu coopératif, sauf dans le cas où il y avait une image pieuse à   gagner. Malheureusement, même dans ce cas, mes réponses étaient tellement calamiteuses   et chargées de tant d'ironies déplaisantes que la Dame Patronnesse en était catastrophée.   Je n'ai pas souvenir que mes parents, sans doute déçus, m'aient sermonné de mon attitude   non coopérative, sans doute conscient de leur contradiction dans cette "affaire". Par soucis   d'être plus complet, je pense que ce n'était pas  qu'une affaire purement chrétienne, mais   aussi c'était me priver du "rite de passage tribal" (devant le village rassemblé) du jeune   garçon vers l'Homme en devenir avec, à la clé, un beau costume, un bon repas qui réunit   toute la famille et le sentiment réjouit des parents du "devoir éducatif" accompli.

 

 Je me souviens N° 221 : Je me souviens de la scène finale, implacable, ahurissante de haine,   projetée par l’héroïne (Sissy Spacek) de «Carrie ou le Bal du Diable» de Brian de Palma ,   provoquée par les humiliations de ses camarades  lycéennes et je vous recommande la toute   dernière scène :   un régal dans le genre épouvante !

 

Je me souviens 306 :  Je me souviens du projectionniste du cinéma de village, surnomé "Popaul".    cinéma                          il faisait également la police lorsqu’il y avait du chahut entre jeunes. Il se                                            déplaçait avec sa lampe électrique et il avait fort à faire avec nous, sans                                            que cela prenne pas pour autant des proportions dramatiques !  

     C'était à l'époque ou le moindre village avait sa salle de cinéma et où nous allions voir un film souvent en famille, jusqu'à l'âge boutonneux et aux hormones en soudaines effervescences. La salle de cinéma devenait alors le terrain de chasse aux filles. Chez nous,  la séance du dimanche après-midi nous était "réservée", à part quelques adultes "égarés" qui avaient bien du mal à  suivre sereinement le film tant il y avait du chahut chez  nous, les jeunes. Tout cela à cause de l'excitation qui montait entre nous, à faire de savantes approches des filles, ce qui occasionnait de nombreux déplacements dans le noir avec, à  chaque fois, le fauteuil en bois qui claque. Aussitôt des  "chut    !!" colériques des quelques adultes se faisaient entendre. Un calme relatif revenait lorsque nous avions réussi à cerner un groupe de filles. Nous passions alors à la deuxième phase de la drague : "le baratin". C'était à celui qui arrivait le mieux à se faire remarquer par les filles. Celles-ci se livraient à un savant dosage d'être à la fois incommodées mais ...  ravies d'être courtisées !

img2.gif                Des "chut !!" de plus en plus excédés se faisaient alors entendre, jusqu'à l'intervention du projectionniste "Popaul" qui sortait de sa cabine, armé de sa lampe électrique. Souvent le ton montait jusqu'à ce qu'il pousse sa gueulante, parfois allume la salle, plus rarement arrête carrément le film tellement certains d'entre nous avions dépassé les bornes. Quelques uns ont même été "viré" de la salle. Pourtant, ces chahuts n'ont jamais pris un caractère aggravant (bagarres par exemple) et si Popaul était un peu notre tête de turc, il faut bien le dire, il y avait quand même un certain respect de part et d'autre.

Quant à la drague, les jeux étaient faits. Les filles, après avoir repoussées le bras des garçons sur leur épaule pour la    énième fois, choisissaient celui par qui elles se laisseront enfin embrasser. Cela faisait des heureux (*)et des bredouilles.

Reste que, dans la conquête dans le noir à la découverte mutuelle au grand jour, il y avait de joyeuses surprises et aussi quelques déceptions, le rêve amoureux restant intact, surtout dans le cœur des filles. Quant aux garçons, leur pudeur comme leurs testostérones, les faisaient agir en conquérants idiots.

 (*) Il s'agit d'un texte érotique dont la tension monte de jour en jour. En l'absence de réponse demandant la suite, le texte s'arrête net ... Bonjour la frustation !

 

Je me souviens N° 22 : Je me souviens que l’on appelait Jacques Brel, l’abbé Brel. Par contre je ne  savais pas pourquoi jusqu'à aujourd'hui …grâce à la magie du NET qui me  répond :

 "...1955 est également l'année de son premier 33 tours 25cm sous le label Philips enregistré en France. Cette  année-là, Brel chante pour des organisations chrétiennes ce qui lui vaut de la part de celui qui restera son ami,  Georges Brassens, le surnom de "Abbé Brel".  (Ref. SKYBLOG - "Mistralgagant")

 

Je me souviens N° 224 :  Je me souviens qu’à moi tout seul j’étais l’équipe de foot imaginaire de     «le Plan» précédé du nom du village où j'habitais. La balle au pied, dans le pré, j’inventais au fur et à     mesure les exploits de chacun des joueurs que je commentais à haute voix comme un reporter

    224 bis - Je me souviens de la fameuse coupe du monde du football en 1958 et du fameux match    "Brésil-France", vu à la télé chez les grands parents de mon voisin

 

 Je me souviens N° 230 : Je me souviens de l’irremplaçable Coluche qui  jouait sur un minuscule  violon avec des gants de boxe. Il a joué à fond son  rôle de bouffon en déstabilisant les tenants du  pouvoir sous toutes ses  formes et redonné espoir aux plus fragiles d'entre nous. 

 

 

 Je me souviens 251 :  Vous avez comme cela des mots qui sont autant attirants que répulsifs  :  communiste

  Je parle de la période faste d'après guerre jusqu'à mai 1968 où les opinions et les moeurs ont  commencé à s'émanciper, relégant progressivement les aspirations des "petites gens" pour un monde   plus juste socialement parlant vers les calandres grecques ... Les évènements de Hongrie, ceux de   Pragues, le goulag en Sibérie et d'autres ont fait le reste pour saper définitevement la grande idée  d'une mondialisation du partage. Au lieu de cela c'est une mondialisation par l'injustice du fric (plus  t'en a, plus t'est considéré, plus t'en veux encore, donc plus tu exploites, tu expropries, tu licencies )

 Mes parents passaient à côté de ces enjeux, restant dans leur logique du parti qui les défend . Ils  avaient sous les yeux l'engagement généreux des militants qui savaient écouter et parler de leurs  difficultés mieux que mes parents ne sauraient le faire eux-mêmes. L'Enfant que j'étais s'imprégnait de  cette logique simple (simpliste, je dirai mieux) qu'il y avait deux camps qui s'affrontaient : ceux qui  exploitent et ce qui sont exploités et il y avait pas photo : nous étions biens des victimes du  système capitaliste, comme nous le sommes aujourd'hui sous la forme la plus pernicieuse du  capitalisme : le  libéralisme --> travailler dur, enrichisser vous et devenez à votre tour un exploiteur  des plus faibles, avec en plus, cette force haineuse du parvenu qui a suer sang et eau pour en arrivez là.

 A l'heure actuelle le parti communiste représente 3 % de l'électorat et s'enlise jour après jour dans ses  contradictions : entre conservatisme et ouverture. L'addition est chère payée mais elle est en rapport  avec toutes les couleuvres que les petits gens comme mes parents ont du avalé pour ne pas voir l'échec  et le despotisme d'un système archaïque qui n'en fini de s'écrouler.

 De tout ce cheminement (de loin) avec "le Parti" s'il faut garder quelque chose de positif c'est, non  seulement, l'espoir d'un monde meilleur, mais aussi se sentir citoyen d'un monde mis en danger par  nous-mêmes.

 Je me souviens 86 : Je me souviens qu’avec mon copain, nous nous échangions,  lui : «Mickey» moi : «Vaillant» (obédiance communiste). Un peu plus tard, lui : «Salut les copains» moi : «Nous les garçons et les filles» (obédience communiste).

Les parents de mon copain étaient sympathisants gaulistes. Pas difficile de devinez les sympathies de mes parents pour le parti des travailleurs.

 Je me souviens 197Je me souviens avoir vu Joan Baez, enceinte, sur la grande scène de plein air de la "fête de l’Humanité». Elle aimait bien parler avec le public, tandis que les militants communistes des premiers rangs visiblement pas contents de ce qu’elle pouvait dire, lui criaient : «Ta gueule ! Chante ! »  

 

Je me souviens 212:

  Je me souviens de mes tous premiers début sur une scène, lors des fêtes de fin d’année des écoles, le jour  du 14 juillet, en plein air, sur une estrade dressée devant la quasi totalité des habitants de mon village.

 Oh, je n'étais pas très doué et souvent mis de côté pour y participer, car l'objectif principal était de savoir  "marcher au pas", pardon, "en musique !" C'est ainsi, qu'un mois à l'avance, dans la cour de l'école, nos instituteurs s'ingéniaient à  nous faire  répéter les mêmes pas d'une chorégraphie qui n'en avait que le nom, sur des airs de musiques,  ma foi, forts beaux, classiques pour la plupart et même d'Opéra (notre directeur était un amateur d'art  lyrique qu'il écoutait sans arrêt chez lui, sur son vieux poste de radio)

 De ces "expériences" je n'ai retenu  que ma peur de ne pas suivre correctement le rythme et j'étais bien trop préoccupé à regarder mes pieds  que de faire un petit signe de fierté à mes parents d'être sur l'estrade. Celle-ci était tout en bois et avait un  large escalier sur le devant qui signifié la marche triomphale vers son sommet pour aller y recueillir son  prix qu'il soit d'excellence où autres. Pour ma part, il me fallut patienter l'année du certificat d'études que  je réussis comme la plupart de ma classe. Là, enfin, mon nom fut cité et applaudi, pendant que je  montais les marches branlantes, à moins que ce ne soit mes jambes qui tremblaient de trac. Au sommet,  je reçus les traditionnelles félicitations de Monsieur le Maire et du Directeur de l'école et Maître de ma classe.  Quant à ces petites scènes qui clôturaient la fête, il y eu la même durée avant que j'éprouve une sorte de  pincement au cœur qui vous réchauffe tout entier. Jusqu'à mes joues qui s'enflammèrent du plaisir de me  sentir bien dans le tout petit rôle d'une scène sur le thème de "la partie de boules" Je me souviens très bien  que j'étais "déguisé en vieux " et que ma mission était de perturber la partie en poussant du pied une  boule. Un des joueur s'en apercevait et me tirait sur la cravate pour m'intimer l'ordre de ne plus recommencer. J'aurai, d'ailleurs, bien été en peine de le refaire car le joueur me serra si fort la cravate que  je fus au bord de l'évanouissement ! J'avais eu à faire à un acteur qui prenait beaucoup trop son rôle au  sérieux.

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Cependant, malgré cet incident fâcheux, je garde un très bon souvenir de ce sketch que je  qualifierais volontiers de première vrai expérience, déclenchant en moi toutes sortes de sensations que j'aurai de cesse, après cela, de ressentir à nouveau, encore et encore. 

 

Je me souviens 211:

   Je me souviens avoir connu la fin de la période des bals ou les filles étaient encore accompagnées    par leurs parents ! 

Difficile à imaginer à notre  époque, n'est-ce  pas ?  Les filles  étaient, en  effet, couvées par  leur  mère-poule et  surveillait de loin  par leur coq  de  père.  Enfin, pas  toutes.

 Quant aux bals, je me souviens  que  j'allais à  celui  du village  voisin, avec un  car gratuit (mais  oui !)  pour nous y  amener ! Il faut  dire qu'il n'y  avait  pas  beaucoup  de véhicules à cette  époque,  sinon nos mobylettes, mais les  parents  avaient  peur pour nous,  surtout la nuit.

 La salle de bal était vieillote,  comme  l'était le  triste spectacle  de ces parents  alignés sur des  chaises sur tout un côté.  Nous,  les  garçons  étions regoupés  vers le  fond, habillés du  dimanche, bien  coiffés (la raie  sur le côté pour  moi) les  cheveux  luisant de  brillantine.

  L'orchestre à l'ancienne attaquait  par  des passe-double et des  tangos pour  chauffer la salle, tout  en faisant plaisir aux anciens qui,  ils doivent bien l'avouer, ont,  eux aussi, été jeunes en leur  temps.

 Puis, à la première note du  premier  slow; les choses  sérieuses pouvaient commencer.  Le  groupe  compact que  nous  formions, se  dispersait  pour  s'approcher en douceur vers le ou  la  gardienne de l'élue de son  coeur.  Révérence, politesse et  salutations : C'est le  moment de  la demande  d'autorisation à  danser :

 "Vous permettez, monsieur,

   Que j'emprunte votre fille

   Mais bien qu'il me sourieee

  Je sens bien qu'il se méfieee  ....Ah !   ADAMO !

 Quant à moi, j'avais la chance (si  l'on  veux ) de  connaître une mère  gentille qui espérait que je sois un  jour son gendre. Le fait est  que sa  fille, bien qu'aussi gentille que sa  mère, ne m'attirait pas plus que ça.  Mon cœur  vibrait pour un autre  joli  minoi  avec qui,  je me prenais  régulièrement  de cruels  rateaux.

 Je trouvais que, décidément, la  vie était  mal  faite ! En tout cas,  de mon point de vue. Alors, je  revenais vers "ma  promise" qui  m'attendait et reprenait espoir,  ainsi que sa mère : elle se disait  que je finirais bien par me rendre  compte de la chance que j'avais  d'avoir une si gentille fille  toute  prête à me  démontrer combien  elle m'aimait. De mon côté, jouant  le jeu du  badinage amoureux, je  nous lançais dans  des  slow  chaloupés, propices aux  fous-rires et au défoulement dont  j'avais grand besoin. En  effet, il  me fallait beaucoup d'énergies  pour faire semblant d'ignorer le joli  minoi en train de bécauter avec un  bélâtre, à deux pas de nous.

 Les douze coups de minuit nous  séparaient à regret, tout en se  promettant de se revoir au  prochain bal du samedi soir.

Hommages

 Une tendre pensée aux deux jeunes filles auxquelles je n'ai pas  répondu à leur attente amoureuse. Je sais d'autant leur souffrance pour l'avoir ressenti moi-même auprès de celles qui n'ont pas fait cas de mon  amour.

 

 

Je souviens 242 :

 Je me souviens avoir été dans une  salle surchauffée à Corbeil-  Essonnes, avec un cœur gonflé  d'émotion et d'espoir parmi cette  foule, où se trouvaient des réfugiés  chiliens qui chantaient  : "El pueblo  unido jamas sera vencido!"

 Ils étaient accompagnés par le célébre groupe des  QUILINPAYUN

 

Je me souviens 239 :

 Je me souviens que le   film "La Belle et la Bête"  m'a  particulièrement impressionné par son aspect fantastique inquiétant autant que  remarquable. Mais c'est  l'aspect de la rencontre entre deux êtres que tout  sépare au départ qui m'a le plus subjugué

 

Je souviens 241 :

d'avoir faillit qu'un ramasseur de champignon nous marche dessus, alors que nous faisions l'amour caché dans de hautes herbes

 

  Je me souviens N° 218 : Je me souviens avoir eu la peur de ma vie en bravant l’interdit des parents   d'aller seul au bord de la rivière : une voix menaçante se fît entendre, venue de je sais d’où (sans doute   un  pêcheur) qui nous a  fait détaler comme des lapins, ma copine de jeu et moi

Bascule dans l'imaginaire

Je me souviens  N° 233  :

 Je me  souviens du fin fond de mon enfance que je"m'ennuyais" souvent,  avec cette difficulté  à occuper le temps,  seul, dans un coin campagne de  paumé

 Mes parents, très occupés à travailler pour gagner difficilement leur croûte, étaient assez exaspérés de   m'entendre dire à longueur de journées : "Je ne sais pas quoi faire" et me répondaient invariablement   "Tu n'as qu'à t'amuser, toi. Tu sais pas la chance que tu as !"  Certainement qu'à force de m'entendre   dire cela, je me suis fait une raison et pris sur moi d'entrer de plus en plus dans des jeux solitaires où je   m'inventais une ville, un stade et des joueurs de foot, Tarzan qui se suspend à un arbre, Zorro qui met   la pâtée à tout un tas de soldats mexicanos, etc.

  Il est dit couramment qu'entrer dans l'imaginaire c'est rêvé sa vie, s'évader  de son quotidien. Chez les   enfants c'est source d'apprentissage, de construction de sa personnalité. En grandissant, c'est faire acte  de création, certes dans le domaine artistique, mais pas seulement. Chacun de nous à en lui cette faculté  d'abstraction en imaginant en son absence non seulement  une personne, une chose, un objet, mais aussi  d'imaginer cette personne, cette chose, cet objet différemment de sa forme, sa fonction ...

 De même, l'environnement dans lequel nous vivons peut nous influencer au point de provoquer en nous  des sensations, des émotions, tel ce fameux cyprès qui coïnait par temps de mistral. J'avais 11-12 ans, et  il m'arrivait d'aller voir la TV au café du village --> encore peu de familles avait un poste chez eux et les  soirées mémorables de "la Piste aux Etoiles de Gilles MARGARETIS et "36 Chandelles" avec Jean  NOHAIN attiraient la grande foule au café du commerce.

 Je me souviens  N° 234  : Je me souviens que beaucoup de familles venaient voir la télé au  café,  notamment pour : «36 chandelles» de Jean Nohain et «la Piste aux Etoiles» de Gilles  Marguérétis.  Les cafetiers de cette époque devaient bien gagner leur vie, bien que la plupart  des familles étaient  modestes et se contentaient d’une menthe à l’eau ou d’un café pour la  soirée

 C'est au retour de ces émissions, non accompagné par mes parents, que je me trouvais confronté à cette  ombre gigantesque qui semblait grogner en me voyant arrivé. Pas très rassuré, je m'arrêtais un instant  afin d'essayer de résonner ma peur. Mais j'avais beau me persuader que ce n'était qu'un cyprès et rien de  plus et que ses gémissements étaient provoqués par son frottement avec le mur de clôture et les branches  de l'arbre voisin sous l'influence du vent, pourtant je perdais pied devant l'atmosphère inquiétante de la  nuit, du froid qui me faisait frissonner et semblait me pousser vers ce danger omniprésent.

 C'est le genre de souvenirs qui m'attire comme si j'étais au bord d'un puits dont je ne vois pas le fond,  tenaillé entre la peur (du vide, de l'inconnu, ...) et l'envie d'y aller voir de plus prêt ...  Ainsi, les portes  qui conduisent au pays de l'imaginaire sont multiples pour chacun de nous. "Il suffit pour ça d'un peu  d'imagination" chantait Charles TRENET. Certains éprouvent peu ce besoin, d'autres ont tendance à  s'y réfugier, la plupart éprouvent une sorte de délectation à laisser aller leur pensée, souvent à  partir des  propres événements de sa vie au quotidien. Faire vagabonder son imagination est souvent  synonyme  d'évasion, une manière comme une autre de sortir de ses soucis du moment.

 

Je me souviens  N° 157(revisité)  :

 Je me souviens d'avoir participé à la  création d'un montage diapos qui  illustraient des chansons de Jacques  Brel. Certaines des chansons ont été  illustré par mes  dessins pour mieux  accentuer  la  caricature, notamment  celle des "Flamandes"

 Bruno Brel, neveu du grand Jacques, reprenant son répertoire, a été invité le  jour de la  première du  montage diapos.

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Il m'est arrivé (trop peu souvent à mon goût) de participer à un projet collectif, si on excepte le théâtre et  la BD --> j'aurai l'occasion de revenir. Aussi, lorsque cela m'arrive j'en éprouve une douce jubilation !

 Pour ce qui est de l'aventure autour de la photo et du montage diapos je ne souviens pas très bien des  circonstances de départ, sinon que le projet était porté par un gars passionné prénommé Jean Pierre que  j'ai perdu de vue depuis. Plusieurs autres personnes se sont associées à l'entreprise par connaissances et  surtout pour leurs compétences techniques dans le domaine photographique. Reste ma présence dans  l'équipe, jouant le rôle de Candide en étant présent tout au long du projet : choix des chansons de Brel à  illustrer et des lieux à photographier, sélection des photos, ordre de passage et répartition des diapos sur  l'écran dans un triptyque vidéo, synchronisation avec des chansons. Le déroulement du projet fut pour  moi autant instructif que passionnant, même si par moment j'y éprouve une certaine lassitude là où je  n'ai pas à intervenir, dans le domaine technique qui me parait prendre un temps énorme et fastidieux.  Pourtant ma patience est récompensée par ma modeste mais exceptionnelle participation par le dessin  ainsi qu'au vue du résultat final dont le public et la presse sont unanimes pour reconnaître là un véritable  travail de professionnel.

 Quant à mon principal regret au sujet de Jacques BREL c'est de ne pas l'avoir vu sur scène, là où il se  donnait à fond en véritable artiste "écorché-vif" qu'il était. Et ne croyons pas que c'était une partie de  plaisir pour lui, mais bien plutôt une grande souffrance en même temps qu'une catharsis (*) libératrice.  En  définitive, BREl reste toujours pour moi, à l'heure d'aujourd'hui, le chanteur le plus complet : par  ses  textes d'une infinie humanité et d'une poésie hors pair, par sa voix qui me bouleverse,  m'émeut  jusqu'aux larmes. Egalement, sa présence sur scène que je ne connais que par les retransmissions de ses  tours de chant à la TV.

(*) La catharsis est la purgation des passions par le moyen de la représentation dramatique

 

 JE ME SOUVIENS N° 287 : Je me souviens lorsque ma mère faisait la "bugade"

 L'origine du mot "bugade" vient du mot lessive en provençal. C'est, en quelque sorte, la grande lessive.

 Il s'agissait de faire bouillir le linge dans une lessiveuse qui est un grand récipient en tôle galvanisée, doté  d'un double-fond. L'eau, portée à ébullition, passe par des petits trous et remonte à l'intérieur d'un long  cylindre métallique creux surmonté d'une sorte de chapeau (pommeau) qui arrose le linge d'eau bouillante.  Ensuite, l'eau redescend en traversant le linge et retombe au fond pour remonter à nouveau, créant ainsi un  cycle fermé.

 Le linge est préalablement déposé dans la lessiveuse tout autour du cylindre, puis rempli d'eau, fermé  hermétiquement et porté à ébullition sur le poële.

 

 Après avoir bouilli, le linge, principalement des draps, étant gorgé d'eau, est ensuite  prélablement tordu en s'y mettant à deux. Avant d'être rincé dans un petit canal à  proximité de la maison, , il  est encore souvent nécessaire pour retirer le savon de  frotter le linge avec brosse et savon pour nettoyer les  endroits les plus souillés, comme  par exemple des couches d'enfant.

 Ensuite, il était mis à sécher au soleil sur des cordes à linge au moyen d'épingles come nous le faisons encore  aujourd'hui dans le jardin.

 

 

 Je me souviens 298 : Je me souviens du lézard vert appelé la " Rassade "recouvert d'écailles et dont ses                                            morsures sont redoutée car elle est réputée pour ne pas lâcher sa proie.

   Anonymous said... appelée communément "la rassade".

 " Fais attention ne vas pas sur les plaines , si elle te mord , sa mâchoire ne peut plus s'ouvrir, il faut  couper le morceaux", me disait ma grand mère. Quand il fait bien chaud promènes-toi au bord  du canal,doucement, tu va en apercevoir au soleil mais attention, elle se nourrit de poulet. C'est une  rassade (ouna rinsada). La rassade est grise et pas verte. Rassade ou lézard  limbert - petit ou vert ou  long gris...  (extrait "Journal d'Eyragues")

 On s'y perd un peu dans ces propos. Personnellement, j'ai le souvenir d'être dans un champ, assis au milieu  d'une raie, m'amusant avec des bâtons et des mottes de terre, tandis que mes parents ramassaient des haricots  verts, lorsque à un moment j'ai aperçu un lézard gris de belle taille, pas comme ceux que l'on voit sur les murs  des maison se chauffant au soleil. Prévenant mes parents, ils m'intimèrent l'ordre de ne pas m'en approcher.

 "Pourquoi ? C'est méchant ?"   

 "C'est dangereux. Cela peut te sauter dessus, t'attraper avec ses crocs et ne plus te lâcher"

  "Qu'est-ce qui faut faire, alors ?"

  "Couper le morceau de chair pour en être libéré"   

 Cela me fit froid dans le dos et me servit de leçon de garder mes distances avec ce redoutable lézard  et comprenant que les gens, autour de moi, puissent parler de la rassade avec crainte et respect. Depuis je n'ai  pu me faire une opinion valable si la mauvaise réputation de la rassade était justifiée, en partie ou non.  Aujourd'hui, Il  m'arrive de temps à autre de rencontrer de beaux lézards verts immobiles au soleil qui  me fixent comme s'ils me narguaient, alors que leur immobilité est une tentative de passer inaperçu ...  Je  n'irai pas jusqu'à provoquer le lézard pour vérifier si mes craintes enfantines étaient exactes, pourtant je me  dis que "la mauvaise  réputation" c'est quelque chose qui vous colle à la peau, à l'écaille et à la plume : bon  nombre de chouettes, de hiboux cloués vivant sur des portes en témoigne. Et je vous parle pas des hommes ...

 

Je me souviens 209 :

 Je me souviens que lors de  mes classes, au service  militaire, la tête ahurie du Chef,  lors d'une séance de tir au fusil,  de trouver 4 impacts de balle  dans ma cible et 6 dans celle  de mon voisin !

 

 JE ME SOUVIENS N° 286 : je ne me souviens  qu'il y a quelques années ma mère lavait notre linge                                                    sale dans le lavoir municipal.

 Certes, cela avait son charme rupestre et cela donnait l'occasion aux "lavandières" de se donner  des informations de premières mains sur la vie locale. Cependant, peu de personnes ayant vécu  cette époque, regrettent "le bon temps que c'était d'avoir le privilège de tremper ses mains  violettes de froid dans une  eau glaciale"

 Aujourd'hui encore, dans beaucoup de villages, nous pouvons voir ces lavoirs municipaux, dont  certains sont encore en état de marche, avec la circulation de l'eau dans des bassins de pierres  et leurs rebords patinés par tant de coups de battoirs sur le linge. C'est tout juste si le syndicat  d'inititiave n'y embauche pas une ancienne "Mère DENIS", arrivant avec son ballot de linge sale  d'une main et sa caisse (à savon?) de  bois, coupée en son milieu, et un coussin à l'intérieur pour  s'y agenouiller. Ainsi, il m'est arrivé un jour, de retour d'une randonnée, d'en voir une installée à  laver son linge. Mais je n'avais pas mon appareil photo sur moi et je n'ai  pas osé m'approcher  d'elle de peur qu'elle s'évanouisse comme un souvenir fugace ... 

  Il leurs fallait du coeur à l'ouvrage. On a même inventé une chanson populaire à cet effet :

"les Lavandières  du Portugual" interprétée par Jacqueline François en 1955   

 Paroles: Roger Lucchesi. Musique: André Popp   1955
 © Editions Paul Beuscher
 autres interprètes: Yvette Giraud, Georges Guétary


 Connaissez-vous des lavandières, comme il y en a au Portugal
 Surtout celles de la rivière de la ville de Setubal
 Ce n'est vraiment pas des lavoirs, où elles lavent mais des volières
 Il faut les entendre et les voir, rythmer leurs chants de leurs battoirs
 
 {
Refrain:}
 Tant qu'y aura du linge à laver
 On boira de la manzanilla
 Tant qu'y aura du linge à laver
 Des hommes on pourra se passer
 Et tape et tape et tape avec ton battoir
 Et tape et tape tu dormiras mieux ce soir
 
 Quand un homme s'approche d'elles, surtout s'il est jeune et bien fait
 Aussitôt elles glissent leurs bretelles, de leurs épaules au teint frais
 Oui mais si c'est un va-nu-pied, ou bien même quelque vieil hidalgo
 Elles s'amusent à le mouiller en chantant d'une voix égayée
 {au Refrain}
 
 Le soir venu les lavandières s'en vont avec leur linge blanc
 Il faut voir leurs silhouettes fières se détacher dans le couchant
 Sur leur tête leur panier posé, telles des déesses antiques
 On entend doucement s'éloigner leur refrain et leurs pas feutrés
 {au Refrain}
 
 Oui mais souvent les lavandières trouvent le mari de leur choix
 Toutes les autres lavandières le grand jour partagent leur joie
 Au repas de noce invitées elles mettent une ambiance folle
 Le xérès faisant son effet, elles commencent à chantonner
 {au Refrain}

 Bien sûr la chanson est légère, très légère, d'un machisme "innocent" (quoi que) de l'époque et les lavandières ne  pouvaient être que d'origine du Portugual, d'Espagne où d'Italie, et non française comme pourtant bien souvent dans la  réalité. Mais quand je vois et j'entends le racisme et le machisme d'aujourd'hui, ils sont autrement plus dangereux car  conscients et assumés  ouvertement. La majorité silencieuse est encouragée à ouvrir sa gueule ...

 

Je me souviens 275 que Leny Escudero faisait partie des chanteurs à la voix "éraillée" que j’aimais bien, tout comme Adamo, Hugues Auffrey. Parmi mes préférées : "Pour une amourette" "Ballade à Sylvie"  et "A Malypense" 

 

Je me souviens 45 :    Je me souviens avec délice du bruit des pages d’un livre, tournées        Ecole/Lycée             lentement par l’instituteur pour nous   faire la lecture. Les bras croisés,                                             nous attendions en silence ce moment de récompense

                           Dans la classe des cours moyen, je lève un bref instant la tête de mon cahier recouvert de  papier cristal bleue marine avec, dans son coin, l'étiquette collée portant mon nom, mon prénom et le terme  "CM". Par la  fenêtre, entre de massifs barreaux (il est bien connu que l'école c'est comme la prison),  j'entr'aperçois un coin de ciel qui prend les couleurs du feu. La fatigue nous envahit en cette fin d'après  midi. J'ai mal au bout de mes doigts tâchés d'encre violette à force de me crisper dessus, y apportant toute  mon attention et y brûlant toute ma pauvre énergie . C'est alors que le Maître claque avec le plat de la règle  sur son bureau massif, faisant sursauter tout le monde. Chacun se demande - moi pour avoir osé lever la  tête de son travail - ce qu'il a fait de mal.

 "Fermez vos cahiers. Rangez vos affaires dans votre cartable - quelques couvercles de bureau claquent en se   refermant - EN  SILENCE !"

 Le contentement est palpable, prolongeant une onde de soulagement d'une journée d'écolier qui s'achève.  Cependant, il reste un fond d'inquiétude qui traîne : Qu'est-ce qu'il a derrière la tête pour nous faire arrêter  un bon quart d'heure avant l'heure de la sortie ? La méfiance est de mise pour avoir été déjà  désagréablement trompé dans ses intentions "généreuses" à notre égard. Ainsi, je me souviens de la dernière  fois où il a fait stopper notre travail d'écolier ; c'était en réalité pour nous interroger sur le solfège (je vous  raconterai cela plus tard). Nous voilà donc ravis mais sur nos gardes, croisant sagement les bras avant que  lui même nous le dise, en signe d'allégeance et de soumission. Le Maître, satisfait de notre attente  silencieuse, se décide de sortir de sa serviette un joli livre ancien avec sa couverture cartonnée. Un chuchotis  de satisfaction se répand dans nos rangs car nous savons maintenant que le Maître, sans doute content du  travail de ses élèves, a décidé de leur accorder, dans sa bonté magnanime, un temps de détente et de plaisir :  la lecture de l'extrait d'un de ces merveilleux livres qui nous font tant rêver.

 Curieusement, ma mémoire me joue des tours à ne pas se souvenant ni des auteurs, ni des  titres. Peut être  parce que notre instituteur n'insistait pas sur ce genre d'information, pensant avec raison que le plus  important est la magie de la lecture des mots qui ouvre toutes grandes les portes de l'imaginaire. En tout  cas, c'est ainsi que cela a résonné en moi. Tout aussi curieusement, reste bien présent le souvenir des gestes  du Maître, à tourner lentement les pages à la recherche de l'histoire à nous lire, le bruit de frolement qu'elles  font, notre attention tendue vers la voix qui se propage dans l'air jusqu'à nos oreilles comme des  gazouillis  d'hirondelles, le contact des mots qui viennent éclater sur notre peau telles des bulles de savon dans  un frisson de plaisir. Egalement, c'était le seul moment où nous pouvions lever les yeux sur notre Maître, et  regarder sa tête baissée, toute à la délectation de la lecture. Son allure massive de géant, avec un visage carré  et son quadruple menton qui lui faisait des boursouflures rougeâtres, avaient de quoi m'impressionner et je  n'avais aucune difficulté à l'identifier dans le rôle d'Ogre, de Sorcier, de Pirate sanguinaire ou tout autre    archétype de méchants.

 De nos jours, les rapports instituteur-élèves ont bien changés, n'est-ce pas ? J'aurai sans doute l'occasion d'y  revenir ...

 

 Je me souviens 303:  Je me souviens de «sous les pavés, la plage» et les pavés jetés sur  SouvPolitique               les «CRS  SS !»   

Je me souviens 304:  Je me souviens d'avoir été ouvrier dans une usine pendans les évènements de  Mai 68 et de m'y être forgé une conscience politique édifiante de par les comportements du patron et de  ses ouvriers.

 Mon MAI 68

 Tout juste jeune homme et pas encore sorti du cocon familial, je travaillais comme manutentionnaire dans   une usine de papier cul. C'était l'âge des grandes (in)décisions : pas fait d'études supérieures et une   propension à aller où cela me poussait, c'est à dire pas plus loin que les limites de mon village. C'est alors   que MAI 68 nous tombe dessus, nous aussi, de manière indirecte. Tout était bloqué dans la France entière   et donc nous fûmes bientôt à cours de matières premières : de grandes bobines venant de la région   lyonnaise. Réduit à ne rien faire, quelques uns d'entre nous, allions aux nouvelles dans la petite ville   d'à-côté où, chaque jour avait lieu un grand rassemblement  avec discours syndicaux sur l'exploitation des   travailleurs. Pour beaucoup, c'était le choc des consciences, d'autant que dans notre petite usine   personne jusqu'à présent ne s'était posé la question de l'utilité d'un syndicat. Certes, nous savions que le   patron abusait de notre force de travail et que nous étions trop peu payé, mais nous manquions de points   de comparaisons avec d'autres usines. Notre exploitation était "banalisé" à défaut d'être "balisée". Mais   lorsque que, par la force des choses, le monde du travail s'arrête, les ouvriers des différentes usines de la   région que nous étions se mirent à se parler et comprirent vite leur situation précaire. Quant aux syndicats,   nous étions du pain béni, de la chair fraîche à endoctriner, à encarter. Une poignée d'entre nous dont je fis   partie se syndiquèrent. Cependant, Mai 68 "s'éternisant", les ouvriers s'inquiétaient de l'absence d'entrée   d'argent et nous, nous découvrîmes jusqu'où la perfidie peut s'infiltrer. D'abord, un syndicaliste nous   avertirent qu'il se passait de drôles de choses la nuit dans notre usine. Rendus sur les lieux, cachés dans   la  campagne environnante, nous découvrîmes avec stupeur que notre usine marchait à plein régime, sans   nous, seleument le patron, son fils, son amie et le très dévoué contremaître. L'usine était approvisionné   clandestinement par des transporteurs complices. Aidés par quelques militants nous installâmes alors un   piquet de grève devant la porte d'entrée. Le patron arrivant en voiture, très en colère au vue de cette   "pagaille organisée" nous fonça dessus, évitant de justesse d'écraser une des ouvrières. Cependant, plus  que de l'indignation c'est la peur qui dominait parmi nous et la scission se confirma rapidement entre ceux  qui choisissait de continuer la lutte et la grand majorité des autres, certes en accord avec nous sur bien des   points, mais pas près à  "s'opposer" au patron, un brave type, paternaliste en diable, qui vient vous saluer,   voire vous tapez sur l'épaule pour indiquer une certaine "sympathie condescendante" à votre égard. Et   par dessus le tout, c'était la frousse d'être mis à la porte qui prédominait.

 Progressivement, la situation commence enfin à se débloquer, l'approvisionnement à se faire et les  ouvriers de la papeterie reprirent le travail comme rien ne s'était passé, profil bas pour ne pas  "froisser" le  patron ombrageux et inquiet de savoir ce qu'il va sortir des négociations nationales. Seul quelques uns  don't  ma pomme, pensions qu'il ne faut pas reprendre le travail avant la fin officielle de la grève générale.  C'est ce que nous incite de faire les syndicalistes, pour être en position de force afin d'installer un syndicat  dans l'usine. Cependant, la bataille s'annonçait difficile puisque la grande majorité des ouvriers avait déjà  repris le boulot sans demander aucune contre-partie. Là dessus les accords de Grenelle furent signés avec  une augmentation spectaculaire du SMIC applicable à tous, public et privé. C'est unegrande victoire pour le  monde ouvrier. Nous n'avions même pas à demander une augmentation à notre patron, sauf que nous  n'avons pas encore repris le travail. Du coup, nous nous sentions s'être mis "à la  porte" nous-mêmes. En  fait, nous sommes dans la situation d'aller quémander notre reprise du travail au patron. Et là, alors que  nous avions un grand besoin de conseils, de soutient moral, nous nous appercevions que notre syndicat ...  n'était plus là. Il nous avait bel et bien laissé tomber, sans doute parce qu'il estimait que de créer un  syndicat dans notre usine était impossible en l'état actuel des choses. Du coup, nous nous sentions bien  seuls et la cerise sur le gâteau c'est que je suis le seul mâle du groupe, donc le seul "habilité" à faire face à  la colère du patron. Me voilà  donc poussé par les autres à entrer pour la première fois dans son bureau,  bredouillant pitoyablement ma demande de reprise du travail. Le patron en question, la joua colère froide,  ne déniant lever les yeux de ses papiers. Puis, il lança un : "Allez ! Allez "  avec forces gestes du bras pour  indiquer de ne pas perdre une seconde à se remettre au travail. Rassurez de m'en être sortie aussi vite, je  pris je battis en retraite rapidement. C'est  alors que dans mon dos (ne jamais tourner le dos à un patron) il  me décocha une de ces flèches empoisonnées à  l'humiliation, un poison terrible car il vous maintient en  vie pour vous faire souffrir à petit feux : "C'était pas la peine  de faire cette grève imbécile puisque je vous  ai déjà augmenté vos salaires"  A ce moment précis, je  prenais la réflexion du patron comme argent  comptant, ne pipe mot et sort la tête basse et la queue entre les jambes. Le poison fit son effet dévastateur.  Mais le pire était à venir, car en reprenant nos postes, nous  observions un comportement bizarre des  collègues ouvriers : ils ne nous parlaient pas, ils faisaient comme si nous n'étions pas là. En résumé, "ils  nous faisaient la gueule" se traduisant par "mise en quarantaine". Et qu'est-ce  qu'ils nous reprochaient  nos chers collègues de classe ? D'avoir osé troubler le bel ordre établi, dérangé l'humeur du patron, mis en  péril le sort de l'usine et par voie de conséquence de nos emplois. Mais aussi, leur avoir fait entrevoir qu'ils  pourraient agir d'eux-mêmes sur leur sort de travailleur sans pour autant leur donner la garantie et les  moyens de le faire. Nous mêmes avons été grugé par des syndicats certes dépassés par l'ampleur des  événements, mais aussi qui nous ont fait croire plus que ce qu'ils pouvaient nous apporter.

 Avec le recul, je ne regrette pas du tout d'avoir vécu cette "humiliation", d'abord parce que le discours du  patron n'étai lui même pas très clair : "la grève imbécile" comme il dit, à permis à relever le niveau de vie  des gens qui en avaient bien besoin.  Le "je vous ai déjà augmenté vos salaires" est un mensonge éhonté  car, sans Mai 68, le patron tout paternaliste qu'il était, ne nous aurait jamais augmenté. Il a été obligé de le  faire à cause des accords de Grenelle. Depuis, cette usine existe toujours de nos jours. Certes, elle a subi  bien des évolutions successives depuis, mais elle a eu les reins suffisamment solides pour supporter le  choc d'une augmentation de 100 % de nos salaires !

 Egalement, je ne regrette pas d'avoir eprouvé les comportements de mes collègues d'usine, faits à la fois  d'enthousiasme et de frilosité, d'espoir et de fatalisme, de générosité et d'égoïsme, de courage et de peur.

 De même pour les syndicats et leur discours éclairants sur l'exploitation du monde ouvrier, de la nécessité  de faire front collectivement et, en même temps, qui n' hésite pas à travestir, mentir, enjoliver, embobiner  (telles les bobines pour s'y torcher le cul avec !) pour pouvoir mieux nous endoctriner.

 De tout cela j'en ai tiré des leçons de vie, des valeurs, et une certaine philosophie qui se résume à dire que  nous vivons dans un monde complexe, que tout n'est pas noir et blanc mais plutôt dans toutes les variétés  de gris, qu'il faut savoir peindre en "rose espoir" de temps en temps, même si c'est souvent ce mentir à  soi-même.

 En tout cas, l'effet poison de "l'humiliation" ne fait plus son effet insidieux dans mes pensées depuis  longtemps et j'ai appris à ne plus tourner le dos à un patron, aussi "paternaliste" qu'il soit !

 

  Je me souviens 301: Je me souviens d’avoir vu incidemment Michèle Tor par la fenêtre de sa   caravane en train de se préparer pour son récital de chansons et de son regard mi-inquiet,   mi-amusé de me voir l'observer l'espace de quelques secondes 

  C'était à l'occasion de la fête votive de mon village. Comme chaque année un grand  spectacle était le clou de la fête. Cette  année là, la municipalité à engager la chanteuse  Michelle TORR à se produire sur la place du fer à cheval (*) En fin d'après  midi, c'est  l'effervescence des derniers préparatifs, des derniers réglages techniques. De nature  curieux, j'observe  attentivement ce qui se passe, je vais, je viens, je furète ici et là,  jusqu'à me trouver sur le côté de la scène avec des  barrières qui m'empêchent d'aller  plus avant. Je monte alors sur le parapet longeant la rivière, comme j'ai l'habitude de le  faire tout naturellement et je progresse dessus jusqu'à me retrouver derrière la  scène.Là, c'est le calme plat et il fait sombre  du fait que la nuit est en train de  tomber.Toujours sur le parapet, je progresse jusqu'à une caravane, me retrouvant à  hauteur d'une fenêtre éclairée. Et là, à l'intérieur, je rencontre  le regard mi-surpris,  mi-amusé de Michelle TORR.  Curieusement c'est moi qui fut le plus surpris car ma  ballade n'était pas vraiment d'aller "voir" la Vedette, dont j'étais encore  un peu jeune  pour être un de ses fans

 (*) fer à cheval : il est dit que ce nom a été donné à la place par sa forme en fer à cheval.Il est plus vraisemblable que cela vient qu'il y avait un maréchal ferrand.

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Je souviens 243 :

 Je me souviens de l’orange pliée dans un  joli papier, offert comme unique cadeau de  Noël, mais quel cadeau c'était pour moi !

 Aujourd'hui les choses ont bien changé ?

 Certes, nous sommes entrés dans  une société  d'abondances qui aime bien en faire "l'étalage"

 Mais si nous voulons nous donner la  peine d'y  regarder d'un peu plus près nous y trouverons les  mêmes manques, les mêmes misères, les  mêmes  laissés-pour-compte, avec, en plus, la révoltante  et inaccessible abondance qui nous narge.

 Je me souviens 244 :

 Je me souviens que c'est lorsque ma mère m'a répondu,  à  ma question "Pourquoi le Père Noël ne passe pas  chez  nous?", par cette réplique cinglante :  "Le Père  Noël ne passe pas chez les pauvres" qu'est né mon  premier sentiment  d'injustice et par là mon désir de  comprendre et d'agir pour que cela change

 

Je me souviens 213:

       Je me souviens qu’à la fête du village, sur la place du fer à cheval,  l’Opéra venait  jouer des opérettes tel que «La Belle de Cadix». Un régal des yeux et  des oreilles !

  l’Opérette aux champs

 C’est encore grâce à cette même vieille estrade branlante, installée par les employés  de mairie à l’occasion de la fête votive du village, que j’ai éprouvé mes premières  émotions de spectateur. En effet, la troupe de l’Opéra d’Avignon, son cœur, ses  acteurs – chanteurs - danseurs, ses musiciens, ses décorateurs et costumiers se  déplaçaient spécialement chaque année, pour nous interpréter une des opérettes de  leur répertoire. « La Chaste Suzanne », « La Joie de Vivre » « La Belle de Cadix »      « L’auberge du Cheval Blanc »

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 Et ainsi de suite, sur des années. Tout cela, offert  gratuitement par la municipalité à  ses administrés, ravis d’admirer un si joli  spectacle, de qualité, de plein air et  gratuit. Aussi, avoir la chance de trouver une  chaise de libre et, si possible à l’  ombre, était particulièrement difficile. Quant à se  retrouver au fond de la place, c’  était accepter de ne distinguait pas grand chose.  Pour ma part, mon jeune âge me  permettait de me faufiler devant le premier rang  réservé au Maire et à son conseil  municipal. Je m’installais parterre en tailleur ou  encore assis sur le côté, à l’ombre et  au frais, sur la rambarde de la rivière.

 Tous mes sens ouverts, je m’abreuvais du spectacle à sa source, humant les parfums  portés par le mistral, les yeux écarquillés devant la beauté des costumes qui brillaient  au soleil, et quelque peu surpris que l’on puisse parler en chantant de si belle  manière. Certes, je n’en étais pas encore à comprendre que cela racontait aussi une  histoire, mais suffisamment tout de même pour être capté et emporté dans ce  charivari L’alternance des scènes légères et des scènes dramatiques allaient bon train,  sur un rythme d’enfer. Pour ma part, j’aimais beaucoup le comique de situations,  enfin, ce que j’en comprenais, sinon  à accompagner le tonitruant rire des  spectateurs comblés. Cependant, ma préférence allait aux manifestations d’  allégresse, surtout le final où les événements se précipitaient en même temps que les  entrées en crescendo des acteurs, tandis que la pauvre estrade protestait en gémissant  de toutes ses planches mal jointes. L’orchestre, lui même, s’emballait en poussant  tout ce beau monde vers un dénouement qui atteignait des paroxysmes de chants,  de danse et de jeux . D’ailleurs, je crois que mon goût pour la musique  symphonique vient de cet emballement irrésistible, me semblant à la fois  dangereusement et délicieusement  incontrôlable !

 Au fil des spectacles annuels, je comprenais à quel point la troupe de l’Opéra avait  un sacré mérite de sortir de sa belle tour d’ivoire pour partir à l’aventure vers cette  bourgade campagnarde. En effet, il s’agissait ici de présenter le spectacle pour la  seule fois en plein air et de jour (sans la mise en valeur des éclairages), sur une  estrade 10 fois moins grande que la magnifique scène du Théâtre d’Avignon, surtout  en profondeur. Certes, la troupe était réduite, mais encore suffisamment nombreuse  pour que cela pose des problèmes dans les déplacements et notamment pour les  ballets ! Si  nous ajoutons que l’estrade n’avait rien d’une scène de théâtre mais  plutôtun nid  semé d’embûches et, qui plus est, doté d’une sonorité exécrable, où les  chants des acteurs étaient perturbés par le bruit des planches mal jointes, chaque fois  qu’ils avaient à se déplacer. Alors, je vous laisse imaginer le bruit digne de la course  d’un troupeau d’éléphants, lorsque les danseuses entraient en action !

 Bien d’autres embûches attendaient nos vedettes du bel canto, non habituées à  devoir  porter leur voix à l’air pur, luttant contre le chant des merles perchés au  sommet les  platanes ou le passage intempestif d’un tacot dans la rue d’à côté. Mais  le plus  redouté est celui qui s’imposait à tous :  Le Mistral ! Il prenait un malin  plaisir de  venir cueillir le chant à la sortir de la bouche des chanteurs pour l’  emporter  brusquement à l’autre bout de la place, puis revenir d’un endroit à l’autre!    Si bien  qu’en tant qu’auditeurs, nous percevions des bribes de phrases par-ci,  par-là, sur des  variations de sonorités très extensibles.

 Cependant, ces difficultés accumulées ne semblait pas décourager outre mesure la  troupe de l’Opéra qui ne manquait pas d’honorer son contrat chaque année. Se  placer dans une situation aussi complexe, avec sa kyrielle de problèmes à résoudre et  les moyens du bord qui tenaient plus de l’improvisation et du bricolage, n’avaient  rien de réjouissant, et pourtant ! Alors, qu’est-ce qui pouvait pousser cette troupe  professionnelle dans cette galère ? Le cachet alléchant ? Le désir de porter le bel canto  a nous autres, les béotiens de la chose lyrique ? Je ne me posais pas encore ce genre  de questions à l’époque. La seule chose que je me rappelle c’est que cette belle  aventure s’est arrêtée du fait de la municipalité et non de la troupe de l’Opéra . La  raison invoquée était qu’il fallait proposer quelque chose de plus "moderne", à la  demande des jeunes du village. En fait, rien n’a été présenté à la place, sinon que le  bal commençait plus tôt, en matinée.

 Je tire mon chapeau rétroactivement à ces audacieux professionnels qui ont bien  rempli leur mission, en tout cas auprès de moi. Cette méritante abnégation me  ramène à comment j’en suis venu à la pratique du théâtre en amateur.                  

 

JE ME SOUVIENS 279 : Je me souviens du véritable bonheur de tout un village de 2500 habitants lorsque le BCT devînt Champion de France de Jeu à XIII en fédérale 2   

    

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 Alors que je viens de vivre un exploit avec  toutes les amateurs de Rugby qui  n'arrive que  tous les 10 ans environ, je me rappelle d'avoir  vibré aussi fort, sinon plus, lorsqu'une toute  petite équipe de Jeu à XIII  (on dit rugby à  XIII maintenant), celle de mon village, est  devenue championne de France dans sa  catégorie UNE SEULE FOIS, et j'y  aie  assisté !! C'était d'autant plus méritoire que le   village ne devait compter que sur ses forces  vives : leur jeunes, à qui on ne pouvait pas  empêcher d'aller au bal du samedi soir avant  le match de dimanche, si capital soit-il.  Quant au recrutement extérieur, il se limitait  à l'embauche d'un vieux de la  vieille qui avait  joué, en son temps, dans une grande équipe  (CARPENTRAS,  CAVAILLON,  AVIGNON) Il devenait le meneur de jeu,  entraîneur et capitaine et utilisait son  expérience (certains diraient sa roublardise)  fort à propos dans les moments  décisifs  d'un match.

 

Malgré cela, chaque match joué était un véritable exploit car beaucoup des équipes adverses alignaient  souvent l'équipe réserve d'une  grande équipe, voire des titulaires de l'équipe première, si celle-ci étaient au  repos. De plus, lorsqu'un des jeunes de l'équipe du village sortait du lot de par ses belles prédispositions, il  était aussitôt "courtisé" par ces grandes équipes qui leur faisaient miroiter un avenir très prometteur, pas  toujours suivi de faits, d'ailleurs. Pourtant, c'était sommes toutes logique qu'un de nos jeunes aspire à jouer  au plus haut niveau et, lorsque cela se concrétisait, le village en était fier ... après coup.

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 C'est que l'esprit de clocher était très fort dans les têtes et les jambes de l'équipe rugbystique. Moi-même à  défaut d'avoir les capacités d'être un bon joueur, je fus un fervent supporter du BCT XIII. Ceci par tous les  temps, sur l'ancien terrain en plein mistral, malgré une pauvre haie de cyprès ou à "l'extérieur" chez  l'adversaire. Que de joie et de tristesse mêlées, nous ont apporté l'équipe qui a très souvent pratiqué un jeu à la  main de qualité.

 Presque à chaque fois, le BCT XIII terminant dans les qualifiées de la poule régionale, il lui faut aborder les  phases finales contre des équipes qualifiées du Sud-Ouest et en particulier des Catalans, depuis toujours les  meilleurs dans le XIII. Alors, si en plus, ils alignent des titulaires des équipes comme PERPIGNAN, ce n'est  plus un exploit que nos "petits" doivent réaliser, mais un miracle !!!

 Cependant la passion vous soulève des montagnes (même notre fier Ventoux)  et c'est souvent cela qui fait la  différence. Allié au fait que ces professionnels ajoutés dans les équipes catalanes n'apportaient que leur science  du jeu et qu'en face, notre équipe soudée, se connaît par coeur et utilise leur arme principale le jeu collectif.

 Malheureusement, cela ne suffisait presque jamais tant l'écart qu'il existe entre les 2 équipes est énorme ...  Jusqu'à ce jour où, à Arles, à la suite d'un match mémorable, c'est l'apothéose :  Le BCT XIII devient  Champion de France. L'entraîneur est porté en triomphe par les joueurs et leur arrivée dans le village fût un  événement extraordinaire. C'était en 1966. Et cet exploit a bien failli se renouveler en 1978 !

 JE ME SOUVIENS 280 : Je me souviens qu'après la pluie, mon jeune frère est moi mettions de très vieux  habits et s'amusions dans le jardin à faire des séances de "placages" de rugby  dans la boue.

 Plus tard mon frère devint un très bon joueur au BCT XIII et moi un très bon supporteur !

 JE ME SOUVIENS 281 : Je me souviens également avoir joué au rugby sur la plage du Canet, pendant   mon service militaire, avec des collègues 'trouffions' du niveau de l'équipe de France junior !!!

 

 JE ME SOUVIENS N° 288 : Je me souviens que ma mère récupérait tout, jetait rien, au point de vue                                                     vestimentaire. C'est comme cela que je me suis retrouvé avec les                                                     pantalons gris, raillés de noir de mon grand père et subit la risée de                                                     tous les camarades  d'école, à la récréation

   Les intentions maternelles de ma mère étaient louables puisque poussées par la nécessité de notre condition    de pauvre. Quant je vois aujourd'hui qu'un enfant peut se sentir humilié, parfois même mis à l'écart de sa    bande de copains parce qu'il n'a pas les baskets ceci ou le téléphone portable cela, je mesure en années    lumières la différence qu'il peut y avoir entre les générations.

   Le fait d'être la risée à cause de mes pantalons (en provençal, on dit les "brailles") retaillés dans ceux de    mon grand père, a quelques ressemblances avec aujourd'hui, dans le rejet d'un plus pauvre que soit, (on    dit plus sobrement : ne pas avoir tout à fait les moyens de ...). Cependant, les écarts entre nous, dans ces    années d'immédiates après guerre, n'étaient pas si importants que cela, car tout le monde vivait    chichement, reconnaissant parfaitement la dure réalité des choses et leur prix à payer. Dans mon cas, ma    mère avait "poussée le bouchon un peu loin", ne mesurant pas vraiment que l'on allait me chambrer    quelque peu. Du reste, cela ne dura que quelques instants avant que je reprenne le cours normal de mes    relations avec mes copains habituels.

   Aujourd'hui, la société est devenu encore plus impitoyable et le "travailler + pour gagner plus", une    sentence que les plus démunis payent au prix fort : soit vous avez un travail et pour joindre les deux bouts    vous allez vous faire encore plus exploiter par des patrons sans scrupules, soit vous n'avez pas de travail et    vous glissez insensiblement dans la catégorie des feignants, des parasites, de ceux qui coûtent très cher à la    société à cause des aides sociales qui, pourtant, se réduisent comme peau de chagrin ...

   Bienvenue dans la cour des miracles, des voitures dortoirs, des soupes populaires, avant de sombrer dans le    joyeux club privé des sans : sans travail, sans logement, sans papiers, ... et pourquoi pas sans culotte !    Tiens j'y reviens, à mes pantalons, avec des accents révolutionnaires : "Ah ! ça ira ! ça ira ! ..."

Ah ! Ca ira 


Ah ! Ca ira (ter)
Les aristocrates à la lanterne ;
Ah ! Ca ira (ter)
Les aristocrates on les pendra ;
Et quand on les aura tous pendus,
On leur fichera la pelle au c...
Nos ennemis confus en restent là,
Et nous allons chanter Alléluia
Ah ! Ca ira (ter)
Quand Boileau jadis du clergé parla,
Comme un prophète
Il a prédit cela
En chantant ma chansonnette,
Avec plaisir on dira :
Ah ! Ca ira (ter)
Malgré les mutins tout réussira !
Ah Ca ira (ter)
Suivant la maxime de l'Evangile
Ah ! Ca ira (ter)
Du législateur tout s'accomplira.
Celui qui s'élève, on l'abaissera.
Celui qui s'abaisse, on l'élèvera.
Ah ! Ca ira (ter)
Le vrai catéchisme nous instruira
Et l'affreux fanatisme s'éteindra ;
Pour être à la loi docile
Tout Français s'exercera,
Ah ! Ca ira (ter)
Malgré les mutins tout réussira !
Ah ! Ca ira (ter)
Pierre et Margot chantent à la guinguette
Ah ! Ca ira (ter)
Réjouissons-nous, le bon temps viendra.
Le peuple français jadis "à quia"
L'aristocratie dit : " mea culpa"
Ah ! Ca ira (ter)
Le clergé regrette le bien qu'il a,
Par justice la nation l'aura,
Par le prudent La Fayette
Tout trouble s'apaisera,
Ah ! Ca ira (ter)
Malgré les mutins tout réussira.
Ah ! Ca ira (ter)
Par les flambeaux de l'auguste asemblée,
Ah ! Ca ira (ter)
Le peuple armé toujours se gardera.
Le vrai d'avec le faux l'on connaîtra
Le citoyen pour le bien soutiendra,
Ah ! Ca ira (ter)
Quand l'aristocrate protestera,
Le bon citoyen, au nez lui rira,
Sans avoir l'âme troublée
Toujours le plus fort sera,
Ah ! Ca ira (ter)
Malgré les mutins tout réussira.
Ah ! Ca ira (ter)
Petits comme grands sont soldats dans l'âme,
Ah ! Ca ira (ter)
Pendant la guerre aucun ne trahira.
Avec cœur tout bon Français combattra,
S'il voit du louche hardiment parlera.
Ah ! Ca ira (ter)
LA Fayette dit :"Vienne qui voudra."
Le patriotisme leur répondra
sans craindre ni feu ni flamme,
Le Français toujours vaincra,
Ah ! Ca ira (ter)
Malgré les mutins tout réussira.

refrain initial

Ah ! Ca ira (ter)
Le peuple en ce jour sans cesse répète
Ah ! Ca ira (ter)
Malgré les mutins tout réussira !

    Références : http://epinay-sous-senart.en-confiance.com

    Petite leçon d'histoire : Je découvre le texte en entier de ce chant révolutionnaire

 

 Je me souviens N° 226 : Je me souviens de mes tous premiers débuts sur une scène, lors des fêtes de                                                 fin d’année des écoles, le jour  du 14 juillet, en plein air, sur une estrade                                                 dressée devant la quasi totalité des habitants de mon village.

 Oh, je n'étais pas très doué et souvent mis de côté pour y participer, car l'objectif principal était de  savoir  "marcher au pas", pardon, "en musique !" C'est ainsi, qu'un mois à l'avance, dans la cour de  l'école, nos instituteurs s'ingéniaient à  nous faire  répéter les mêmes pas d'une chorégraphie qui n'en  avait que le nom, sur des airs de musiques, ma foi, forts beaux, classiques pour la plupart et même  d'Opéra (notre directeur était un amateur d'airs lyriques qu'il écoutait sans arrêt chez lui, sur son vieux  poste de radio)  De ces "expériences" je n'ai retenu que ma peur de ne pas suivre correctement le rythme  et j'étais bien trop préoccupé à regarder mes pieds  que de faire un petit signe de fierté à mes parents  d'être sur l'estrade. Celle-ci était tout en bois et avait un large escalier sur le devant qui signifié la marche  triomphale vers son sommet afin d’aller y recueillir son  prix qu'il soit d'excellence où autres.

 Pour ma part, il m’a fallu patienter l'année de ma « brillante » réussite au certificat d'études. Là, enfin,  mon nom fut cité et applaudi, pendant que je montais les marches branlantes, à moins que ce ne soit mes  jambes qui tremblaient de trac. Au sommet,  je reçus les traditionnelles félicitations de Monsieur le  Maire et du Directeur de l'école et Maître de ma classe.  

 Quant à ces petites scènes qui clôturaient la fête, il a fallu la même patience avant que j'éprouve une  sorte de pincement au cœur qui vous réchauffe tout entier. Jusqu'à mes joues qui s'enflammèrent du  plaisir de  me sentir bien dans le tout petit rôle d'une scène sur le thème de "la partie de boules" Je me  rappelle très  bien que j'étais "déguisé" en vieux et que ma mission était de perturber la partie en poussant  du pied une  boule. Un des joueurs s'en apercevait et me tirait sur la cravate pour m'intimer l'ordre de ne  plus recommencer. J'aurai, d'ailleurs, bien été en peine de le faire car le joueur me serra si bien la cravate  que je fus au bord de l'évanouissement ! J'avais eu à faire à un acteur qui prenait beaucoup trop son  rôle  au sérieux . Cependant, malgré cet incident fâcheux, je garde un trop bon souvenir de ce sketch  que je  qualifierais volontiers de première vraie expérience, déclenchant en moi toutes sortes de sensations que   j’avais de cesse, après cela, de ressentir à nouveau, encore et encore ... 

 

Je me souviens N° 222 : Je me souviens de la guerre  mondiale évitée de justesse, grâce au téléphone rouge et  l'intelligeance (ou la peur ?) des 2 dirigeants des plus  puissants pays de la planète, à cause de la présence de  missiles russes installés à Cuba.

 

 Je me souviens N° 231 : Je me souviens qu'à l'école nous avions l'habitude de dire que la place du  cancre était près du poêle, bien au chaud, pour dormir la plus part du temps. Quant à celui qui était le  plus brillant, sa place était devant, près du maître

 

AVOIR du VOCABULAIRE

  Ce matin, je me sens d'humeur acrimonieux. l'envie de pousser un cri à me faire péter le   cricoïde me taraude. La raison ? La déliquescence du vocabulaire, la décrépitude du phrasé,   le beau parlé laissé choir ! (*)

 Pourtant, à l'école j'étais pas une lumière, le reste de ma vie jusqu'à aujoud'hui, non plus.  Egalement, je n'ai jamais été bon en orthographe (certains d'entre vous l'ont sans doute  remarqué) Cela  ne m'a pas empêché pour autant de piocher allègrement, généreusement  dans notre bon  vieux vocabulaire, des mots divers et variés, pour leur beauté, leur musicalité,  où leur originalité. Pour rien, pour le plaisir, comme cela me vient, sans y réfléchir ...

 Et là, je suis vite repéré comme "l'intello" en s'adressant habituellement à moi par  la phrase  désormais rituelle  : "Dis-donc, toi qui sait tout ..."

 C'est sûr qu'à l'époque du langage SMS, de la recherche obsédante de s'enrichir par le fric  au  détriment de s'enrichir culturellement  soi-même, de la recherche de la célébrité plutôt que de  batir ses propres valeurs, j'ai aucune difficulté à passer pour un "intello" ...

 (*) Pour les définitions, un  simple dictionnaire, pour le reste, il suffit d'avoir la curiosité d'y      aller voir. C'est cela le secret de mon vocabulaire ... Ah, oui, le plaisir ça compte aussi !

 

 

Je me souviens 289 :

Je me souviens que mon tout premier voyage, que je dois au curé du village, fut la visite de Nîmes

  Il faut dire que jusqu'à la pré-adolescence, les occasions de voyager étaient plus que rares. Mon univers ne dépassait guère les limites du village et de la campagne environnante. Autant que je m'en souvienne : deux ou trois fois par an accompagnée de ma mère pour acheter des vêtements à la grande ville, le souvenir d'une journée inoubliable à découvrir la mer pour la   première fois, deux ou trois pique-nique exceptionnels au bord de la fontaine de Vaucluse et au pied des Alpilles, et c'était   tout ; le quotidien de tout un chacun et c'était très bien ainsi. D'ailleurs, il n'était pas rare de côtoyer des anciens qui   n'avaient pas bouger de la commune de toute leur vie. C'est si vrai que lors de récentes recherches généalogiques de ma   famille du côté de mon père, effectuées par mon fils cadet, nous découvrons que nous sommes issus d'un milieu   d'agriculteurs dans le village voisin depuis cinq générations ; après, on ne sait pas encore !

  Pour revenir au curé, il était le seul à offrir un peu d'animation auprès des enfants du villages, tous les jeudis (mercredi,   maintenant) à la cure. Nous étions libres d'y venir ou non. Le curé nous proposait des jeux un peu plus élaboré que nos   amusements spontanés. Il arrivait aussi parfois qu'il organise un car pour une visite sur la journée. C'est ainsi que j'ai   découvert les Arènes et la Maison Carrée de Nîmes ainsi que la Tour Magne du sommet de laquelle nous avions une jolie   vue d'ensemble.