LA REUNION et l'ESCLAVAGE
MUSEE de VILLELE - ESCLAVAGE
-
A quelques pas de la Chapelle pointue (où est enterrée la célèbre Madame Desbassyns), se trouve le Musée de Villèle.
Au temps de l'esclavage, la famille y a habité, et c'est de là que Madame Desbassyns commandait ses esclaves.
Aujourd'hui cette grande maison coloniale est un musée dédié à la famille Desbassyns et à l'esclavage.
La demeure est remarquablement conservée et possède des pièces de
mobilier rares et précieux (coffres de marine, armoires massive).
La visite accompagnée commence par la présentation de la Famille
Desbassyns (arbre généalogique), la réputation sulfureuse de Madame
Desbassyns y est rapidement évoquée.
Puis le circuit passe de pièces en chambres ou l'on peut ressentir
l'ambiance de l'époque.
Avant (ou après) la visite, ne manquez pas la visite de l'ancien
hôpital d'esclaves ( dans la cour près de la maison), on y retrouve
quelques écrits témoignant de la considération des maîtres pour les
esclaves....
De même, à proximité de la maison vous pourrez découvrir librement
l'ancienne cuisine de la maison et ses fourneaux gigantesques.
Derrière une vitrine vous pourrez voir de nombreux objets d'époque, d'un moulin à maïs jusque d'antiques baignoires.
Pour finir votre découverte, les ruines de l'ancienne sucrerie Desbassyns vous sont ouvertes au niveau du parking.
CHEVEUX DE MADAME DESBASSYNS n. m. (tjrs plur.) || Cheveux de
Pelée. On exposa à Saint-Denis, il y a plusieurs
années des "cheveux de Pelée" (fils très
fins de lave brillante) en les baptisant "cheveux de Madame
Desbassyns". (LAR: 32) ÉTYMOL. L'appellation réfère
à l'histoire de l'esclavage à la Réunion.
Selon la tradition orale, madame Desbassyns, maîtresse de
nombreux esclaves, réputée pour sa dureté,
expierait ses fautes dans le cratère du volcan. D'où
le nom des filaments (appelés cheveux par analogie),
qu'il projette parfois.
Les archives privées et surtout les archives publiques sont
très parcimonieuses en documents relatifs à la question de l'esclavage.
On a ainsi l'impression que l'administration de l'époque et la
population dominante ont fait l'impasse sur l'existence des esclaves
qui représentaient entre 80 % et 60 % de la population totale au
XVIIIème et XIXème siècle. S'il n'y avait pas les recensements
d'esclaves, on pourrait même se poser la question de savoir si
l'esclavage a existé à La Réunion !
L'arrivée des premiers hommes dans cette Ile. Sont-ils
arabes, sont-ils asiatiques, africains ou autres !
L'administration coloniale s'est soit désintéressée de
l'existence des esclaves, soit n'a pas voulu laisser des traces pour ne
pas être jugée par l'Histoire. Les esclaves
n'avaient aucune personnalité juridique sinon que d'être assimilé sur
le plan du droit à des objets Pas de patronyme, seulement des prénoms ou des sobriquets pour désigner
les esclaves, ce qui rend très aléatoire, sinon impossible toute
analyse de l'évolution des familles sur deux ou trois générations.
Où
sont les prisons d'esclaves qu'on trouvait sur toutes les grandes
propriétés et dans lesquels on enfermait parfois jusqu'à ce que mort
s'ensuive pour les esclaves récalcitrants ? Où sont les fers, les
chaînes d'esclaves, les fouets en lanière de cuir utilisés sur toutes
les propriété de l'Ile ? Pourquoi n'a-t-on pas conservé ou ne peut-on
retrouver quelques uns de ces instruments de tortures alors qu'il en
existait sur toutes les grandes propriétés de l'Ile ?
les esclaves marrons
- Les producteurs de canne pratiquaient l'esclavage pour exploiter leurs champs. La main d'œuvre venait d'Afrique de l'Ouest (les Cafres) mais aussi de Madagascar et d'Inde.
Seulement la plupart des captifs étaient contre l'esclavage et beaucoup
saisissaient la moindre occasion pour s'enfuir. L'île est suffisamment
accueillante pour faire vivre un homme en autarcie dans les hauteurs.
On appelle ces esclaves les marrons, non pas qu’ils s’éclaircissaient
de peau par leur vie dans la montagne, mais parce qu'ils pratiquaient
le marronnage, c'est-à-dire qu’ils faisaient le maître marron en leur
laissant se débrouiller avec leur travail.
Quelques Blancs ruinés par la crise du café et la fin de l'exploitation de l'île par la Compagnie des Indes avaient déjà investi les hauteurs de l'île à vivre de cultures vivrières. La population des Hauts
augmentait avec ces nouveaux arrivant et les zones centrales de l'île
se peuplèrent. Ainsi, les cirques au centre de l'île comme Cilaos, portent des noms d'origine malgache.
Les marrons, ces esclaves en
fuite qui ont refusé le système servile en se réfugiant dans les
montagnes de l'Ile dès le début de la colonisation, représentent encore
un mystère pour les chercheurs de la Réunion. Le marronnage a été
particulièrement actif au XVIIIème siècle après l'introduction massive
d'esclaves entre 1715 et 1760 pour permettre la culture spéculative du
café. Entre 1730 et 1770, le marronnage a connu un tel degré
d'intensité qu'il a représenté un danger pour les colons français qui
ont su s'organiser militairement et mener une véritable guérilla contre
les noirs, en majorité des malgaches, qui refusent la servitude. Des primes et des esclaves furent
accordés aux chasseurs pour augmenter l'émulation et récompenser les
plus hardis : "il leur sera délivré par la Compagnie, aux frais de la
commune, sur le pied du tarif, autant de noirs et négresses qu'ils en
tueront dans les bois dont, suivant l'usage, ils seront tenus de porter
la main gauche".
L'ABOLITION de l'ESCLAVAGE
Pour
mettre en valeur l’île Bourbon, la compagnie des Indes et les colons
utilisent une main-d’œuvre servile. De 1717 à 1817 près de 80 000
esclaves sont introduits dans l’île. Ils proviennent d’une traite
régionale qui se fournit sur les côtes de l’Afrique orientale et à
Madagascar. La Révolution française abolit l’esclavage en 1794 mais les
colons de La Réunion refusent d’entériner cette décision qui les
ruinerait et renvoient les commissaires de la République venus faire
appliquer la loi. Le rétablissement de l’esclavage en 1802 destiné à
relancer l’économie des colonies est accueilli avec soulagement. En
1834, l’Angleterre met fin à l’esclavage dans ses colonies. Les
esclaves des îles voisines – Maurice et les Seychelles – sont libres.
Ce n'est pas le cas des esclaves réunionnais qui doivent attendre la
révolution de 1848. Le Commissaire général de la République,
Sarda-Garriga, débarque le 13 octobre 1848 à l’île Bourbon, renommée
île de la Réunion, et proclame l’abolition le 20 décembre 1848. Le jour
même, environ 62 000 esclaves sont libérés dans le calme.
Le 20 décembre 1848, ce ne sont pas moins de 62 000 personnes qui vont
changer de statut, soit six habitants sur dix. La population esclave
est libérée.
L'année 1848 est, à la Réunion celle de grands changements dont le
principal est l'abolition de l'esclavages. En février 1848 c'est la
Révolution, le gouvernement de Louis-Philippe est renversé. La nouvelle
arrive à la Réunion en mai, le 8 juin 1848, le Calcutta navire qui
arrive de bordeaux, apporte la confirmation officielle du changement de
régime. Le lendemain la République est proclamée.
Le 20 décembre: "Fet' Caf". Cette fête est un jour férié à la Réunion,
il remémore l'abolition de l'esclavage. Les légendes de la Réunion sont
racontés, les mets typiques de la Réunion (cari, rougail,...) sont
préparés et les résonances musicales réunionnaises se font entendre
dans toute l'île.
_________________
La vie est un mystère qu'il faut vivre et non un problème qu'il faut résoudre....
Chronologie
Avant le XVIe siècle, seuls les Arabes et les Austronésiens (habitant l'Indonésie et la Malaisie d'aujourd'hui) connaissent l'océan Indien.
En 1498, Vasco de Gama arrive dans cet océan, remonte le canal du Mozambique, explore Madagascar, l'île de Mozambique et va jusqu'à Calicut, en Inde. Au passage, il détruit la ville de Kingani au nord de Madagascar. La colonisation européenne de l'océan Indien commence avec cette première grande expédition.
Après les Portugais, les Anglais, les Hollandais et enfin les Français s'engagent dans l'aventure coloniale. Ils « découvrent » les îles et s'y installent, utilisant la main-d'œuvre esclave, achetée principalement en Afrique et à Madagascar…
- 1513
- Lors de la découverte des routes maritimes par les Européens, Pedro de Mascarenhas découvre les Mascareignes le 9 février et baptise la Réunion du nom du Saint du jour : Santa Apollonia.
- 1613
- Le 23 mars,
l'amiral hollandais Verhuff fait escale à la Réunion et la baptise :
England's forest. Il décrit une île paradisiaque vierge avec des cours
d'eau, des animaux : tortues, tourterelles, perroquets, solitaires, anguilles, canards, oies, tous extrêmement facile à tuer.
- 1638
- Le 25 juin: Première prise de possession des îles Mascareignes par la France.
- 1646
- 12 mutins de Fort Dauphin (petit comptoir vers la route des Indes dans le Sud de Madagascar) sont abandonnés à la Réunion jusqu'en août 1649. Le 7 septembre,
on les ramène à Fort Dauphin, mais certains sont fachés de revenir. Une
première carte de l'île est dressée avec les information de ces mutins.
[première carte].
- 1649
- Décembre :
Flacourt est séduit par la description de l'île par les mutins. L'île
prend alors de l'intérêt. Sur la bateau le Saint-Laurent, Flacourt
prend possession pour la troisième fois de la Réunion. Il la baptise :
Île Bourbon. Il y débarque quatre génisses, un taureau et il revient
avec des cochons salés. L'île Bourbon est toujours vierge.
- 1663
- Le 10 novembre: Le Saint-Charles mouille à la Grotte des Premiers Français à Saint-Paul.
L'île Bourbon est occupée par les Français. Elle devient colonie à part
entière et aussi la première base française de l'océan Indien.
1665 / 1764 La période de la Compagnie des Indes
Pendant un siècle, la Compagnie des Indes administre directement l'île Bourbon qui lui est concédée par le Roi de France. En 1665, l'île accueille son premier gouverneur, Étienne Regnault,
agent de la Compagnie des Indes. L'administration crée les premiers
quartiers, exploite les richesses (tortues, gibier…) et accorde les
premières concessions. En 1667 naît le premier enfant connu de Bourbon, mais il est probable que les premières femmes malgaches arrivées en 1663 avec Louis Payen
aient déjà mises au monde des enfants. La colonisation définitive de
l'île commence avec l'arrivée des premiers colons français accompagnés
d'une main-d'œuvre malgache qui n'est pas encore officiellement
asservie. Les « serviteurs » sont au service des colons de la Compagnie des Indes.
- 1718
- Nouvelle richesse de l'île, le café fait entrer Bourbon dans la grande aventure de la prospérité économique.
- 1719
- Jusqu'en 1735,
l'exportation annuelle de café atteint les 100 000 livres. L'île
Bourbon « accueille » 1 500 esclaves supplémentaires par an. Ils
proviennent d'Afrique, de l'Inde et de Madagascar.
1764 / 1788 La période royale
Dans cette période, l'île connaît de nombreux changements
administratifs et judiciaires. Sur le plan économique, c'est la période
des épices. Pierre Poivre introduit notamment des épices qui ne remplaceront pas cependant le café.
- 1768
- L'île Bourbon compte 45 000 esclaves et 26 284 habitants.
- 1794
- Le 8 avril,
l'île rompt avec le passé et adopte le nom d'île de la Réunion à la
suite de la Réunion des révolutionnaires qui ont chassé le roi Bourbon
du trône. Le gouverneur royaliste est arrêté.
- 1796
- Refus officiel de l'abolition de l'esclavage.
- 1807
- Des catastrophes naturelles exceptionnelles ravagent toutes les cultures de café et de giroflier. L'île se tourne alors vers une culture résistante au vent et à la pluie: la canne à sucre.
Plus de 45 000 esclaves sont introduits à Bourbon entre 1817 et 1831. La traite clandestine est tolérée par les autorités de Bourbon malgré l'interdiction officielle de 1815 (Congrès de Vienne)
- 1840
- Découverte de la fécondation artificielle de la vanille par Edmond Albius.
L'esclavage est aboli mais l'île reste une colonie française jusqu'en 1946. Un nouveau système d'asservissement des hommes - « l'engagisme » ou concept plus adapté le « servilisme » - est à la base de la nouvelle organisation économique et sociale de l'île. Au 1er janvier 1848, la population esclave s'èleve à 62 151 individus soit 60 % de la population totale. Libérés le 20 décembre 1848,
les affranchis auront chacun un nom (attribué par l'administration
coloniale) rajouté à leur ancienne appellation d'esclave. Ceux-ci
restent auprés de leurs anciens maîtres, enchaînés par le travail, ou
vagabondent dans l'île.
Plus de 100 000 Indiens (Malabars) et Africains (Cafres) seront
introduits dans la colonie par les propriétaires d'anciens esclaves
pour les remplacer sur les grandes plantations sucrières. L'île prend
le nom d'île de La Réunion après la promulgation du décret du 7 mars 1848, le 9 juillet 1848 à La Réunion…
- 1923
- La Réunion exporte les produits suivant : sucre, vanille, manioc, géranium, ylang ylang, vétyver, café, cacao, thé, tabac, chouchou, aloes, maïs, fruits et légumes.
- 1946
- Le 19 mars,
la colonie est intégrée dans l'État Français et devient Département
Français d'Outre-Mer. Il s'en suit alors une formidable modernisation
de l'île et un développement humain accéléré.
De 1947
à nos jours, l'île de La Réunion connaît une accélération de son
histoire. En un demi-siècle, les bouleversements sociaux, économiques,
politiques sont considérables. La société de plantation de l'époque
coloniale laisse la place à la société de consommation, mais l'économie réunionnaise
reste fragile, artificielle, déséquilibrée avec un secteur tertiaire
hypertrophié et des transferts sociaux abondants qui entretiennent un
assistanat aux conséquences catastrophiques. En l'espace d'un demi
siècle, la population (227 000 habitants en 1946) a triplé (740 000 habitants en 2004) !
MUSEE de VILLELE - ESCLAVAGE
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A quelques pas de la Chapelle pointue (où est enterrée la célèbre Madame Desbassyns), se trouve le Musée de Villèle.
Au temps de l'esclavage, la famille y a habité, et c'est de là que Madame Desbassyns commandait ses esclaves.
Aujourd'hui cette grande maison coloniale est un musée dédié à la famille Desbassyns et à l'esclavage.
La demeure est remarquablement conservée et possède des pièces de
mobilier rares et précieux (coffres de marine, armoires massive).
La visite accompagnée commence par la présentation de la Famille
Desbassyns (arbre généalogique), la réputation sulfureuse de Madame
Desbassyns y est rapidement évoquée.
Puis le circuit passe de pièces en chambres ou l'on peut ressentir
l'ambiance de l'époque.
Avant (ou après) la visite, ne manquez pas la visite de l'ancien
hôpital d'esclaves ( dans la cour près de la maison), on y retrouve
quelques écrits témoignant de la considération des maîtres pour les
esclaves....
De même, à proximité de la maison vous pourrez découvrir librement
l'ancienne cuisine de la maison et ses fourneaux gigantesques.
Derrière une vitrine vous pourrez voir de nombreux objets d'époque, d'un moulin à maïs jusque d'antiques baignoires.
Pour finir votre découverte, les ruines de l'ancienne sucrerie Desbassyns vous sont ouvertes au niveau du parking.
CHEVEUX DE MADAME DESBASSYNS n. m. (tjrs plur.) || Cheveux de
Pelée. On exposa à Saint-Denis, il y a plusieurs
années des "cheveux de Pelée" (fils très
fins de lave brillante) en les baptisant "cheveux de Madame
Desbassyns". (LAR: 32) ÉTYMOL. L'appellation réfère
à l'histoire de l'esclavage à la Réunion.
Selon la tradition orale, madame Desbassyns, maîtresse de
nombreux esclaves, réputée pour sa dureté,
expierait ses fautes dans le cratère du volcan. D'où
le nom des filaments (appelés cheveux par analogie),
qu'il projette parfois.
HISTOIRE de l'ESCLAVAGE à la REUNION
1°) Introduction
L'histoire de l'esclavage à La Réunion, malgré les recherches
universitaires récentes, n'a pas encore révélé tous ses secrets. S'il
est vrai que le passé de la population est très jeune et offre la
particularité de partir d'un "terminus a quo", il existe toutefois de
vastes zones d'ombres que les chercheurs ont du mal à dissiper et qui
sont celles de l'arrivée des premiers hommes dans cette Ile. Sont-ils
arabes, sont-ils asiatiques, africains ou autres ! Des recherches
archéologiques et historiques pourraient nous apporter un début de
réponses à nos interrogations.
La raison essentielle des difficultés à comprendre l'histoire récente
de cet espace insulaire, colonisé par les Français et qui remonte à un
peu plus de trois siècles, réside dans l'interprétation des sources
d'archives disponibles que le chercheur peut difficilement rassembler
pour atteindre son objectif scientifique. Pourtant les sources écrites
utilisées par les historiens ne manquent pas concernant l'histoire de
La Réunion.

Colonisée définitivement à partir de 1665 par la
France, l'Ile a été dotée d'une administration coloniale qui a laissé
des sources d'archives importantes bien conservées et accessibles aux
chercheurs. A la différence des pays de l'Afrique noire où
l'oralité a primé sur l'écrit, La France a fait de l'Ile de La Réunion
une colonie où l'écrit a été le support fondamental des rouages
administratifs, économiques et politiques de l'Ile.
L'historien devrait donc trouver de quoi nourrir ses travaux de
recherches dans les nombreux documents d'archives laissés par
l'administration coloniale française. Cette affirmation devient caduque
quand on aborde l'analyse historique du phénomène de l'esclavage et un
de ses aspects, celui du marronnage, qui ont profondément marqué
l'histoire sociale de cette colonie française.
En effet, les archives privées et surtout les archives publiques sont
très parcimonieuses en documents relatifs à la question de l'esclavage.
On a ainsi l'impression que l'administration de l'époque et la
population dominante ont fait l'impasse sur l'existence des esclaves
qui représentaient entre 80 % et 60 % de la population totale au
XVIIIème et XIXème siècle. S'il n'y avait pas les recensements
d'esclaves, on pourrait même se poser la question de savoir si
l'esclavage a existé à La Réunion ! A part quelques auteurs qui
évoquent brièvement la question de l'esclavage dans leurs ouvrages,
très peu d'écrits ont été exclusivement consacrés à l'histoire des
esclaves.

On se trouve ainsi devant un vide historique,
"une histoire du silence", expression utilisée par Hubert Gerbeau qui a
été l'un des premiers universitaires à mettre en exergue le paradoxe de
l'histoire réunionnaise. Faut-il pour autant baisser les bras et se contenter des maigres sources historiques laissées par l'administration coloniale ?
Oui, si on aborde la recherche universitaire dans le cadre de
l'interdisciplinarité en faisant notamment appel à l'archéologie et à
l'éthnologie
2 °) Des sources écrites incomplètes et orientées
Autant il est aisé pour l'historien d'aborder l'histoire politique de
La Réunion au XVIIIème et XIXème siècles, autant il est difficile de
manipuler les sources d'archives quand on veut étudier la question de
l'esclavage et notamment du marronnage. La première difficulté réside dans l'insuffisance de sources documentaires concernant la question de l'esclavage.
En effet, l'administration coloniale s'est soit désintéressée de
l'existence des esclaves, soit n'a pas voulu laisser des traces pour ne
pas être jugée par l'Histoire. Nos deux hypothèses se recoupent car le
contexte des mentalités au XVIIIème et XIXème siècles pouvait légitimer
l'attitude de l'administration coloniale dans son refus de reconnaître
l'existence même des esclaves. Il faut se rappeler que les esclaves
n'avaient aucune personnalité juridique sinon que d'être assimilé sur
le plan du droit à des objets.

A partir de ce postulat, reconnu et affirmé par la royauté dans le code
noir, l'administration n'avait aucune obligation de reconnaître
l'existence des esclaves en tant qu'êtres humains, mais aussi en tant
que composantes de la société coloniale.
Les quelques informations qu'elle fournissait à l'administration
centrale - nombre d'esclaves, composition par sexe, âge - suffisaient
amplement. Les rapports des gouverneurs et des intendants
s'intéressaient plus à l'économie qu'à la situation des éthnies
composant la population esclave.
L'application du code noir par l'administration coloniale locale a de
plus contribué à la discrimination en matière d'état civil.
Les informations laissées par les autorités coloniales en ce qui
concerne l'état civil des esclaves sont incomplètes et souvent très
maigres !

Faire une étude démographique à partir de l'état civil des esclaves à
l'Ile de La Réunion relève de l'exploit scientifique car les données
administratives pour cette catégorie de population sont réduites au
strict minimum : deux lignes pour une naissance ou un décès et aucun
acte officiel pour les mariages qui sont interdits aux esclaves…
Pas de patronyme, seulement des prénoms ou des sobriquets pour désigner
les esclaves, ce qui rend très aléatoire, sinon impossible toute
analyse de l'évolution des familles sur deux ou trois générations.
Qui sont les esclaves ? Comment sont-ils logés ?
Comment s'habillent-ils ? Quelles relations entretiennent-ils avec la
vie, l'amour, la mort, la religion ?
Autant de questions, autant de problèmes souvent insolubles dans
l'immédiat pour l'historien qui reste confiné dans une démarche
classique de recherche. L'administration coloniale ne fournit que
quelques informations sur la vie des esclaves ne permettant pas à
l'historien de retrouver par les sources écrites le passé de cette
population.
Un des grands mystères du phénomène de l'esclavage à La Réunion réside
dans la disparition des traces physiques engendrée par le système. Où
sont les prisons d'esclaves qu'on trouvait sur toutes les grandes
propriétés et dans lesquels on enfermait parfois jusqu'à ce que mort
s'ensuive pour les esclaves récalcitrants ? Où sont les fers, les
chaînes d'esclaves, les fouets en lanière de cuir utilisés sur toutes
les propriété de l'Ile ? Pourquoi n'a-t-on pas conservé ou ne peut-on
retrouver quelques uns de ces instruments de tortures alors qu'il en
existait sur toutes les grandes propriétés de l'Ile ?

Evoquer la destruction par le temps n'a aucun
sens car les 152 ans qui nous séparent de la période servile ne sont
certainement pas suffisants pour anéantir des objets en bois, en fer ou
en cuir. Les marrons, ces esclaves en
fuite qui ont refusé le système servile en se réfugiant dans les
montagnes de l'Ile dès le début de la colonisation, représentent encore
un mystère pour les chercheurs de la Réunion. Le marronnage a été
particulièrement actif au XVIIIème siècle après l'introduction massive
d'esclaves entre 1715 et 1760 pour permettre la culture spéculative du
café. Entre 1730 et 1770, le marronnage a connu un tel degré
d'intensité qu'il a représenté un danger pour les colons français qui
ont su s'organiser militairement et mener une véritable guérilla contre
les noirs, en majorité des malgaches, qui refusent la servitude. Le
nombre de marrons s'élève "à plus de 500" en 1741 soit près de 6 % de
la population de l'Ile. Les renseignements fournis par les documents
d'archives restent très approximatifs et ne reposent sur aucune base
statistique fiable. En effet, malgré les déclarations faites par les
propriétaires d'esclaves marrons auprès de l'administration, il est
difficile d'appréhender le nombre exact de marrons auprès de
l'administration, car personne ne comptabilisait ceux qui étaient nés
dans les montagnes et qui avaient vécu libres et qui avaient sûrement
procrée ! De plus, les registres n'ont pas été conservés sauf pour la
période 1729-1734 où les recensements d'esclaves marrons au XVIIIème
siècle permettent d'affirmer que le nombre d'esclaves excède le
millier, ce qui est un chiffre élevé pour l'époque.

Or, sur les conditions de vie des marrons, sur leur organisation
sociale, les rapports de l'administration sont muets ! Il est possible
de comprendre en partie cette lacune car aucun administratif de la
compagnie des Indes se serait hasardé à escalader les dangereuses
montagnes de l'Ile, à franchir les pics acérés et à affronter les
rigueurs du glacial climat de montagne des hauts de La Réunion.
Les seuls rapports concernant les marrons ont été rédigés par les
chasseurs de marrons organisés en "détachements" et devant se rendre
"dans les bois à la queste des noirs marrons". La création du
détachement pour la capture des noirs marrons fut mis en place par un
règlement du Conseil supérieur de Bourbon en date du 26 juillet 1729.
La chasse aux noirs marrons n'avait pas attendu les règlements royaux
pour être pratiquée. Dès les débuts du XVIIIème siècle, les colons
avaient mis en place des dispositions pour combattre les marrons.
Toutefois le règlement donnait à l'activité de chasse aux noirs sa
légitimité.
Tout blanc "en état de porter les armes" devait
être inscrit "au rolle" de son quartier par le capitaine du quartier
pour faire partie du détachement devant chasser les marrons.
Cette première conscription, ne plût pas aux colons créoles obligés de
participer à une organisation militaire pour lutter contre les marrons.
Devant les difficultés et l'inefficacité de la "conscription
obligatoire", la réglementation évolua vers la professionnalisation de
la spécialisation des détachements.

En 1742, un habitant souhaitant se faire dispenser de détachement
"pouvait faire remplacer par les plus jeunes qui n'ont point
d'esclaves". En échange d'une rémunération de trois livres par jour et
d'un noir esclave pour les accompagner. 19 détachements sont crées au
milieu du XVIIIème siècle : 5 à Saint-Paul, 3 à la Rivière d'Abord, 3 à
Saint-Denis, et 8 à Sainte Suzanne. Des primes et des esclaves furent
accordés aux chasseurs pour augmenter l'émulation et récompenser les
plus hardis : "il leur sera délivré par la Compagnie, aux frais de la
commune, sur le pied du tarif, autant de noirs et négresses qu'ils en
tueront dans les bois dont, suivant l'usage, ils seront tenus de porter
la main gauche". Sur
784 grands-marrons, concernés par les statistiques des esclaves en
fuite depuis plus de six mois, pour la période allant de 1725 à 1765,
438 seront capturés, 270 tués dans les bois, 26 morts au bloc ou à
l'hôpital, 50 mis à morts ! A l'échelle de la superficie du
territoire de l'Ile et de sa population au XVIIIème siècle, le
phénomène du marronnage ne peut être considéré comme un simple épisode
de l'histoire de l'Ile…
Or, les documents relatifs à l'histoire du marronnage existent en tout
petit nombre, car malgré l'importance du phénomène, l'administration de
l'époque a laissé peu de traces écrites sur le sujet. Le problème n'est
pas seulement une question de conservation d'archives, mais une pénurie
suspecte d'informations…

Quelle est la cause ? Probablement la mentalité de l'époque qui
réduisait l'esclave et encore plus l'esclave marron, qui osait par son
comportement bravé l'ordre colonial, est un objet sans intérêt. Eliminer
physiquement un noir marron en le tuant à bout portant quelque soit son
sexe, homme ou femme ou enfant, ne posait aucun problème de conscience
aux chasseurs noirs. Bien plus, la chasse aux marrons est encouragée par l'administration qui récompense par des primes leurs captures.
La vie des marrons n'a pas plus d'importance que celle d'un animal
abattu dans la forêt et qui n'aura pas droit à une sépulture. Seule "la
main gauche" rapportée comme trophée, mais surtout comme preuve de la
mort du marron pour obtenir la prime a une valeur pour les chasseurs de
marrons. On peut facilement comprendre, à partir de cet état d'esprit,
pourquoi la population esclavagiste a laissé si peu de traces
historiques sur les noirs marrons. La mort du marron n'a aucun intérêt.
Pourquoi laisser des témoignages écrits ? Aucun homme d'église au
XVIIIème siècle, aucun lettré ne s'est manifesté pour dénoncer la
chasse aux noirs marrons. Le marron est assimilé à un animal dangereux
qui doit être traqué comme le recommande en 1741 cet ancien colon
rentré en France après avoir subi plusieurs descentes de marrons sur
ses propriétés. Cet habitant suggère l'intervention de l'armée "comme remède et moyens pour la destruction des noirs marrons".
Il faut, dit-il "soixante hommes choisis de la marée chaussée, forts et
vigoureux, quatre exécuteurs des hauts faits pour expédier sur le
champs les mutins sans aucune considération (…) habiller les en vestes
de buffles et bonnet du même cuir, des souliers faits exprès à deux
semelles, et une feuille de fer blanc entre les deux semelles pour
éviter les embûches que sont des fers et bois pointus qui traversent
les pieds et blessent dangereusement… " Après de telles
recommandations, comment s'attendre à des nombreux écrits, sinon à des
écrits objectifs concernant le phénomène du marronnage ?
3°) L'archéologie et la tradition orale pour faire parler l'histoire de La Réunion
Pour compenser les sources lacunaires de l'histoire de l'esclavage, il
est nécessaire d'utiliser d'autres méthodes d'investigations notamment
celles relevant de l'archéologie et la tradition orale. En effet, nous
sommes persuadés que la terre de l'Ile contient des secrets sur
l'organisation de vie des esclaves marrons.
Les
rapports des chasseurs de marrons sont trop insuffisants et ne donnent
que de maigres informations sur les camps de marrons. Ces
documents écrits sont toutefois précieux pour commencer la recherche
archéologique car ils donnent, avec plus ou moins de précisions, des
renseignements sur les sites montagneux occupés par les marrons au
XVIIIème et XIXème siècles. En ce sens, les sources écrites sont ici
indispensables pour situer les champs possibles de fouilles
archéologiques.

En effet, dans leurs témoignages écrits, les chasseurs de marrons
décrivent les locaux d'habitations, "ajoupas", "baraques", "boucans",
"cases", "hangards" et les terrains de culture ou "habitations"
exploités par les marrons. Ils nous permettent surtout de repérer les
principaux lieux d'implantation des camps dont les suivants :
* Rapport de Jean Dugain après son séjour dans les bois du 10 mai au 25 mai 1762 :
Découverte aux trois Salazes. Le premier camp était "un pareil
hangard", le 2ème se trouve à l'endroit appelé l'Etang, distant
d'environ trois cent gaulettes de La Rivière des Marsouins au bas
duquel est un "endroit extrêmement profond" ou se trouvait le troisième
camp.
Rapport de Patrice Droman après sa découverte du 12 juin 1752 :
Camp de marrons au Bras de la Plaine composé de "18 cases et six autres
à quelque distance abritant "quantité de noirs et négresses qui
pouvaient être au nombre de 60 marrons". Ces cases sont "en bois
écarri" ou "bois rond". Il y avait aussi des "boucans enfumés" et des
cases de feuilles" appelés "ajoupas".
* Rapport en juillet 1752 de François Mussard et de ses
compagnons : Découverte "le long du grand-Bras dit l'Etang du Gol d'un
camp de 8 mauvaises cases pour 14 ou 15 marrons".
* Rapport en octobre 1742 de François Mussard :
déclaration d'un noir marron capturé "il y aurait beaucoup d'ajoupas
nouvellement construits dispersés par sept, quinze et vingt ajoupas
dans chaque endroit".
* Rapport de juillet 1749 : camp dans la forêt de Bébourg
sur le "dernier bras de la Rivière des Marsouins" composé de "4
barraques" où vivaient 11 marrons dont 6 hommes 3 femmes et 2 enfants.
* Rapport du 19 août 1749 : camp dans le "morne de la
Rivière de l'Est" de 9 barraques, abritant 22 marrons (hommes, femmes
et enfants).
* Rapport du 1er septembre 1755 : camp au-dessous du volcan de la Fournaise.
* Rapport du 27 février 1753 : camp dans la Rivière Saint-denis.
* Rapport du 8 juillet 1758 : camp dirigé par Simeterre sur les bords de la Rivière Saint-Etienne fortifié par une palissade.
* Rapport du 5 novembre 1744 : camp dans l'islette
au-dessus de la corde. Un noir défendait le passage en faisant rouler
des grosses pierres.
* Rapport du 12 juin 1753, camp de 24 cases au Bras de la Plaine abritant 60 marrons.
* Rapport du 30 août 1752 : camp de Maffack à proximité du Piton Brochard.
* Rapport du 9 décembre 1752 : camp de Laverdure, "le roi des malgaches" situé dans le fond de la Rivière Saint-Etienne.
* Rapport du 28 décembre 1752 : camp du haut du bras de la
plaine découvert par Mussard où vivaient 37 marrons dont 13 seront tués
par le détachement parmi lesquels Laverdure, le roi de tous les marrons
et Sarçanate son lieutenant… Parmi les négresses tuées Sarlave, la
femme de Laverdure.
* Rapport du 6 février 1753 : camp situé dans les hauts de la Rivière Saint-Etienne où vivaient 33 marrons.
* Rapport du 12 août 1754 : camp à deux issues entre la
Rivière du Rempart et dans le bas de celle de Langevin où vivaient 11
marrons dont 8 hommes, 2 femmes, et 1 enfant. Une des femmes capturées
déclare qu'elle s'était remariée dans les bois avec le noir Manzac et
s'appelait Reine Fouche…
* Rapport de Jean Dugain du 24 août 1758 : découverte d'un
camp au pays brulé à l'endroit appelé "les deux bras" à 200 gaulettes
de l'endroit où les marrons fabriquaient une chaloupe de 20 pieds de
long, sur 12 pieds de largeur et 6 pieds de hauteur. (7, 4, et 2
mètres).
Les camps des marrons se trouvent donc dans les endroits difficiles
d'accès et offrant le plus de sécurité possible ceci afin d'échapper
aux détachements de blancs.

Au sommet des montagnes, les fonds des gorges des rivières, des
ravines, les "hauts de la Rivière des Marsouins", de la "Rivière des
Roches", de la "Rivière St-François", de la "Rivière du Mât", de la
"Rivière des Galets", du "dernier bras de la Rivière des Marsouins", le
"Fond de la Plaine", la "Rivière St-Etienne", le "Bras de la Plaine",
la "Rivière des Remparts", la "Rivière St-Etienne au dessus de Cilaos"
ont abrités des camps de marrons. Les camps sont installés dans les
cirques notamment à l'Islette à Cordes, au "Brûle-Marrons" à Cilaos, au
Bronchard, au "Pays-Brûlé", à la "Plaine des Cafres, au "Barry", à 1500
mètres "au dessous de la Fournaise (300 gaulettes), "au gros morne", au
Piton-Rouge…
Plusieurs de ces endroits qui n'ont pas été
dénaturés par l'homme gardent les traces des esclaves marrons.
L'identification d'un camp de marrons permettrait de retrouver les
objets utilisés par les marrons. Nous pensons notamment aux
instruments aratoires, aux couteaux, scies, haches, serpes, rabots,
ciseaux de charpentier, jarres, assiettes, plats, cuillers d'étain,
fourchettes d'acier, toiles, sagayes et même fusils dérobés aux
propriétaires des blancs parles marrons. Les outils agraires pour
travailler la terre des hauts de l'Ile sont certainement restés dans
les bois à l'occasion de la destruction des camps par les chasseurs de
marrons. Il devrait être possible de déterminer avec exactitude
l'emplacement des camps et de connaître les modes de vie et les rituels
funéraires. Les Malgaches marrons, revenus à la liberté
retrouvaient-ils leurs morts et avaient-ils retrouvé leurs pratiques
culturelles ? Les squelettes d'esclaves marrons restés dans les bois ou
retrouvés dans les cavernes doivent faire l'objet d'une protection
particulière.
En effet, les prétendus
archéologues qui ont ramené dans les musées les restes d'esclaves tués
dans les bois ont commis des actes parfois irréparables et criminels
qui pénalisent la recherche scientifique.
Toutefois, ils restent dans les montagnes de nombreux squelettes de
marrons tués dans les bois. 270 selon les statistiques de la Compagnie
des Indes entre 1725 et 1765 sans compter ceux des marrons morts
naturellement…
La tradition orale peut venir au secours des archéologues et des
historiens pour retrouver les sites des marrons. En effet, les créoles
des hauts qui sont des grands marcheurs connaissent tous les recoins
des montagnes et les histoires de marrons et de l'esclavage. La grotte
de Tapcal où gisaient trois squelettes d'esclaves marrons a pu être
localisé en 1983 par des randonneurs grâce à des guides pays qui
connaissent les lieux par les histoires des anciens. D'autres sites
pourraient être repérés à partir de la tradition orale ou des récits de
randonneurs.
Héry raconte la légende de Maham, chef de 100 noirs marrons qui avait
vécu dans les hauts de Salazie à la Roche-Vidot. Le corps de Maham à sa
mort a été inhumé selon les coutumes africaines dans cette grotte qui
serait devenue un lieu de sépulture pour les marrons. Héry déclare
avoir vu dans l'enfoncement le plus reculé de la grotte
"un ossuaire et une pyramide de crânes desséchés".
Fabulation ou pas, les cavernes de marrons sont souvent citées dans la
tradition orale telles les cavernes du Brûlé-Marron à Cilaos ou à
l'Islette à cordes. Le récit d'une chasse aux marrons écrit après
l'abolition de l'esclavage par Théodore Pavie pour la Revue des deux
mondes donne des détails intéressants sur l'organisation et la défense
des camps de marrons. En janvier 1996, Christophe Rivière habitant le
Brûlé à Cilaos, a accepté avec beaucoup d'hésitation de nous emmener
sur le site. Il l'avait connu à l'âge de 11 ans et était allé voir les
"ossements humains" qui se trouvaient dans la caverne. Depuis cette
première expédition, effrayé, il n'était jamais reparti voir cette
caverne, connue par les anciens mais dans laquelle personne n'osait
entrer sous peine de sacrilège.
La caverne que
nous avons pu finalement retrouver est obstruée par la végétation et
par de la terre et mériterait d'être étudiée. Elle ressemble
étrangement aux cavernes de l'Islette à Cordes dans lesquelles ont été
placés des squelettes d'esclaves sous à peine 25 centimètres de terre !
Autour des cavernes de Tapcal, un muret en arc de cercle avait été
dressé pour protéger l'entrée. Il a été malheureusement désorganisé par
ceux qui ont retrouvé ce site.
La recherche archéologique permettra de combler les lacunes de
l'histoire du marronnage et de l'esclavage. Elle peut aboutir à une
reévaluation de la cellule réunionnaise à travers la connaissance de
l'histoire ignorée et même occultée du marronnage. En effet, l'histoire
officielle n'a retenu que les aspects négatifs de l'esclavage, telles
que la résignation des esclaves, leur enfermement, la torture et le
travail servile.
Les
marrons étaient des "voleurs, des assassins", armés d'une violence
bestiale, qualificatifs utilisés en 1972 par un historien lors d'un
colloque international d'histoire se déroulant à La Réunion.
"Les peines infligées aux esclaves marrons capturés étaient, dit-il,
relativement bégnines". La fleur de lys n'était qu'une brûlure
superficielle vite cicatrisée… " On ne coupait pas le pavillon de
l'oreille, mais seulement le bout …" Ce même historien a fait la
comptabilité des exécutions capitales concernant les marrons capturés
pour quelques années juridiques du XVIIIème siècle à savoir trois
pendaisons en 1734-35, 4 pendaisons et 1 brûlé vif en 1735-36, 4
pendaisons et 1 roué et brûlé vif en 1737-38… etc
Dans cette lignée, d'autres, avant lui, avaient conclu que l'esclavage
à La Réunion était supportable et même un brin paternaliste par rapport
à l'esclavage en Afrique et aux Antilles.
L'histoire
officielle a donc fait l'impasse sur la récolte des marrons qui n'ont
pas accepté la servitude et sont morts dans les bois, prix à payer pour
leur liberté. L'archéologie et l'histoire doivent enfin écrire l'histoire véritable des marrons de la liberté.
Pour
mettre en valeur l’île Bourbon, la compagnie des Indes et les colons
utilisent une main-d’œuvre servile. De 1717 à 1817 près de 80 000
esclaves sont introduits dans l’île. Ils proviennent d’une traite
régionale qui se fournit sur les côtes de l’Afrique orientale et à
Madagascar. La Révolution française abolit l’esclavage en 1794 mais les
colons de La Réunion refusent d’entériner cette décision qui les
ruinerait et renvoient les commissaires de la République venus faire
appliquer la loi. Le rétablissement de l’esclavage en 1802 destiné à
relancer l’économie des colonies est accueilli avec soulagement. En
1834, l’Angleterre met fin à l’esclavage dans ses colonies. Les
esclaves des îles voisines – Maurice et les Seychelles – sont libres.
Ce n'est pas le cas des esclaves réunionnais qui doivent attendre la
révolution de 1848. Le Commissaire général de la République,
Sarda-Garriga, débarque le 13 octobre 1848 à l’île Bourbon, renommée
île de la Réunion, et proclame l’abolition le 20 décembre 1848. Le jour
même, environ 62 000 esclaves sont libérés dans le calme.

Le 20 décembre 1848, ce ne sont pas moins de 62 000 personnes qui vont
changer de statut, soit six habitants sur dix. La population esclave
est libérée.
L'année 1848 est, à la Réunion celle de grands changements dont le
principal est l'abolition de l'esclavages. En février 1848 c'est la
Révolution, le gouvernement de Louis-Philippe est renversé. La nouvelle
arrive à la Réunion en mai, le 8 juin 1848, le Calcutta navire qui
arrive de bordeaux, apporte la confirmation officielle du changement de
régime. Le lendemain la République est proclamée.
Le 20 décembre: "Fet' Caf". Cette fête est un jour férié à la Réunion,
il remémore l'abolition de l'esclavage. Les légendes de la Réunion sont
racontés, les mets typiques de la Réunion (cari, rougail,...) sont
préparés et les résonances musicales réunionnaises se font entendre
dans toute l'île.
_________________
La vie est un mystère qu'il faut vivre et non un problème qu'il faut résoudre....
Chronologie
Avant le XVIe siècle, seuls les Arabes et les Austronésiens (habitant l'Indonésie et la Malaisie d'aujourd'hui) connaissent l'océan Indien.
En 1498, Vasco de Gama arrive dans cet océan, remonte le canal du Mozambique, explore Madagascar, l'île de Mozambique et va jusqu'à Calicut, en Inde. Au passage, il détruit la ville de Kingani au nord de Madagascar. La colonisation européenne de l'océan Indien commence avec cette première grande expédition.
1502 / 1664 De la découverte au peuplement
Après les Portugais, les Anglais, les Hollandais et enfin les Français s'engagent dans l'aventure coloniale. Ils « découvrent » les îles et s'y installent, utilisant la main-d'œuvre esclave, achetée principalement en Afrique et à Madagascar…
- 1513
- Lors de la découverte des routes maritimes par les Européens, Pedro de Mascarenhas découvre les Mascareignes le 9 février et baptise la Réunion du nom du Saint du jour : Santa Apollonia.
- 1613
- Le 23 mars,
l'amiral hollandais Verhuff fait escale à la Réunion et la baptise :
England's forest. Il décrit une île paradisiaque vierge avec des cours
d'eau, des animaux : tortues, tourterelles, perroquets, solitaires, anguilles, canards, oies, tous extrêmement facile à tuer.
- 1638
- Le 25 juin: Première prise de possession des îles Mascareignes par la France.
- 1642
- Le 29 juin: Seconde prise de possession des îles Mascareignes. Premier débarquement en rade de Saint-Paul.
- 1646
- 12 mutins de Fort Dauphin (petit comptoir vers la route des Indes dans le Sud de Madagascar) sont abandonnés à la Réunion jusqu'en août 1649. Le 7 septembre,
on les ramène à Fort Dauphin, mais certains sont fachés de revenir. Une
première carte de l'île est dressée avec les information de ces mutins.
[première carte].
- 1649
- Décembre :
Flacourt est séduit par la description de l'île par les mutins. L'île
prend alors de l'intérêt. Sur la bateau le Saint-Laurent, Flacourt
prend possession pour la troisième fois de la Réunion. Il la baptise :
Île Bourbon. Il y débarque quatre génisses, un taureau et il revient
avec des cochons salés. L'île Bourbon est toujours vierge.
- 1654
- Seconde colonisation de l'île Bourbon par des gens de « mauvaise compagnie ».
- 1663
- Le 10 novembre: Le Saint-Charles mouille à la Grotte des Premiers Français à Saint-Paul.
L'île Bourbon est occupée par les Français. Elle devient colonie à part
entière et aussi la première base française de l'océan Indien.
1665 / 1764 La période de la Compagnie des Indes
Pendant un siècle, la Compagnie des Indes administre directement l'île Bourbon qui lui est concédée par le Roi de France. En 1665, l'île accueille son premier gouverneur, Étienne Regnault,
agent de la Compagnie des Indes. L'administration crée les premiers
quartiers, exploite les richesses (tortues, gibier…) et accorde les
premières concessions. En 1667 naît le premier enfant connu de Bourbon, mais il est probable que les premières femmes malgaches arrivées en 1663 avec Louis Payen
aient déjà mises au monde des enfants. La colonisation définitive de
l'île commence avec l'arrivée des premiers colons français accompagnés
d'une main-d'œuvre malgache qui n'est pas encore officiellement
asservie. Les « serviteurs » sont au service des colons de la Compagnie des Indes.
- 1665
- Étienne Regnault
devient chef de la première véritable colonie. L'île Bourbon compte 30
à 35 personnes. La colonie est basée au Camp Jacques à droite de
l'embouchure de l'Étang de Saint-Paul.
- 1667
- Naissance de Saint-Denis et de Sainte-Suzanne.
- 1671
- L'île Bourbon compte 76 personnes.
- 1674
- L'île Bourbon accueille les rescapés du massacre de Fort Dauphin,
et devient alors la seule escale française sur la route des Indes.
L'île compte alors 150 personnes. Pendant six ans, l'île va tomber dans
l'oubli et la colonie va prospérer...
- 1680
- Le Père Bernardin essaye de faire intéresser l'île Bourbon à Louis XIV.
- 1686
- L'île Bourbon compte 216 personnes.
- 1689
- M. De Vauboulon devient le premier administrateur et législateur de l'île.
- 1700
- Versailles prend en considération cette escale sur la route des Indes. L'île est de plus en plus fréquentée.
- 1704
- L'île compte 734 personnes.
- 1718
- Nouvelle richesse de l'île, le café fait entrer Bourbon dans la grande aventure de la prospérité économique.
- 1719
- Jusqu'en 1735,
l'exportation annuelle de café atteint les 100 000 livres. L'île
Bourbon « accueille » 1 500 esclaves supplémentaires par an. Ils
proviennent d'Afrique, de l'Inde et de Madagascar.
- 1735
- Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais devient le premier gouverneur général des îles de Bourbon et de France (île Maurice). L'île de France devient plus importante que Bourbon.
- 1738
- Saint-Denis devient le chef-lieu de l'île au détriment de Saint-Paul.
- 1741
- Les jeunes de l'île Bourbon sont recrutés pour la guerre contre les Anglais en Inde.
- 1744
- La production de café atteint 2 500 000 livres. L'île compte 2 500 habitants.
- 1756
- Jusqu'en 1763, l'île Bourbon participe au conflit opposant la France aux Anglais en Inde.
- 1764
- Le roi rachète les Mascareignes à la Compagnie des Indes après la faillite de cette dernière. L'île entre pendant 30 ans dans une période économique très faste avec l'exportation des épices et du café.
1764 / 1788 La période royale
Dans cette période, l'île connaît de nombreux changements
administratifs et judiciaires. Sur le plan économique, c'est la période
des épices. Pierre Poivre introduit notamment des épices qui ne remplaceront pas cependant le café.
- 1767
- Le 14 juillet, la France récupère officiellement les Mascareignes.
- 1768
- L'île Bourbon compte 45 000 esclaves et 26 284 habitants.
- 1772
- Plantation des premiers girofliers dans l'île.
- 1788
- L'île compte 47 195 habitants.
1789 / 1815 La période révolutionnaire et impériale
Ces deux périodes sont des périodes troubles pour l'île, qui subit
les contrecoups des guerres de la Révolution et l'Empire. Les tensions
naissent surtout quand l'Assemblée Coloniale créée par la Révolution
refuse d'abolir l'esclavage.
L'île Bourbon devient en 1793 l'île de La Réunion. Cependant Napoléon
transforme à nouveau le statut de l'île en la plaçant sous l'autorité
d'un capitaine général résidant en île de France (Maurice). L'assemblée
coloniale est supprimée et l'esclavage rétabli en 1802.
L'île prend le nom d'île Bonaparte en 1806. Elle reprendra le nom de Bourbon en 1814.
- 1789
- Révolution : l'assemblée coloniale prend le pouvoir aux mains de l'administration royale.
- 1793
- Jusqu'en 1795, l'île connait une grave pénurie de denrées alimentaires. Mais grâce aux corsaires, l'île arrive à subsister.
- 1794
- Le 8 avril,
l'île rompt avec le passé et adopte le nom d'île de la Réunion à la
suite de la Réunion des révolutionnaires qui ont chassé le roi Bourbon
du trône. Le gouverneur royaliste est arrêté.
- 1795
- L'île refuse l'abolition de l'esclavage mais adopte un système plus souple. La Réunion entre sous le régime montagnard.
- 1796
- Refus officiel de l'abolition de l'esclavage.
- 1798
- La Réunion devient hors la loi vis-à-vis de la métropole et s'enferme dans une autonomie.
- 1799
- L'assemblée coloniale impose à l'île une véritable dictature.
- 1801
- La Réunion revient sous le contrôle de la France après la prise de pouvoir de Bonaparte.
- 1806
- Août, la Réunion prend le nom d'île Bonaparte.
- 1807
- Des catastrophes naturelles exceptionnelles ravagent toutes les cultures de café et de giroflier. L'île se tourne alors vers une culture résistante au vent et à la pluie: la canne à sucre.
- 1808
- L'île, sans défense, subit le blocus de la flotte anglaise.
- 1809
-
- Du 16 au 25 août, les Britanniques débarquent à Sainte-Rose et sont repoussés par la garde nationale de Saint-Benoît.
- 1810
- Le 7 juillet, les Anglais débarquent à la Grande Chaloupe et font route vers Saint-Denis.
- Le 8 juillet a lieu la bataille de la Redoute. La Réunion capitule. Le 9 juillet, l'île reprend le nom d'île Bourbon. Jusqu'en 1815, l'occupation anglaise se fera sans histoire.
- Le premier établissement d'enseignement supérieur ouvre à Saint-Denis, c'est le collège Royal.
- 1815
- Suite au Traité de Paris de 1814, les Anglais retrocèdent l'île à la France le 6 avril : c'est la seule île de l'océan Indien qui soit rendue à la France. L'île compte alors 68 309 habitants. La culture de la canne à sucre se développe, mais l'île ne peut plus subvenir à ses besoins alimentaires.
1815 / 1848 De la Restauration à l'abolition de l'esclavage
Plus de 45 000 esclaves sont introduits à Bourbon entre 1817 et 1831. La traite clandestine est tolérée par les autorités de Bourbon malgré l'interdiction officielle de 1815 (Congrès de Vienne). En 1830, après les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet gouverne en métropole. La traite est énergiquement combattue. Les lois Mackau (1845) adoucissent le régime des esclaves.
- 1820
- Epidémie de choléra.
- 1825
- Le premier déplacement d'Europe à la Réunion par bateau à vapeur prend 113 jours.
- 1829
- Nouveau cyclone qui dévaste l'île.
- 1831
- Création de la chambre de commerce.
- 1832
- Le premier Conseil Général est élu.
- 1840
- Découverte de la fécondation artificielle de la vanille par Edmond Albius.
- 1845
- Mesures préparatoires à l'abollition de l'esclavage.
- 1848
-
1849 / 1946 De l'abolition de l'esclavage à la Départementalisation
L'esclavage est aboli mais l'île reste une colonie française jusqu'en 1946. Un nouveau système d'asservissement des hommes - « l'engagisme » ou concept plus adapté le « servilisme » - est à la base de la nouvelle organisation économique et sociale de l'île. Au 1er janvier 1848, la population esclave s'èleve à 62 151 individus soit 60 % de la population totale. Libérés le 20 décembre 1848,
les affranchis auront chacun un nom (attribué par l'administration
coloniale) rajouté à leur ancienne appellation d'esclave. Ceux-ci
restent auprés de leurs anciens maîtres, enchaînés par le travail, ou
vagabondent dans l'île.
Plus de 100 000 Indiens (Malabars) et Africains (Cafres) seront
introduits dans la colonie par les propriétaires d'anciens esclaves
pour les remplacer sur les grandes plantations sucrières. L'île prend
le nom d'île de La Réunion après la promulgation du décret du 7 mars 1848, le 9 juillet 1848 à La Réunion…
- 1849
- Premières élections au suffrage universel.
- 1852
- Hubert de Lisle devient Gouverneur le 8 août.
- 1855
- Ouverture du Muséum d'histoire naturelle.
- 1859
-
- 1860
-
- Le 21 avril : inauguration de l'hôtel de ville de Saint-Denis.
- L'île compte 179 190 habitants.
- La traversée en bateau depuis l'Europe ne demande plus qu'une cinquantaine de jours, contre le double en 1840.
- 1865
- Epidémie de typhus.
- 1868
- Grand incendie de Salazie. Émeute et état de siège à Saint-Denis pendant six mois.
- 1870
- Le 22 octobre: départ volontaire de créoles pour la guerre contre la Prusse.
-
- L'île compte 193 360 habitants.
- 1878
- Travaux pour la construction du port et du chemin de fer.
- 1882
- Livraison des deux premières lignes de chemin de fer : Saint-Benoît-Saint-Denis, le 11 février, et Saint-Louis-Saint-Pierre, le 19 juin.
- 1885
- Fin de l'immigration indienne.
- 1886
- Livraison du port de la Pointe des Galets.
- 1890
- La traversée en bateau depuis l'Europe ne demande plus que 21 jours.
- 1894
- Livraison du Pont suspendu de la Rivière de l'Est.
- 1897
- La Réunion compte 173 190 habitants.
- 1900
- Première voiture dans l'île.
- 1901
- L'île exporte 41 500 tonnes de canne à sucre.
- 1907
- Saint-Gilles brûle entièrement.
- 1910
- Incendie du Lycée de la Réunion, l'actuel Lycée Leconte de Lisle, reconstruit.
- 1911
- Création du Musée des Beaux Arts, l'actuel Musée Léon Dierx.
- 1913
- Création de l'Académie de la Réunion.
- 1914
- Élection législative la plus sanglante de la Réunion (14 morts, 300 blessés). Les Créoles participent à la Grande Guerre.
- 1923
- La Réunion exporte les produits suivant : sucre, vanille, manioc, géranium, ylang ylang, vétyver, café, cacao, thé, tabac, chouchou, aloes, maïs, fruits et légumes.
- 1924
- Naissance de Raymond Barre à Saint-Denis, le 12 avril.
- 1925
- Une liaison Le Port-Marseille en paquebot est inaugurée.
- 1929
- 26 novembre: Atterrissage du premier avion sur l'île dans un champ de 300 mètres Sainte-Marie.
- 1936
- 19 décembre-28 décembre: première liaison aéropostale Le Bourget-Gillot.
- 1939
- La Seconde Guerre mondiale.
- 1942
- Le 30 novembre, la Réunion se rallie à la France libre.
- 1946
- Le 19 mars,
la colonie est intégrée dans l'État Français et devient Département
Français d'Outre-Mer. Il s'en suit alors une formidable modernisation
de l'île et un développement humain accéléré.
1947 / Aujourd'hui De la départementalisation à aujourd'hui : l'époque des grandes mutations…
De 1947
à nos jours, l'île de La Réunion connaît une accélération de son
histoire. En un demi-siècle, les bouleversements sociaux, économiques,
politiques sont considérables. La société de plantation de l'époque
coloniale laisse la place à la société de consommation, mais l'économie réunionnaise
reste fragile, artificielle, déséquilibrée avec un secteur tertiaire
hypertrophié et des transferts sociaux abondants qui entretiennent un
assistanat aux conséquences catastrophiques. En l'espace d'un demi
siècle, la population (227 000 habitants en 1946) a triplé (740 000 habitants en 2004) !
-
- Un cyclone dévaste la Réunion: des vents de 300 km/h font 165 morts et 3 milliards de francs CFA de dégats
-
- Débuts de la Sakay à Madagascar.
-
- Les cyclones sont désormais baptisés par des noms féminins
-
- L'île compte 354 294 habitants
-
- Le 6 mai, Michel Debré est élu pour la première fois à la Réunion aux élections législatives.
- Michel Debré crée le BUMIDOM.
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- Construction du barrage hydroélectrique de Takamaka
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- Saint-Pierre, « capitale du Sud » devient sous-préfecture de l'île.
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- Le 1er janvier marque l'abandon du franc CFA au profit du franc français.
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- Monseigneur Gilbert Aubry devient le premier évêque de la Réunion
- La Route du Littoral, qui relie Saint-Denis à La Possession en 11,7 km, est livrée le 5 mars après 29 mois de travaux. Elle a coûté 230 millions de francs.
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- Premiers jeux des îles de l'océan Indien.
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- Le 2 mars, le premier Conseil Régional français est élu. Il siège sur la Région Réunion
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- Le 1er janvier, le président de la République Jacques Chirac, instaure l'égalité sociale avec la métropole.
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- La Réunion compte 700 000 habitants.
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- Un projet de « bidépartementalisation » de la Réunion est abandonné.
Exégèse
- les esclaves marrons
- Les producteurs de canne pratiquaient l'esclavage pour exploiter leurs champs. La main d'œuvre venait d'Afrique de l'Ouest (les Cafres) mais aussi de Madagascar et d'Inde.
Seulement la plupart des captifs étaient contre l'esclavage et beaucoup
saisissaient la moindre occasion pour s'enfuir. L'île est suffisamment
accueillante pour faire vivre un homme en autarcie dans les hauteurs.
On appelle ces esclaves les marrons, non pas qu’ils s’éclaircissaient
de peau par leur vie dans la montagne, mais parce qu'ils pratiquaient
le marronnage, c'est-à-dire qu’ils faisaient le maître marron en leur
laissant se débrouiller avec leur travail.
Quelques Blancs ruinés par la crise du café et la fin de l'exploitation de l'île par la Compagnie des Indes avaient déjà investi les hauteurs de l'île à vivre de cultures vivrières. La population des Hauts
augmentait avec ces nouveaux arrivant et les zones centrales de l'île
se peuplèrent. Ainsi, les cirques au centre de l'île comme Cilaos, portent des noms d'origine malgache.